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Les enjeux de Québec 2001

vieuxcmaq, Jeudi, Octobre 5, 2000 - 11:00

Georges Lebel (lebel.georges@uqam.ca)

Après l'ALE et l'ALENA, le mouvement syndical et populaire est confronté à l'éventualité d'une modification de la régulation économique qui aura des effets sociaux, économiques, culturels et politiques très profonds sans que l'ensemble de ceux qui seront affectés ne puissent dire leur mot sur ces transformations. Les précédentes négociations nous ont démontré que le mouvement syndical et populaire n'avait pas les moyens de faire suivre d'un quelconque effet un refus total de ces ententes. Cette tactique a échoué et a permis d'adopter des politiques très néfastes et dommageables pour les peuples.

La dynamique syndicale

Un revirement tactique de dernière minute, après l'élection de Clinton, a amené les syndicats américains à favoriser l'inclusion dans les ententes commerciales internationales d'une clause sociale. Dans les négociations en cours et à venir pour la constitution d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZELA), ces syndicats américains imposent la même tactique revendicative autour de la clause sociale. Mais nous savons, nous que le modèle de l'ALENA ne constitue en rien une protection pour les travailleurs et encore moins pour les régimes de protection sociale, l'éducation et la santé dans nos pays. Il faut réviser ce modèle et s'objecter à son extension à toute l'Amérique.

À la réunion des Ministres du Commerce à Toronto à l'automne 1999, les centrales syndicales se sont réjouies comme d'une victoire que quelques interlocuteurs désignés puissent rencontrer un ou quelques ministres pour leur soumettre quelques questions qui avaient dû être rédigées et soumises d'avance. On ne peut pas continuer comme cela en se contentant de faire du lobbying et en comptant comme des victoires le fait de pouvoir parler à un quelconque ministre toujours interchangeable, alors que pendant ce temps, dans les coulisses, les bureaucrates mettent en place les éléments de l'intégration économique. Mais on ne peut pas non plus, comme mouvement populaire, tenter de rivaliser avec les technocrates pour inventer des formules qui soient moins dommageables pour les populations

L`"effet" Seatlle

Depuis Toronto, quelque chose de fondamental a cependant changé. Il y a eu SEATTLE, que l'on peut interpréter de plusieurs façons, mais qui fait ressortir trois éléments importants :

- D'abord, l'apparition depuis l'AMI, d'une composante oppositionnelle nouvelle dans les débats sur le commerce international, qui est la conjonction de syndicats, de mouvements populaires et d'intellectuels du Nord principalement, qui met en scène le refus de plus en plus large de l'idéologie de la mondialisation, du libéralisme et du TINA, mais sans revendication commune.
- Ensuite, le constat que la politique commerciale internationale est largement influencée par des considérations intérieures américaines, (candidature de Gore, refus du Fast Track, position de l'AFL-CIO, action des groupes environnementaux US). La situation intérieure des autres pays influe peu sur le déroulement d'un processus engagé par les bureaucrates. (Chrétien suit la même politique que Mulroney).
- Enfin, les pays du Sud ont décidé, s'appuyant sur ces deux précédents éléments d'en tirer un parti de résistance, là aussi, dans un front du refus, mais suspect dans ses volontés politiques. (Que penser de l'alliance de l'Inde pré-fasciste, de l'Égypte et du Brésil à Seattle ?) Mais sur le plan de la propagande, ce refus est politiquement imparable à gauche dans les États du Sud parce que l'appel à la défense de la souveraineté nationale et le refus du contrôle impérialiste y fait rapidement l'unanimité.

Quoi qu'on dise et fasse, on ne peut agir sur la politique intérieure US, et si la propagande peut effectivement influer sur certaines politiques du Sud, il ne faut pas s'illusionner sur le caractère "progressiste" des politiques qui en résulteront dans les circonstances actuelles. Alors, il ne nous reste plus que le terrain de la lutte idéologique, et de la constitution d'un réseau le plus large possible de relations avec les groupes qui partagent notre point de vue.

Dans cette perspective : Trois petites remarques de fond

Une alliance disparate et divisée
L'Alliance sociale créée à Belo Horizonte reposait sur une conjonction syndicale et populaire. Le mouvement syndical était représenté par l'ORIT, (branche américaine de la CISL, identifiée historiquement à la droite en Amérique latine, mais qui peut évoluer avec l'adhésion de la CUT du Brésil)), pour laquelle le modèle de l'ALENA devait être reproduit et comporter pour la ZLÉA, une clause sociale reconnaissant les quatre droits syndicaux fondamentaux minimaux (droits d'association, de négociation, non-discrimination envers les femmes et les enfants, et interdiction du travail forcé) et protection de l'environnement. Déjà les latino-américains étaient réticents devant l'étroitesse de ces revendications mais incapables de s'opposer à un organisme auquel ils appartiennent. À côté du mouvement syndical s'est progressivement manifesté un mouvement populaire disparate et dispersé dont l'éclatement revendicatif s'est surtout manifesté au Chili avec neuf ateliers sur différents thèmes comme les femmes, les autochtones, les agriculteurs, les jeunes etc....

