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2e partie: Les défis posés par la conjoncture: Identifier l'ennemi et les moyens de l'abattre

Prolectures, Mercredi, Décembre 14, 2011 - 19:56

Prolectures

Le fait de considérer la crise mondiale actuelle comment étant fabriqué de tout pièce tient du délire ou d’un trop grand machiavélisme présupposé à la bourgeoisie. Les capitalistes ne choisissent pas plus que le prolétariat d’une crise. La crise fait partie de la dynamique contradictoire du capitalisme qui contraint d’un côté à un nombre toujours croissant de prolétaires à se vendre pour survivre et de l’autre un nombre toujours restreint de capitalistes à diminuer la part de travail réellement payé pour contrer la baisse tendancielle du taux de profit.

Les défis posés par la conjoncture Identifier l'ennemi et les moyens de l'abattre

CL: Depuis 2007 et l'élection d'une vague adéquiste, la gauche a identifié «la montée de la droite» comme étant le problème principal dans la région de Québec. Puis il y eu la crise économique qui nous a rappelé l'existence du capitalisme et, dans la foulée, une crise des finances publiques fabriquée de toute pièce. Les budgets d'austérité nous ont rappelé l'existence du gouvernement libéral (que nous avions tellement aimé détester en 2004-2005).

Prol: Le fait de considérer la crise mondiale actuelle comment étant fabriqué de tout pièce tient du délire ou d’un trop grand machiavélisme présupposé à la bourgeoisie. Les capitalistes ne choisissent pas plus que le prolétariat d’une crise. La crise fait partie de la dynamique contradictoire du capitalisme qui contraint d’un côté à un nombre toujours croissant de prolétaires à se vendre pour survivre et de l’autre un nombre toujours restreint de capitalistes à diminuer la part de travail réellement payé pour contrer la baisse tendancielle du taux de profit. Un mode de production qui ne peut que réduire le pouvoir d’achat des masses laborieuse tout en augmentant la production et le coût des marchandises vendues ne peut qu’inéluctablement conduire à la crise. Personne ne choisit la crise mais tous y participent.

L'ENNEMI EST MULTIFORME

CL: Dans les luttes sociales au quotidien, nos ennemis, c'est le gouvernement et le patronat. Il s'agit d'établir un rapport de force social d'envergure.

Prol: Content de voir que l’essentiel de nos ennemis est remis sur table : gouvernement et patronat. Face à un tel ennemi, il est évident que cela va prendre un rapport de force d’envergure. Mais la question reste toujours de savoir quel contenu va avoir ce rapport de force.

CL: Pour les battre sur le fond, et pas seulement sur quelques mesures, ça va prendre un mouvement social prolongé à l'européenne. Ce n'est pas obligé d'être une grève générale illimitée mais ça va prendre plusieurs semaines (mois?) de manifestations de masse, d'actions directes et de perturbations économiques lourdes. Pour l'instant, inutile de dire que rien de tel ne pointe à l'horizon. Mais c'est quand même dans cette perspective qu'il faut travailler.

Prol: Mouvement prolongé à l’européenne ? De quel mouvement parle-t-on ici ? Les émeutes en Grèce ? La grève générale contre les retraites en France ? La lutte des étudiants en Angleterre ? Le mouvement des indignés en Espagne ? Bien que toutes ces luttes s’inscrivent nécessairement dans le cours de la lutte de classes actuelle dans un contexte de crise économique mondiale, et c’est ce contexte qui fait l’unité de ces luttes, chacune de ces luttes prit en elle-même contienne leurs propres limites qui poussent à considérer ce qui se passe là n’est non seulement pas un modèle à suivre mais encore moins quelque chose qui peut être suivi. Aucune de ces luttes n’a gagné réellement quoi que ce soit, sinon un simple sursis. Ce qui se passe en Europe, au même titre que ce qui se passe dans les pays de l’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient, nous permet de saisir le mouvement global de la lutte de classes, mais ce qui se passe ne permet pas de produire un modèle révolutionnaire : il n’existe pas de luttes exemplaires. En sommes, ce qui va se passer au Québec va s’inscrire dans le même mouvement global de la lutte de classes mais ne sera pas identique à ce qui se voit ailleurs. Juste une question de bon sens !

