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Rétrospective militante saguenéenne 2010 du Collectif Emma Goldman

Anonyme, Lundi, Décembre 27, 2010 - 15:46

Collectif Emma Goldman

Collectif local de l’Union Communiste Libertaire fondé en décembre 2008 suite à l’appel à «refonder l'anarchisme organisé» dans le Cause Commune no. 22 et au congrès de fondation de l’organisation, le Collectif Emma Goldman est constitué de militantes sociales et de militants sociaux impliqué-e-s dans divers luttes et mouvements de leur milieu. Voici une brève et non-exhaustive revue de l’année militante de notre coin, une façon comme une autre de voir le chemin parcouru et de présenter comment des jeunes intéressé-e-s par un changement social radical peuvent s’impliquer dans une région de périphérie comme le Saguenay.

Tout d’abord, afin d’insérer les idées communistes libertaires dans son milieu, le Collectif Emma Goldman a effectué tout au long de l’année un travail régulier et de longue halène pour : l’envoi de nombreuses lettres d’opinion sur des thèmes divers dans les journaux « de masse » de nos milieux, l’intégration de nouveaux et nouvelles membres à notre collectif, la réalisation d’ateliers d’auto-formation sur divers thèmes, l’envoi de plusieurs dons militants (notamment pour l’organisation haïtienne Batay Ouvriye suite au tremblement de terre en Haïti), la diffusion de plusieurs éditions du journal Cause Commune dans la région, la participation aux diverses activités fédérales de l’UCL, la réalisation de plusieurs activités de rencontre plus ludiques et de plein air, l’affichage de nombreuses affiches dans les villes de l’arrondissement et au-delà, la participation à de nombreuses manifestations et soirées militantes dans et à l’extérieur de la région, l’actualisation du Blogue du Collectif Emma Goldman et plus encore…! Bien sûr, tout cela a demandé beaucoup de temps, mais les militant-e-s du collectif sont demeuré-e-s très actifs et actives dans les luttes de leur milieu dont voici une petite rétrospective.

Le premier février paraissait la première édition du bulletin régional d’information libertaire, Le Pic-Bois, qui faisait suite à la parution autonome en 2009 du Bulletin d’info libertaire – Saguenay. Le Pic-Bois, analysant la situation particulière des régions périphériques du Québec, fut distribué en format papier et sous version pdf sur le blogue du collectif.

Les 4 et 6 février, la tournée de conférences Usines sans patrons, dont le collectif participa à l’organisation, s’arrêta dans les villes de Chicoutimi et Saint-Félicien avec un camarade anarchiste argentin de l’organisation Red Libertaria de Buenos Aires afin de nous entretenir sur le mouvement des entreprises récupérées en Argentine et ses possibilités émancipatoires. La conférence de Chicoutimi dépassa les capacités d’accueil du Café Cambio avec une formidable audience variant entre 70 et 75 personnes de milieux et d’âges assez diversifié-e-s. Celle de Saint-Félicien, au Lac-St-Jean, un peu moins publicisée, accueillit une quinzaine de personnes.

Le 5 février marque une date importante de l’année avec le 5 à 7 de lancement du collectif Rebelles Saguenay, un groupe de féministes radicales formé autour de la délégation régionale du Rassemblement pancanadien Toujours Rebelles en 2008. Plusieurs participantes du Collectif Emma Goldman y militeront et les hommes du collectif, en tant que pro-féministes, leur apporteront du support lorsque demandé. Fort actives, les membres de Rebelles Saguenay organisèrent déjà, les 13 et 14 février, des cours d’auto-défense féministe.

