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Une première: Le Forum parlementaire mondial de Porto Alegre (FSM)

vieuxcmaq, Jeudi, Février 15, 2001 - 12:00

Rousset Pierre (euro.institutions@attac.org)

Les 27 et 28 janvier 2001, un Forum parlementaire mondial (FPM) s'est réuni au sein du Forum social mondial (FSM). L'événement est d'importance. Par sa nouveauté d'abord, par ses conclusions ensuite. Lors de précédentes initiatives internationales de résistance à la mondialisation libérale, des élus ont certes déjà manifesté leur soutien aux mouvements sociaux. Mais c'est la première fois que de nombreux parlementaires se retrouvaient à une telle occasion pour débattre et prendre ensemble des engagements militants

, consignés dans une "Déclaration finale" http://attac.org/fra/asso/doc/doc503fr.htm

Quelque 420 personnes venus de 29 pays ont participé au FPM, dont plus de 200 élus - pour l'essentiel députés ou sénateurs (les autres participants étant souvent des représentants, assistants et collaborateurs parlementaires). Le gros de l'assemblée était évidemment constitué par les Latino-Américains, mais l'Europe de l'Ouest était aussi bien présente grâce, en particulier, à la délégation suisse (forte de 8 élus) et à celle du Parlement européen (forte de 11 élus). Il n'en allait, en revanche, malheureusement pas de même pour l'Amérique du Nord, l'Europe de l'Est, l'Afrique et l'Asie. Cette répartition géographique par trop inégale des délégués s'explique avant tout par les délais de préparation de cette initiative sans précédent, qui ont été vraiment très brefs.

Une coopération Porto Alegre-Bruxelles s'est établi dès que l'organisation d'une rencontre parlementaire dans le cadre du Forum social a été envisagée. Les réseaux interparlementaires déjà existants en Amérique latine ont rapidement opéré ; ainsi que les liens tissés depuis deux ans au sein du Parlement européen grâce à l'activité de notre comité Attac. Mais il nous aurait fallut du temps pour impliquer efficacement les autres parties du monde.

Le FPM a été réalisé à l'invitation et sous la responsabilité du gouvernement du Rio Grande do Sul, l'État brésilien dont Porto Alegre est la capitale. Tout en restant minoritaire dans l'assemblée "provinciale", le Parti des travailleurs a remporté les dernières élections aux postes de gouverneur et de vice-gourverneur. Ce qui a beaucoup aidé à l'organisation concrète du Forum social mondial dans son ensemble, et pas seulement au forum parlementaire: le gouvernement de l'État et la mairie de Porto Alegre (conquise par le PT depuis des années) ont pu collaborer étroitement à cette entreprise de grande envergure !

En ce qui concerne le FPM lui-même, le comité Attac des Institutions européennes a servi de relais à l'initiative du gouvernement du Rio Grande do Sul. Il faut dire que le terrain avait été bien préparé en Europe, vu le rôle particulièrement actif joué par Attac-France dans la préparation du Forum social, ainsi que la venue d'une délégation brésilienne à la conférence de Genève, en juin 2000 : c'est à cette occasion que la perspective du FSM avait été lancée sur le plan international. A l'automne, de premiers contacts ont été établis entre Bruxelles et Porto Alegre. La visite au Parlement européen, fin novembre, du vice-gouverneur du Rio Grande do Sul, Miguel Rossetto, a donné un véritable coup de fouet à la préparation de la rencontre. Mais la CIG de Nice nous a aussi mobilisés - puis la trêve des confiseurs nous a quelque peu démobilisé - ce qui a réduit l'efficacité du travail accompli.

Dans ces conditions, nous ne pensions pas, en Europe, que le premier Forum parlementaire mondial aurait l'envergure qui fut la sienne : plus de 400 délégués. Un tel succès numérique montre que le FPM tombait à point, un an après Seattle ; qu'il répond effectivement à un besoin. De même, par son ampleur, la participation des élus latino-américains exprime le dynamisme des mobilisations en cours dans ce sous-continent : quatre ans après la rencontre organisée au Mexique à l'appel des zapatistes, l'Amérique latine s'inscrit à nouveau - et de façon spectaculaire ! - dans la succession des initiatives internationales de résistances à la mondialisation libérale. Enfin et surtout, si le Forum parlementaire à Porto Alegre a été un succès politique autant que numérique, c'est bien parce qu'il a été organisé dans le cadre même du Forum social. Voilà qui lui a donné sens, comme en témoignent ses travaux et sa Déclaration finale.

Durant le forum, trois tables rondes ont permis aux parlementaires de débattre de la taxe Tobin et de la dette du tiers monde ; du marché, de la démocratie et des institutions financières ou commerciales internationales ; du rôle des élus - et en particulier de leurs responsabilités propres face aux gouvernements comme de leurs liens aux mouvements sociaux. L'intégration de nombreux amendements a permis d'enrichir le projet de Déclaration finale et ce document a été adopté lors de la dernière séance plénière, en conclusion des travaux.

Le Forum parlementaire s'est très bien déroulé. Regrettons seulement un certain manque d'articulation entre le FPM et l'organisation du Forum social pris dans son ensemble. Trop souvent en ce qui concerne les Européens, les hommes politiques invités à intervenir dans les principaux débats du FSM ne représentaient pas les délégations ayant préparé le Forum parlementaire, n'exprimaient pas la dynamique militante qui le caractérisait et n'étaient pas concrètement engagés dans la construction de notre réseau international. Il faudrait penser à ce problème, lors de la préparation du prochain Forum social mondial.

Sans vouloir paraphraser la Déclaration finale qui parle pour elle-même, signalons ici deux éléments particulièrement significatifs. Décision a été prise de coopérer et d'agir collectivement dans la durée, en constituant un réseau international de parlementaires prêts à s'engager auprès des mouvements sociaux, à les faire reconnaître comme des interlocuteurs privilégiés et à définir avec eux les alternatives. C'est véritablement une première. D'autres initiatives ont déjà été prises, comme l'Appel de Washington pour la taxe Tobin, mais il s'agit cette fois de construire un réseau capable de se mobiliser sur un large éventail de questions, dans le cadre des résistances à la mondialisation libérale. Ensuite, tout en soulignant leurs responsabilités propres (par exemple, en permettant la transparence et le contrôle des négociations conduites par les gouvernements), les parlementaires ne prétendent pas imposer leur leadership aux mouvements sociaux. Dialogue, solidarité et soutien sont les maîtres mots.

La Déclaration adoptée, il reste à la mettre en œuvre.

Le travail est engagé à Bruxelles, où la délégation de retour de Porto Alegre a présenté un compte rendu le 7 février dernier, dans le cadre du comité Attac des Institutions européennes. Il nous faut maintenant, en collaboration avec nos partenaires latino-américains, consolider et élargir les liens noués en Europe et surtout - c'est une priorité - intégrer plus directement des parlementaires d'Amérique du Nord et des autres régions du monde à la constitution du réseau international. Pour commencer à agir ensemble.

Avec pour horizon, notre nouveau rendez-vous. L'an prochain, à Porto Alegre.

* Pierre Rousset. Groupe de fonctionnaires internationaux, d'employés des institutions européennes et d'élus européens.

Site (en français, English, Español et Português) du Forum social Mundial (FSM)


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