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Un programme révolutionnaire pour Cuba

léniniste-trotskyste, Mardi, Juillet 27, 2010 - 20:36

Voici un article de l'organisation trotskyste américaine League for the Revolutionary Party sur la question cubaine.

L'article suivant a été publié pour la première fois dans Proletarian Revolution no.81 (printemps 2008).

Un programme révolutionnaire pour Cuba
Ci-dessous se trouve une lettre de la LRP à un correspondant de l’Argentine. Elle a été écrite avant l’annonce par Fidel Castro de son départ à la retraite, qui a aiguisé les appétits impérialistes et gouvernementaux pour intensifier les attaques capitalistes contre la classe ouvrière cubaine. Une défense révolutionnaire de Cuba contre l’impérialisme est nécessaire. Cette discussion est maintenant clairement plus urgente que jamais.

Tu nous demandes ce qu’est notre programme concernant Cuba. C’est une question très importante que nous devons prendre au sérieux.

Comme tu le sais, nous considérons que l’Etat cubain est capitaliste. Donc notre programme pour Cuba est le même que notre programme dans tous les pays du monde: la révolution socialiste prolétarienne. Cependant, nous manquerions à notre responsabilité de fournir la direction et l’orientation à la classe ouvrière, si l’on ne cherchait pas à tenir compte des particularités de l’histoire et de la société cubaines, et d’expliquer ce que seraient les principales tâches d’une révolution socialiste prolétarienne à Cuba.

De même en tant qu’organisation basée, pour l’instant, principalement aux États-Unis, notre première responsabilité à l’égard de Cuba est de défendre le peuple cubain contre les attaques et l’embargo imposés par la classe dirigeante des États-Unis. Nous devons le faire justement parce que nous ne donnons pas de soutien politique au gouvernement de Castro ou au Parti Communiste de Cuba. Il est nécessaire de démontrer en pratique que l’authentique opposition communiste au régime stalinien n’a rien en commun avec la subversion pro-impérialiste.

Pourtant nous serions négligent dans notre devoir internationaliste, si nous n’avions pas utilisé les gains théoriques que nous avons réalisés dans la compréhension de la nature de classe du stalinisme pour aider nos camarades ouvriers, à Cuba et ailleurs, pour développer un programme politique de lutte contre le stalinisme. Parce que notre programme politique est la révolution permanente, et non pas le socialisme dans un seul pays, nous reconnaissons que la lutte pour le socialisme est une tâche internationale. En revanche, même si l’isolement de Cuba a été forcé par les attaques impérialistes, il a été approfondi et soutenu par le découragement conservateur et librement consenti du gouvernement Castro pour éviter que les luttes ailleurs en Amérique latine – le Chili, le Nicaragua et El Salvador ne sont que quelques exemples – ne prennent la voie révolutionnaire.

Comme tu le sais, nous soutenons, avec Trotsky, qu’à la fin des années 1930 le stalinisme était devenu définitivement contre-révolutionnaire. Nous soutenons que la contre-révolution en Union soviétique a été encore plus profonde et réussie que Trotsky l’avait réalisé à l’époque, et qu’en 1939, la bureaucratie stalinienne avait détruit les derniers vestiges de la dictature prolétarienne et s’était façonnée elle-même en une classe dirigeante capitaliste, trônant sur un capitalisme largement étatisé qui a usurpé les gains révolutionnaires des travailleurs et des travailleuses. L’extension impérialiste par la Russie de ce système à l’Europe de l’Est a représenté un défi théorique à la direction d’après-guerre de la Quatrième Internationale, qu’elle a tenté de résoudre avec le concept anti-marxiste des «États ouvriers déformés», c’est-à-dire un soi-disant État ouvrier créé sans révolution ouvrière.

Cuba est différent de la plupart des États de l’Europe de l’Est, mais semblable à la Chine, au Vietnam et à l’ex-Yougoslavie, en ce sens que le stalinisme a été établi non pas par l’impérialisme russe, mais à la suite d’une révolution dirigée et inspirée au niveau local. Dans tous ces cas, la révolution n’était pas prolétarienne dans sa direction et ses méthodes et a été menée non pas par un parti prolétarien révolutionnaire, mais par une faction de l’intelligentsia petite-bourgeoise. Donc les gains de ces révolutions n’étaient pas fondamentalement socialistes, c’étaient plutôt des gains démocratiques et nationaux partiels, dans la mesure où ils ont gagné un certain répit à l’égard de l’impérialisme.

Cependant Cuba est différent de la Chine, du Vietnam et de la Yougoslavie sur deux aspects importants. La première différence est que la direction issue de la classe moyenne de la révolution cubaine n’était pas encore stalinienne à l’époque de la révolution, même si certains personnages (Raúl Castro, Che Guevara) avaient une nette sympathie pour le stalinisme. La deuxième et la plus importante aux fins de la présente lettre, est que la classe ouvrière cubaine a joué un rôle significatif, quoique subordonné, dans l’avènement de la révolution.

La stalinisation de la direction petite-bourgeoise cubaine fût essentiel pour amener la classe ouvrière cubaine sous son contrôle. Il s’agit d’un processus historique qui est très intéressant et instructif. Le rôle des travailleurs et des travailleuses dans la révolution signifiait que la direction petite-bourgeoise a dû faire des concessions importantes à la classe ouvrière pour éviter la menace d’une révolution ouvrière. Ces gains se sont considérablement érodés au cours de près d’un demi-siècle de règne stalinien, et ils sont soumis maintenant à une menace accélérée, ils doivent en conséquent être défendus. Comme l’expliquait Trotsky, une classe qui ne peut pas défendre ses gains passés ne sera pas en mesure d’en conquérir de nouveaux. Pour comprendre les gains réels appartenant à la classe ouvrière cubaine, il est nécessaire de mettre de côté les clichés qui sont régulièrement débités pour défendre l’idée de l’«État ouvrier déformé».

Pas d’économie planifiée
Prenons par exemple, l’«économie planifiée». Contrairement aux apologistes de Castro, Cuba n’a jamais eu un plan économique général, mais plutôt une série de micro-plans régissant diverses industries et entreprises et assemblés à la hâte d’une manière temporaire. Un monopole du commerce extérieur, qui est une condition nécessaire pour une économie planifiée, n’a jamais existé à Cuba. Plusieurs entreprises d’Etat dans des industries «non-stratégiques» sont en mesure d’assurer leurs propres dispositions pour le commerce extérieur, à côté d’accords du gouvernement central portant sur les principaux produits de base comme le sucre ou l’huile. Et depuis l’effondrement de l’Union soviétique, Cuba a vu l’expansion de l’industrie touristique, la création d’entreprises communes (joint ventures) avec différents impérialistes et d’autres sociétés à capitaux étrangers (canadiennes et espagnoles, principalement, mais aussi des entreprises latino-américaines en provenance du Mexique, du Brésil, du Venezuela, etc), et le rôle croissant des envois de fonds dans l’économie cubaine. Même si le contrôle centralisé sur le commerce étendu, qui est essentiel à la survie de Cuba, existait autrefois, il est désormais largement atténué. Il n’a jamais été logique de parler d’une «économie planifiée» à Cuba, mais ça fait encore moins de sens maintenant.

Considérons le «plein emploi». Il est vrai que les chiffres officiels du chômage à Cuba sont très faibles, et que sur papier, tous les Cubains ont le droit à un emploi. Dans la pratique toutefois, une bonne partie du chômage à Cuba est masqué. Le taux de participation de la main-d’oeuvre à Cuba, c’est-à-dire le pourcentage de la population adulte considérée soit comme étant employée dans le travail salarié ou à recherche d’un emploi, a stagné pendant la plus grande partie des cinquante années depuis la révolution, et il est maintenant bien en dessous de 50 pour cent. Là où Cuba avait un des taux les plus élevés en Amérique latine, il est maintenant l’un des plus faibles. Ceci est particulièrement notable pour les femmes travailleuses. Avant la révolution et pour les premières deux décennies suivantes, Cuba a eu le pourcentage le plus élevé de femmes actives dans l’économie de toutes les nations latino-américaines, concurrencé uniquement par l’Argentine. Au cours des dernières années, cet indice crucial du statut social des femmes a diminué à Cuba, alors qu’il a augmenté ailleurs en Amérique latine.