Le 15 février marque la fin du long lock-out au journal Le Réveil, propriété de Québécor, qui avait commencé le 4 mars 2009. Suite à un ultimatum lancé aux lock-outé-e-s quelques jours avant pour l’acceptation de son « offre finale », sans quoi il menaçait de fermer définitivement le journal, près de 68% des syndiqué-e-s acceptèrent l’offre qui consistait en une réduction du nombre d’employé-e-s de 23 (restant-e-s après la fermeture des Éditions du Réveil près d’un an auparavant) à 5. Sur ces 5, quelques un-e-s démissionnèrent pour participer au redémarrage du journal Le Saguenéen sous forme d’un organisme sans but lucratif, journal qui ne fit toutefois pas long feu, les publicitaires et la mairie continuant d’appuyer le journal Le Réveil. Durant le conflit, le Collectif Emma Goldman se démontra solidaire des lock-outé-e-s offrant son soutien sur les lignes de piquetage, publiant 2 articles à ce sujet dans le journal Cause Commune et plus d’une dizaine de textes sur le blogue du collectif, du premier jour au dernier jour du lock-out.

Le 1er mars, une manifestation ironiquement intitulée « Le Citoyen d’abord » (il s’agit en effet du slogan de la présente administration municipale sous la gouverne autocratique du célèbre Jean Tremblay) emplie la salle du Conseil de ville. Organisée par le Comité de relance de Théâtre du Saguenay, près de 200 personnes, dont plusieurs militant-e-s du Collectif Emma Goldman, participèrent à l’action dans laquelle elles récitèrent le « Manifeste du Citoyen d’abord » et protestèrent symboliquement en collant du ruban adhésif sur leur bouche.

Durant le mois de mars, un des camarades du Collectif réalisa une conférence sur l’anarchisme à la demande d’un professeur en Travail social à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), soulevant de très intéressantes questions et discussions chez les étudiants et étudiantes du programme.

Le 8 mars, pour célébrer la Journée internationale des femmes, Rebelles Saguenay organisa un 7 à minuit au bar de l’UQAC auquel vinrent près d’une soixantaine de personnes. La scène y fut donnée à des femmes qui réalisèrent plusieurs prestations artistiques et à caractère politique.

Suite au dévoilement du fameux budget Bachand, annonçant des hausses de tarifs et la privatisation progressive des services publics, l’Union Communiste Libertaire lança une campagne contre le budget, en tant que deuxième phase de sa campagne contre la crise économique lancée à l’automne 2009. Dans la région, les membres du Collectif Emma Goldman participèrent activement aux manifestations organisées par des groupes communautaires, étudiants et syndicaux qui suivirent. Le 12 avril, le ministre Bachand fut accueilli à l’entrée de l’Hôtel Le Montagnais par une « flash mob » (annoncée le matin même). Le 30 avril, au cours d’une marche étudiante en direction du pique-nique du « 1er mai » des organisations sociales et syndicales au Vieux-Port de Chicoutimi, le Collectif tint un cortège funèbre et porta la tombe de l’éducation et de la santé gratuite au Québec. Le 7 mai, lors de la visite de Jean Charest à l’UQAC, le collectif se montra un élément fort actif et dynamique dans la manifestation de près de 150 personnes. Il faut dire qu’à ces deux dernières manifestations, le porte-voix du collectif fut partagé avec les organisations présentes, qui n’en avaient pas. Il semble qu’une « culture de la manifestation » soit encore à instaurer au Saguenay. Rappelons que c’est un droit de citoyen-ne que de marcher dans la rue (et non sur le trottoir) et de convoquer des manifestations sans avoir à aviser les autorités policières.

Le 9 avril, quelques membres du Collectif Emma Goldman ont assisté à une conférence de Patrick Bourgeois, qui souhaitait former une « cellule » du Réseau de résistance du québécois (RRQ) au Saguenay, afin de soulever de sérieux questionnements par rapport au nationalisme de façon très franche et honnête. Bien que Mr. Bourgeois soit parti immédiatement après sa longue présentation, évitant ainsi les questions de son public, le débat se poursuivit dans la salle au sujet de la question nationale. Certain-e-s des supporters du RRQ présents défendaient des idées clairement racistes. Suite à cette soirée, un des membres du collectif présents à la soirée écrivit le texte « Le nationalisme primaire débarque au Saguenay », publié sur le site LBR.ca, ce qui lui valut un torrent d’insultes à caractère haineuses sur le forum du RRQ. De plus, le chef du RRQ, ce même Mr. Bourgeois, menaça d’une mise en demeure l’administrateur du site LBR.ca afin que l’article soit retiré, après quoi, il se décida enfin d’émettre une timide réponse à l’article très bien écrit du camarade du Collectif Emma Goldman.

