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Au Mexique, la logique du marché à l'assaut de la paix

vieuxcmaq, Lundi, Février 19, 2001 - 12:00

Patrice Breton (pbreton@iquebec.com)

Lors de son court passage à Québec à l'occasion de l'ouverture du colloque "La ZLÉA: un outil au profit de qui?", le vendredi 16 février, Juan Anzaldo Meneses s'est entretenu avec un journaliste du CMAQ. Membre du Congrès national indigène, au Mexique, il jette un regard critique sur les premiers pas du président Vicente Fox sur le chemin de la paix et sur quelques effets de la mondialisation des marchés sur les peuples indigènes.

(CMAQ) Membre du Congrès national indigène, au Mexique, Juan Anzaldo Meneses lutte depuis des années pour la reconnaissance de l'existence et des droits des peuples indigènes. Témoin privilégié du conflit opposant l'État mexicain à l'Armée zapatiste de libération nationale et des négociations qui ont mené aux Accords de San Andrés, il jette un regard critique sur les premiers pas du président Vicente Fox sur le chemin de la paix. Car, même si les Accords de San Andrés ont été signés, les Zapatistes attendent toujours qu'ils soient appliqués; et ce n'est là qu'une des trois conditions qu'ils posent pour que reprenne le dialogue. Pour M. Meneses, les prochains mois seront cruciaux pour l'avenir des peuples indigènes et de la paix au Mexique.

Selon lui, il convient d'ailleurs d'appréhender la situation au Mexique dans le contexte de la mondialisation. Les peuples indigènes sont bien sûr menacés par le gouvernement fédéral et par l'armée, mais aussi par un système qui les exclut encore et toujours (comme tous les peuples?) de toute négociation, qui encourage la conclusion d'accords commerciaux secrets et qui permet, en fin de compte, une interprétation biaisée du contenu de ces accords et la mise à sac d'États riches comme le Chiapas par des entreprises transnationales.

Lors de son court passage à Québec à l'occasion de l'ouverture du colloque "La ZLÉA: un outil au profit de qui?", le vendredi 16 février, M. Meneses s'est entretenu avec un journaliste du CMAQ.

Traduction et transcription de Patrice Breton

Dans l'ordre, les cinq questions posées à M. Meneses:
· Pourquoi Vicente Fox n'a-t-il pu conclure la paix avec les Zapatistes en cinq minutes, comme il l'avait promis?
· Croyez-vous qu'il y ait toujours des chances qu'entrent en vigueur les accords de San Andrés?
· Dans ce contexte, quels sont les objectifs de la marche qui va débuter le samedi 24 février?
· Les peuples indigènes du Mexique et les autres qui peuplent les Amériques partagent-ils le même combat?
· Dans ce contexte de mondialisation, de la solidarité ou des marchés , quels peuvent être les impacts de la création de la Zone de libre-échange des Amériques sur la cause des peuples indigènes?

POURQUOI VICENTE FOX N'A-T-IL PU CONCLURE LA PAIX AVEC LES ZAPATISTES EN CINQ MINUTES, COMME IL L'AVAIT PROMIS?

Depuis le début de cette année, et un peu avant le mois de décembre 2000, a commencé une nouvelle étape, avec un nouveau gouvernement. Après plus de 60 ans d'un gouvernement comparé à une dictature parfaite, maintenant c'est un parti de droite qui gagné les élections, avec la promesse d'améliorer les conditions de vie de tous les Mexicains et particulièrement des peuples indigènes.

Pendant la campagne électorale, le président actuel, Vicente Fox, a promis qu'il allait encourager le développement des peuples indigènes. Ce qu'il voulait était de faire reconnaître l'importance du commerce, des possibilités qu'il offre. Il affirmait que la solution pour faire sortir les peuples indigènes de la misère passait par les "changarros" (petits commerces qui vendent différents types de marchandises).

