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La lutte à la croisée des chemins. Notes sur le mouvement social d'octobre 2010

Anonyme, Mardi, Février 1, 2011 - 09:45

Collectif politique Lieux Communs

Novembre 2010 – janvier 2011

petit dessin: une femme, le poing levé, est d'un groupe de révoltés sur fonds rouge, près d'aristocrates [semble être une des Révolutions françaises].   Le texte qui suit ne dit fondamentalement rien de nouveau : les faits comme leurs interprétations présen­tés ici sont connus.  Nous nous tenons à ce qui nous semble être la lucidité, qui est encore la meilleure arme contre les illusions, l’impuissance, le désespoir.  Pas plus nous ne visons l’objectivité ou l’exhaustivité : nous tentons de présenter ce qui nous paraît significatif, non au regard d’une humeur ou d’une quelconque science, mais en fonction d’un projet historique dans lequel nous nous re­connaissons, l’instauration par le peuple d’une démo­cratie radicale – ou di­recte ; une société où l’ordre ne serait plus imposé par une minorité dirigeante au nom d’une autorité extérieure, séparée et inaccessible – Dieu(x), Traditions, Nature, Lois de l’Histoire ou du Mar­ché – mais où la liberté et la justice sont reconnues comme des questions toujours ouvertes et dont nous sommes tous directement responsables en tant que femmes et hommes dignes, libres et égaux (car c’est seule­ment à ce prix que nous le sommes effectivement).  C’est de là que nous interrogeons le sens du mouve­ment d’octobre autant que de la société qui l’a pro­duit.  Ce sens n’est prédonné par rien ni par personne ; il ne dépend que de ce que les gens feront dans l’ave­nir.  Nous parlons donc, autant que nous le pouvons, dans la perspective d’une autonomie indivi­duelle et collec­tive.  Nous nous adressons donc en tant qu’égaux à des hommes capables de faire leur his­toire, comme ils l’ont déjà faite dans le passé, et comme ils continuent de la faire, le sachant ou non.  Enfin, ce n’est donc pas un bilan au sens propre : il aurait fallu pour cela un ob­jet circonscrit, des critères admis, des objectifs clairs et des perspect­ives tracées.  Mais c’est tout cela même qui fait question, au moins pour nous, au sein de ce qu’on ap­pelle « le » mouvement social contemporain. Lire la suite »»



Sujet: 
Sur ce texte et le mouvement réel de cet automne
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Dim, 2011-02-06 12:34

Ce texte souffre d'un certain nombre d'insuffisances, qu'il convient de souligner.

• D’une part, ce texte adopte tous les points de vue et partis-pris syndicaux sans aucune critique, alors même qu’il nous dit vouloir s’en démarquer. Qu’aurait été ce mouvement sans les grèves des raffineries, nous demande-t-il ? La question posée comme cela signifie que l’élément central du mouvement de l’automne a été la lutte dans les raffineries, complètement encadrée par les syndicats officiels, enfermée sur quelques sites, sans l’once du début d’un mouvement de solidarité de ces grèves vers l’extérieur, et rassemblant une poignée de grévistes ! Je doute que les gens qui participaient massivement aux manifs aient eu ce sentiment… Et si ce texte nous parle de toutes les initiatives syndicales, il ne dit RIEN sur ce qui s’est fait en-dehors du cadre syndical : rien sur les AG sauvages qui se sont réunies ça et là, rien sur les meetings qui ont eu lieu en fin de manifs en plusieurs endroits de France, rien sur les initiatives et les discussions qui ont pu se tenir pendant le mouvement, dans les manifs et ailleurs, et dont ont témoigné nombre de textes publiés sur Indymedia notamment. Rien surtout sur le fait que les gens ont REFUSÉ de partir en grève comme les syndicats le demandaient, justement pour éviter de se retrouver derrière des mouvements encadrés par les syndicats et complètement sans perspective.

• D’autre part, ce texte saucissonne dans une logique toujours aussi syndicale les participants aux cortèges ; il y aurait eu les « anciens » et les « jeunes », alors que la question pendant le mouvement ne s’est JAMAIS posée ainsi ; tous ceux qui participaient au mouvement, aux manifs, ne le faisaient pas en tant que « jeunes » ou « vieux », mais sur la base du refus du futur que nous proposent à la fois le gouvernement et le capitalisme comme un tout. Et l’une des forces du mouvement était justement cet élan qui traversait toutes les générations, tout le monde allant dans le même sens.

• Enfin, ce texte nous ressert le brouet tiédasse du « blocage de l’économie » sans même un commencement de critique, alors qu’on a bien vu que c’était une COMPLÈTE ILLUSION de croire qu’on allait faire plier l’État de cette façon. Là encore, ses auteurs nous ressortent la prose syndicale, déjà entendue à satiété sur tous les organes de propagande de la classe dominante !

Alors, à quoi sert ce texte ? À faire un bilan des luttes ? Il est singulièrement pauvret sur ce plan. À nous répéter qu’il y a une « disparition du mouvement ouvrier » et des « dispositifs militants contemporains » au profit d’un courant « écologique » dans les mentalités contemporaines ? C’est du grand n’importe quoi : les gens qui ont manifesté ne l’ont pas fait pour défendre l’écologie ni la planète, mais parce que l’État dégrade irrémédiablement leurs conditions de vie.

En fait, ce mouvement de l’automne 2010 s’est fait partout où ce texte ne regarde pas. Il serait peut-être bon pour ses auteurs de se pencher sur ce qu’est réellement un mouvement social…


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