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Combats de rue à Athènes: témoignage

Anonyme, Mardi, Octobre 25, 2011 - 06:29

Des gens ont été grièvement blessés et malheureusement, une personne est décédée pendant la manifestation. Il est cependant clair maintenant que le décès a été causé par le gaz lacrymogène de la police. Le gars était membre de l’organisation stalinienne PAME, mais il n’a pas été blessé pendant les combats (la déclaration officielle du médecin note qu’il n’avait pas de blessures).

Qu’est-ce qui s’est passé et pourquoi ? Une petite contextualisation historique est importante. Le KKE (le parti « communiste » stalinien) avait un rôle clair dans l’histoire grecque, surtout après sa légalisation en 1974 (après la chute de la dictature). Son rôle, c’était de s’introduire aux places de travail, dans les universités et dans les espaces sociaux afin de revendiquer l’État de droit bourgeois. Son rôle de jaune dans les grèves par le biais de son aile syndicale, ses attaques contre les radicaux à l’intérieur et à l’extérieur des universités sont bien documentés (peut-être pas en anglais). Dans un certain sens, le rôle des staliniens était partout le même et en regardant la situation en Italie dans les années 1970, on trouvera beaucoup de similitudes avec la Grèce.

Peu importe, depuis 1989, le KKE (contrôlant le syndicat PAME) n’entre plus en contact avec les masses de manifestants, que ce soit la gauche parlementaire, la gauche extra-parlementaire ou radicale issue des milieux anti-autoritaires, ou des vrais communistes comme nous (!). Durant les années précédentes, les affrontements avec les services d’ordre du KKE étaient une scène ordinaire lors de manifestations. Peu importe si c’était des manifestations étudiantes, des manifs anti-guerre ou les festivités annuelles commémorant la rébellion du 17 novembre. Les combats contre le KKE étaient typiques. Et en général, à cause de la meilleure organisation de leurs services d’ordre (appelé KNAT en Grèce, un jeu de mots avec les abréviations pour la jeunesse du parti KNE et celle des unités anti-émeutes de la police MAT), nous avons perdu la rue. Un moment, le KKE a décidé d’organiser ses propres manifs, en dehors et à l’écart des grandes. Même lors des grèves générales, le PAME et le KKE ne participent pas à la manifestation principale.

Pour des raisons qui seront encore à analyser de manière plus détaillée, le KKE a joué un autre rôle durant la grève générale de deux jours du 19 et 20 octobre. Moins le 19, mais très clairement le 20 octobre, le KKE et leurs services d’ordre ont pris la décision politique de remplacer la police. Lorsque la masse de manifestants est arrivée à la place Syntagma le 20, ils se sont retrouvés face à une haie de membres du PAME équipés de casques et de battes de baseball (pas tout à fait, mais des bâtons en bois semblables) sur toute la longueur du parlement. Il est significatif de dire que la police n’était visible nulle part. Elle a pris position derrière le KKE et pendant tout la journée, elle n’a rien fait (sauf quand elle avait l’impression que le KKE avait besoin d’aide). Ainsi, il était clair pour les manifestants que le KKE serait l’obstacle principal ce jour-là pour manifester et exprimer leur rage.