À la fin du gouvernement de Ernesto Zedillo, qui n'a pu résoudre les problèmes engendrés par le conflit armé au Chiapas et dans d'autres États du pays, une nouvelle chance se présente avec un nouveau gouvernement qui répète effectivement qu'il y a une volonté pour la paix. Immédiatement après la prise de pouvoir du nouveau président, l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) a également manifesté son intérêt de créer des conditions pour réamorcer le dialogue et pour qu'ainsi se réalise la paix dans notre pays.

Nous savons tous qu'en 1994 les indigènes du Chiapas ont pris les armes. Avant cette date, à plusieurs occasions et dans tout le pays, des marches et des mobilisations indigènes avaient exigé la résolution de plusieurs problèmes comme ceux concernant la terre, la santé, l'éducation, l'injustice de beaucoup d'années de souffrance. Mais, chaque fois, on leur a répondu soit par la tromperie, soit par la violence: par le biais d'évacuations, de la police, de l'armée, de différents instruments dont dispose l'État pour réprimer ce genre de manifestations.

Cependant, à la suite du soulèvement armé, il y a eu une autre nouvelle possibilité de paix, par la voie du dialogue. Plusieurs choses sont en jeu en ce moment, dont l'idée que c'est par la voie du dialogue que peuvent se trouver les solutions aux conflits. Ces solutions passent par le respect et la mise en oeuvre des accords et par des négociations sérieuses pour trouver comment peuvent se construire des alternatives pour une vie meilleure pour tous. Parce que si [le gouvernement] répète l'erreur de vouloir tromper et de vouloir lancer une grande campagne publicitaire -qui dans le fond ne résoudrait rien-, la leçon qu'en tireront les médias et la population en général, les insurgés et tous les peuples indigènes est que le chemin du dialogue ne mène nulle part.

Déjà, il y a eu un dialogue entre le gouvernement fédéral et l'armée zapatiste; déjà, il y a eu des négociations profondes où des thèmes importants ont été discutés (mais seulement ceux qui étaient relatifs aux droits et à la culture indigènes); déjà, il y a eu un accord, qui a été signé entre le gouvernement fédéral et l'armée zapatiste. Des députés et des sénateurs du Congrès de l'union, ainsi que des représentants de la société civile, ont participé. Les documents sont signés, mais, depuis 1996, ils n'ont pas été respectés.

Et ils n'ont pas été respectés parce qu'il y a quelques questions relatives à des technicalités juridiques. Mais ce ne sont là que des prétextes pour ne pas incorporer à la constitution mexicaine les droits des peuples indigènes: le droit à l'autodétermination, exprimé par l'autonomie à l'intérieur de l'État mexicain, et avec lui la reconnaissance des autorités des peuples indigènes, le respect de leurs systèmes normatifs internes, la protection et la promotion de leurs propres cultures et aussi la protection et la conservation de leurs ressources naturelles et, maintenant, de leurs ressources biologiques.

Ces accords sont déjà signés et les négociations ont déjà eu lieu. Ce qui est nécessaire, maintenant, est de mettre en oeuvre et de respecter ces accords. C'est là un des signaux qu'attend l'EZLN pour reprendre confiance dans le dialogue. Un autre signal important serait la fin de la répression contre les dirigeants et les membres proprement zapatistes avec la libération de plus de 4050 prisonniers. Le gouvernement en a déjà libéré environ trente.

[Le troisième signal attendu par l'EZLN est la mise en oeuvre des accords de San Andrés.]
Ce gouvernement a présenté le projet de loi [devant mener à l'application des Accords de san Andrés] devant le congrès; cette même loi qu'avait élaborée la Commission de concorde et de pacification du Congrès de l'union et avec laquelle l'EZLN était d'accord. Mais l'erreur du président a été de ne pas avoir recherché, avec les partis, le consensus politique qui aurait garanti son approbation.