CL: Par contre, au plan plus politique de la bataille des idées, l'ennemi n'est pas le gouvernement mais plutôt la droite populiste. Nous sommes dans une situation paradoxale où la critique du statu quo vient de la droite et où la critique radicale... vient de la droite radicale. La gauche au sens large défend le statu quo ante ou, dans le cas de la «gauche de gauche», un statu quo «nouveau et amélioré». Pour rallier le plus de gens, nous édulcorons notre analyse de l’économie politique. Et si c’était une erreur?

Prol: L’erreur ne vient pas d’une édulcoration de l’économie politique tel que l’analyse la gauche et la NEFAC-FL-UCL, mais d’un archaïsme idéologique qui cherche à reconstruire l’âge d’or du socialisme avec sa classe ouvrière des années folles. Si la droite populiste réussie à critiquer le statut quo plutôt que la gauche, c’est en autre parce que la gauche ne fait que répéter un programme rétrograde qui ne reflète pas les conditions actuelles du capitalisme, mais aussi parce que, paradoxalement, la droite reprend le ressentiment et la frustration des ouvriers à l’image de son époque : individualisé sans aucune reconnaissance de classe, ni par son syndicat, ni par son patron, ni par le gouvernement, ni pas sa communauté ouvrière qui de toute façon n’existe plus. La critique du syndicat est quelque chose que peut se permettre la droite que la gauche n’oserait jamais, mais en revanche, ce que la droite ne peut pas se permettre et que devrait donc critiquer la gauche c’est le travail, la famille et la patrie. Mais ce genre de critiques oblige à se demander, selon une perspective révolutionnaire, à quoi peuvent bien servir finalement les Coalitions régionales qui défendent à la fois le salaire minimum, les services de garderies et la souveraineté du Québec… sans oublier le logement social et l’autogestion des services publiques.

CL: Cet état de fait hypothèque lourdement les possibilités de développer une riposte de masse face aux politiques d'austérité. Pour battre le gouvernement, il faut battre la droite populiste dans la bataille des idées, et cela ne peut se faire qu'en développant une critique radicale du statu quo et une perspective de transformation sociale sur une base de classe (plutôt que populiste). Bref, il faut reconquérir les cœurs et les esprits de notre classe.

Prol: De quelle façon ? En leur faisant croire que revendiquer des logements sociaux est un premier pas vers la révolution ? Ou encore en faisant subir aux prolétaires révoltés des heures et des heures de réunions interminables à discuter de la misère du monde pour conclure à chaque fois que sans mouvement de luttes, il n’y pas grand-chose à faire ? Ou finalement en prenant pari sur l’agitation et la propagande pour constater que le militantisme à toujours la fâcheuse tendance à épuiser et décourager ces plus fervents adeptes qui finissent par disparaître de la scène sur la pointe des pieds… de peur d’être juger impuissant politiquement ?

CL: L'ennui, c'est qu'elle n'habite pas majoritairement le même espace spatial, social et culturel que nous (et c'est bien pour ça qu'on a besoin du mouvement syndical, seul mouvement social (ou presque) à avoir un point de contact avec cette majorité de la classe ouvrière qui est propriétaire, vit en banlieue et en région).

Prol: L’ennui dans la lutte de classes, c’est que les militants révolutionnaires ne passent pas à la TV. Comment rejoindre une classe stratifiée et dispersée par des divisions culturelles, sociales et spatiales propres au capitalisme ? Comment unir une classe qui est fondamentalement divisée par les catégories du capital dans lequel le prolétariat se reproduit sans cesse comme classe du capital ? Comment unir une classe ouvrière qui ne se reconnais plus dans ses syndicats ni dans ses Partis ouvriers ? Il faut donc refaire confiance aux associations qui ont fait leur pain en négociant la force de travail collective de ses membres contre quelques privilèges par rapport à la masse des prolétaires non-syndiquées : les syndicats. Mais ceux et celles qui ne sont pas syndiqués, on les rejoint comment ?

