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Éditoriage ( éditorial + reportage ) : « Ô Pression »

vieuxcmaq, Lundi, Avril 9, 2001 - 11:00

Michaël Pineault (stratbulletprod@hotmail.com)

Et oui, elle existe.
Il est entre neuf et dix heures du soir, elle me serre dans ses bras fatigué, exaspéré, je pleure…
La plupart d’entre nous, n’a jamais auparavant été témoin ou victime de brutalité policière. Premièrement, qu’est-ce exactement la brutalité policière? Durant ma détention au de Poste de police de la ville d’Ottawa, lundi dernier le deux avril, je l’ai appris.

Et oui, elle existe.

Il est entre neuf et dix heures du soir, elle me serre dans ses bras fatigué, exaspéré, je pleure…
La plupart d’entre nous, n’a jamais auparavant été témoin ou victime de brutalité policière. Premièrement, qu’est-ce exactement la brutalité policière? Durant ma détention au de Poste de police de la ville d’Ottawa, lundi dernier le deux avril, je l’ai appris.

Elle me serrait dans ses bras si fort, elle que je ne me rappelle pas avoir vu avant, je crois, ni après. C’était pour moi la fin inespérée d’un périple exigeant.

Samedi le trente et un mars deux mille un, un journaliste et deux reporters du CMAQ, partent en direction d’Ottawa pour la couverture d’une perquisition citoyenne. Cette perquisition, organisée par la Table de convergence de l'opposition pacifique au Sommet des Amériques, a le mandat symbolique d’aller chercher les Textes de négociation de la ZLÉA afin de les rendre publics. Ces mêmes textes seront sur les tables de négociation lors du Sommet des Amériques. C’est un mandat symbolique, puisque ces textes resteront vraisemblablement secrets.

Lundi, deux avril deux mille un, sept heures du matin.
Une foule bien vivante, d’environ 350 personnes, naîtra bientôt sur la colline parlementaire. Elle prendra ensuite d’assaut la rue, en direction du bureau du ministre Pettigrew, le matin dans les yeux et la peur au cœur. Les journalistes indépendants, ouvrent les marches des différents groupes depuis leur départ, ils resteront jusqu’à la fin. Les médias corporatifs eux, attendront devant l’édifice Lester B. Pearson l’arrivée des manifestants. La foule est bruyante et joyeuse, elle avance lentement sur Sussex Drive, prend la courbe et enjambe le viaduc. L’émotion fait un bond, arrivé devant l’édifice suspecté de dissimuler les textes. Une cinquantaine de personnes attendaient déjà, mais elles n’étaient pas les seules à attendre.

En plus des journalistes, entre 200 et 300 policiers, selon les sources, étaient au garde-à-vous. Derrière les barrières, dans la rue et juchés sur les toits. Ces derniers, armés d’un arsenal de surveillance de haute technologie : appareils-photo équipés de téléobjectifs longs comme mon bras, jumelles, télescopes, et caméras numériques munies de zooms trop voyeur, allaient tout au long de la journée élaborer des dossiers sur les méchants manifestants. Pour ce qui est du droit à la vie privée, on repassera. C’est, a-t-on entendu, pour arrêter des casseurs potentiels - évidemment, puisque que l’action s’annonçait et fut non violente! Ce n’est qu’aux environs de neuf heures que, le sang fuyant dans les veines et la voix tremblante, deux manifestants se sont avancés pour faire la lecture aux policiers de la perquisition citoyenne. Ceux-ci répondirent qu’il n’étaient pas en possession des textes, et que s’ils franchissaient la clôture ils seraient dans l’obligation de les arrêter. C’est ce qui se passa. À tour de rôle, deux par deux et ensuite par groupes plus nombreux, parfois jusqu’à neuf, les manifestants répétaient le mandat, enjambaient la clôture, et se livraient aux policiers. Par symbolisme, convictions profondes ou par solidarité, c’est ainsi que quatre-vingt-sept personnes furent emprisonnées au nom de la démocratie. Je fus une de celles-là.