Ce qui arrivait dans notre pays depuis plusieurs années était que tous les projets de loi qui étaient présentés par le président de la république étaient appuyés par plusieurs sénateurs et députés de son parti. Maintenant qu'il n'y a plus de parti majoritaire au congrès, il est nécessaire de convaincre tous les députés et les sénateurs de l'importance de résoudre un conflit qui dure depuis plusieurs années. Mais ce n'est pas ce qu'a fait notre président. Il a simplement présenté le projet de loi comme un projet de loi de plus et, comme ça arrive fréquemment dans notre pays pour un grand nombre de projets de loi qui n'ont pas l'appui des partis, il s'est retrouvé au "congélateur".

Comme il n'y a pas de consensus et comme il n'y a pas eu de travail préalable pour convaincre les partis politiques, les députés et les sénateurs se disent: "Puisqu'il n'y a pas de consensus, nous envoyons le projet de loi aux archives". C'est le risque que court actuellement cette loi et c'est pour cela que beaucoup d'entre nous, des membres du Congrès national indigène, considèrent que le président Fox n'a pas encore respecté sa promesse. Il a présenté le projet de loi, mais il n'y a toujours pas de loi.

CROYEZ-VOUS QU'IL Y AIT TOUJOURS DES CHANCES QU'ENTRENT EN VIGUEUR LES ACCORDS DE SAN ANDRÉS?

Je crois qu'il y a des possibilités. Je crois que nous avons beaucoup d'ouvertures, que de nouvelles ouvertures se présentent pour la paix. Mais nous sommes justement à ce moment où rien ne se définit, où toutes les parties, incluant l'EZLN, vont pouvoir démontrer leur bonne volonté. L'EZLN a dit qu'il attendait ces trois signaux: 1) le respect des accords par le voie de l'approbation par le congrès de la loi qui reconnaît les peuples et les cultures indigènes; 2) le retrait de l'armée de sept positions sur les 259 qui existent au Chiapas; 3) la libération des Zapatistes injustement emprisonnés.

Aucune de ces trois exigences n'a encore été satisfaite. Le président Fox est en mesure de les satisfaire toutes; je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas. Peut-être qu'il lui manque un peu de volonté; peut-être qu'il n'a pas encore la capacité de gouverner pleinement (ça ne dépendrait donc pas de lui).

Par exemple, dans le cas de l'armée, nous savons que c'est un pouvoir en lui-même; il a sa propre discipline, mais il devrait subordonner ses intérêts stratégiques au pouvoir civil. Il faut aussi dire que retirer l'armée de sept positions ne change en rien le rapport de forces entre les Zapatistes et l'armée fédérale. Les militaires vont conserver 253 positions militaires: une force de frappe incroyable de beaucoup supérieure à la force de frappe des Zapatistes. Qu'ils occupent ou non ces sept endroits qui sont somme toute symboliques, les militaires pourraient achever les Zapatistes, parce qu'ils ont des avions, des hélicoptères, des tanks, des bases militaires très bien construites; enfin, parce qu'ils ont tout. Quitter les sept bases n'affecterait rien, et pourrait donner la preuve que le gouvernement du Mexique est Vicente Fox et pas un autre pouvoir.

Dans le cas des Zapatistes injustement emprisonnés, des preuves de leur innocence ont été présentées. Plusieurs sont accusés d'homicide, de vol, d'émeute, de terrorisme, et les preuves en leur faveur n'ont jamais été écoutées. Leurs cas n'ont pas été révisés et, actuellement, les prisonniers qui ont été libérés l'ont été par le gouvernement de l'État du Chiapas. Parce que nous savons que le gouvernement du Chiapas aussi a changé. L'ancienne opposition (un peu plus vers le centre) gouverne, et ce fut son initiative de libérer les prisonniers. Il reste à démontrer la volonté du gouvernement fédéral de Vicente Fox de libérer les prisonniers qui se trouvent au Chiapas, mais aussi dans les États de Puebla et de Querétaro.