CL: L'objectif des mouvements sociaux doit être de réunir les conditions permettant de battre le gouvernement et le patronat.

Prol: Évident !

CL: Idéalement, il faudrait radicaliser, massifier et unifier les luttes.

Prol: Méchant idéal de mégalomane ! Il faut faire des luttes un objet que l’on peut radicaliser, massifier et unifier selon la volonté d’un sujet, ici, les mouvements sociaux. Voilà comment on passe à côté d’un fait primordial dans la compréhension de la lutte de classes ; les luttes forment un mouvement qui se transforme de lui-même, car le mouvement révolutionnaire est un ensemble de luttes où coïncident le changement de circonstance et le changement des individus ; ou comme disait Bakounine c’est un mouvement qui détruit pour construire du nouveau. Et personne n’échappe à cette dynamique, pas même les militants anarchistes ou les mouvements sociaux. Lorsqu’un mouvement de luttes se radicalise, il trouve son unité dans la destruction de ce qui le divise, soit la base même sur laquelle se construisent les mouvements sociaux en question. Donc, l’unité du mouvement révolutionnaire se fera contre les mouvements sociaux. Ce qui est le contraire d’un mouvement de masse, puisqu’il ne s’agit pas de rassembler des catégories sociales propre au capital comme travailleur, sans emploi, femme et sans papier dans un même mouvement, mais de faire une rupture avec ces catégories qui divise fondamentalement le prolétariat et de construire l’unité sur cette rupture. C’est cette rupture qu’il faut définir et promouvoir, pas la construction idéaliste d’un mouvement social de masse, radicale et unitaire, qui ne peut réaliser cette rupture sans se s’aborder soi-même.

CL: Plus prosaïquement, dans la région, il y a urgence de redévelopper une culture de mobilisation.

Prol: Encore ce marché aux salades idéologiques qui cherche à réinventer sa routine de militant.

CL: Les mouvements sociaux, pourtant bien pourvus en permanent-e-s, manquent cruellement d'organisateurs et d'organisatrices.

Prol: Pour Lénine, la révolution passait par les militants professionnels, et pour la NEFAC-FL-UCL, par les organisateurs communautaires. Quand on chasse le léninisme par la porte, il revient au galop par la fenêtre ! De la misère en milieu anarchiste, pourrait-on dire !

CL: Une façon de contourner le problème est de créer un réseau pour partager les ressources et former de nouvelles personnes.

Prol: Encore cette manie de poser le problème révolutionnaire en problème d’organisation… Comme si la question organisationnelle, en posant seulement la question du comment se prend les décisions, pouvait à elle-seule résoudre l’abolition du salariat, des entreprises, de l’état, des marchandises, de la propriété privée, du patriarcat et finalement des classes. D’autant plus qu’une organisation organise toujours ce qui est et non se qui advient ; le rôle d’une organisation est d’atteindre un but particulier à partir de condition générale déjà connue, mais une fois le but atteint et donc les conditions changées, l’organisation n’a plus lieu d’être. Des conditions nouvelles nécessitent des organisations nouvelles, comme disait Malatesta. Sans oublier que l’organisation finit toujours par s’adapter au but et donc que le but est l’essentiel, pas l’organisation.

CL: C'est un peu le rôle que joue actuellement une organisation intermédiaire comme le comité de mobilisation régional. Il faut la renforcer et multiplier les occasions de rencontres entre différents mouvements. Toutefois, tant que la mobilisation se fera «en réseau», en additionnant les militant-e-s des différentes organisations, ce sera insuffisant.

Prol: Alors pourquoi consacrer tant d’énergie, d’effort et de temps à construire ce réseau ?

CL: Il faut trouver le moyen d'élargir la mobilisation au delà du cercle des convertis, l'enraciner davantage. Pour cela, il faudra approfondir l'unité et commencer à agir comme mouvement, «aller au peuple» et non agir comme collection d'organisations disparates.

