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Un monde malade

vieuxcmaq, Vendredi, Novembre 24, 2000 - 12:00

Isabelle Porter (zazaporter@hotmail.com)

De concert avec les grandes compagnies d’assurances et transnationales pharmaceutiques, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est en train de préparer la venue d’une maladie qu’on souffrira de ne pas avoir vu venir : la perte de l’accès à l’un de nos droits les plus fondamentaux : la santé. C’est ce que sont venues expliquer les quatre conférencières invitées jeudi le 23 novembre à traiter du thème «La santé malade du néolibéralisme» au Centre Lucien Borne. L’Accord général sur le commerce des services, mieux connu sous l’acronyme GATS qui fait présentement l’objet de négociations multilatérales prévoit en effet l’incorporation pure et simple de la santé et de l’éducation parmi la grande liste des domaines libres au commerce et exemptés de réglementations nationales.

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De concert avec les grandes compagnies d’assurances et transnationales pharmaceutiques, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est en train de préparer la venue d’une maladie qu’on souffrira de ne pas avoir vu venir : la perte de l’accès à l’un de nos droits les plus fondamentaux : la santé. C’est ce que sont venues expliquer les quatre conférencières invitées jeudi le 23 novembre à traiter du thème «La santé malade du néolibéralisme» au Centre Lucien Borne.

L’Accord général sur le commerce des services, mieux connu sous l’acronyme GATS qui fait présentement l’objet de négociations multilatérales prévoit en effet l’incorporation pure et simple de la santé et de l’éducation parmi la grande liste des domaines libres au commerce et exemptés de réglementations nationales.

Si de nombreux pays n’ont pas encore mis leur nom sur la liste –dont le Canada-, cela n’empêche pas ces derniers toutefois de commencer la sale besogne en privatisant de façon progressive leurs systèmes de santé au Québec comme ailleurs. Pour Marie Pelchat de la Coalition Solidarité-Santé, le virage est ici bel et bien entamé. «Les compagnies privées font de l’urticaire parce qu’il y a 15 milliards de dollars investis dans la santé et les services sociaux qui leur échappent».

Pour étayer sa thèse, Mme Pelchat s’appuie sur la série de stratégies mises en œuvre par le gouvernement québécois ces dernières années : compressions dans les hôpitaux et les CLSC obligeant le transfert des responsabilités à d’autres acteurs (le privé ou le milieu communautaire), tarification (assurance-médicament), décentralisation, privatisation progressive de services (les examens de résonance magnétique par exemple) et recours progressif aux organismes communautaires pour tout ce qui, évidemment, «n’est pas rentable pour le privé».

Le ventre vide de l’Afrique

Histoire de véritablement mondialiser le propos de la discussion, les participants ont ensuite eu droit à une présentation de Kenna Owoh sur la prolifération du SIDA en Afrique. Pour la directrice du Inter-Church Action for Development de Toronto, la croissance de la maladie est intimement liée aux inégalités que la mondialisation tend à entretenir. Critiquant les approches cliniques ou tout simplement néolibérales qui prévalent pour la lutte à cette maladie, Mme Owoh a fait remarquer qu’elles ne s’attaquaient pas au fond du problème : le contexte politique et social dans lequel l’épidémie se nourrit. «Ce sont justement ceux qui ne trouvent pas leur niche dans le système global qui sont les plus vulnérables aux maladies, soient les pauvres et tout particulièrement les femmes», a-t-elle fait valoir avant de préciser que des 215 millions de dollars dépensés chaque année en aide pour la lutte contre le SIDA dans la région, à peine 5 % étaient dépensés en Afrique même.

L’Inde le chewing gum et l’étirement des muscles de la bouche

C’est à Mira Shiva de la Voluntary Health Association qu’a incombé la tâche de conclure la rencontre. D’entrée de jeu, la conférencière a noté que c’est lorsque la classe moyenne est touchée par les mesures que soudain l’attention se pose sur un problème. «Dans mon pays comme dans de nombreux pays ayant subi les programmes d’ajustements structurels du FMI et de la Banque Mondiale, nous sommes déjà très avancés dans le processus de privatisation.

En Inde on parle de 80 % du secteur de la santé et nous subissons des pressions extrêmes pour aller encore plus loin». Enjoignant la cinquantaine de participants à préserver leur système de santé, Mme Shiva a déclaré que dans son pays, ce dernier est considéré avec le système anglais comme «LE modèle».

Ce n’est pas sans sourire que cette médecin venue de l’autre bout du monde a constaté que nombre de maladies infectieuses graves vécues dans sa région étaient complètement inconnues de l’assistance. Comme certains cas graves : une éruption de peste en Asie en 1994, une récente épidémie de malaria au Rajasthan. «Les compagnies pharmaceutiques ne sont pas intéressées à financer des recherches sur ces maladies mais elles se passionnent pour les anti-dépresseurs et les drogues pour les athlètes…».

Il semble que nous ne soyons pas à un paradoxe près. En effet, après avoir fait état du fait que 52 % de la population de son pays souffraient de malnutrition, Mme Shiva nous a décrit non sans un sourire la publicité d’une des nombreuses transnationales débarquées en Inde. Sur de grands panneaux vantant les mérites d’une certaine marque de gomme, on peut lire que «mâcher de la gomme permet aux muscles de faire de l’exercice…».



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