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Accueil du projet inuit dans Villeray: d'abord une question de valeurs

Anonyme, Vendredi, Novembre 5, 2010 - 18:48

Geneviève Beaudet, 63 Villeraymmiut et 21 autres citoyens

Deux mois après l’avortement du projet de centre d’hébergement inuit dans Villeray, de nombreux citoyens s’interrogent encore: pourquoi aucun élu n’a-t-il défendu cet intéressant projet et représenté la voix des citoyens favorables? Comment la Ville de Montréal a-t-elle pu laisser l’arrondissement imposer un moratoire contre un projet d’hébergement? Pourquoi les études d’impact n’ont-elles pas été gérées correctement par l’Agence de Santé et des Services sociaux de Montréal? Et quelles seront les répercussions à venir de cet échec interculturel majeur?

À :
M. Jean Charest, Premier Ministre du Québec
M. Gérald Tremblay, Maire de Montréal
Dr Yves Bolduc, Ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS)

Le 5 novembre 2010

Messieurs,

Deux mois après l’avortement du projet de centre d’hébergement inuit dans Villeray, de nombreux citoyens s’interrogent encore: pourquoi aucun élu n’a-t-il défendu cet intéressant projet et représenté la voix des citoyens favorables? Comment la Ville de Montréal a-t-elle pu laisser l’arrondissement imposer un moratoire contre un projet d’hébergement? Pourquoi les études d’impact n’ont-elles pas été gérées correctement par l’Agence de Santé et des Services sociaux de Montréal? Et quelles seront les répercussions à venir de cet échec interculturel majeur?

Pour nous, l’accueil spontané du projet était motivé à la fois par une expression d’amitié et de saine curiosité envers une culture mal connue, une question de respect pour une nation fondatrice de notre histoire avec qui on partage le territoire, et par une démonstration de solidarité envers une petite communauté de chez nous qui travaille fort pour régler les problèmes de santé de sa population. Malgré les obstacles administratifs, les décideurs politiques avaient le devoir de s’organiser pour réussir l’intégration du projet dans le quartier. Sans compter qu’il y avait des avantages pour Villeray:

• Apport démographique « équilibrant » d’une communauté autochtone ancestrale dans un arrondissement à forte concentration de personnes immigrantes;

• Développement d’échanges entre les Québécois francophones et les Inuits, qui, depuis la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois en 1975, sont reliés directement au gouvernement québécois, et parlent de plus en plus français comme 2e langue;

• Amélioration de l’apparence du quartier et rénovation d’un bâtiment;

• Augmentation de l’achalandage de plusieurs commerces du quartier.

STRATÉGIES D’EXCLUSION : RAPPEL DES FAITS

Depuis quelques années, les autorités du Nunavik cherchent à regrouper les sept lieux d’hébergement pour les patients en transit à Montréal pour recevoir des soins spécialisés dans un quartier résidentiel et tranquille. Certains ont vécu des épisodes d’insécurité à proximité des maisons actuelles. Les Nunavimmiut souhaitent aussi avoir la disposition entière d’un bâtiment pour se « sentir en famille ». La Régie régionale de la Santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSM), une administration de 60 employés située à 2000 km de Montréal, demande alors l’aide du MSSS, qui « délègue » le dossier à la puissante Agence de la Santé et des services sociaux de Montréal (ASSSM). Les deux administrations de la santé conviennent que l’ancien hôpital chinois du 7500 St-Denis, qui appartient au MSSS, est le meilleur choix. Il est vide depuis 10 ans, et le zonage est conforme.

Tout dérape publiquement en mai suite à une réunion avec l’arrondissement Villeray-St-Michel-Parc-Extension (VSMPE) et le député Gerry Sklavounos, « Adjoint parlementaire du Ministre de la santé ». La mairesse Anie Samson déclarera: « Quand t'amènes 125 personnes qui sont dépaysées, c'est le nouveau, c'est la grande ville, c'est le party. Me dire qu'il n'y aura aucune incivilité, c'est nous mentir ».Cette déclaration irréfléchie et irresponsable, qui associe implicitement les Inuits à des comportements « d’incivilité», propulsera des ondes d’hostilité dans tout le Grand Nord canadien. Et ses excuses ultérieures n’y changeront rien, surtout qu’entretemps, « son » Conseil a mis un moratoire sur le projet, une mesure exceptionnelle jamais utilisée contre un centre d’hébergement. La mairesse aurait-elle d’autres vues pour le bâtiment en lien avec le projet de condos du 7400 St-Laurent?

À la mi-mai, les résidents reçoivent un tract anonyme raciste: « Un projet de l’agence menace de diminuer radicalement la qualité de vie de notre quartier, met sérieusement en péril notre sécurité (…) et peut vous coûter des milliers de dollars au niveau de la revente de vos propriétés ». Le feuillet réfère à l’Arrondissement- qui s’en dissociera, bien sûr - mais les Inuits font dorénavant l’objet d’un profilage racial en devenant associés à l’itinérance, la prostitution, l’alcoolisme et la criminalité.