En outre, le très faible niveau des salaires à Cuba permet au gouvernement de masquer le chômage par le biais du sous-emploi. Le salaire de base de 250 pesos réguliers par mois a très peu de pouvoir d’achat. Pour une force de travail de moins de 5 millions de personnes, ça fait un total de 15 milliards par an en pesos réguliers. Ce qui veut dire 600 millions en pesos convertibles, ou environ 556 millions en dollars américains au taux de change officiel. Comparé au PIB nominal de Cuba qui est de 39 milliards en dollars américains, cela signifie que les salaires de base des travailleurs et des travailleuses représentent moins de 2 pour cent de l’économie. Beaucoup de travailleurs reçoivent plus que le salaire de base, mais pas beaucoup plus, et certains reçoivent un paiement supplémentaire en pesos convertibles.

Mais pour les ouvrier-es dans les industries et les entreprises moins productives, il en coûte très peu à l’État de les garder théoriquement employés au niveau de subsistance représenté par le salaire de base, afin de prévenir les coûts plus élevés de l’instabilité sociale, associée à un chômage de masse. La vieille plaisanterie amère des travailleurs polonais sous le stalinisme, «ils font semblant de nous payer, nous faisons semblant de travailler», s’applique encore pour de nombreux travailleurs et travailleuses cubain-es, tandis qu’une minorité de privilégiés obtient à la fois un vrai salaire et un vrai travail. La petite portion de l’économie cubaine composée par les salaires des travailleurs indique un taux étonnamment élevé d’exploitation.

La propriété étatique étendue est un gain pour la classe ouvrière cubaine, même si elle n’a pas été gagnée directement par la classe ouvrière. Si la classe ouvrière prenait le pouvoir d’État à Cuba, la présence de la propriété d’État des grandes entreprises rendrait plus facile l’établissement d’une véritable économie planifiée, mais il serait encore nécessaire d’établir des contrôles statistiques adéquats et un monopole du commerce extérieur, et de mener une réévaluation approfondie des priorités de la production à la lumière des besoins matériels urgents des masses. C’est pourquoi nous reconnaissons la propriété d’État comme une «forme de propriété prolétarienne», même si nous reconnaissons également que cette forme, afin d’aboutir à une transformation des rapports de propriété hors du capitalisme, doit être remplie par le contenu du pouvoir de l’État prolétarien.

En outre, l’étatisation de l’industrie cubaine a été un coup contre l’impérialisme, parce qu’avant la révolution cubaine la plus grande partie de l’industrie était soit possédée par ou endettée envers le capital financier impérialiste. Comme le gouvernement Castro a cherché avec le temps à améliorer ses relations avec d’autres puissances impérialistes que les États-Unis, plusieurs accords ont été conclus pour la compensation des capitalistes non-américains pour leurs pertes lors de la révolution, qui ont été payé par les ouvrier-es cubain-es par le biais de leur exploitation par l’État. Cependant, les pertes beaucoup plus grandes du capital américain n’ont pas encore été indemnisés, ce qui représente un sujet douloureux pour l’impérialisme américain et une victoire pour la classe ouvrière cubaine et le peuple cubain dans son ensemble.

Toute tentative par l’actuel ou tout futur gouvernement cubain de négocier un accord de compensation avec l’impérialisme américain, ou de privatiser la propriété d’Etat, doit être combattue sans réserve. De même, les nombreuses dettes que le gouvernement cubain a accumulé des banques et des gouvernements impérialistes - à la fois les dettes à l’Europe occidentale et la grande dette à l’Union soviétique pour laquelle la Russie a commencé à recueillir la somme – représentent un fardeau persistant sur la classe ouvrière. Elles doivent être répudiées, ainsi que les énormes dettes qui saignent à blanc l’existence de l’Amérique latine et du reste du «Tiers Monde».

D’autres gains importants sont des produits de la consommation de base ou des services sociaux qui sont fournis non pas aux travailleurs et aux travailleuses en tant que classe, mais à l’ensemble de la population, principalement au profit de la classe ouvrière. Certains d’entre eux, tels que le droit à un logement abordable, sont en fait un simulacre à cause des conditions de rareté; selon les propres statistiques du gouvernement cubain, il y a une pénurie de 500.000 unités de logement, ce qui n’est pas un montant insignifiant dans un pays de 12 millions de personnes.

Pourtant, d’autres avantages tels que le système national de santé, sont à juste titre célèbres. Même dans ce cas, toutefois, il existe des inégalités considérables. Les meilleurs médecins et la meilleure technologie sont réservés pour les hôpitaux des touristes, ouverts uniquement aux membres du sommet de la bureaucratie et aux étrangers porteurs d’importantes sommes de devises fortes. En outre, à l’intérieur du système national de santé ouvert au grand public, il y a le problème de la rareté des médicaments disponibles uniquement dans les magasins spéciaux en pesos convertibles.

La principale contradiction de classe à Cuba aujourd’hui est entre la classe ouvrière et l’échelon supérieur de la bureaucratie, qui agit en tant que «régent de classe», une classe transitoire gouvernant au nom de la bourgeoisie absente. Elle est de plus en plus un partenaire de la bourgeoisie internationale, par l’intermédiaire des entreprises communes (joint ventures) et elle montre des signes d’engendrer une nouvelle bourgeoisie cubaine, similaire à ce qui s’est déjà produit de différentes manières en Europe de l’Est, en Russie et en Chine.

Il existe une autre division qui est politiquement très importante, celle entre ceux qui ont accès à des sommes importantes en pesos convertibles et les autres. Un tel accès peut venir par le biais d’un emploi dans l’industrie du tourisme, une position professionnelle dans un échelon salarial supérieur ou par le biais des envois de fonds provenents de parents à l’étranger. Dans la plupart des cas, l’adhésion au Parti Communiste est utile pour obtenir un emploi dans l’industrie du tourisme ou pour accéder à un niveau d’éducation nécessaire pour garantir une position professionnelle de la classe moyenne. Ainsi l’adhésion au parti sert en tant que voie vers la mobilité sociale ascendante, et la division entre l’économie en pesos réguliers et l’économie en pesos convertibles a contribué à consolider une classe moyenne et une aristocratie ouvrière avec un intérêt matériel dans la stabilité du régime. En outre, il y a une preuve substantielle que l’accès aux emplois de l’industrie du tourisme a été limitée aux Cubains qui sont principalement de descendance européenne, approfondissant ainsi la division de couleur qui existe depuis longtemps dans la société cubaine.

Le programme révolutionnaire
A partir de ces faits, nous pouvons esquisser une ébauche de quelques-unes des principales revendications que les travailleurs et travailleuses révolutionnaires à Cuba devraient mettre de l’avant:

Tout d’abord, il y a les exigences démocratiques. Le monopole du Parti Communiste sur le pouvoir politique, et en particulier le contrôle des syndicats, doit être aboli. Ce n’est pas dans le but de mettre en place le libéralisme bourgeois, mais pour que la classe ouvrière soit libre de s’organiser pour la défense de ses propres intérêts de classe, ce qui est le plus important, de sorte que les travailleurs politiquement avancés puissent avoir de meilleures possibilités pour bâtir leur propre parti révolutionnaire d’avant-garde. Le droit à la liberté d’expression et à la liberté de réunion, sans la surveillance de la police politique, doit être gagné.

