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Entrevue avec Michel Chossudovsky sur les fusions municipales -Une mondialisation, une ville

vieuxcmaq, Mercredi, Novembre 29, 2000 - 12:00

France-Isabelle Langlois (fisabelle@alternatives.ca)

Pour plusieurs, la mondialisation est un phénomène dont il est seulement question dans les hautes sphères économiques et politiques. Pourtant, s’il y a une chose qui a des répercussions jusque dans les moindres détails de notre vie, c’est bien la mondialisation. Comme l’explique Michel Chossudovsky, économiste, professeur à l’Université d’Ottawa et auteur notamment de La mondialisation de la pauvreté, même les projets de fusion municipales sont inscrits au cœur des grands accords économiques internationaux

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" Très peu de gens comprennent les enjeux réels de la mondialisation ", constate Michel Chossudovsky qui en attribue la faute aux " mensonges " des médias et de la classe politique. Il insiste sur le traitement de l’information, partiel et sans lien d’une nouvelle à l’autre. L’économiste soupire : " La mondialisation n’est pourtant pas difficile à comprendre. "
Tout est interrelié. La crise du transport, les coupures dans les domaines de la santé et de l’éducation, le chômage, sont autant de problèmes qui sont les conséquences directes des politiques néolibérales décidées par les grands accords internationaux et c’est ultimement le citoyen qui en paie les frais. " Les projets de fusions municipales sont un autre exemple, explique Michel Chossudovsky. Cela s’inscrit directement dans les objectifs de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) qui sera négociée à Québec en avril 2001 lors du Sommet des Amériques. "

Des villes privées

Pour le professeur d’économie, il est clair qu’il ne s’agit pas de simples réformes administratives, sans incidents sur la qualité de vie des citoyens, avec une diminution de la quantité et de la qualité des services. " Le grand objectif des fusions municipales, rappelle-t-il, est la réduction des déficits budgétaires et le paiement de la dette à l’endroit des créanciers. Ce faisant, ce sont les services que l’on coupera. " À terme, on peut s’attendre à ce que les villes soient de plus en plus privatisées : " Plus les espaces urbains s’agrandissent, plus on est en mesure d’octroyer les services à des privés par un jeu d’appels d’offres. Du même coup, on réduit les subventions publiques, alors que de l’autre côté, les services deviennent lucratifs. "

C’est dire qu’on laissera tomber les services non rentables. Finis les politiques visant à maintenir les services essentiels, comme l’eau et la voirie, à des coûts accessibles. C’est d’un changement dans les structures institutionnelles dont il est question. Les administrations municipales seront réduites à leur plus simple expression et les citoyens achèteront leurs services directement à des corporations privées, selon leurs moyens.

" Potentiellement, c’est en effet ce qui risque d’arriver, affirme Michel Chossudovsky. Non pas du jour au lendemain, mais disons que les mécanismes sont déjà en place, avant même la fin des négociations d’accords internationaux comme la ZLÉA. " Le professeur d’économie parle de " privatisation par bout " et nous met en garde, rappelant l’exemple de villes aux États-Unis complètement privatisées, jusqu’aux services de police. " Cela signifiera aussi la fin des initiatives citoyennes locales, comme les garderies, pour ne donner que cet exemple ", ajoute-t-il. Des initiatives qui, à l’heure actuelle, se voient de plus en plus limitées.

Des politiciens cooptés

Le débat sur la mondialisation brille par son absence chez nos élus municipaux, provinciaux et fédéraux. Il n’en est même pas question au cours de l’actuelle campagne électorale fédérale. " C’est que les partis sont tous achetés, cooptés, le Nouveau Parti démocratique (NPD) inclut, répond Michel Chossudovsky. Il y a quelques politiciens qui sont critiques sur cette question, mais la ligne qui domine dans tous les partis c’est d’appuyer le processus de mondialisation sans aucune remise en question des fondements mêmes des grands accords internationaux. "

Alors, comment se fait-il que si peu de gens confrontent les politiciens sur ces questions ? L’économiste répond que c’est une question d’autorité : " Les gens ne sont pas habitués à remettre en question les vérités toutes prêtes qu’on leur assène, à rompre le consensus, à aller à contre courant. C’est un peu comme l’Inquisition Espagnole. Parce que l’autorité ultime est en faveur, on suppose que c’est comme ça que les choses doivent se dérouler. "

Pour renverser la vapeur, il faudrait, selon Michel Chossudovsky, " changer nos manières de faire de la sensibilisation, emprunter les techniques des campagnes électorales, faire du porte-à-porte ". Le professeur d’économie reconnaît toutefois qu’il y a eu pas mal de progrès de fait ces dernières années, mais que la partie n’est pas gagnée. Il conclut en disant que " la mondialisation n’est pas un phénomène irréversible ".



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