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Résistance à la ZLÉA: Portrait de la mosaïque militante au Québec

vieuxcmaq, Lundi, Mars 12, 2001 - 12:00

Alain Marcoux (bonmarc@infonet.ca)

Stimulée par les mobilisations de Seattle et la tenue du Sommet des Amériques à Québec en avril 2001, la mouvance " antinéolibérale " s’est passablement développée depuis un an. Les préparatifs en vue des mobilisations contre le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) ont permis l’apparition d’une nouvelle couche militante, particulièrement chez la jeunesse. Nous sommes aussi témoins d’un nouveau bouillonnement politique qui se répercute dans les débats et les analyses concernant la conjoncture politique mondiale, les effets de la mondialisation des marchés ici au Canada et au Québec, les alternatives à la mondialisation des marchés et sur les stratégies et tactiques de luttes contre le projet de ZLÉA. Des courants et des tendances se développent reflétant le processus de recomposition à l’oeuvre dans la gauche politique et sociale québécoise.

Parlons de ceux que les médias du Québec présentent comme l’opposition " officielle " au Sommet des Amériques et à son projet de ZLÉA. On comprend qu’il est ici question des centrales syndicales et de quelques grandes ONG regroupées dans le Réseau québécois sur intégration continentale (RQIC) lui-même composante de l’Alliance sociale continentale (ASC), organisatrice du Sommet des peuples qui aura lieu dans les jours précédents (17 au 19 avril) le Sommet des Amériques. Ce courant reste engoncé jusqu'à maintenant dans une optique de réforme de la ZLÉA par l'introduction de clauses sociales à l’intérieur du futur accord. Le RQIC, par l’intermédiaire de Marc Laviollette, président de la CSN, a bien résumé la position de la bureaucratie syndicale lors d’une conférence de presse tenue à Québec en janvier dernier : " Nous ne sommes pas contre le libre-échange, ce que nous voulons c’est de voir insérer à l’intérieur de ces accords des clauses sociales protégeant les droits des travailleurs et l’environnement ". C’est le courant pour une mondialisation à visage humain. Cette position implique une stratégie basée sur un mélange de lobbying et de mobilisation de la base, mais bien encadrée, afin que les gouvernements acceptent la " société civile " comme un " partenaire ", au même titre que le American Business Forum, dans le processus de négociation de la ZLÉA. Il s’agit d’une approche "pro-concertationniste" qui a mené dans le passé la direction du mouvement syndical québécois à entériner la politique du déficit zéro du Parti québécois lors des sommets socio-économiques de 1996.

Mais de nouvelles organisations se sont construites contre la mondialisation capitaliste. Un mouvement s'est développé à la gauche du RQIC rejetant la logique réformiste de ce dernier. Ce mouvement s'est scindé en tendances, plus ou moins flous, anti-néolibérale et anticapitaliste.

Le premier bloc est constitué des différentes coalitions régionales regroupant des individus et des groupes (associations étudiantes, organisations politiques, groupes de solidarité internationale, certains syndicats locaux, etc.). Les plus connues sont celles de Montréal, appelée Groupe des opposants à la mondialisation des marchés (GOMM), et celle de Québec, appelée Opération Québec printemps 2001 (OQP 2001). La base d’adhésion à ces coalitions est le rejet du projet de ZLÉA et des stratégies visant à réformer celle-ci. Il s’agit donc de coalitions larges où on y retrouve des militants anticapitalistes, sociaux-démocrates et même des groupes qui sont aussi présent à l’intérieur du RQIC par le biais de leur regroupement national. L’approche en est une de front unique qui vise à ne pas provoquer des décantations trop rapides en posant la question du rejet ou pas du capitalisme tout en se démarquant des approches réformistes mettant de l’avant des clauses sociales.

Le second bloc est constitué de la Convergence des luttes anti-capitalistes (CLAC), initiatrice du comité d’accueil du G-20 à Montréal à l’automne dernier, et du Comité d’accueil du Sommet des Amériques (CASA) à Québec. Ce sont ces deux groupes qui avaient invité à participer à la " consulta " des militants anti-ZLÉA en janvier dernier à Québec. L’adhésion à ceux-ci est basée sur le rejet du capitalisme, du patriarcat, des approches réformistes et sur le respect de la diversité des tactiques (violence versus non-violence). CLAC et CASA regroupe des individus, essentiellement des jeunes inspirés par la doctrine anarcho-libertaire. Ces deux groupes ont fait un appel conjoint pour la journée d’action anti-capitaliste du 20 avril qui vise à organiser des actions de désobéissances civiles et des manifestions contre la ZLÉA.

On ne saurait passer sous silence le rôle de la Table de convergence dans la préparation de la manifestation de masse du 21 avril. Celle-ci réunis des groupes comme SalAmi, OQP 2001, le Syndicat de la fonction publique Québec(SFPQ), la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ), plusieurs autres organisations syndicales et ONG. C’est là que s’organise la préparation et la coordination de la manifestation du 21 avril. Les chiffres avancés prévoient de 10 000 à 20 000 manifestants. L’ampleur de la mobilisation syndicale fera somme toute la différence. Sans oublier le rôle important que pourra jouer le mouvement des femmes au Québec qui, suite à la Marche mondiale, s’est donné comme nouveau rendez-vous la lutte contre le projet de ZLÉA. Il ne faut pas oublier qu'il avait réussi à mobiliser 30 000 personnes lors du rassemblement de Montréal au cours des événements entourant la Marche mondiale des femmes.

L’enjeu pour les militants anti-ZLÉA à la gauche du RQIC est de faire en sorte que la manifestation du 21 avril se fasse clairement sous le mot d’ordre de " Non à la ZLÉA " comme ce sera le cas pour la manifestation du 6 et 7 avril à Buenos Aires, en argentine, lors de la rencontre des ministres du commerce des Amériques. Plus le rendez-vous du Sommet approche, plus les débats se font sur la question des clauses sociales et sur la possibilité de réformer ces accords. Plusieurs militants syndicaux ou d’organisations de solidarité internationale découvrent l’ambiguïté des positions du RQIC qui navigue entre une forte dénonciation des effets de la ZLÉA et la proposition d’inclure des clauses sociales dans les accords de libre-échange.
Des débats importants se déroulent dans les structures syndicales intermédiaires sur le changement de cap des directions des centrales face au projet de ZLÉA par rapport à la position de rejet de l’ALÉNA mis de l’avant par le RQIC en 1994. Déjà certains processus de rupture sont à l’œuvre. Les membres de l’organisation Alternatives (organisation de solidarité internationale), qui assume le secrétariat du RQIC, ont voté, lors de leur assemblée générale de février, pour le mot d’ordre " non à la ZLÉA ". La proposition est d’ailleurs venue d’un membre du PDS avec l’appui de Paul Cliche, candidat de " l’Union des forces progressistes " dans Mercier . Un bel exemple d’unité de la gauche dans les mouvements sociaux.

Le sommet de Québec en avril 2001 sera un rendez-vous important de la lutte permanente contre la mondialisation capitaliste. La combinaison des différentes tactiques d’actions participera à la réussite de la mobilisation populaire contre le projet de ZLÉA. La participation aux journées d’action du 20 et du 21 avril devrait permettre la rencontre des nouveaux mouvements " antimondialisation " et les organisations traditionnelles de la classe ouvrière. Cette unité est nécessaire pour faire échec à la ZLÉA.

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* Alain Marcoux est membre de Gauche Socialiste, section québécoise de la Quatrième Internationale, et membre du comité exécutif national du Parti de la Démocratie Socialiste (PDS). Texte écrit pour New Socialist Group.

www.lagauche.com


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