Deuxièmement, il y a les exigences défensives: Non à la privatisation. Non aux compensations. Non au blocus impérialiste, ou à toute autre forme d’intervention impérialiste. Troisièmement, il y a les exigences économiques immédiates. La distinction entre le peso régulier et le peso convertible a clairement servi de mécanisme pour l’approfondissement de l’exploitation des masses et de l’accumulation du capital par l’Etat. Elle doit être supprimée.

Cependant les difficultés économiques rencontrées par Cuba ne pourront jamais être résolues uniquement à l’intérieur des frontières de Cuba. Prenons par exemple la dette impérialiste. Au milieu des années 1980, lorsque Cuba était coupé du financement de l’Occident pour défaut de paiement de ses dettes, Fidel Castro a fait quelques déclarations démagogiques sur la nécessité d’un moratoire sur la dette. En l’espace de quelques années, alors que Cuba a conclu des accords pour rentrer dans les bonnes grâces du capital européen, ce discours a été discrètement abandonné. Pourtant, la répudiation de la dette serait une tâche urgente de tout État ouvrier en Amérique latine, en Afrique ou en Asie, accordant à ces Etats la possibilité de réorganiser leur économie pour produire pour les besoins urgents des masses et non pour le service de la dette.

Si quelques pays d’Amérique latine en venaient à répudier leurs dettes et à élaborer un plan économique international, ça améliorerait considérablement les conditions de vie des masses et porterait un coup formidable à l’impérialisme. Ceci ne se produira pas dans le cadre de n’importe lequel des régimes existants, y compris ceux de Cuba «socialiste» et du Venezuela. C’est pourquoi notre programme est la révolution socialiste prolétarienne. En outre, de telles actions pourraient accélérer la renaissance de la conscience de classe dans les pays impérialistes comme les Etats-Unis et, par conséquent pourraient faire avancer la victoire finale du socialisme international

www.lrp-cofi.org


Sujet: 
Sur la nature de Cuba
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Sam, 2010-08-14 00:31

Quelques remarques sur ce texte, tout-à-fait représentatif des atermoiements du Trotskysme et de son incapacité à comprendre les erreurs de Trotsky, qui espérait que la Seconde Guerre mondiale verrait la classe ouvrière reprendre le pouvoir en URSS, et s'est donc complètement trompé :

- depuis quand la « propriété étatique étendue » est-elle en quoi que ce soit un « gain » pour la classe ouvrière ? L'exploitation n'existerait-elle plus à partir du moment où le patron est l'État ?

- Depuis quand « l'établissement d'une véritable économie planifiée » est-elle révolutionnaire ? Les communistes veulent la destruction de l'économie capitaliste, de la loi de la valeur, de l'exploitation, pas leur planification !

- « La principale contradiction de classe à Cuba aujourd’hui est entre la classe ouvrière et l’échelon supérieur de la bureaucratie, qui agit en tant que «régent de classe», une classe transitoire gouvernant au nom de la bourgeoisie absente » : si la bourgeoisie est « absente » à Cuba, comment se fait-il que l'exploitation y existe ?

- Dernière question : le LRP nous parle de « l'impérialisme », sans trop nous dire de quoi il s'agit d'ailleurs. Une question : en quoi Cuba, qui est un État capitaliste comme les autres, n'est-il pas aussi impérialiste que, par exemple, les États-Unis ?… Et donc, l'invitation du LRP à dire « non à toute forme d'intervention impérialiste » s'applique-t-elle aussi à Cuba, par exemple envers le Venezuela ou d'autres pays d'Amérique latine ?…


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Sujet: 
Réponse
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Dim, 2010-08-15 08:35

Il y a bel et bien des gains sociaux à Cuba en dépit du régime bureaucratique en place, ce qui inclut la propriété étatique. Les privatisations dans les pays de l'Est ont représenté un recul pour la classe ouvrière et il faut le reconnaître sans avoir d'illusions envers les bureaucrates staliniens.

Sur la question de l'impérialisme, Cuba est encore un pays du Tiers-Monde et est très loin d'avoir atteint ce stade. A l'URSS, le régime cubain servait les intérêts de l'impérialisme soviétique. Aujourd'hui il est de plus en plus la cible de l'impérialisme américain et il doit être défendu, peu importe ce que l'on pense de son régime. Mettre Cuba et les USA sur le même pied est un terrible non-sens qui revient à soutenir indirectement l'impérialisme américain.


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Sujet: 
Sur ce qu'est une véritable argumentation
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Dim, 2010-08-15 16:47

Cette explication - très classique au demeurant - n'en est pas une ; en dehors de l'affirmation infondée, il n'y a rien dans le précédent commentaire qui ne soit un argument.

En quoi la privatisation constitue-t-elle un changement quel qu'il soit pour les exploités ? Depuis quarante ans, les conditions d'exploitation, de travail, de vie des prolétaires se sont dégradées partout sur terre, dans le privé ET le public. Quels sont les « gains sociaux » à Cuba qu'on ne trouverait pas ailleurs ? En quoi la « propriété étatique » peut-elle être un « gain » pour la classe ouvrière, alors que l'État n'est qu'un « appareil spécial de répression contre les exploités » (Lénine) ? Pas de réponse pour l'instant… pas plus que sur la nature de classe de la « bureaucratie stalinienne », qui aux dernières nouvelles vit de l'extraction de la plus-value et correspond donc exactement à la définition de la bourgeoisie…

Quant au fait que Cuba ne soit pas impérialiste, quel est ce « stade » qu'elle n'aurait soi-disant pas atteint pour l'être ? L'impérialisme ne correspond aucunement à un stade quelconque d'un pays donné, mais à la NATURE du capitalisme dans son stade ultime. Un pays n'a pas le choix d'être impérialiste ou pas, c'est le capitalisme comme un tout qui génère l'impérialisme, que chaque pays soit grand ou petit, pour l'excellente raison qu'aucun État ne saurait se soustraire à la concurrence mondiale. Chaque bourgeoisie doit donc défendre ses intérêts bec et ongles sur l'arène internationale. Cuba a envoyé et continue à envoyer des fonds, des moyens et même des soldats partout où elle veut défendre ses intérêts propres ; quelle est l'exacte nature de ses bonnes œuvres humanitaires, exactement ?…

D'autre part, j'aimerais avoir quelques explications sur l'amalgame douteux qui consiste à faire des critiques de l'impérialisme cubain des défenseurs de l'impérialisme américain… Autrement dit, en quoi dire que TOUS les États sont impérialistes revient-il à en soutenir un contre les autres ?…


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Sujet: 
Si Cuba est agressé par
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Dim, 2010-08-15 21:27

Si Cuba est agressé par l'impérialisme américain quelle sera votre position? Dans ce cas là il y a une claire disproportion entre les deux pays. Lénine parlait aussi de l'impérialisme comme étant de l'exportation de capitaux et l'économie cubaine est loin d'être rendue à ce stade. Elle est très dépendante des capitaux étrangers pour son développement. L'impérialisme représente aussi un plein développement de l'économie capitaliste ce qui n'est pas le cas de Cuba. Ce pays est encore loin de l'autosuffisance ne serait-ce que sur le plan alimentaire.

La propriété étatique, en dépit de toutes ses lacunes, est un gain pour la classe ouvrière. La sécurité d'emploi n'est pas un mince acquis. Dans les pays de l'Est les privatisations massives ont entraîné des pertes d'emplois sans précédent, des baisses de salaires, des fermetures d'entreprises, etc. C'est donc un recul que l'on doit reconnaître tout en n'ayant aucune illusion envers le stalinisme.

