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Le G 20 : une autre facette de la mondialisation néolibérale

vieuxcmaq, Mardi, Novembre 7, 2000 - 12:00

Simon xxx (commob@hotmail.com)

Le 23 octobre dernier avait lieu à Montréal, une manifestation devant le centre Sheraton. Le but de ce rassemblement était de dénoncer le G20 qui se réunissait les 24 et 25 octobre au même endroit où eut lieu la manifestation. Certains diront "encore une autre manif", qu’elle est inutile, stupide, sans but apparent et qu’elle rate son objectif. Pourtant, une telle action est bien loin d’être futile et à côté de la cible.

En effet, le moyen le plus efficace de provoquer le changement, peu importe son degré de radicalisme, dans un système, un régime ou une institution est de lui montrer l’importance du mouvement qui s’y oppose. Ce mouvement, s’il se veut efficace, se doit d’être aussi large, aussi grand et aussi diversifié que possible. Plus important encore, il se doit d'être multilatérale; i.e. il doit s'attaquer à toutes les institutions qui permettent à l’organisation visé de rester en place, à toutes ses représentations et à tout ce qui bloque l’évolution.

Dans le cas présent, s’attaquer au G20 est tout à fait pertinent. Car comme ce qui suis tente de le démontrer, le groupe des 20 n’est qu’une autre facette de la cible ultime, qui varie selon l’idéologie de l’individu; soit la globalisation, le néolibéralisme ou même le capitalisme.

Le G20

Le groupe des 20 a été formé en 1999 à l’initiative des ministres des finances du G7 suite aux crises financières russe, asiatique et latino-américaine. Ce nouveau et très exclusif groupe est composé des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales de chacun des pays du G7, de 12 pays à "économie de marché émergentes" et de l'Union Européenne. De plus, le directeur du Fond Monétaire International et le président de la Banque Mondiale, qui "participent activement aux discussions", en sont également membres. En somme, parmi tous ces gens (et autant que je sache, ce ne sont que des hommes) qui vont discuter de l’organisation économique et financière de la planète, aucun n’aura de compte à rendre à la population sur le travail du G-20. Même pour les ministres, le groupe des 20 ne fera que peu ou pas l’objet de débat dans les différentes assemblés législatives, tout comme dans le cas de la ZLÉA.

La simple présence du FMI et de la BM à cette table devrait être suffisante pour lui enlever toute légitimité. Néanmoins, le G20 a été créé "dans le cadre du système institutionnel des accords de Bretton Woods", il leur est littéralement subordonné et son rôle leur est complémentaire. Comme l’indique son site officiel :"Les activités du G20 complètent celles d’autres organisations internationales. La participation du président de la Banque Mondiale et du directeur général du FMI[…] assure que les travaux du G20 s’intègrent harmonieusement aux activités de ces institutions."

Il est pourtant notoire depuis quelques années, que ces deux dernières organisations ont contribué plus que quiconque, à étendre sur la planète la misère, la pauvreté et l’exclusion . Les Plans d’Ajustement Structurel(PAS), imposé par le FMI en échange d’un prêt de la BM, ont contraint nombre de pays à la déréglementation, à la privatisation des entreprises nationales, à la dévaluation de la monnaie locale, à l’ouverture des frontières ainsi qu’à des coupures budgétaires majeures dans les programmes sociaux, et ce, toujours en ne tenant compte d’aucune particularité locale. De plus, dû au mode de décision corporatif qui alloue le nombre de vote au prorata de la contribution financière de chaque pays membre, le poids des États-Unis dans ces institutions est sans commune mesure avec celui d’aucun autres pays (les É-U détiennent 18,25% des votes au FMI, contre 5,67% pour l’Allemagne, deuxième "investisseur" en importance) .

Le mandat officiel du G20 est "d’encourager les discussions et les recherches ainsi que l’examen des questions d’orientation des pays industrialisés et des marchés émergents, en vue de promouvoir la stabilité financière." La stabilité financière est la notion-clé utilisée par le FMI et la Banque Mondiale pour parler des politiques de libre-entreprise imposées à la majorité de la planète par l’entremise des programmes d’ajustement structurel, de prêts conditionnels, de même que pour les accords de "libre"-échange(ALÉNA, ZLÉA, etc…). En somme, les travaux du G20 s’insèrent dans la même logique destructrice néolibérale. De plus, on souligne fortement dans la documentation officielle du groupe, son caractère informel d’échange et de consultation, qui permettra à ses membres de parvenir à des positions communes plus rapidement pour "accélérer la prise de décisions sur d’autres tribunes." Ce caractère informel qui accélère les prises de décisions ne peut avoir pour effet que d’accentuer le manque de transparence, pourtant décrié de toute part et si important dans les institutions internationales (FMI, BM, OCDE, OEA, OMC etc) et dans l’élaboration des accords de libre-échange(ALÉNA, AMI, Millenium round à Seattle, ZLÉA). D’ailleurs, on mentionne , que "depuis 1986, les rencontres des ministres des finances du G7 ont permis des discussions informelles sur des questions d’économie internationale, qui ont conduit à une compréhension et une coordination accrues parmi les décideurs politiques des pays du G7" ; parions que ces derniers n’étaient probablement pas étrangers à l’élaboration de l’AMI, auquel ils durent renoncer pour cause de manque de transparence et qui fut qualifier de chartre des droits des investisseurs…