Puis, du côté de l'approbation du projet de loi, ce dont Vicente Fox a besoin est plus qu'une grande campagne publicitaire. Il a besoin de convaincre les membres de son parti -premièrement- et ensuite les autres partis politiques de l'importance, pour arriver à la paix, du projet de loi élaboré par le Congrès de l'union. Il a besoin de les convaincre que c'est un accord d'État; non d'une personne (Ernesto Zedillo) ou d'un président (Vicente Fox), mais bien de l'État mexicain. Ce dernier doit réparer, dans un esprit de justice sociale, une dette historique qu'il a envers les peuples indigènes en garantissant, bien sûr, l'unité du pays, la défense des droits humains, la protection, surtout, des droits des femmes, mais en permettant et en reconnaissant, comme partie de l'État mexicain, les peuples indigènes; en reconnaissant ce qui existe en réalité et en créant des ouvertures pour un développement productif et authentique.

Donc, il y a plusieurs ouvertures à l'heure actuelle, qui vont se définir dans les prochains jours et les prochains mois. Le président Fox a dit dans tous les médias de communication que la conclusion de la paix n'est qu'à quelques semaines de distance. Je ne crois pas qu'il exagère, mais il utilise présentement les armes de marketing qu'il a utilisées pendant la campagne politique. Il ne s'agit pas de la conclusion ou non de la paix. J'insiste: les accords existent déjà et ils sont signés. Ce sont les premiers accords d'un processus de négociation très complexe qui ne peut se résoudre en serrant la main de quelqu'un -avec une photo ou une belle déclaration. La paix, dans notre pays, se consolide par un long processus.

Cette déclaration de Vicente Fox, qui dit qu'il va conclure la paix dans quelques semaines, nous sommes plusieurs à ne pouvoir croire en elle; premièrement parce qu'il faudrait rétablir le dialogue, ou plutôt que les trois signaux [qu'attend l'EZLN] soient envoyés. Après la réouverture du dialogue, il faudrait se mettre d'accord sur la façon de poursuivre ce processus qui s'est enrayé à cause de l'intransigeance du président Zedillo. Ensuite, il serait possible de voir quand pourrait se conclure la paix.

DANS CE CONTEXTE, QUELS SONT LES OBJECTIFS DE LA MARCHE QUI VA DÉBUTER LE SAMEDI 24 FÉVRIER?

Elle n'a qu'un seul objectif, cette marche que vont amorcer 23 commandants et le sous-commandant insurgé Marcos vers le district fédéral accompagnés par le Congrès national indigène et ses organisations. L'unique objectif est de dialoguer, de discuter, d'argumenter avec les députés et les sénateurs du Congrès de l'union pour qu'ils approuvent finalement le projet de loi qu'ont préparé des députés et des sénateurs de tous les partis en 1996 et que dernièrement Vicente Fox a soumis au Congrès de l'union. C'est là l'unique objectif.

Les Zapatistes et le Congrès [national indigène] vont parcourir différentes régions indigènes de tout le pays pour écouter les peuples eux-mêmes et leurs représentants vont participer au troisième Congrès national indigène avec de 5 000 à 10 000 délégués qui vont se réunir dans une communauté indigène de l'État de Michoacán et après marcheront vers le Congrès de l'union dans l'espoir que les députés vont écouter leurs arguments. C'est l'unique objectif de la marche. L'objectif n'est pas de s'asseoir et de discuter avec Vicente Fox ou quoi que ce soit d'autre.

Si on peut réussir à faire approuver le projet de loi, si Vicente Fox finit de retirer les forces militaires comme il lui a été demandé et si les Zapatistes emprisonnés sont libérés, alors l'EZLN a dit qu'il établira un contact direct avec le gouvernement fédéral pour continuer les négociations.

LES PEUPLES INDIGÈNES DU MEXIQUE ET LES AUTRES QUI PEUPLENT LES AMÉRIQUES PARTAGENT-ILS LE MÊME COMBAT?