Nous reconnaissons que la bureaucratie stalinienne est une nouvelle classe dominante mais elle n'est pas une bourgeoisie dans le même sens que ce qu'on retrouve en Occident. Elle est plus proche du collectivisme bureaucratique comme le décrivait Cornelius Castoriadis.


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Sujet: 
Pour répondre à 08h35
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Lun, 2010-08-16 03:14

Si Cuba est agressé par l'impérialisme américain ? La même position que Lénine et Trotsky en 1914 : défaitisme révolutionnaire, transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, l'ennemi est dans notre propre pays, à Cuba comme aux États-Unis ! Pourquoi cette position ne serait-elle plus valable pour des communistes ?

Il y a une claire disproportion entre Cuba et les États-Unis ? N'y en avait-il pas une entre la Serbie et l'Empire austro-hongrois en 1914 ? Et quelle fut la position des Bolcheviks, des Spartakistes et du Parti socialiste serbe, sinon la très classique position internationaliste des marxistes : aucun soutien à une bourgeoisie quelle qu'elle soit, toutes plus réactionnaires, impérialistes et barbares les unes que les autres ? La même que celle que je défends ci-dessus… Et à quoi reconnaît-on une « claire disproportion » entre deux pays ? Cette vision des Trotskystes a depuis longtemps été dénoncée par Natalia Trotsky, Grandizo Munis et Agis Stinas, voir : Rupture de Natalia Sedova d'avec la IVe Internationale, http://www.marxists.org/francais/4int/postwar/1947/06/nt_19470600.htm

Quand Lénine parlait de l'impérialisme dans son livre, ça n'était JAMAIS pays par pays ! Il a toujours parlé en marxiste en considérant le capitalisme comme un système global, et à ce titre n'a jamais défendu une bourgeoisie contre une autre ! Que Cuba ait une économie faible ne change AUCUNEMENT sa nature de pays capitaliste, et c'est parce que l'économie cubaine est capitaliste comme les autres qu'il y a une bourgeoisie à sa tête. Toutes les contorsions des Trotskystes pour affirmer que la « bureaucratie stalinienne » n'est pas la bourgeoisie se heurtent à un mur : la bourgeoisie est la classe qui possède les moyens de production et achète la force de travail pour l'exploiter, et à Cuba cette classe existe : c'est celle qui dirige l'État et le fait qu'elle possède collectivement le capital ne change rien aux rapports entre Capital et Travail ! Le capitalisme est un RAPPORT DE PRODUCTION, pas un RAPPORT DE PROPRIÉTÉ !

Quant à la question de la « sécurité d'emploi », où est-elle synonyme de « propriété étatique »? C'est valable en France, théoriquement ; dans la pratique, n'importe quel fonctionnaire français expliquerait ce que cela signifie en termes de conditions de travail ! Ailleurs, les fonctionnaires peuvent être licenciés aussi simplement que les travailleurs du privé, dans la plupart des grands pays industriels.

D'autre part, ce n'est pas la privatisation qui est la cause de la dégradation des conditions de vie et de travail des ouvriers, elle n'est que la CONSÉQUENCE de la crise capitaliste qui dure depuis maintenant plus de 40 ans. En Chine, l'État n'a même pas privatisé la plupart des conglomérats d'État, il les a purement et simplement fermés, comme dans nombre de Pays de l'Est, d'ailleurs. C'est donc bien la surproduction capitaliste qui a poussé à la destruction de ces emplois, et pas la privatisation en tant que telle qui n'en est qu'une conséquence, l'État capitaliste n'ayant simplement plus les moyens d'entretenir le même nombre de fonctionnaires qu'avant !

Ceci dit, à quoi sert cette idée, à part à faire défendre leur « statut » aux employés d'État et ainsi à diviser la classe ouvrière entre « privé » et « public »?…

Pour terminer, un petit mot à M. Lessard, qui ne peut s'empêcher de reprendre l'idée que les rapports de propriété sont l'essence du capitalisme ; la base du marxisme, c'est le fait que le capitalisme est, je le répète, un RAPPORT DE PRODUCTION. Il y a bien salariat, profit et accumulation du capital à Cuba, il y a bien une classe qui achète la force de travail et une classe qui n'a d'autre choix que de la vendre pour vivre, l'économie cubaine est donc aussi capitaliste que n'importe quelle autre, CQFD !


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Sujet: 
Tout d'abord l'impérialisme
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Lun, 2010-08-16 18:58

Tout d'abord l'impérialisme implique l'exportation de capitaux, ce que Cuba ne fait pas pour les raisons expliquées plus haut. Il n'y a pas de compagnies cubaines qui exploitent les ressources naturelles et la main-d'oeuvre d'autres pays. Les fois que Cuba a participé à des expéditions militaires c'était pour servir les intérêts de l'impérialisme soviétique.

S'il n'existe pas de gains sociaux pour la classe ouvrière, alors pourquoi toutes ces luttes ouvrières défensives, qui visent à préserver et étendre des acquis sociaux durement mérités? Les travailleurs savent mieux que les petits groupes ultra-gauchistes ce que représentent leurs intérêts. La sécurité d'emploi dans les pays staliniens était un gain pour les travailleurs, même si ces derniers ne contrôlaient pas les moyens de production.

Pour votre information nous connaissons très bien Natalia Trotsky et nous avons publié sa lettre de rupture sur notre site web. Nous rejetons la théorie des États ouvriers déformés et dégénérés au profit de celle du capitalisme étatisé. Nous n'avons pas d'illusion envers le stalinisme. Mais nous défendons tout pays du monde semi-colonial contre l'impérialisme, contrairement à la soi-disant gauche communiste et aux shachmanistes qui ont fini par soutenir l'impérialisme américain contre Cuba en 1961 en prétendant que leur impérialisme était plus progressiste que le nouveau régime cubain! La LRP est un groupe basé aux USA et il s'oppose farouchement aux visées et aux agressions impérialistes de sa bourgeoisie sans pour autant soutenir politiquement les régimes staliniens et nationalistes bourgeois du Tiers-Monde.


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Sujet: 
Si je puis ajouter
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Dim, 2010-08-15 18:51

L-T écrit « Comme tu le sais, nous considérons que l’Etat cubain est capitaliste.»

Intriguant, j'ai fait un saut en lisant cela.

J'aimerais m'exprimer au sujet de l'économie et des valeurs de gauche...

Avoir des unités d'échange, pour nos biens et services en tout genre, permet aux gens de prendre soin de leurs besoins et les modifier selon leurs évolutions personnelles. Actuellement, à Cuba, pour offrir un service et recevoir des unités d'échange, il faut un permis spécial, exceptionnel. On parle notamment de services de coiffures et de taxis qui ont le droit d'obtenir un permis pour demander des unités en échange de leur service.

Pour aller droit au but : l'argent, des unités d'échange, ce ne SONT PAS DU TOUT LE CAPITALISME. Les biens et services, les échanges entre les gens (économie) avec des unités d'échange, ce ne sont aucunement le capitalisme. Dans une société communiste, socialiste, libertaire, de gauche, il y a une économie et des unités d'échange sont extrêmement pratiques et aidantes. On ne parle pas ici de salaires (obéissance) ni d'entreprises capitalistes (dont le pouvoir est entre les mains uniques de ceux/celles qui possèdent le capital).

Le régime cubain, en exigeant des permis exceptionnels pour certains services très précis, donc en interdisant aux gens d'offrir leurs biens et services en échange d'unités, est une caricature du communisme. Une caricature nuisible pour les idées et principes des mouvements de gauche actuelle. Oui, je sais qu'il y a encore bon nombre de personnes communistes qui croient en un monde sans unités d'échange («argent») et, sauf mon respect pour leurs motivations sincères, cette idée est absurde, un aveuglement fantastique, qui associe par erreur les simples échanges au pouvoir capitaliste.

