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La légitime révolte n’a rien à voir avec une «conspiration»

Anonyme, Samedi, Juillet 17, 2010 - 12:29

Le Drapeau rouge-express
– Commentaire d’un militant

Dans la foulée des événements qui ont entouré le sommet du G20, une certaine fraction de ce qui est communément dénommé «l’extrême-gauche» en est venue à dénoncer les Black Blocs et autres militantEs masquéEs qui ont posé des gestes jugés illégaux. Certains ont même prétendu que les diverses actions ayant confronté la bourgeoisie et son État ont été le fait d’agents provocateurs, voire qu’elles ont été planifiées par la police elle-même. On a pu lire ce genre d’analyse sous la plume d’auteurs trotskistes. Le chef du «Parti communiste du Canada», Miguel Figueroa, a lui aussi fait sa montée de lait contre le Black Bloc et appelé à la dénonciation publique des «anarchistes».

Il n’y a certes rien d’étonnant dans le fait que des trotskistes et des révisionnistes traitent les militantEs qui agissent d’agents provocateurs. C’est sûr que pour des gens qui appartiennent aux appareils syndicaux ou communautaires embourgeoisés ou qui aspirent à s’y joindre, la crainte est grande de voir les masses agir sans contrainte. Les trotskistes et les révisionnistes ont toujours eu peur de la révolution. Pour ces pissous, vaut mieux une sorte de «front uni» avec des gens qui collaborent ouvertement avec l’ennemi de classe qu’un véritable front de lutte avec les forces révolutionnaires et authentiquement démocratiques. La multiplication de membres qui se trouvent des jobs dans les syndicats ou les groupes communautaires, ce n’est pas mauvais pour le budget de ces coteries. Être trop révolutionnaire, ce n’est pas bon pour la sécurité d’emploi!

Peu importe les motifs des révisionnistes et des trotskistes, l’important est de constater que leur évaluation politique des événements de Toronto est d’une nullité absolue. Voir si la police aurait provoqué des actions illégales pour justifier 1 100 arrestations! Aurait-elle mis en danger l’intégrité physique de certains de ses membres rien pour justifier la répression? Il se peut fort bien que le commandement de la police ait fait certaines erreurs tactiques et que les manifestantEs qui tenaient à aller vers la clôture en aient profité. Le but de la police était de protéger le périmètre autour du lieu où se tenait le sommet. Elle y est allé d’une stratégie dissuasive, qui a d’ailleurs eu un effet sur le comportement de certainEs manifestantEs.

L’objectif avoué des manifestantEs était d’attaquer la clôture. Cette action tenait plus d’une attaque d’un symbole de pouvoir, d’oppression et d’exploitation. Si la police l’empêchait, il existait d’autres cibles, peut-être directement moins signifiantes, mais tout de même symboliques, et une fraction des manifestantEs les a prises d’assaut. La force dissuasive extrême exercée par la police n’a pas suffi pour empêcher cette expression légitime des manifestantEs qui ont attaqué ces autres cibles – essentiellement des véhicules de police, des camions des médias et des commerces appartenant à de grandes chaînes. Il n’y a pas eu de petits commerces attaqués, ni de citoyenNEs blesséEs, ni de pillage. Si ça se trouve, certaines émeutes de la coupe Stanley à Montréal ont vu plus de casse. En 2008, lors de la victoire du Canadien contre les Bruins de Boston, ce furent 11 véhicules de police qui ont passé au feu.

Il est facile de dire qu’une attaque contre la seule clôture aurait été plus signifiante et aurait obtenu un meilleur appui du public. La signification politique pour les masses aurait pu paraître plus directement évidente. On ne peut pas spéculer. Ce qui est sûr, c’est que la police et les autorités publiques ont vu dans ces actes une attaque contre leur pouvoir. Elles ont compris que l’action était politique. Jamais une émeute de la coupe Stanley n’a provoqué 1 100 arrestations!