Par rapport à leurs peuples indigènes, le Canada et les États-Unis ont une histoire très différente de celle de l'Amérique latine. Le processus de conquête a signifié pour tous la persécution, une grave extermination, plusieurs choses nocives pour leurs cultures, pour leurs territoires, pour les États qui existaient avant l'arrivée des conquistadores, mais actuellement leur réalité est aussi différente. Nous vivons dans un contexte local distinct, même si nous menons une lutte internationale commune. Actuellement, dans notre pays, le Mexique, la convention 169 de l'Organisation internationale du travail et, justement, les Accords de San Andrés sont basés dans plusieurs parties sur les principes qu'établit la convention 169. Le principal de ces principes est la reconnaissance des peuples indigènes comme sujets de droit, comme une entité collective qui a droit à la reconnaissance et à l'exercice de plusieurs droits, comme ce devrait être le cas pour tous les peuples du monde.

Maintenant, nous sommes en train d'inviter plusieurs personnes et peuples du monde à tourner leurs yeux et leurs oreilles vers ce qui va se passer au Mexique, parce que la lutte zapatiste n'a pas seulement été un conflit qui opposait un groupe armé et le gouvernement fédéral. Au contraire, plusieurs peuples indigènes nous ont appuyés immédiatement, tout comme plusieurs organisations de syndicats, de travailleurs, d'étudiants, d'universitaires, de professionnels nous ont appuyés dans tout le Mexique et même dans le monde parce qu'ils reconnaissent que c'est une cause juste.

Et cette cause, en plus, a rejoint plusieurs peuples de toute la planète, par exemple au sujet du droit à l'autonomie, du droit de participer non seulement à la vie politique, pour ainsi dire, mais aussi à la construction de l'avenir que nous voulons pour nos communautés, et pas seulement pour les communautés indigènes; car il peut y avoir d'autres types de communautés qui aussi ont le droit de définir quel devrait être leur avenir, comment construire cet avenir, par quels chemins, sans que ce soit imposé par une certaine classe politique qui veille à des intérêts qui parfois coïncident avec les intérêts, les bénéfices et le bien-être d'une certaine partie de la population.

Pour cela, je pense que la lutte zapatiste est importante et s'est propagée au-delà des frontières nationales. Il est intéressant que plusieurs personnes puissent participer au troisième Congrès national indigène, les 3 et 4 mars. Pour ce qui est des peuples indigènes de l'étranger, ils sont invités à participer, à lancer leur message; et les organisations sociales ou les individus qui veulent participer au congrès comme observateurs sont bien entendu les bienvenus. Il faudra être attentif à ce qui va se passer. Il est aussi possible de participer avec des appuis financiers ou autres, parce que toutes ces mobilisations, la marche ou le congrès, se réalisent avec des fonds des organisations et de la population en général. Elles ne reçoivent de subventions d'aucune institution gouvernementale ou publique.

Justement, c'est intéressant d'avancer vers l'autonomie par le moyen de l'autosuffisance des organisations sociales et de la société civile, pour démontrer que la globalisation ne se fait pas seulement par le commerce. La mondialisation doit aussi se comprendre comme une globalisation de la solidarité entre les peuples, qui sont unis par divers aspects comme la défense des intérêts des gens plutôt que par la volonté de retirer des bénéfices personnels et de faire des "grosses" affaires avec le peu de ressources naturelles qu'il nous reste.

DANS CE CONTEXTE DE MONDIALISATION, DE LA SOLIDARITÉ OU DES MARCHÉS , QUELS PEUVENT ÊTRE LES IMPACTS DE LA CRÉATION DE LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE DES AMÉRIQUES SUR LA CAUSE DES PEUPLES INDIGÈNES?

Je pense qu'en principe un accord commercial ne peut être au-dessus de traités internationaux ni au-dessus d'accords et de lois nationales. Dans le premier cas, la convention 169 est en vigueur au Mexique depuis 1991. Ça va bientôt faire 10 ans et, pourtant, beaucoup de ses principes et de ses recommandations n'ont pas été respectés. Les peuples [indigènes] n'ont pas été reconnus comme sujets de droit et ils ont encore moins participé ou été consultés sur des thèmes très importants qui les affectent.