 

Si vous voulez dire que l'État agit comme le patron du pays, donc que le pays est une sorte de grande structure entrepreneuriale qui paie les gens comme des salariés, je crois que c'est une critique louable. Il y aurait néanmoins des nuances à faire : dans cette entreprise-pays, il y a des instances démocratiques malgré tout, même si elles sont incompréhensibles pour la plupart des Occidentaux et au-delà du fait que le grand patron n'est pas vraiment élu (la direction à vie n'est pas un principe de gauche évidemment).

Ce que j'espère est que les Cubain.es, après Castro et sa lignée héréditaire (principe aristocratique par ailleurs!), vont créer une société socialiste démocratique. Pour ça, il faudrait que les mouvements de gauche dans le monde cessent d'être aussi mous face au régime cubain. J'ai entendu certaines personnes progressistes à Québec oser dire, 50 années plus tard, que les droits sociaux étaient plus importants et pouvaient justifier d'étouffer les droits humains. C'est un principe contraire au but de la gauche: soit le pouvoir aux gens! M'enfin, je ne veux répéter et nommer l'évidence. Coopérons avec les Cubain.es, par une approche amicale et dissociée des États-Unis, pour les aider à se libérer et devenir réellement socialiste.

ciao
Mic


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Sujet: 
Je ne suis pas certain de
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Dim, 2010-08-15 21:31

Je ne suis pas certain de comprendre le sens de ton commentaire.

Cuba est un régime de capitalisme étatisé, comme l'était l'URSS, car c'est l'État qui contrôle l'économie, soi-disant au nom des travailleurs, d'une main de fer. L'exploitation est réalisée par la bureaucratie en tant que classe dominante. On est très loin du socialisme et du communisme à Cuba.


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Sujet: 
Re: Je ne suis pas certain de
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Lun, 2010-08-16 17:22

Oui, je comprends ce que vous dites (les deux ici) comme quoi l'État cubain agit comme une supraentreprise capitaliste et, comme je le précise, je suis plutôt d'accord.

Mon commentaire principal n'est pas directement une réponse aux vôtres (ce qui explique pourquoi L-T saisit mal son sens), mais plutôt le désir d'affirmer —surtout pour les lecteur.trices au Québec— que permettre aux gens d'échanger biens et services, avec des unités d'échanges, n'est pas le capitalisme et donc que le régime cubain fait erreur de l'interdire. Autrement dit, parmi les idées de gauche, je crois important de mentionner que l'économie, au sens simple, fait partie du socialisme.

 

@Vieux Sympathisant de la GCI

Vous faites une distinction entre rapports de propriété et un rapport de production, comme quoi ce dernier est l'accumulation de capital (entre les mains d'une minorité). C'est un peu de la sémantique vu que les deux font référence au même problème: le pouvoir exclusif de ceux/celles qui sont estimés propriétaires du capital. C'est un problème de pouvoir ou d'absence de, de la nature fondamentalement antidémocratique du capitalisme. Dans nos sociétés, les gens qui pensent pouvoir tirer profit de ce système, dont des tonnes de jeunes de classe moyenne, espèrent réussir à devenir propriétaires et acceptent ce jeu égoïste (tout en se prétendant démocratique évidemment :P).

Michaël Lessard [me contacter]


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Sujet: 
Sur l'impérialisme et la nature du capitalisme
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Mar, 2010-08-17 02:32

« L'impérialisme implique l'exportation de capitaux » : d'où sort cette définition ? Pas du marxisme en tout cas ! Ce qu'elle montre essentiellement est une totale incompréhension de ce qu'est l'impérialisme et de la forme qu'il revêt dans le capitalisme décadent actuel. Trotsky déjà de son vivant ne comprenait pas bien la chose, et l'inconvénient de cette définition est qu'elle ne rend AUCUNEMENT COMPTE de la réalité.

Ainsi, la Serbie de 1914 n'était nullement impérialiste d'après la définition qui est ici donnée par LT ; trop faible économiquement, elle n'avait rien à exporter, mais cherchait essentiellement à étendre son influence politique aux Serbes d'Autriche-Hongrie ; cela n'a absolument pas empêché les Bolcheviks et le Parti socialiste serbe de la caractériser comme aussi impérialiste que n'importe quel autre belligérant de la Première guerre ; l'aspect purement économique et quantifiable de la définition de LT masque complètement les éléments militaires, stratégiques et les questions d'influence de l'impérialisme. L'impérialisme est, je le répète, la défense par un État de ses intérêts propres dans le cadre donné par le capitalisme, celui d'une lutte pour la survie de chaque Capital national dans une économie mondiale saturée par la surproduction ; cela recouvre évidemment bien d'autres aspects que l'économie. Du reste, dans la définition qu'il donne, LT se fourvoie lui-même : Cuba exporte bien du capital, puisqu'elle exporte ce qu'elle a, à savoir de la main-d'œuvre qualifiée, notamment ses médecins, qui sont, aux dernières nouvelles, du capital… variable ! Et lorsque Cuba intervenait pour le compte de l'URSS, elle défendait le bloc impérialiste auquel elle appartenait et auquel elle s'était liée, donc ses intérêts bien compris ! CQFD !

Le vrai problème de la position classique des Trotskystes est qu'ils veulent à tout crin défendre certains États contre d'autres… en nous disant haut et fort qu'ils ne soutiennent pas la bourgeoisie qui dirige les pays qu'ils défendent. Ils ont donc soutenu l'URSS pendant 40 ans… sans soutenir la « bureaucratie » qui la dirige ; ils ont soutenu l'Argentine contre l'Angleterre dans la Guerre des Malouines… mais pas la clique fascisante qui y était au pouvoir à ce moment-là ; ils ont soutenu l'Irak contre les Américains pendant la Guerre du Golfe… mais pas Saddam Hussein et son gang d'assassins de militants ouvriers et de Kurdes, etc, etc. Tout cela ne mène qu'à des contorsions politiques invraisemblables, dont le fondement est pourtant simple : les Trotskystes veulent toujours considérer qu'il y a des bourgeois plus « progressistes » que d'autres, ce qui les amène à défendre le nationalisme ici ou là, c'est à dire à se mettre systématiquement à la remorque d'une bourgeoisie. Est-ce là défendre les intérêts de la classe ouvrière MONDIALE ?

Sur la question des acquis ouvriers, la classe ouvrière ne défend jamais « d'acquis » qu'elle ne peut avoir dans le capitalisme qui l'exploite ; elle défend ses conditions de vie et de travail, qui sont sans cesse dégradées depuis un siècle par la crise historique de ce système barbare, et que le Capital cherche constamment à réduire au minimum physiologique. C'est d'ailleurs valable partout, et les « luttes défensives » ont existé AUSSI dans le Bloc de l'Est, la Pologne en 1980 en est un bon exemple… où les ouvriers ne défendaient absolument pas la garantie de l'emploi !

Quant à l'explication de M. Lessard, qui se prétend marxiste mais ne comprend pas la différence entre la structure économique et donc les rapports de production, et la superstructure IDÉOLOGIQUE que sont les rapports de propriété, elle montre surtout qu'il ne distingue pas ce qui fait le fond du capitalisme : le fait qu'il y a achat et exploitation de la force de travail dans un rapport salarié généralisé signe l'existence du capitalisme dans n'importe quel pays du monde. Ce n'est pas le fait d'être propriétaire qui fait le capitaliste, y compris propriétaire de moyens de production : les artisans, les paysans possèdent leurs propres moyens de production mais ne sont pas pour autant des bourgeois. C'est vivre de l'extorsion de la plus-value qui signe l'appartenance à la bourgeoisie, et c'est bien pourquoi la « bureaucratie » d'État cubaine, C'EST la bourgeoisie, et Cuba EST un État capitaliste comme les autres. Avec, comme n'importe quel État, des particularités qui lui sont propres et qu'il a héritées de son histoire…


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Sujet: 
L'exportation de capitaux
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Mar, 2010-08-17 05:43

L'exportation de capitaux comme caractéristique de l'impérialisme se trouve dans le texte de Lénine "L'impérialisme stade suprême de l'impérialisme". Je le répète il n'y a pas de multinationales cubaines opérant dans des pays étrangers.