Prol: Il me semble que lors de la fondation de la NEFAC, les mêmes besoins interventionnistes se faisait ressentir : « aller au peuple » et le même manque d’unité du mouvement était le reproche adressé aux anarchistes. Pour ces militants professionnels, il n’est jamais question de la lutte en elle-même comme le seul moment où l’unité se produit dans la destruction de ce qui divise le prolétariat : le capitalisme, mais plutôt de faire de l’unité une condition préalable à la lutte pour briser le capitalisme ; condition finalement qui est résolue par l’organisation qui représente cette unité et donc justifie l’existence et le rôle de l’organisation comme pôle de cette unité.

CL: La mobilisation seule, toutefois, est insuffisante.

Prol: Mais pourquoi développer une culture de mobilisation, alors ?

CL: S'ils se cantonnent à une défense du statu quo, même nouveau et amélioré, les mouvements sociaux vont continuer de perdre la partie faute de joueurs. Pour gagner plus qu'une manche de temps en temps, nous sommes condamnés à réinventer une critique radicale du statu quo, reposer la question du projet de société et relancer la réflexion stratégique sur la transformation sociale.

Prol: Et quand le match est finie, tout-le-monde retourne chez eux pour retrouver sa routine répétitive à se réinventer des projets d’avenir improbables, à se reposer des questions sur sa vie de misère et à relancer sa réflexion sur les moyens de s’en sortir… c’est pourquoi beaucoup de ce tout-le-monde cherche finalement à se divertir plutôt qu’à se faire chier à réinventer le monde autour d’une table ; et d’après ce sentiments populaire, le programme de la NEAF-FL-UCL est aussi passionnant pour un prolétaire qu’un matche de baseball à la radio.

CL: Il faut sortir de notre zone de confort.

Prol: Sortir de sa zone de confort, ça commence par l’abandon de l’idée que la société capitaliste est un ensemble de manivelles objectives qu’il s’agit de réorganiser autrement pour obtenir le communisme ; que la démocratie et le syndicalisme portent en eux-mêmes les germes de la révolution, si ce n’était de la bureaucratie qui en monopolise la direction afin de défendre ses propres intérêts ; que les catégories sociales comme chômeur, travailleur, retraité, étudiant, syndiqué, femme, jeune, etc. peuvent servir de base à la révolution, sans que ces identités sociales ne retrouvent leur essence de catégories du capital qui divisent le prolétariat en permanence et rendent compte, en fait, de la division sociale du travail ; qu’une organisation révolutionnaire puisse contenir dans son programme tout ce que la révolution produira de nouveau et donc qu’elle aura toujours réponse à tout ; que la santé du mouvement anarchiste québécois dépend de la capacité de recrutement de la NEFAC-FL-UCL ; bref, sortir de sa zone de confort demande de penser en dehors du cloisonnement gauchiste : non seulement il faut sortir du militantisme, mais il faut aussi abandonner la façon dont ce milieu pose et voit la révolution.

CL: NOTRE PROPOSITION

Un front libertaire

Prol: tout le tour de la tête !

CL: Un collectif libertaire regroupant une masse critique de militant-e-s pourrait jouer un rôle clef dans la dynamique des luttes de la région. Québec compte un certain nombre d’organisatrices et d’organisateurs anarchistes chevronné-e-s et de jeunes libertaires enthousiastes en voie de le devenir.

Prol: Devenir quoi ? Chevronné ? Des petits soldats gauchistes qui courent partout comme des poules pas de tête ? C’est sa l’avenir que vous réservez aux jeunes recrus : un encadrement politique vers l’activisme organisé et des jobs dans le communautaires ?

CL: En unissant leurs forces, ils et elles pourraient constituer une minorité agissante incontournable.

Prol: Incontournable pour qui ? Les pauvres qui n’ont d’autres moyens de survie que de faire « affaire » avec les réseaux d’organismes communautaires charitables et de collectifs de défense de droits ? Ou les riches qui se servent de ces réseaux comme marche de manœuvre pour calmer les mouvements de révolte ?