Il a fallu peu de temps pour que cela se réalise. Des affrontements verbaux entre des manifestants et des membres du PAME dans leurs lignes de défense ont éclaté immédiatement, mais de manière plutôt sporadique. (Il est important de souligner que les membres du PAME, qui, officiellement, « bloquaient le parlement » ou « protégeaient la manif de provocateurs », étaient tournés non pas vers le parlement, mais vers la foule. Exactement comme le font les flics. Lorsque les querelles se sont amplifiées et quelques gobelets de café et bouteilles d’eau ont été lancés en direction des rangs du PAME, leur réaction a montré pourquoi ils étaient postés de cette manière. Ils ont attaqué la foule devant eux avec des bâtons et des matraques en caoutchouc. La première a être frappée sérieusement était une jeune fille qui a effectivement regardé dans l’autre direction lorsqu’elle était attaquée.) Elle a été frappée sur la tête avec une matraque. L’image de la tête en sang de la jeune fille a enragé la foule et des combats ont éclaté. Au début, les manifestants n’étaient pas armés et le combat était injuste. Les membres du PAME avaient tous des casques et des bâtons, la foule s’y opposait à l’aide de bouteilles en plastiques et de jurons. Certains se défendaient à coups de poing. La rage était cependant tellement grande que le combat n’était pas facile pour le PAME. Assez rapidement, la majorité des manifestants ont commencé à participer aux combats et une bataille ouverte entre le PAME et le reste de la manif a éclaté. Ce qui a « aidé » les manifestants à participer (hormis les radicaux déjà à l’attaque), c’était le fait que les membres du PAME, dans leur tentative d’évacuer la place, ont attaqué toute la manif depuis deux petites rues. Après, des combats violents ont eu lieu pendant deux heures et demie, durant lesquels les manifestants ont réussi à vaincre et à chasser les voyous staliniens malgré leur manque d’organisation et d’équipement. Bien sûr, les staliniens étaient bien organisés et ils ont pu tenir le sommet de la place (à l’extérieur du parlement), mais leurs attaques contre la foule ont été refoulées. Lorsque tout portait à croire que le PAME n’allait plus pouvoir tenir pour longtemps, une attaque commune de la police anti-émeutes et du KNAT a eu lieu sur la place et dans une rue voisine. La foule ne pouvait plus tenir face à cela. La foule s’est dispersée dans les rues autour, s’est rassemblée pourtant rapidement et s’est dirigée à nouveau vers la place, où elle restait aussi longtemps qu’elle pouvait. Une deuxième attaque de la police anti-émeutes a fait fuir les gens et une attaque coordonnée d’une majorité des staliniens et de la police (je suis sûr qu’il y aura bientôt des photos de leur attaque en commun) a causé le départ de la majeure partie des gens. À la fin, c’était à la police de virer les derniers manifestants.

En général, la police était peu impliquée dans ces événements (sauf à la fin comme je viens de le décrire). C’était clair pour tout le monde que les staliniens avaient choisi ce moment historique particulier (exactement quand les mesures d’austérité étaient votées dans le parlement) pour montrer leur vrai visage et leur vrai rôle dans le mouvement. Celui d’agir comme la police interne, afin d’empêcher les manifestants de s’approcher du parlement, afin d’attaquer la foule pour la disperser. Par ces actes, ils ont déclaré la guerre à tout le mouvement, les effets de celle-ci sont encore inconnus. Ce qui est sûr, c’est que les combats avec le KKE et leurs voyous continueront dans les universités (où ils ont une influence considérable) et dans les rues. Il faut voir si la décision politique d’agir en tant que troupe policière contre les manifestants sera maintenue par le KKE. Le fait est que leur rôle a été rendu public hier, même dans la presse bourgeoise. (Une interview avec un membre du PAME sur une grande chaîne faite par un journaliste de droite et pro-gouvernemental connu est significative. Il lui a dit « vous avez défendu le parlement grec » et le gars du PAME a dit « non, nous avons défendu la manif » et le journaliste répète « non, vous avez défendu le parlement ».) Je sais pas comment le KKE arrive à maintenir sa propagande schizophrène et à convaincre ses membres que ce qu’ils ont fait hier constituait une défense de la manif, surtout lorsqu’il est devenu clair que leur rôle était de remplacer complètement la police anti-émeutes. Mais une fois de plus, il est difficile de comprendre la mentalité psychologique d’un stalinien...

Personne ne sait ce qui se passera par la suite, mais déjà la nuit dernière, des bureaux du KKE ont été attaqués et parfois incendiés dans toutes les régions de Grèce. Et j’ai l’impression que cela va continuer. Le jeunes membres du milieu radical disposent maintenant d’une expérience de première main de ce que les plus âgés avait déjà vécu dans le passé, mais ce qu’ils ont oublié depuis 1998. Maintenant, tout le monde, au-delà du milieu radical, est – et c’est quasiment un euphémisme – extrêmement en colère. Et ils le resteront.

Source : Indymedia Allemagne

Traduit de l’allemand par Le Réveil



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