Dans le cas de l'Accord de libre-échange nord-américain, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, il y a eu plusieurs situations dans lesquelles les peuples indigènes n'ont jamais été consultés pour que des entreprises transnationales puissent entrer au pays et affecter indirectement leurs intérêts. Les négociations qui se sont déroulées étaient secrètes et impliquaient des gouvernements et non des peuples. Les gouvernements ont convenu des termes de l'accord en suivant les intérêts économiques des grandes puissances économiques. Il n'y a pas eu de clause pour les droits humains, ni pour le développement social, ni pour la protection des travailleurs et des immigrants et, jusqu'à maintenant, la plupart des clauses qui ont été incluses n'ont pas été respectées. On a fait une utilisation détournée de clauses qui devaient prétendument
profiter à un pays comme le Mexique, dont l'économie ne peut se comparer d'aucune façon à celle des États-Unis ou du Canada.

Le résultat est qu'effectivement quelques-uns font des "grosses" affaires mais que le peuple ne voit cela se refléter ni dans ses conditions de vie ni dans la construction de son avenir. Depuis déjà plusieurs années, le Mexique se convertit en puissance "de machines" (potencia maquinadora) et surtout pas en puissance industrielle. Il s'est converti en source de ressources pour le développement d'autres pays et non pour celui du Mexique. Il s'est converti en entrepôt d'où on peut extraire des ressources pour le développement d'autres nations et d'autres régions -et non des nations ou des régions indigènes.

Nous pouvons constater que le Chiapas possède une quantité de ressources naturelles de beaucoup supérieure à celle d'autres pays. L'État a des ressources hydrauliques, des bois précieux, la biodiversité dans la jungle, du pétrole, du gaz, etc. Il a des richesses très variées, mais pourtant c'est un des États les plus pauvres du pays. À la suite du soulèvement zapatiste, le gouvernement a multiplié les dépenses qu'il faisait au Chiapas. L'État a reçu plus de ressources fédérales que n'importe quel autre État; toutefois, en sept ans, les gens n'ont pas vu où est restée toute cette quantité de ressources. Ce que nous voyons est que c'est l'important contingent militaire qui consomme ces ressources; il est vrai que des chemins ont été construits, mais pour faciliter les manoeuvres militaires. La construction de ces chemins n'est pas suivie de l'électrification, ni de l'accès à l'eau potable ou aux services de santé de base pour la population.

L'armée amène des dentistes et des médecins militaires, fait quelques campagnes sociales, mais ce n'est pas au profit de la population. Celle-ci vit en situation de guerre: une guerre de basse intensité, de contre-insurrection. Il est important de souligner que la paix ne peut se construire ainsi. Elle doit se construire à partir de la confiance qu'ont toutes les parties dans la construction d'une nouvelle relation plus juste, plus libre, plus démocratique entre les peuples indigènes et l'État mexicain (le Congrès de l'union, le président de la république et aussi les tribunaux). Pour que cette diversité et cette pluralité qui existent dans notre pays soient reconnues. Et c'est à partir de là que le développement des peuples pourra vraiment se construire.

Par exemple, dans le cas de la Zone de libre-échange des Amériques, aucun de ces thèmes n'est considéré: ni la santé, ni l'éducation, ni le développement. Quand il était candidat, la proposition de Vicente Fox pour sortir les indigènes de leur "retard" était de les doter d'un "bocho", -c'est-à-dire d'une auto compacte, une Volkswagen-, d'une télévision et d'un "changarro". C'était son idée, et ce qui nous préoccupe le plus. Il pense à faire des bonnes affaires, et croit que de cette façon nous allons tous sortir de la misère. Alors que les peuples indigènes -et la proposition que défend l'EZLN- parlent de droits: d'exercer des droits et d'être reconnus comme tels, de baser la confiance sur le respect.



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