Dans les luttes ouvrières défensives, on retrouve la défense d'acquis sociaux, comme par exemple quand on lutte contre les licenciements, contre le report de l'âge de la retraite, contre des fermetures d'entreprises, etc.

Nous n'avons pas défendu l'URSS que nous considérions comme un régime de capitalisme étatisé. Je vous invite à consulter notre site web au www.lrp-cofi.org plutôt que de dire n'importe quoi. Notre défense des pays semi-coloniaux contre l'impérialisme s'inspire de la défense de l'Éthiopie contre l'Italie fasciste dans les années 30.


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Sujet: 
Re: Sur l'impérialisme et la nature du capitalisme
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Mar, 2010-08-17 18:18

@Vieux Sympathisant de la GCI

« Ce n'est pas le fait d'être propriétaire qui fait le capitaliste, y compris propriétaire de moyens de production : les artisans, les paysans possèdent leurs propres moyens de production mais ne sont pas pour autant des bourgeois.»

Exactement. Sauf que je le disais en mots différents, en parlant de la question du pouvoir, de la nature antidémocratique du capitalisme, où les propriétaires ont un réel vote sur les décisions d'entreprise. Les salariés vendent leurs travail, sans pouvoir (relation de domination, ou rapport de production comme vous dites).

Mon ton se voulait sympathique, une construction en dialogue. Ça ne semble pas votre cas quand je vous lis.

Pour moi, les gens qui se croient réellement plus intelligents que les autres deviennent souvent des imbéciles. Le sentiment de supériorité intellectuelle tend à réduire l'autocritique et nous rend aveugles aux limites de notre perception. On peut être intelligent, mais dénué de sagesse. C'est visiblement votre cas.

Autrement dit, je ne vois pas de dialogue ici, mais un monologue pédant. Aucune théorie ou explication rationnelle du monde ne peut changer le monde, si le savoir-être ou la relation n'est pas là. Fin de la « conversation » donc.

- Michaël Lessard

[ EDIT: lapsus corrigé - J'avais écrit conversion au lieu de conversation ]


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Sujet: 
Sur les désaccords et leurs conséquences…
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Mer, 2010-08-18 09:45

Sur la définition de l'impérialisme donnée par LT, la lecture du chapitre « L'impérialisme » dans la brochure de Lénine démontre bien que pour lui, l'impérialisme « est le stade monopoliste du capitalisme », « le développement et la continuation directes des propriétés essentielles du capitalisme en général » ; à AUCUN MOMENT, Lénine ne fait la distinction entre pays impérialistes et pays qui ne le seraient pas ; pour lui, c'est le capitalisme comme un tout qui est devenu impérialiste. C'est bien pourquoi il est inacceptable d'essayer de nous faire avaler que, d'après la définition de Lénine, il y aurait des pays impérialistes et d'autres qui ne le sont pas, traduction trotskiste : il y a des États à défendre dans le monde, mais de façon « critique ». C'est une falsification pure et simple. Du reste, l'attitude de Lénine pendant la Première Guerre est à ce titre éclairante, comme je l'ai déjà dit.

Sur les « acquis » à défendre paraît-il, je ne vois pas en quoi avoir un travail est un acquis, et d'ailleurs même les syndicats, qui ne sont que des appendices de l'État bourgeois, ne s'amusent pas à nous le dire. La seule conséquence du discours de « défense des acquis », c'est de diviser la classe ouvrière, puisque forcément les « acquis » ne sont pas les mêmes selon les secteurs : dans le public et le privé, selon les conventions collectives, l'histoire des entreprises, etc. Et cette « défense des acquis » est d'ailleurs utilisée depuis fort longtemps par les syndicats officiels pour diviser la riposte ouvrière, ce qui n'est évidemment pas un hasard. C'est contre la dégradation de ses conditions de travail et de vie que la classe ouvrière doit lutter, parce que là, TOUS LES OUVRIERS sont concernés. Ce ne sont pas les privatisations en tant que telles qui sont des attaques, ce sont les réductions de salaires, les augmentations d'horaires et de cadences, les réductions de congés et l'empiètement sur la vie personnelle qu'il faut combattre ! Quand on s'oppose aux privatisations, on fait clairement le boulot de l'État, qui fait ainsi oublier qu'il est le PRINCIPAL EMPLOYEUR de tous les pays développés, directement et indirectement ! L'État est un patron comme les autres… et je ne vois aucun bénéfice à se battre pour un patron contre un autre !

En ce qui concerne le commentaire acidulé de M. Lessard, le petit problème dans ce qu'il nous dit est que ses allégations ont des conséquences fort lourdes en matière de concessions à la bourgeoisie et de défense d'intérêts qui n'ont RIEN À VOIR avec ceux des exploités ; dans son explication, M. Lessard ne comprend pas ce qu'est le capitalisme, et son explication sur le « pouvoir » est plus proche de l'anarchisme que du marxisme ; le marxisme ne revendique aucunement la « démocratie », il ne parle pas de « domination », mais de l'affrontement entre les exploités et les exploiteurs, entre une classe dominante qui possède tout et une classe exploitée dépouillée de tout, sauf de sa conscience et de son unité ; M. Lessard est probablement assez outré que je lui dise qu'il n'est pas marxiste, mais contrairement à ce qu'il croit, il ne dit pas du tout la même chose que moi ; par exemple, être propriétaire de son logement n'a AUCUNE INCIDENCE sur les rapports de production, et ça n'a rien à voir avec un « jeu égoïste » qui est purement et simplement une notion subjective ; les rapports de domination, je ne connais pas et ne sais pas ce que c'est, je ne connais que les rapports de production, qui sont parfaitement quantifiables et définissables. C'est la différence entre le subjectivisme et le matérialisme scientifique !

Les conséquences de ces confusions peuvent prendre un tour pratique extrêmement parlant : est-ce que M. Lessard est d'accord avec moi pour dire que Cuba est un État aussi capitaliste et impérialiste que les États-Unis ? Et que les Castro Brothers et la clique qu'ils dirigent - y compris feu Che Guevara - sont des bourgeois autant qu'Obama et Stephen Harper ? Je n'en ai pas l'impression…

Le « ton » que j'emploie n'est pas agressif mais je n'ai pas l'habitude de masquer les désaccords ou de mâcher mes mots ; en l'occurrence, LT et très probablement M. Lessard sont visiblement d'accord pour dire qu'il y a une différence de NATURE entre Cuba et le Canada, par exemple, et donc qu'entre les deux, il y a un camp à choisir. Pour l'instant, leur démonstration se fait un peu attendre...


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Sujet: 
Re: Sur les désaccords et leurs conséquences…
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Mer, 2010-08-18 14:42

Vous écrivez : « je n'ai pas l'habitude de masquer les désaccords ou de mâcher mes mots ; en l'occurrence, LT et très probablement M. Lessard sont visiblement d'accord pour dire qu'il y a une différence de NATURE entre Cuba et le Canada, par exemple, et donc qu'entre les deux, il y a un camp à choisir. Pour l'instant, leur démonstration se fait un peu attendre...»

Oui, oui, ça doit être ça le problème et ça doit être ça que je disais :P

D'ailleurs, j'avais conclus bizarrement « fin de la conversion » au lieu de « fin de la conversation ». C'est quand même drôle comme lapsus.