Mon arrestation se déroulait dans un atmosphère quasi amicale. J’entrais dans le fourgon cellulaire, la peur rangée : « C’est ça la brutalité policière ? ». La majorité des policiers de la GRC avaient souri après seulement quelques mots échangés. La tension ressentie à l’extérieur était à l’intérieur complètement disparue, nous discutions, échangions. Nous ne sommes pas des fous furieux, ou des jeunes en recherche de sensations fortes, mais bel et bien des gens, comme vous et moi, de tous âges, inquiets du sort de la planète et de nos enfants. L’expérience jusqu’ici était des plus gratifiantes, aucune violence n’était apparue et quelques policiers, peut-être, le soir à la maison, songeront à ces nouveaux amis, qu’ils venaient tout juste de mettre en prison.

La prison, celle de la ville d’Ottawa, c’est là que je l’ai rencontrée pour la première fois : l’oppression. Un rendez-vous que j’aurais préféré manquer, ne pas voir, ignorer. Pour moi l’oppression, ou la brutalité policière n’existait pas dans mon pays. Ceux qui en étaient victimes c’est qu’ils le méritaient! Mais quatre-vingt personnes pacifiques en cette journée du deux avril deux mille un, ne le méritaient pas. Violence physique, verbale, intimidation sous toutes ses formes, abus de pouvoir, mensonges et arrogance semblaient être innés chez les membres de la clique dirigeante du poste d'Ottawa. Beaucoup de frustration et d’impuissance se ressentaient parmi les détenus. Peu d’entre nous ne savent comment réagir à la violence, surtout lorsqu’elle celle-ci est dirigée contre soi. Il était difficile pour le moral, d’encaisser l’intimidation sans réagir. Réagir ne ferait qu’« alimenter » les policiers, résultant une ascension nébuleuse dans l’échelle de la violence. Et prendre part au jeu c’est l’accepter. Tous ont étés victime d'agression verbale, à vrai dire presques chaque contact avec les policiers, ormis quelques-uns très sympathiques, était en soit une intimidation: ordre, cris et propos déplacés, certains ont été bousculé, parfois violemment. À d'autres ils ont menti, prétextant que le numéro de téléphone de notre avocat était non valide, ils incitaient fortement à utiliser un autre numéro, fourni par eux. Pendant plusieurs heures, quarante et un hommes étaient enfermés dans un salle trop étroite mal climatisée, suffocante et malodorante. La respiration devenant de plus en difficile, l'un d'entre nous, atteint de claustrophobie, allait s'effondrer sous peu. Un autre tenta d'expliquer la situation à un policier, mais en vain. Les premiers détenus sortaient. Nous décidions alors, en cocus, que personne ne sortirait plus aussi longtemps que notre malade resterait ici. Après un claquement de porte, l'arrivée de plusieurs policiers, une bousculade et un cris solidaire des détenus, il sorti enfin. La détention entière fut ainsi donc ponctuée, d'abut de pouvoir...

Mon expérience n’est pas la fin du monde, pas de sang, pas de mort, pas d’explosion. Mais pendant mon incarcération j’ai pu imaginer le calvaire que pouvaient endurer les prisonniers politiques, ces gens qui refusent d’être endoctrinés par les balivernes de l’état et qui sont martyrisés, seulement parce qu’il ont osé penser autrement. L’intimidation a fait son ravage, j’ai maintenant peur, peur que le peuple n’ait plus aucun pouvoir. L’oppression ici ne fait que commencer, pourtant elle existe ailleurs depuis toujours. Il a fallut qu’elle vienne jusqu'à nous pour savoir que nous n’en voulions pas, ici comme ailleurs.

Je ne peux concevoir que mon pays embauche volontairement des policiers violents pour mentir, apeurer et intimider les gens. C’est malheureux, mais c’est maintenant ainsi. C’est malheureux pour vous, messieur , mais nous n’en resterons pas là.

Le cor est sonné !!!

stra...@hotmail.com



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