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De l’importance historique de la lutte étudiante

Anonyme, Mardi, Avril 24, 2012 - 11:59

Jean-François Champagne-Bélanger

Depuis le début de la grève étudiante qui marque notre province actuellement, je me suis demandé à maintes reprises comment je pouvais exprimer ma solidarité avec le mouvement étudiant autrement qu’en arborant mon carré de feutre rouge au quotidien. Je suis un adulte de 35 ans et j’enseigne au secondaire depuis 11 ans maintenant, à des élèves de cinquième secondaire qui subiront les hausses imposées par le gouvernement Charest. Mes obligations familiales et professionnelles ne m’ayant pas permis de participer activement aux différents mouvements de grève, je me suis dit que l’écriture constituerait ma modeste contribution à cette lutte historique.

Le combat dont il est ici question dépasse largement le refus d’une hausse illégitime des droits de scolarité. Il s’agit d’une lutte sociale visant à défendre et à préserver les acquis sociaux que nos prédécesseurs, ceux qui ont bâti le Québec post-Révolution tranquille, ont gagnés pour les générations futures. Pourtant, depuis le début du conflit, le comportement du gouvernement Charest frôle la dictature. Cet air hautain qui caractérise notre Premier ministre, ce refus de dialogue, ce silence effrontément inopportun, cet humour cynique déplacé, ce statisme à l’égard d’une décision budgétaire si peu courageuse et sous-tendu par la pire propagande qui soit, celle qui martèle que le gouvernement n’a plus les moyens financiers de supporter un État fort, rigoureux et, surtout, offrant des services publics de qualité, qu’il nous faut renflouer notre dette, que nous devons sabrer dans les dépenses publiques et taxer davantage les contribuables québécois ne sont pas acceptables. Cette rhétorique néolibérale sonne tellement faux! Comme nos jeunes ont raison de se battre!
L’argent, il est là. Abondant. Nous battons nos propres records de création de richesse au Québec depuis des années. Nous avons été largement épargnés par la crise économique de 2008. L’argent, il est là. Mais il est au-dessus du gouvernement et faire de la politique, depuis plus de trente ans, correspond à répondre aux intérêts économiques des géants de ce monde, des maîtres du sacro-saint système économique globalisé, des « money junkies supra-gouvernementaux qui privatisent les profits et socialisent les déficits! », pour reprendre les paroles de Richard Desjardins. L’argent, il est dans les mains de nos grandes compagnies transnationales, qui réussissent à payer un taux d’impôt indécent grâce à la générosité du système d’imposition québécois et dont les actionnaires s’octroient des bonus disproportionnés au détriment de leurs employés; l’argent, il est dans les comptes bancaires des paradis fiscaux que les gouvernements du monde refusent d’éradiquer; l’argent, il est dans les méandres de la corruption des domaines de la construction, du crime organisé, du narcotrafic, entre autres, volontairement ignorés par le pouvoir politique en place; l’argent, il est dans les coffres d’Hydro-Québec, qui se comporte davantage comme une multinationale qu’une société d’État; l’argent, il est dans les marges de profits scandaleuses des compagnies minières, qui en plus d’être majoritairement des entreprises étrangères, épuisent nos ressources minérales en échange de redevances insuffisantes et prélevées sur le profit qu’elles engendrent plutôt qu’à la source. Je pourrais continuer longtemps cet exercice. Je m’arrête ici, en ajoutant que l’argent est là où on veut bien le trouver.
Pour notre gouvernement, surtaxer la classe moyenne et les moins nantis, imposer des mesures budgétaires régressives comme la taxe sur l’essence et la taxe santé, augmenter les tarifs d’hydro-électricité et écraser les avancées technologiques dans le domaine de l’énergie solaire ou éolienne, pour ne nommer que ces quelques exemples, sont perçues comme des mesures inévitables, parce que le « gouvernement n’a plus d’argent ». Sans que cela ne paraisse trop, nous sommes de plus en plus confrontés à des décideurs économiquement radicaux, mais quand il n’est pas question de religion, de race ou de droits humains, qui peut vraiment s’indigner?
Les étudiants le font. Ils s’indignent, se révoltent, crient à l’injustice. Des mots que nous, adultes, pour la plupart travailleurs, refusons de prononcer, voire même d’entendre. Trop pris dans le « système »; pire encore : indifférents! Les étudiants québécois ne le sont pas, eux. Et je les admire pour ce qu’ils font actuellement, pour le courage qu’ils démontrent, pour la rigueur et la qualité de leur discours, pour les valeurs qu’ils défendent, pour leur compréhension du monde politique, pour leur authenticité. Nous avons bien des leçons à retenir de ces jeunes de demain, de cette relève sociale!
Je n’élaborerai pas ici mes positions théoriques sur le conflit de la hausse des droits de scolarité à l’université, quoique le contenu de ce texte puisse vous en dévoiler une partie. Je m’oppose toutefois à cette hausse à 100%. Également, je me permettrai de conclure en offrant mon appui total aux étudiantes et étudiants qui continuent leur lutte, une lutte non seulement légitime, mais d’une importance telle qu’elle marquera le Québec à tout jamais en ce 21e siècle encore tout jeune et ce, peu importe son dénouement. Merci à vous, les jeunes, « altermondialistes » de demain, pour cette leçon de mobilisation citoyenne, de lutte sociale et de courage.

Jean-François Champagne-Bélanger
Enseignant au secondaire et citoyen engagé



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