La police a aussi compris qu’il s’agissait d’une fraction des masses qui se révoltait. Malgré toute l’intimidation, l’aile radicale des manifestantEs a commis des actes dits «illégaux». Après la fin de la manifestation, des Torontoises et Torontois n’appartenant pas à des réseaux militants ont afflué vers le centre-ville, un peu par curiosité et un peu pour participer au party. Là aussi, il s’agissait d’une fraction des masses.

Si les autorités publiques et la police ont compris qu’une fraction des masses a agi politiquement, il est du devoir des révolutionnaires de défendre l’aspect politique de cette action. La répression sauvage s’explique parce qu’en après-midi, la bourgeoisie a subi une défaite politique. La bourgeoisie canadienne désirait montrer qu’elle permettait des manifestations «libres» (parce que formatées et non dérangeantes); elle voulait montrer qu’elle est démocratique. La planète a vu qu’une fraction de la population canadienne était suffisamment en colère pour défier le pouvoir bourgeois. La planète a vu aussi que la bourgeoisie canadienne pouvait être très dure avec ses opposantEs. Il est manifeste que la répression était disproportionnée; d’ailleurs, le flanc gauche de la bourgeoisie a voulu se dissocier des «excès» policiers.

Nos trotskistes et nos révisionnistes, quant à eux, se sont dissociés des excès des masses, en les associant à des actes policiers (un complot). En fait, ces gens-là n’ont jamais cru à l’action révolutionnaire des masses. Ils adhèrent à la théorie du génie inné des classes dominantes, que les maoïstes chinois dénonçaient durant la révolution culturelle. Cette théorie suppose que les masses sont trop stupides pour penser par elles-mêmes et qu’elles seront toujours manipulées par une fraction ou une autre de la classe dominante. L’avant-garde ne proviendrait que de la classe dominante, qui inculquerait une culture révolutionnaire aux masses ignares.

En réalité, pour les maoïstes, pour être une avant-garde, il faut principalement être en mesure de synthétiser les idées justes des masses. Il faut donc être lié avec l’expérience révolutionnaire directe des masses. En même temps, une juste synthèse doit se faire en lien avec l’expérience révolutionnaire indirecte des masses, celle qui se fait dans d’autres pays et celle qui a eu lieu dans le passé. Pour ce faire, il est clair que l’avant-garde doit avoir une culture révolutionnaire. Par contre, si elle ne se lie pas avec les masses et ne participe pas à leur action révolutionnaire, elle n’est en rien une avant-garde; sans lien avec les masses, elle n’est qu’une coterie de petits-bourgeois qui agit en élite éclairée méprisant le peuple. L’avant-garde est nécessairement agissante. UnE révolutionnaire se doit de l’être aussi dans les faits.

Faire passer les masses révolutionnaires pour des agents provocateurs est une manœuvre sournoise pour masquer son propre refus de jouer un rôle d’avant-garde. En fait, on se positionne comme une élite qui aspire à remplacer celle existante. On nie aux masses leur rôle, leur parole politiques. On nie leur capacité de transformer la société. On leur nie la possibilité de faire des erreurs ou des bons coups, comme on refuse d’admettre que la bourgeoisie et ses autorités puissent faire des erreurs. L’élite serait omnisciente et omnipotente; la seule possibilité logique est d’y aspirer, les masses étant supposément stupides et manipulables. Voilà ce que sont les trotskistes et les révisionnistes: des aspirants bourgeois qui méprisent les masses.

En réalité, on ne s’attend pas à mieux de cette engeance. Leur fonction dans l’histoire a toujours été de semer la confusion et détourner les masses de la révolution. Ce qui est plus triste, c’est de voir des militantEs honnêtes faire leur cette théorie du complot. Sur le site Web du journal Basics, on peut lire cet article, «LET IT BURN: Police complicity in Saturday destruction», qui laisse entendre que la police a provoqué sciemment la destruction de propriété. Dans un autre article, «BASICS Statement on G8/G20 and TCMN», la rédaction du journal réaffirme son désaccord avec les tactiques du Black Bloc, sans toutefois aller jusqu’à dire qu’il s’agit d’agents provocateurs. Néanmoins, ne pas reconnaître l’aspect politique de l’action des manifestantEs qui ont attaqué des cibles de la bourgeoisie contribue à entretenir le discours dominant, qui distingue entre «bons» et «mauvais» manifestants.