Une réalité internationale modifiée
L'échec de la conférence de l'OMC à Seattle a propulsé à l'avant plan les revendications syndicales minimales autour de la clause sociale. Le refus du Sud a été adroitement libellé comme une imposition impérialiste des normes du Nord au mode de production du Sud. Nous sommes en quelque sorte pris entre nos amis trop timides, (syndicats nord-américains) et nos ennemis trop habiles qui utilisent un discours qui fut le nôtre.

Une unité revendicative nouvelle nécessaire.
Alternatives a défendu jusqu'ici la politique du judo. Nous ne pouvons nous opposer frontalement au libre-échange parce que nous n'avons ni forces sociales ni alternatives à proposer. Il faut alors rassembler le maximum de revendications autour de ce qui fait le plus large consensus à gauche et réunit les syndicats et les mouvements populaires. Actuellement, cela me semble être le thème de la CHARTE SOCIALE, plus large et englobant que la clause sociale. Cette dernière n'est pas suffisante parce qu'elle dépend étroitement des conditions du commerce et n'est mise en action que si la violation des droits sociaux procure un avantage commercial. Après Seattle, cette revendication de la clause sociale est devenue ambiguë parce qu'elle semble cautionner le diktat du Nord sur les conditions sociales du Sud. Il faut donc trouver une unité revendicative nouvelle.

Vers la Charte sociale

Je pense que cette unité ne pourra être trouvée que par la mise de l'avant de revendications qui sont impossibles à remplir par la libéralisation des échanges, mais aussi impossibles à combattre par nos opposants. Et ce terrain revendicatif est celui de DROITS CIVILS, CULTURELS, ÉCONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIAUX. (Y compris le droit au développement)

La proposition que nous pourrions avancer est alors de dire que les accords commerciaux ne seront acceptables qu'avec les États qui répondent aux revendications de leur mouvement populaire et respectent les normes démocratiques et du travail correspondant à la définition internationale de ces droits acceptés par ailleurs par presque tous les pays (sauf les USA) ; ces droits étant revendiquées par les peuples de chacun des pays appelés à entrer dans cette alliance commerciale. Bien sûr, on nous objectera la situation cubaine, mais je crois que nous pouvons faire face à cette objection.

La proposition vise à ce que les mouvements populaires et syndicaux de chaque pays représentés dans l'Alliance sociale élaborent pour leur propre pays les conditions sociales et du travail que les autres membres de cette alliance devront exiger pour que l'on appuie la conclusion d'une entente commerciale avec ce pays. Il s'agit donc ici d'établir une solidarité revendicative concrète où chacun fait siennes les revendications particulières de chacun. Dans ce contexte, il y a SOLIDARITÉ SANS INGÉRENCE. Le problème restera encore et toujours de la sélection des interlocuteurs de chaque pays ; qui est autorisé à parler au nom de qui ; mais dans l'univers de la revendication, l'impératif représentatif est minimisé par le caractère concordant avec les autres de la revendication présentée.

On pourra objecter que cette solution fait fi du caractère transnational de l'opposition actuelle et de la solidarité qu'elle suscite ; mais les négociations sont encore inter-étatiques et notre seul moyen de pression porte sur les politiciens nationaux qui négocient ces ententes et c'est sur eux qu'il faut agir. La coordination transnationale des revendications permettra peut-être d'amplifier la force de frappe de ce mouvement.

Si telle était la ligne politique adoptée, la lutte pour l'inclusion d'une CHARTE SOCIALE dans chaque État qui prétend adhérer à la zone de libre-échange, alors le programme d'action pour Québec 2001 serait tout tracé. Il faut dès l'automne réunir les Québécois autour d'une plate-forme revendicative commune ; inciter les Canadiens et les autres à faire de même ; présenter avant Québec 2001 nos revendications à chacun des délégués à Québec ; et enfin, utiliser la rencontre de Québec pour coordonner nos revendications et manifester concrètement la concordance de nos revendications pour les droits.

Cette lutte pour une CHARTE SOCIALE qui ne dépende pas des conditions du commerce ne part pas de rien et fait déjà partie des revendications des mouvements syndicaux et populaires des pays du Mercosul où la charte sociale est à l'ordre du jour des négociations en cours. Il ne s'agirait donc que d'étendre le champ d'application de cette revendication.



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