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Sujet: 
Lénine défendait
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Mer, 2010-08-18 17:38

Lénine défendait clairement et sans compromis les peuples et nations opprimées contre l'impérialisme, une chose que la soi-disant "gauche communiste" refuse de faire catégoriquement. Lénine ne recommendait nullement de rester indifférent les bras croisés aux agressions menées par les puissances impérialistes contre des pays du monde semi-colonial. Je me demande bien ou se situe les falsifications et les distorsions du marxisme!

Sur la question des acquis tu demanderas aux travailleurs licenciés si ce n'est pas un acquis d'avoir un emploi versus le fait de le perdre. Il n'est nullement question de "diviser" la classe ouvrière en voulant défendre des gains sociaux. Il est question de combattre les attaques de la classe capitaliste et ça s'inscrit dans la lutte contre la dégradation des conditions de travail. Ni plus ni moins!

Je suis d'accord avec Michaël sur le ton arrogant du vieux sympathisant qui se croit investi d'une vérité absolue. Je serais curieux de voir de quel CCI il se réclame, après tout ce mouvement a éclaté en au moins trois courants distincts qui se détestent profondément.


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Sujet: 
Sur les deux derniers commentaires…
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Jeu, 2010-08-19 03:39

Le ton est une chose, le fond en est une autre. Qu'on dise que mon ton n'est pas « amical », peut-être ; que M. Lessard aille lire les compte-rendus de congrès du SPD avant 1914, il verra si les débats y étaient « amicaux ». Sur le fond, par contre, ni LT ni M. Lessard n'ont visiblement quoi que ce soit à avancer. « La démonstration se fait un peu attendre » : c'est un fait, il n'y en a pas. Du reste, quand on ne sait pas quoi répondre sur le fond, on s'attaque à la personne ou à la forme de ce qu'il dit. Voir les deux commentaires précédents !

« Lénine ne recommandait nullement de rester indifférent les bras croisés aux agressions menées par les puissances impérialistes contre des pays du monde semi-colonial ». LT pourrait-il nous dire où il a trouvé cela chez Lénine ? Où Lénine a-t-il jamais défendu le nationalisme et la création de nations ? Ou alors doit-on revenir à ce qu'il y a EXACTEMENT dans « L'impérialisme, stade suprême du capitalisme », dont j'ai déjà montré que LT avait totalement faussé le sens ?

Que la Seconde Internationale ait dénoncé le colonialisme comme une preuve assez accablante de la barbarie des puissances « démocratiques » est une chose ; mais elle n'a jamais défendu le nationalisme dans les pays colonisés, ni la création particulière de nations ! Rosa Luxemburg a toujours dénoncé le soi-disant « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » comme une escroquerie, le droit d'une bourgeoisie nationale à exploiter « ses » propres prolétaires, et la suite de l'histoire, que ce soit l'indépendance de l'Ukraine, de la Pologne, celle de la Finlande ou toutes les guerres de « libération nationale » du XXe siècle, lui a donné RAISON. Du reste, JAMAIS le mouvement communiste depuis ses origines n'a soutenu le nationalisme sous quelque forme que ce soit.

On peut maintenant revenir à la question gênante : quelle est la nature politique et sociale du régime cubain ? Et pourquoi, dans le conflit qui l'oppose à l'État américain, faudrait-il soutenir l'État cubain ? Je n'ai toujours pas vu la moindre argumentation sur ce point de la part de mes contradicteurs.

Un dernier point, qui tourne au risible : que LT aille demander à n'importe quel salarié s'il considère le fait d'avoir un travail comme un « acquis social » ; la réponse me fait rire d'avance !

Quant à me croire « investi d'une vérité absolue », il est très intéressant de constater que LT ou M. Lessard nous affirment ici qu'ils avancent des propos en sachant parfaitement qu'ils sont faux ! Personnellement, j'argumente dans le sens qui me semble juste, et je ne suis pas prêt à lâcher simplement parce qu'on me dit que j'ai tort : encore faut-il avoir de quoi le démontrer !


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Sujet: 
Lénine a consacré
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Jeu, 2010-08-19 05:47

Lénine a consacré plusieurs textes à la question nationale ou il a pris résolument la défense des nations opprimées. Les quatre premiers congrès de l'IC ont fait la même chose. C'est la soi-disant "gauche communiste" qui fait preuve de révisionnisme en la matière.

Quand tu dis qu'on avance des arguments en sachant qu'ils sont faux tu confirmes ce que je dis sur tes prétentions à la vérité. Tu n'as RIEN démontré du tout dans tes réponses. Cuba doit être défendu comme tout pays du monde semi-colonial qui est agressé par l'impérialisme, même si nous ne soutenons pas politiquement le régime en place. L'Internationale Communiste sous Lénine et Trotsky défendait sans compromis le droit des nations à l'autodétermination.

La sécurité d'emploi est un acquis surtout en période de crise et de licenciements. Les travailleurs vont toujours lutter pour la conservation de leurs emplois et ceux qui ont la sécurité d'emploi vont lutter contre les tentatives des patrons pour la leur enlever. Évidemment il faut aussi étendre la lutte à l'ensemble de la classe ouvrière en demandant par exemple la réduction du temps de travail sans perte de salaire par exemple.

Je me questionne sur les motivations du vieux sympathisant. Il y a plein de textes sur CMAQ écrit par des staliniens qui ne suscitent pas le moindre commentaire de sa part, mais dès qu'un "méchant" trotskyste en publie un alors il nous livre son sermon de gardien de l'orthodoxie!


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Sujet: 
De parler des déboires du
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Jeu, 2010-08-19 05:59

De parler des déboires du CCI n'est aucunement une attaque personnelle à moins de vouloir jouer à la victime! On n'a qu'à lire les sites web des factions rivales pour voir l'état des choses. Mais bon ce n'était qu'une question somme toute légitime. J'aurais pu mentionner aussi le BIPR qui a lui aussi éclaté en deux. Je ne vois pas ou sont les attaques personnelles à moins que tu considères le CCI comme ta personne et ta propriété!

Je ne vois pas en quoi j'ai "faussé" le sens du texte de Lénine sur l'impérialisme, car il mentionne très clairement l'exportation de capitaux comme une caractéristique fondamentale de l'impérialisme et c'est une chose qui ne correspond à Cuba dont l'économie dépend totalement de l'importation de capitaux.


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Sujet: 
Lénine a combattu fermement
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Jeu, 2010-08-19 16:55

Lénine a combattu fermement les thèses de Rosa Luxemburg sur la question nationale. Associer le nom de ce grand révolutionnaire à une quelconque indifférence envers l'oppression nationale relève de la falsification la plus grossière. Lénine stigmatisait avec raison les sociaux-chauvins qui refusaient de défendre les peuples opprimés par l'impérialisme. La Troisième Internationale a pris position en ce sens pour la libération des colonies et l'opposition à toute agression impérialiste.

Si pour le vieux sympathisant du CCI refuser de rester indifférent, voire de jubiler, en cas d'aggression américaine envers Cuba ou tout autre pays du Tiers-Monde, est un crime et bien nous l'assumons avec plaisir.