Mao, dans son Rapport sur l’enquête menée dans le Hounan à propos du mouvement paysan, avait adopté une tout autre attitude. Il n’y était pas allé avec l’idée d’enseigner de manière pédante la révolution aux masses paysannes supposément arriérées. Au contraire, il a appris d’elles. Au lieu de partir d’un a priori sur ce qui était juste au niveau de l’action révolutionnaire des masses, il s’est inspiré de leurs actes, y compris dans ce qui pouvait apparaître comme excessif (voir plus bas).

Quand on parle de ligne de masse, on parle d’accompagner les masses dans leurs actions révolutionnaires. Une action révolutionnaire interpelle nécessairement le pouvoir et remet en cause les rapports de classe dans un espace géographique précis. Certaines grèves syndicales et actions de groupes populaires peuvent prendre le tour d’une action révolutionnaire, si elles remettent en cause le pouvoir et permettent d’organiser le camp du peuple. Autrement, ça ne reste qu’une simple négociation entre acteurs du système. Quand le travail au sein des syndicats ou groupes communautaires ne dépasse pas ce stade économiste, on ne peut pas parler d’une ligne de masse révolutionnaire.

Au Canada anglais, les trotskistes et les révisionnistes ont discrédité le sens révolutionnaire que comporte l’idéologie communiste. Il faut donc impérativement travailler à lier communisme et révolution. Actuellement, les prolétaires enclins à la révolution voient dans les communistes des gens qui se présentent aux élections pour recueillir très peu de votes ou des fatigants qui ne font que vendre des journaux qui ne servent à rien dans la construction de la révolution. Les débats sur les méchancetés de Staline, comme les querelles entre les diverses chapelles trotskistes, n’intéressent pas beaucoup le prolétariat.

Dans leur travail au Canada anglais, les maoïstes doivent se démarquer significativement de ce style de travail plate et opportuniste. La simple distribution d’un journal de masse, même s’il comporte des points de vue, à l’occasion, corrects, est totalement insuffisante. La contamination du trotskisme et du révisionnisme y a rendu ce qu’on appelle l’extrême-gauche quelque chose de complètement domestiqué. Après plusieurs générations, des loups sauvages deviennent des petits chiens dociles, quand ils acceptent le dressage.

Le potentiel de révolte existe parmi les masses populaires du Canada anglais. Parmi les milliers de travailleurs et de travailleuses qui ont perdu leur emploi en 2008 et 2009, plusieurs en veulent aux capitalistes et aux gouvernements qui travaillent pour eux. Des petits groupes de discussion qui ne débouchent pas sur de l’action, ça ne les intéresse pas! Ce manque d’intérêt n’a rien à voir avec une quelconque forme d’arriération politique. Au contraire, si celles et ceux qui se prétendent l’avant-garde ne le sont pas, c’est qu’ils et elles ne réussissent pas à établir une liaison réelle avec les masses qui aspirent à l’action révolutionnaire. À Toronto, celles-ci ont remporté une victoire, mais la majorité des forces qui se prétendent «communistes» ont craché dessus. Une telle attitude de perdants n’incite certainement pas les prolétaires à s’organiser pour la révolution.

Pour convaincre les masses du Canada anglais que communisme et révolution vont ensemble, il va falloir mener une grande campagne de décontamination idéologique pour anéantir l’idéologie trotskiste et révisionniste. Les maoïstes du Canada anglais se devront d’embarquer dans cette opération. C’est sûr que le milieu idéologique ambiant est très contaminant, mais en approfondissant la lutte idéologique, il sera possible de se sortir de ces tendances opportunistes. La bataille de Toronto et les débats qui y font suite nous démontrent une fois de plus que l’opportunisme de droite reste le danger principal auquel le mouvement communiste est confronté.