CL: En ce moment, les libertaires impliqué-e-s dans les luttes sociales n’ont pas d’espace commun pour partager leurs expériences, échanger sur leurs pratiques, se former et alimenter leur réflexion. Un nouveau collectif libertaire devrait d’abord servir à cela : alimenter nos luttes.

Prol: On peut donner ça à la NEFAC-FL-UCL, en tant qu’organisation, elle persiste dans les mêmes ambitions d’organisation de masse qui dicte le besoin de recrutement. La nouveauté tient ici du fait que même en période de crise économique mondiale, la NEFAC-FL-UCL ne parvient pas encore à devenir cet Espace Commun où les prolétaires anarchistes peuvent partager leurs expériences de luttes (quand il y en a qui les concernent réellement), discuter et réfléchir ensemble sur les problèmes qui se pose réellement et agir collectivement en ayant un impact réel sur le cours des événements. Le problème c’est que les désirs ne semblent pas devenir réalité. Ceci dit, ce n’est pas dit que la NEFAC-FL-UCL ne deviendra pas cet Espace Commun lorsque le mouvement des luttes s’imposera de lui-même comme changement social, mais il est fort probable qu’il soit aussi dépassé par ce mouvement ou encore qu’il en soit un frein.

CL: L’alternative c’est de se contenter des rares espaces de débats propres aux mouvements sociaux et / ou de laisser la réflexion aux seuls intellectuels patentés ou à des groupes de recherche progressistes.

Prol: Le discours de la société sur elle-même (spectacle) est le discours de la classe dominante. C’est pourquoi le prolétariat produit son discours aux travers sa lutte contre le capital : les luttes sont théoriciennes et les révolutionnaires en observent les composantes comme des scientifiques passionnés de la révolte et de l’abolition des classes.

CL: Habitués au jeu défensif depuis des décennies, les anarchistes, comme les mouvements sociaux, subissent en général la conjoncture plutôt qu’ils et elles ne tentent d’agir pour la faire changer.

Prol: C’est normal de subir les conjonctures, puisque les conjonctures normales de la société pour le prolétariat c’est de subir l’exploitation du travail et la domination des catégories du capital. Agir sur ces conjonctures pour qu’elles puissent changer, c’est déjà les changer en soi ; il y a dédoublement du problème là et une espèce de malaise honteux qui n’a pas lieu d’être… à moins d’être hanté par l’activisme. L’histoire des périodes révolutionnaires démontrent que le cours quotidien de la lutte de classes est dicté par la capacité du prolétariat à bloquer la reproduction du capital, à dévaloriser l’ensemble des investissements capitalistes par un arrêt de toute extraction non seulement de suffisamment de plus-value pour précipiter la baisse tendancielle du taux de profit et conduire l’économie directement à la crise, mais de toute possibilité de production de plus-value permettant la reproduction du processus de valorisation du capital : soit la révolution. La règle du jeu dans la lutte de classes, c’est que le prolétariat est condamné à jouer un jeu défensif et c’est pour cette raison que le prolétariat est tant mesure d’abolir le capitalisme, parce qu’au moment où il devient offensif, il se retrouve contraint de dépasser sa situation de joueur, celle d’être une classe, en abolissant les classes, donc tout ce qui le détermine comme classe. La NEFAC-FL-UCL se trouve des raisons absurdes pour se convaincre de l’urgence de la situation et actionner le levier du recrutement.

CL: Dans toute situation (Prol: organisation) donnée, on finit toujours par atteindre un plateau et des limites objectives. Le rôle des anarchistes devraient être d’identifier les contradictions en présence dans toute situation et de les faire éclater par leur action collective pour en créer une nouvelle permettant d’aller plus loin.

