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Conquérir l'espace où construire

vieuxcmaq, Lundi, Mars 26, 2001 - 12:00

Eva Beaudoin, Alternatives (elfarmonia@yahoo.com)

Santiago-Chili
Dans un contexte politique chaque jour plus ambigu, entre une droite populiste et une gauche instutionalisée, il résulte aujourd’hui indispensable de se forger un nouveau type d’organisation populaire, dont les mots-clés sont autonomie, democracie participative et conscientisation. Dans les marges de cette ligne de pensée, en 1998 est né à Santiago le projet de la prise de terrain de Peñalolen. Le droit au logis étant fort peu privilégié dans le programme du gouvernement de la Concertation (gouvernement de transition instauré suite à la dictature, suivant toutefois la même logique néolibérale), plusieurs citoyens sans-logement, principalment apuyés par la SurDa, décidèrent de prendre en main leur futur, de conquérir l’espace où construire . Il ne s’agit pas seulement de construire des habitations, sinon aussi de construire une organisation populaire autonome et solide.

Suite aux modifications structurelles imposés par la dictature la situation réservée aux habitants des secteurs surpeuplés des agglomérations urbaines a empiré gravement. Les familles à faibles revenus, dans l’impossibilité de se procurer un logement à prix accessible, dans le meilleur des cas, font appel à la solidarité familiale, s’additionnant dans des espaces restraint à leurs proches vivant dans une condition économique également difficile. Entre sans-logis, ils forment des conseils, pour remédier au problème. Les mesures prises par les représentants politiques de la Concertation consistant à construire des blocs d’appartements qui aux premières pluies d’hiver s’effritent et s’effondrent, laissant les frais de réparation aux soins des habitants , il est évident que certains conseils de sans-logis, les plus lucides, aspirent à plus qu’à la charité gouvernementale.

La SurDA est une organisation politique qui naquit en 1994, principalement avec la publication de la revue du même nom. Appelant à une majeure participation des citoyens dans le processus de construction de la force populaire, les militants de la SurDA aspirent à un nouveau type d’organisation socio-politique se basant sur les principes fondamentaux de la démocratie participative. C’est donc en 1998 que la SurDA commença a opérer un travail de conscientisation au sein d’un conseil de sans-logis, participant à la creation de « La voz de los sincasa » (La vois des sans-logis) comité créateur de la prise de terrain de Peñalolen.

Ils se concentrèrent d’abord dans un processus de préparation consistant, premièrement, à prévoir les mesures de sécurités nécessaires pour faire face aux tentatives des forces de l’ordre de les déloger. Deuxièmement les sans-logis doivent aussi prévoir la nourriture nécessaire à l’ensemble des familles pour au moins la première semaine, pour qu’ils puissent se concentrer dans la défense de la prise de terrain et dans la construction des installations de base. Ce processus de préparation amena également dans le cas de La voz de los sincasa la formation de différentes commissions, et la division des familles en une vingtaine de quadrants, de manière à faciliter l’opération concrète d’une démocratie participative dans les prises de décisions.

Le 5 juillet 1999 s’effectue donc la prise de terrain de Peñalolen à laquelle s’additionnèrent plusieurs familles qui s’organisèrent en comités parallèles. Toutefois, La voz de los sincasa propose plus qu’une simple revendication de charité gouvernementale, puisque le projet de la prise de terrain est également un projet de construction de force populaire. La directive de La voz de los sincasa, qui représente plus de 650 familles, a six membres coordinateurs, un président , un cadre de vingt-quatre délégués, représentants chaque quadrants, et douze commissions de travail, se dédiant respectivement au travail avec les enfants, à la construction, à la sécurité, à la culture, aux communications, à l’éléctricité, au ménage, à la santé, aux sports, aux finances, à la radio et à la fiscalisation.

Les premiers jours furent décisifs, puisque pour assurer la garde du terrain, les familles durent renoncer à leur travail, au risque de le perdre, selon le concensus adopté en assemblée. Entre logis et travail, entre apporter l’argent pour nourrir leur famille et assurer un toit au leurs, fut défini comme priorité la conservation du lieux qu’ils s’étaient approprié pour construir leur logis. Les femmes furent les plus ferventes à la défense de cette décision, se postant à l’entrée de la prise de terrain pour empêcher leurs hommes de fuir leur obligation face à la communauté, traitant durement ceux qui échapèrent à leur contrôle.

Au long du processus d’organisation, la voz de los sin casa a marqué une importante participation des familles, ce qui lui a permit de faire face à la menace de délogement brutal, et à la fragmentation visée par la Concertation, la majorité des familles comprenant fort bien que l’unité est essentielle à la survie de leur projet. Cependant, avec l’amélioration de la situation, le travail de mobilisation doit être constant, puisque la solidarité des premiers jours se voit vite confrontée aux quotidiens individuels. Lorsque vient le moment de concrétiser les projets des commissions, la participation et l’implication des familles est insuffisante, ce qui a amené les commissions à prendre de nouvelles décisions. Pour faire face à cette faiblesse participative, il fut décidé en assemblée que les commissions iraient dorénavant présenter leurs projets au seins de chaque quadrant, incitant ainsi directement les familles de chaque secteur à s’incorporer à la construction de la población de nuevo tipo (Commune de nouveaux type).

Selon Marcelo Reyes, président de La voz de los sincasa, la prise de terrain de Peñalolen, ses quadrants et surtout ses comissions de travail, doivent aujourd’hui relever de nouveaux défis. Demeurant dans la ligne d’une construction politiquement autonome, autogestionnée et autosuffisante, à long terme, la lutte locale devra s’ouvrir aux enjeux globaux, prenant le chemin, premièrement, d’une conscience claire du contexte économico-politique, ensuite de la construction d’une coordination avec les autres agroupations luttant pour la création du même type d’alternative. Le chemin est long, mais les structures de construction ont déja fait leurs preuves d’efficience, seule la capacité d’adaptation et de coordination définira le succès de cette expérience.

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