* * *

Sur ce qu’on appelle les «excès»

Devenues l’autorité suprême, les unions paysannes ferment la bouche aux propriétaires fonciers; elles ont réduit en poussière leur prestige – cela revient à dire qu’on a jeté à terre le propriétaire foncier et qu’on lui a mis le pied dessus. […] La foule fait irruption dans les maisons des despotes locaux et des mauvais hobereaux qui sont contre les unions paysannes; on égorge les cochons, on rafle le grain. Il arrive que les paysans viennent chez les despotes locaux et les mauvais hobereaux et se prélassent un moment sur les lits incrustés d’ivoire de leurs filles et de leurs brus. Ils arrêtent des gens à la moindre occasion, les coiffent de grands bonnets de papier et les promènent à travers le village, en disant: «Tu sais à présent à qui tu as affaire, sale hobereau!» Les paysans font ce qu’ils veulent. C’est le monde renversé, et une espèce de terreur règne ainsi à la campagne. C’est ce que certains appellent commettre des «excès», «courber en sens inverse aux fins de redresser», «commettre des actes scandaleux». En apparence, de tels jugements semblent raisonnables; en réalité, ils sont tout aussi erronés. En premier lieu, si les paysans ont commis de tels actes, c’est qu’ils ont été poussés à bout par les despotes locaux, les mauvais hobereaux, les propriétaires fonciers coupables de forfaits. Ces gens ont de tout temps usé de leur pouvoir pour tyranniser et écraser les paysans; c’est pourquoi ceux-ci ont réagi avec tant de force. Les révoltes les plus violentes, les désordres les plus graves se sont invariablement produits là où les despotes locaux, les mauvais hobereaux, et les propriétaires fonciers coupables de forfaits se sont livrés aux pires outrages. L’œil du paysan voit juste. […] Deuxièmement, la révolution n’est ni un dîner de gala ni une œuvre littéraire, ni un dessin ni une broderie; elle ne peut s’accomplir avec autant d’élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d’amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d’âme. La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre. […] Pour redresser quelque chose, on est obligé de le courber en sens inverse; sinon, on ne peut le rendre droit. Bien que l’opinion de ceux qui critiquent les «excès» se distingue apparemment de celle du premier groupe, elle procède au fond du même point de vue: c’est la théorie même des propriétaires fonciers, au service des seuls intérêts des classes privilégiées. Aussi devons-nous combattre résolument cette théorie qui fait obstacle à l’essor du mouvement paysan et qui, en dernière analyse, sape la révolution.

Mao Zedong (mars 1927)

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 236, le 17 juillet 2010.
Le Drapeau rouge-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire.
Pour vous abonner: renseignez-vous au www.ledrapeaurouge.ca.

ledrapeaurouge.ca


Sujet: 
V2: Certain.es se sont désolidarisés - Focalisons sur l'objectif
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Sam, 2010-07-17 18:45

Édition du 20 juillet 2010 :
   Honnêtement, j'estime que nous sommes dans un microclimat fascisant, où il semble que ce soit la nouvelle mode estivale de la police conservatrice de lancer des accusations frivoles pour le plaisir de faire suer les dangereux et méchants altermondialistes. J'ai donc édité mon commentaire pour retirer ce qui pourrait donner l'impression (erronée) que j'encourage le vandalisme politique.

- Michaël Lessard
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Je suis d'accord avec plusieurs points, surtout concernant la clôture : j'aurais préféré que la manifestation reste unie et se dirige devant la clôture. La police cherche un « chef anarchiste » pour cette idée, alors que tout le monde y pensait déjà, suite à l'image du sommet 2001 à Québec. Ce n’est pas un complot, c'est juste la grosse chose évidente et chiante que les gens voient clairement les séparer des décisions élitistes.