À l’instar des rencontres du FMI et de la BM, de l’OMC, de l’OEA, de l’APEC, du G7 et de bien d’autres organisations d’ordre économique et internationale, les réunions du G20 se déroulent à huit clos, hors d’atteinte de tout banal citoyen. Le contenu de ses discussion est également gardé secret.

Pour ceux qui en font les louanges, le groupe des 20 a été "conçu pour répondre au besoin de représentation des marchés émergents". Toujours selon eux, "le fait que les marchés émergents ne soient pas représentés aux seins du G7 restreint la capacité de ce dernier de traiter certains points relatifs à l’évolution du système économique et financier international". Pourtant, par les concepts même de globalisation et de marché émergents, il plus qu’évident que le G7 ne peut établir seul "une nouvelle architecture financière mondiale". Les marchés émergents sont des pays industrialisés ayant une importance majeure et stratégique dans leur région respective au niveau politique, économique et même militaire(qui sert souvent à appliquer les deux autres). Sans être devenu des puissances au même titre que celles du G7, ils ont acquis une importance non-négligeable et leur nombre pourrait être susceptible de miner la suprématie des 7 sur le marché global(ou planète). Le G7 l’a compris et assure d’ailleurs un "ferme contrôle de la présidence" du G20 et les réunions de celui-ci sont reliées en début de chaque année à celle des 7.

Plusieurs préoccupations ont d’ailleurs surgi de cette situation. Une crainte fréquemment formulé voit le G20 comme un élément de la "G7-isation" de la planète. Selon ce point de vue, le G20 aurait été conçu pour légitimer les initiatives du G7 à l’ensemble de la planète, "en assurant un large consensus aux idées et aux projets provenant de ce dernier. Les 11 membres ne faisant pas partie du G7/G8, sont donc réduit à influencer les débats de façon sommaire, à être informer des projets du G7, et à recevoir un semblant de participation".

Il subsiste donc un doute raisonnable quant au rôle du G20 : consiste-t-il à intégrer les marchés émergents dans les discussions visant à "redéfinir l’architecture financière mondial", ou plutôt à s’assurer que ces derniers ne viendront pas jouer dans les plates-bandes des plus grandes puissances mondiales? D’autre part, si son rôle en est vraiment un d’intégration, cela signifie-t-il que les autres pays du globe, moins riches et moins puissant mais tout aussi important en population, ne sont pas à considérer? À certains moment, l’intégration peut facilement tourner à l’exclusion.

Parmi les reproches faites à la globalisation, le manque de représentation démocratique, les lacunes majeurs au niveau de la transparence et leur propension à creuser le fossé entre riches et pauvres, chez les individus comme chez les pays, sont probablement les plus communes. Le G20, encore très peu connu de la population et des mouvements de contestation, contient à lui seul toutes ces caractéristiques, en plus d’avoir à sa table le FMI et la Banque Mondiale, qui sont pratiquement un concentré des effets négatifs du néolibéralisme. Le G20 n’étant donc, n’étant donc qu’un autre côté du néolibéralisme, de la globalisation et du capitalisme, ne semble-t-elle pas être la suite logique des luttes contre l’exclusion de toute forme?

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1.Le G7 regroupe l'Allemagne, le Canada, les États-Unis d'Amériques, la France, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni.
2.L'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, la Russie, la Turquie.
3.Site officiel du G20: www.g20.org , voir "Document d'information", août 2000, p.1.
4.Ibid, p.1.
5.Ibid, p.2.
6.Michel CHOSSUDOVSKY, "Mondialisation de la pauvreté", Éditions Écosociété, Montréal, 1997, 248 pages.
7.Jacques Bertrand, "FMI ET BANQUE MONDIALE", Relations, décembre 1998, pp. 307-310.
8.Site officiel du Fond Monétaire International: http://www.imf.org
9.Site officiel du G20: www.g20.org, voir "Document d'information", août 2000, p.1.
10.Ibid., p.2.
11.Ibid., p.1-2-3.
12.["…the firm control of the chair…"] University of Toronto’s G-7/8 observation centre :http://www.library.utoronto.ca/g7/g20/g20whatisit.html"
13.[Traduction libre: The G20's eleven non-G7/8 members are thus destined to affect issues merely on the margin, to be informed of G7 initiatives, and to be given some semblance of participation.] Ibid, p.l.



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