Les Agences de Montréal et du Nunavik organisent (finalement!) une séance publique d’information le 16 juin. De nouveaux opposants, plus « raffinés », reprennent les arguments de la conseillère d’arrondissement Elsie Lefebvre, questionnent le choix du site « loin des hôpitaux anglophones », exigent de nombreuses études d’impact sans aucune commune mesure avec la nature du projet. Ces demandes seront ultérieurement transférées à l’ASSSM « au nom des citoyens ». Dans cette atmosphère à peine dissimulée de discorde entre l’Association locale du Parti québécois et le député libéral Sklavounos, le projet est condamné avant même d’avoir pris sa forme finale. Ce soir-là, plusieurs Villeraymmiut ont honte de leur quartier.

Le 6 juillet, une quinzaine de personnes se présentent au Conseil d’arrondissement pour demander la levée du moratoire. La mairesse répond: demandez à l’ASSSM ce qui se passe avec les études d’impact! L’ASSSM répondra : nous ne sommes pas responsables. Le 9 septembre, malgré le dépôt d’une pétition de 654 noms en faveur du projet, le Nunavik se retire car « la blessure infligée est trop vive pour poursuivre».

3 QUESTIONS

Cet échec est encore à l’ordre du jour de nombreux organismes du quartier. Que penser de l’avenir des relations interculturelles dans Villeray, M. Tremblay?

Que va-t-il se passer quand le Nunavik va essayer d’installer son centre d’hébergement dans un autre quartier, Dr Bolduc?

Selon un intervenant d’expérience dans les relations Blancs-Inuits, M. Gerald McKenzie : Ce qui est en cause dans l'échec du projet d'établir un Centre de transition Inuit dans Villeray dépasse le rapport Villeray-Nunavik. L'opinion qui circulait dans les radios communautaires, sur les tribunes téléphoniques et parmi les responsables politiques inuits englobait tout le Québec, non seulement Villeray. Qu’allez-vous faire pour rétablir l’harmonie entre les 2 nations, M. Charest?

- Geneviève Beaudet, ancienne porte-parole du Comité citoyen en faveur du Centre d’hébergement pour patients inuit dans Villeray, appuyé et révisé par 63 Villeraymmiut :

Alain Chénier,
Alain Cuerrier, chercheur au Nunavik, écrivain,
Alain Long,
André Richer, ex-dentiste au Nunavik,
Ariane Gosselin-B.,
Aude Maltais-Landry,
Bernard Massé,
Blaise Rémillard, Québec Solidaire Laurier-Dorion,
Brigitte Beaudet,
Bruno Morin,
Caroline Bergeron, Centre des femmes d'ici et d'ailleurs de Villeray,
Charles Rainville, président, Association des locataires de Villeray,
Christian Pépin,
Claire Harvey,
Daryl Hubert,
David Milot,
David Murray,
Emmanuelle Doré,
Francine D’Ortun, professeur titulaire, Département des relations industrielles, UQO,
François Van Vliet,
Gaël Morin, organisateur communautaire,
Geneviève Handfield,
Geneviève Lussier,
Ginette Renouf,
Ginette Thibault,
Hélène Larose,
Isabelle Leduc,
Jean-Claude Laporte,
Jean-François Demers, ing.,
Joëlle Legault-Monty,
Johanne Laplante,
José Bazin,
Julie Châteauvert, travailleuse culturelle,
Keven Provençal,
Louise Desjardins, écrivaine,
Louise Lacroix,
Lyse Cloutier,
Maria Stuart, militante,
Marie-Ève Michaud,
Marie-Josée Bernard,
Mathieu Petit-Clair,
Kaitlin Vida Kelly,
Mélissa Castro Harvey,
Mélissa Michaud,
Micheline Lemieux,
Myrto Icart,
Nathan Dratler,
Nikolas Barry-Shaw,
Odette Lavigne,
Kate McDonnell,
Patrick Doiron-Cadrin,
Paul Dumais,
Paulina Maya, organisatrice communautaire,
Pierre Blais,
Robert Prévost,
Scott Ian Murray,
Sébastien Brodeur-Girard,
Sonia Haddad.,
Stéphanie McConnell-Enright,
Sylvie Piché,
Valérie Lefebvre-Faucher,
Véronique Martineau,
Vincent Coraini

et 21 citoyens d’autres quartiers :

Amy Newton McCann, Montréal,
André Trépanier,
Anne Latendresse, professeur agrégé, Département de géographie, UQAM, Ahuntsic,
Annie-Claude Lachance, Ahuntsic,
Christian Maltais, être humain,
Denise Rousselle, Faiz Abhuani, Parc-Extension,
Francine Boucher, ex-résidente de Villeray,
Gérald McKenzie, conseiller en éducation au Nunavik,
Guy Simoneau, cinéaste, Montréal,
Jean Desjardins,
Josée Cardinal, québécoise,
Julie Marcoux, travailleuse sociale, Montréal,
Louise-Caroline Bergeron, mère et doctorante en sciences humaines appliquées, Petite-Patrie,
Madeleine Galarneau,
Martin Jalbert, Montréal,
Patrice P.-Martel, Montréal,
Patrick Henein,
Philippe de Grosbois, Petite-Patrie,
Ruba Ghazal, Montréal,
Serge Mongeau, écrivain, Parc-Extension.



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