Les citoyen.nes ne pleurent pas quand une clôture du genre tombe; seuls quelques politicien.nes se sentent heurtés dans leur orgueil, sans plus. Contrairement au vandalisme d'un commerce, personne ne se sent visée. Sans compter qu'une telle clôture sera retirée quelques jours plus tard de toute manière.

En 2001, j'étais dans la foule de 50,000 personnes qui marchaient loin du «périmètre de sécurité». Quand des haut-parleurs ont annoncé que la clôture était tombée, la foule entière s'est réjouie!

 

Il faut nuancer concernant le manque de vision de certaines déclarations. Certaines personnes, ayant des rôles de porte-parole, ont fait l'erreur de dénoncer rapidement, ce qui désolidarise beaucoup de gens et fait une belle jambe aux mensonges de certain.es politicien.nes et leurs policier.ières. C'est en effet étrange de parler de la «violence» de fenêtres cassées sur le même pied d'égalité que la brutalité, que les plus de mille arrestations arbitraires, que l'esprit de répression politique de la suspension des règles du droit, que la violation de la liberté presse, que la violence psychologique des agents mangeant à leur faim devant près de mille personnes détenues qui ont faim et soif. Il y a même eu des menaces de viol pour intimider une journaliste indépendante.

Toutefois, je n'ai aucune raison de croire actuellement que c'est un grand nombre parmi les mouvements politisés à gauche.

* Des syndicalistes ont écrit une réplique ouverte contre la position simpliste de la Presidente du Canadian Labour Congress.

* Des discours populaires tenus lors des manifestations après le G20 ne manquent pas la vraie cible: la violence économique qui fait mourir et souffrir des millions.

* Les membres de QS sont demeurés solidaires. Le Conseil fédéral du NPD a produit une excellente déclaration qui ne vise pas le black block (espérons que les député.es vont suivre l'exemple).

 

Mon analyse est que certain.es porte-parole syndicaux ont peur de déplaire aux gens, auprès des gens at large, et donc se sont dissociés rapidement des gestes d'éclat.

Mais on avait déjà des signes avant-coureurs que des leaders syndicaux et les anarchistes n'étaient pas unis dans cette action. Les syndicats, officiellement, ne voulaient pas oser aller devant la clôture. On peut présumer que les menaces de répression, à coup de canons soniques, ont fait craindre pour la sécurité des manifestant.es.

C'est dommage. Je souhaite un meilleur dialogue entre les mouvements sociaux la prochaine fois, pour trouver comment mieux se respecter dans leurs actions.

Au fait, rappelons que nous avons le droit de critiquer les actions des mouvements de gauche. Faut pas virer fou non plus.

Si notre objectif est de créer des mouvements de masse, de transformer les manières de faire et d'être de millions de gens, il faut froidement étudier les effets des actions et discours. Je ne suis pas en train d'appuyer ni de dénoncer ici: je suggère uniquement aux protagonistes une analyse des effets, en rappelant nos objectifs sociaux communs. Donc, dans les années à venir, il faudra voir si ce vandalisme politique a pour effet d'amener des gens à penser autrement ou encore les amène à se désolidariser. Presque tous les mouvements de gauche ont comme objectif de politiser une masse critique de gens, sans quoi aucun changement réel n'est possible. Souvent je crains une tendance à un radicalisme minoritaire qui se complaît dans sa marginalité. Au lieu de juger rapidement, il faut voir comment les gens comprennent ou non le sens; on peut innover aussi :P. Par-dessus tout, je propose que nos actions et nos manières d'être visent l'objectif, soit de créer une société plus libre et plus juste.

Michaël Lessard [me contacter]


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Sujet: 
Vive la violence révolutionnaire !
Auteur-e: 
do
Date: 
Jeu, 2010-07-22 20:16

Salut Michaël,

Je préférais franchement la première version de votre réponse. Il n'y avait aucune raison d'avoir peur.