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Sujet: 
Pour répondre un peu longuement…
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Ven, 2010-08-20 02:18

Sur la question de l'impérialisme, qui est effectivement centrale dans le problème qui nous occupe, la position trotskiste est une falsification de la position de Lénine - qui est en elle-même insuffisante, il faut le souligner - en ce qu'elle attribue à un PAYS ce que Lénine attribue au CAPITALISME TOUT ENTIER. La notion « d'exportation de capitaux » pour caractériser l'impérialisme n'est valable qu'au niveau du capital global, ce que Lénine explique très bien dans le chapitre « L'impérialisme » de sa brochure. Ce n'est pas tout de citer des textes, il faudrait les lire ! Le Trotskysme dans son ensemble n'a jamais compris la notion de « Capital global », qui est celle utilisée par Marx, Lénine et Rosa Luxemburg, et JAMAIS Lénine n'a considéré qu'il y avait des pays « impérialistes » et d'autres qui ne l'étaient pas, sauf en ce qui concerne les colonies qui n'avaient pas d'autonomie politique ou économique. Les conséquences de cette position sont d'ailleurs claires : dans tous les conflits impérialistes les Trotskystes ont choisi un camp à défendre, en complète contradiction avec l'internationalisme prolétarien défendu par Trotsky en 1914, et par Natalia Sedova après 1940. C'est bien d'avoir publié sa lettre de rupture avec la IVe Internationale ; ce serait encore mieux de comprendre ce qu'elle dit et de ne pas se contenter de la sordide calomnie de tous ceux qui, dans la IVe Internationale, se sont couchés devant les bourgeoisies alliées pendant la Seconde guerre : « Natalia Sedova a capitulé face à l'impérialisme »…

En ce qui concerne la question des « nations opprimées », on trouve effectivement le terme dans la résolution sur l'impérialisme du Second Congrès de la Troisième Internationale ; le premier problème est que à aucun moment il n'y a de définition de ce que ça veut dire, c'est donc une caractérisation totalement subjective. D'autre part, le soutien apporté aux « nations opprimées » n'y avait pour seul but que le développement d'un mouvement ouvrier autonome, ce qui s'est avéré être un COMPLET ÉCHEC : que ce soit en Pologne, en Finlande, en Perse ou en Ukraine, l'indépendance octroyée par les Bolcheviks n'a abouti qu'au massacre des révolutionnaires, chaque bourgeoisie nationale appelant au secours une bourgeoisie plus puissante qu'elle pour les exterminer (ce que Rosa Luxemburg avait déjà prévu en 1912). Dans sa critique du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », Rosa Luxemburg a toujours eu raison contre Lénine. Du reste, JAMAIS Marx n'a défendu cette escroquerie issue du corps de doctrine de la bourgeoisie ! Au passage, je crois avoir expliqué plus haut la position des révolutionnaires - et donc la mienne - en cas de guerre entre Cuba et les États-Unis : la classe ouvrière est la première victime des guerres impérialistes, je ne vois aucune raison de m'en réjouir !

Sur la question des « attaques personnelles », j'ai mentionné le fait qu'il s'agissait d'une façon de digresser par rapport au fond de la discussion, ce qui est une façon de noyer le poisson. J'ajoute que je ne suis pas le CCI ou l'une ou l'autre de ses scissions. Je n'ai pas quant à moi mentionné les querelles byzantines entre les différentes factions trotskistes ! En ce qui me concerne, le Trotskysme est un corps de doctrine cohérent, et au-delà de leurs petits différents de détail, tous les groupes trotskistes défendent sur le fond la même chose. Je n'ai aucune raison d'attaquer LT en personne, ce sont les positions politiques qu'il défend que je combats.

Quant à mes motivations, j'ai été très intéressé par une des premières phrases du texte : « nous considérons que l'État cubain est capitaliste ». Vu que je suis d'accord avec ça, j'ai lu la suite, pour constater qu'en fait le LRP NE CONSIDÈRE PAS CUBA COMME CAPITALISTE, vu qu'il ne reconnaît aucune des conséquences de la première phrase ; d'où les questions suivantes, toujours sans réponse : en quoi Cuba, qui est capitaliste comme le dit le LRP, n'est-elle pas aussi impérialiste que les autres pays capitalistes ? Castro & co sont donc des bourgeois autant qu'Obama ou Harper ? Le « programme révolutionnaire » à Cuba n'est-il donc pas de renverser l'État bourgeois cubain, de détruire l'économie capitaliste cubaine en s'attaquant à la loi de la valeur, d'instituer un pouvoir des conseils ouvriers en cherchant immédiatement la solidarité internationale avec la classe ouvrière des pays les plus développés et en détruisant les outils politiques de la bourgeoisie cubaine, le Parti soi-disant communiste en premier ? La position à tenir face aux engagements impérialistes de l'État cubain n'est-elle pas le défaitisme révolutionnaire : aucun soutien à la bourgeoisie cubaine, transformation de la guerre impérialiste en guerre civile ? Tout cela n'étant, je le rappelle, que le programme communiste depuis la Première Guerre mondiale, défini en grande partie par les deux premiers Congrès de la Troisième Internationale…

A toutes ces questions, il serait important de répondre, parce que le texte n'en prend pas le chemin…


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Sujet: 
Pour répondre brièvement
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Ven, 2010-08-20 05:47

Pour répondre brièvement nous sommes pour le renversement révolutionnaire du régime castriste et pour son remplacement par un État ouvrier basé sur des conseils ouvriers et paysans. Nous n'avons aucune illusion envers ce régime. Mais nous n'entendons pas rester indifférent en cas d'attaque impérialiste américaine ou autre, ce qui reste toujours probable étant donné le blocus, les manigances de la CIA et des exilés d'extrême-droite de Miami et la volonté des USA de remettre Cuba sous sa domination. Ce ne serait certainement pas une avancée vers la révolution prolétarienne si l'impérialisme américain reprenait le contrôle de ce pays.

Quant à l'impérialisme, il existe encore des colonies et des néo-colonies dans le monde actuel. Des pays comme Cuba qui n'ont AUCUNE véritable autonomie économique et sont loin de l'autosuffisance peuvent être inclus dans cette catégorie. Je le répète il n'existe pas de compagnies cubaines qui participent au pillage du Tiers-Monde par exemple. Depuis la chute de l'URSS, Cuba n'a participé à AUCUNE intervention militaire, preuve qu'elle servait les intérêts de l'impérialisme soviétique.


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Sujet: 
Encore une ou deux questions…
Auteur-e: 
Vieux Sympathis...
Date: 
Sam, 2010-08-21 06:00

Il faut être très clair sur deux points : d'une part, l'idée - erronée - défendue par la Troisième Internationale qu'il fallait soutenir les colonies contre les métropoles avait un but : développer dans lesdites colonies un mouvement de classe autonome. En quoi un soutien à l'État capitaliste de Cuba contre ses ennemis favorisera-t-il un quelconque mouvement de classe autonome à Cuba ? Et qu'est-ce qu'un soutien à quelque faction bourgeoise que ce soit apporte-t-il de positif à la classe ouvrière ?

Je terminerai sur une courte parenthèse : il n'existe pas « d'État ouvrier » autre part que dans la littérature stalinienne, les termes en soi étant complètement incompatibles ; Lénine dans « l'État et la Révolution », n'en parle aucunement puisque d'après la théorie marxiste l'État devait dépérir une fois la révolution victorieuse ; et Lénine le précise bien : il ne fait que reprendre ce qu'ont écrit Marx et Engels suite à la Commune…

D'où une conclusion bien embarrassante pour tous les tenants de « l'État ouvrier » : en quoi l'État de Cuba, ou celui d'URSS, n'est-il pas bourgeois, ni un « appareil de répression contre les exploités » (Lénine) ?


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Sujet: 
Dépérissement de l'État
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Sam, 2010-08-21 10:09

Dépérissement de l'État mais pas extinction immédiate comme le prétendent les anarchistes. c'est une nunance importante. C'est pourquoi il y a une période de transition, la dictature du prolétariat, que l'on désigne par le terme État ouvrier, le temps de vaincre complètement la résistance des classes exploiteuses. C'est très bien décrit dans l'État et la révolution de Lénine.

Quant à Cuba nous ne l'avons jamais décrit comme un État ouvrier, nous considérons que seule l'URSS fût un État ouvrier jusqu'à la fin des années 30 qui ont marqué la destruction de cet État suite aux grandes purges staliniennes.


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