Prol: Enfin la lumière ! Après avoir passé aux tamis de ma critique la presque totalité de la proposition, voila que je trouve un trésor, une pépite d’esprit adorable, un diamant grossier mais qui offre enfin des perspectives de beauté. Mais au lieu de SITUATION, on pourrait aussi dire ORGANISATION. Car les organisations révolutionnaires quelque qu’elles soient sont toujours le fruit des conjonctures sociales et historiques. En fait, la seule chose que puisse faire un collectif de révolutionnaires c’est d’être attentif aux contradictions (et aux nouveautés) telles quelles se présentent dans les luttes et de promouvoir à l’intérieure de ces luttes des pratiques qui posent concrètement l’abolition des classes : comme la gratuité des marchandises, l’annihilation de la propriété, l’ouverture des prisons, etc. ; mais de toute évidence nous en sommes pas à ces nécessités et quand elles se poseront, ceux et celles qui se reconnaissent se regrouperont. L’intuition est bonne, mais elle ne justifie en rien la reconstruction immédiate d’une coquille organisationnelle qui n’en finit plus de se vider de tout contenu révolutionnaire.

CL: Il doit y avoir un aller-retour constant entre l’action et la réflexion.

Prol: La NEFAC-FL-UCL a-t-elle déjà fait une autocritique sérieuse du résultat de sa pratique ? Alors c'est quoi cet aller-retour constant ? Une branlette ?

Prol: Elle est où la dialectique (aller-retour) dans le fait de réinventer une nouvelle organisation qui a toutes les caractéristiques de l’ancienne qui pourtant ne donnait pas les résultats escomptés. La dialectique est un processus de dépassement, pas un éternel retour au même… la NEFA-FL-UCL fait du surplace en pensant avancer.

Prol: Un aller-retour entre l’action de militants professionnels qui agissent dans le cadre d’organismes communautaires et la réflexion qui transforme les mouvements sociaux en marche pied vers la révolution. La NEFAC-FL-UCL n’a pas besoin d’observer les luttes prolétariennes afin de voir ce qui a de nouveaux théoriquement dans l’action révolutionnaire du prolétariat… car elle ne cherche pas à comprendre les luttes actuelles ni la révolution que ces luttes doivent produire… Elle cherche seulement à confirmer l’existence de son organisation et la pertinence de sa pratique interventionniste. Enfin de compte, pour la NEFAC-FL-UCL, la théorie doit seulement justifier sa propre pratique.

CL: Les anarchistes devraient s’inspirer un peu plus de l’éducation populaire autonome dans leur interaction avec les mouvements sociaux. Pour paraphraser le RÉPAC, une action libertaire utile pour les mouvements sociaux doit «partir des préoccupations des militant-e-s», permettre de «passer du je au nous» et «viser la transformation du mouvement».

Prol: La préoccupation des militants ? À part militer et agrandir son cercle de militant, je ne vois pas qu’elle préoccupation peut avoir spécifiquement un militant. À moins de considérer la catégorie sociale par rapport à laquelle le militant existe comme l'une de ses préoccupations ; sauf que là, il y a confusion entre les besoins propres au militantisme et les besoins propres aux gens en général. Les préoccupations populaires n’est pas le même « nous » dans lequel se fond le « je » militant que le « nous » du militantisme qui ne peut exister qu’en ayant un rapport militant d’avec le « nous » populaire.

Prol: La transformation du mouvement que vise le militant anarchiste (pas très populaire d’après la proposition présente) risque de se faire contre lui. Le changement des circonstances en coïncidence avec le changement des individus (autotransformation) qu’implique le mouvement révolutionnaire produiront des situations où l’existence du militant anarchiste et son rôle d’organisateur révolutionnaire seront en bloc dépassé par de nouvelles conjonctures inédites dans l’histoire de l’humanité. La NEFAC-FL-UCL ne sera plus qu’un souvenir.

CL: En d’autres mots : proposer ou soutenir des actions subversives et y participer, identifier les questions politiques et stratégiques qui se posent aux mouvements sociaux, comme la question des classes sociales, en débattre et les aborder de front avec les autres militant-e-s pour changer les perceptions, progresser et faire progresser. Un collectif libertaire ne doit pas être extérieur aux luttes, il doit être un moment des luttes.