Le 13 mai, le Collectif Emma Goldman tint une conférence à la Tour à Bières sur les mobilisations et enjeux entourant le G8/G20 qui s'est tenu à Toronto en juin 2010. Une trentaine de personnes, d’âges et de milieux très diversifiés, vinrent assister à la conférence donnée par notre camarade anarchiste montréalais Marc-André Cyr.

Le 22 juin, l’organisation Loge m’entraide, affiliée au FRAPRU, tint un sit-in de près de 5 heures à l’hôtel de ville de Chicoutimi suite au refus du maire Tremblay de contribuer dans un nouveau projet de logement social de l’organisme.

Durant le printemps, l’été et l’automne, l’Éco-Kartier Centre-Ville de Chicoutimi, un éco-comité de citoyen prônant la démocratie participative, réalisa un jardin collectif urbain dans le centre déshérité de la ville et de nombreuses activités, dont la revitalisation de parcs urbains et une fête de quartier.

Le 18 août, un nouveau collectif formé de féministes ayant une position abolitionniste sur la prostitution, le Collectif du 18 août, réalisa une Journée contre l’exploitation sexuelle au Vieux-Port de Chicoutimi pour commémorer la mort de Nadia Caron, une jeune prostituée de la région morte d’une overdose après s’être fait forcer à consommer de la cocaïne par un de ses clients, aujourd’hui en liberté. L’action était appuyée dès le départ par la mère de Nadia Caron et près d’une centaine de personnes ont participé à l’action, avec une visibilité dans presque tous les médias régionaux. Les collectifs Rebelles Saguenay et Emma Goldman appuyaient officiellement l’action.

Durant l’été et l’automne, le Collectif Emma Goldman travailla à diffuser les appels à la solidarité des « otages de Khimki », Alexeï Gaskarov et Maxim Solopov, deux jeunes antifascistes menacés de peines de prison de 7 à 8 ans suite à une manifestation sauvage en Russie. Une capsule de 23 minutes sur la menace de la droite radicale en Russie et la résistance antifasciste fut diffusée sur les ondes de l’émission de radio anarchiste de Québec, « Voix de faits », et des pétitions furent envoyées au Tribunal de Khimki et au président Medvedev pour exiger le retrait de toutes accusations. Grâce à des correspondances, les messages de solidarité du collectif furent transmis avec succès aux militant-e-s de la campagne de libération en Russie et traduits en russe. Durant l’automne, le Collectif Emma Goldman a tenu, conjointement avec Rebelles Saguenay, une table de diffusion dans le bar de l’UQAC à l’occasion d’un Party Universitaire « Anarchiste » des associations étudiantes de sciences politiques et de sociologie/anthropologie.

Quelques temps avant le Forum Social Régional-02, les 1er, 2 et 3 octobre à Roberval, le Collectif Emma Goldman et Rebelles Saguenay publièrent une lettre annonçant le boycott du forum par les membres de leurs collectifs si la présence de Denis Lebel, le député conservateur qui était alors invité comme conférencier d’ouverture du forum, n’était pas retirée. La lettre suscita beaucoup de débats dans la région, on accusera même, à tort, les deux collectifs de vouloir saborder l’événement. Celle-ci soulignait qu’« historiquement, les forums sociaux sont nés d’une volonté de rassembler les mouvements sociaux de gauche dans un espace autogéré, autonome et imperméable à l’influence des partis politiques ». Malheureusement, la présence de Denis Lebel ne fut finalement pas retirée. La dénonciation de l’événement fit beaucoup de bruit, jusque dans la famille du député Lebel parait-il. Dans un sondage du journal Le Quotidien, sur 950 répondant-e-s, 60% répondirent qu’elles ou ils étaient opposé-e-s à la présence de Denis Lebel au Forum Social Régional-02. Ayant participé aux précédentes éditions du forum, certain-e-s des membres de ces deux collectifs participèrent par la suite à l’assemblée générale de celui-ci pour tenter de rectifier la situation.

Le 17 octobre, Rebelles Saguenay organisait 2 autobus pour le transport vers le rassemblement national de la Marche Mondiale des Femmes à Rimouski, dans lesquels prirent place quelques membres du Collectif Emma Goldman. Un contingent très dynamique unissant Rebelles Saguenay et l’Union Communiste Libertaire fut formé durant la marche, contingent qui était l’un des plus radicaux de l’événement. Sur place, l’UCL diffusa son propre tract et nos camarades du Collectif anarchiste La Nuit de Québec produisirent de superbes reportages audio-visuels de l’événement.

Le 21 octobre avait lieu à la Tour à Bières, la tant attendue assemblée publique du Collectif Emma Goldman sur le thème : « Quelles stratégies devons nous prendre pour lutter contre le dernier budget? ». Près d’une trentaine de personnes participèrent à l’assemblée, qui souleva au moins la nécessité de la formation d’une coalition régionale pour la lutte contre le budget, chose aujourd’hui faite et dont le collectif est membre. À l’occasion, les faibles possibilités de participation aux grands organismes de la région furent notamment critiquées.

Le 3 novembre, la Coalition opposée au recrutement militaire - Saguenay, notamment formée du Syndicat des étudiants et étudiantes employé-e-s de l’UQAC (SEEE-UQAC), de Rebelles Saguenay et du Collectif Emma Goldman, tint une action contre la présence de recruteurs militaires durant la Journée de l’emploi de l’UQAC. Malgré une présence démesurée d’agents de sécurité et de la police sur les lieux de l’Université, plusieurs étudiant-e-s tinrent un piquetage devant la porte principale de l’Université. Un responsable du bureau des affaires publiques de l’Université, Jean Wauthier, avait apparemment demandé la visite de policiers au local de recherche du responsable des médias de l’action. De plus, les entrées de l’Université étaient quadrillées par des agents qui contrôlaient le matériel transporté par les étudiant-e-s et les manifestant-e-s furent filmé-e-s par une agente de sécurité. Cette interdiction de manifester par l’UQAC fut par la suite vivement dénoncée dans les médias régionaux, entre autres par le cinéaste et poète engagé Pierre Demers et par le SEEE-UQAC, le Conseil régional-05 de l’AFPC, le Conseil régional de la FTQ et la Ligue des droits et libertés du Saguenay-Lac-St-Jean. De son côté, l’association générale des étudiant-e-s de l’UQAC, le MAGE-UQAC, pourtant formé de membres soi-disant progressistes cette année, transmit aux médias un communiqué dans lequel il dénonçait et se dissociait de l’action des étudiant-e-s.

Le 6 novembre, le Collectif Emma Goldman tint une action contre la marchandisation de la santé et le dernier budget tout près de l’hôpital de Chicoutimi et du Grand Séminaire, pour faire suite à l’assemblée publique. Une vingtaine de personnes participèrent à l’action, dont très peu furent mobilisées par les autres organismes participant à la coalition régionale pour la lutte contre le budget. De nombreux tracts, journaux et autocollants furent distribués pour l’occasion. L’événement se voulut également en solidarité avec le mouvement social qui faisait rage en France, avec la production d’un journal Cause Commune express à partir d’un communiqué de l’UCL.

Voici en bref, ce qui marqua à notre avis l’année militante de 2010 au Saguenay. Que nous réserve 2011? Rien n’est certain. Toutefois, une chose est sûre, nous devons continuer d’innover dans nos stratégies de mobilisation pour poursuivre le développement de ce milieu militant. Nous devons revoir les vieilles façons de faire dans la région et amener des façons d’agir de façon directe, sans intermédiaire, pour insuffler les changements sociaux que l’on désire voir dans nos milieux. Enfin, nous devons poursuivre notre critique des idées repoussant ces changements sociaux aux calendes grecques, telles que le nationalisme, le régionalisme et la partisannerie électorale.

Collectif anarchiste Emma Goldman (UCL-Saguenay)
27 décembre 2010



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