Prol: Cette démarche va de soi ! Mais elle ne mérite pas d’être érigée en programme révolutionnaire.

CL: Fondé il y a une dizaine d’années, sur les cendres chaudes d’un autre groupe encore plus ancien, le Collectif anarchiste La Nuit ne semble plus adapté à la situation. Le collectif a su développer au fil des ans des outils, l’émission de radio et le blogue, des pratiques d’actions autonomes ainsi qu’une présence dans les mouvements sociaux qui peuvent encore être utiles mais qui ne permettent pas d’envisager un développement qualitatif et quantitatif important. Que nous le voulions ou non, nous sommes tous le produit d’une histoire et cette histoire commune à Québec, à ce moment précis, est un obstacle qui empêche plusieurs personnes de faire un bout de chemin avec nous. Il est temps de remettre les compteurs à zéro.

Prol: Donc, de passer à la critique des expériences passées et d’identifier les limites que posent ces expériences par rapport à la conjoncture actuelle d’une crise de l’économie mondiale. Mais le fait de proposer que la nouvelle bébelle plate-formiste se rallie à l’UCL prouve déjà qu’il n’y a pas de volonté réelle à faire ou même permettre cette autocritique et ainsi de remettre les compteurs théoriques sur le zéro du moment présent.

CL: Nous proposons de fonder un nouveau collectif anarchiste à Québec. Il nous semble qu’il y a une fenêtre d’opportunité pour faire un saut qualitatif et quantitatif important. Dans l’immédiat, nous proposons une première soirée d’échange et de socialisation autour de ce texte. L’idée est de vérifier s’il y a de l’intérêt pour le projet et un minimum d’accord sur l’analyse et les perspectives proposées. Si c’est le cas, cette première rencontre sera suivie d’une assemblée générale d’organisation et d’un processus pour identifier les priorités et les outils à développer.

Prol: Ces propriétés et ces outils sont-ils de même nature que la proposition : définit par la matrice de base d’une organisation de masse ayant déjà ses propres prémices et ses propres outils pour son propre développement : le recrutement.

CL: Et l’Union Communiste Libertaire (UCL), la fédération fondée en 2008 à laquelle les membres du Collectif anarchiste La Nuit adhèrent? Nous croyons que l’UCL est une organisation pertinente et importante. C’est la seule organisation québécoise qui met en réseau des anarchistes impliqué-e-s dans les luttes sociales dans plusieurs régions. La fédération dispose de nombreux outils et permet de faire à l’échelle de la province ce que nous espérons faire à l’échelle de la ville. L’UCL n’est pas une organisation figée, au contraire, elle est à un moment charnière puisqu’elle prépare un congrès d'orientation en septembre. Ce sera l'occasion de déposer un projet de manifeste qui aura été écrit pendant l'été.

Prol: Ce qui implique que la proposition de former un nouveau collectif anarchiste à Québec est déjà en soi embarquée dans ce moment charnière de l’UCL. La proposition n’est pas encore discuter et critiquer que déjà il faut se positionner par rapport aux nouvelles propositions d’un autre patente. Sa ressemble vachement à un colis piégé.

CL: Ce texte portera sur l'analyse de la conjoncture, fera une critique radicale du système capitaliste et patriarcal, présentera un projet de société libertaire et proposera une stratégie de transformation sociale. C'est probablement le meilleur moment pour embarquer et avoir un impact sur la perspective de l’organisation. C’est pourquoi nous proposons l’adhésion du nouveau collectif à l’UCL.

Prol: Engagez-vous, qui disait !

CL: Nous lançons un appel à tous les militants et toutes les militantes libertaires de Québec. Si notre pratique et notre perspective vous rejoint, même si vous n'êtes pas d'accord à 100%, débattez-en avec nous. Nous sommes prêts et prêtes à nous réinventer. Ensemble on peut faire la différence, construisons le front libertaire des luttes sociales!

Prol: Retenez-moi, quelqu’un !



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