Avez-vous lu mon article sur la violence révolutionnaire :

http://mai68.org/journal/N55/16juin2001.htm#v

ou :

http://kalachnikov.org/journal/N55/16juin2001.htm#v

ou : http://vlr.chez.com/journal/N55/16juin2001.htm#v

Avez-vous vu la vidéo-testament de l'abbé Pierre :

http://mai68.org/ag/1109.htm

ou : http://kalachnikov.org/ag/1109.htm

ou : http://vlr.chez.com/ag/1109.htm

Vous noterez que dans le post-scriptum de mon texte sur la violence révolutionnaire, il y a toute une stratégie développée qui, je crois, réponds à votre juste questionnement.

Mais une telle réponse n'est peut-être pas suffisante.

Alors, rappelez-vous comment est né le réseau indymedia : à Seattle en 1999, afin de couvrir les événements sans dépendre des infos officielles.

Le mouvement antimondialiste était né dans le succès de Seattle, avec l'aide des Black Bloc rejoints par les pauvres de la ville.

Puis ce succès s'est confirmé dans toutes les autres réunions antimondialistes munis de Black Block.

Ce succès alla croissant jusqu'à Göteborg, puis, surtout Gênes, en 2001 ou l'émeute gagna la majeure partie des participants à la manif. Le pouvoir prit vraiment peur.

Après Seattle, le succès des manifs antimondialistes, avec chacune leurs Black Bloc, n'a cessé de croître jusqu'à Gênes.

Mon texte sur la violence révolutionnaire (et son post-scriptum) répond sur le plan théorique et sur le plan pratique à votre questionnement. Mais, sur le plan de l'exemple historique, c'est un peu lointain, peut-être. C'est pourquoi j'ai pris ici l'exemple du mouvement antimondialiste qui a donné naissance à indymedia.

à chaque nouvelle réunion du mouvement antimondialiste, les Black Bloc avaient plus de succès que la fois précédente, jusqu'à Gênes en 2001.

On avait dit à l'époque :

« il y a un avant Gênes et un après gênes. »

On pouvait penser que la prochaine réunion antimondialiste servirait de détonnateur à la révolution mondiale. Mais il n'en fut rien, car le pouvoir a organisé le 11 septembre.

Après le 11 septembre, on a dit :

« Il y a un avant 11 sept, et un après 11 sept. »

En bref, le 11 septembre a effacé Gênes !

Le 11 sept a eu lieu un mois et demi après Gênes ! Ce n'est pas un hasard !

Comme les antimondialistes n'ont pas su analyser le 11 sept, n'ont pas su voir que le 11 sept avait été organisé par le pouvoir pour tuer le mouvement antimondialiste et surtout le succès croissant de ses Black Bloc, les antimondialistes disparurent et furent remplacés par les innoffensifs altermondialistes.

Le lendemain du 11 septembre, les antimondialistes se dirent inconsciemment : « Ben Laden est le meilleur des Black Bloc, comment faire mieux que lui ? Et puis, c'est à ça que mène les Black Bloc ? » Et tout s'arrêta pour un long moment. L'opération "11 septembre" fut un grand succès pour la CIA.

C'est pourquoi je vous demande de regarder l'évolution toujours en progrès du mouvement antimondialiste muni de ses indispensables Black Bloc depuis Seattle jusqu'à Gênes (pas après Gênes). Regardez le succès croissant des antimondialistes et des Black Bloc. Succès qui a tellement fait peur au pouvoir qu'il a organisé le 11 sept pour neutraliser cet ennemi qui finissait par lui faire tellement peur (et pour d'autres raisons aussi).

En gros, je suis d'accord avec l'analyse faite par le Mao qui signe l'article ci-dessus. Bien que je ne sois pas du tout maoiste.

Déjà après Gênes, l'on avait essayé de nous faire croire que les émeutes avaient été organisées par la police elle-même afin de décourager la population de participer aux émeutes. J'avais dénoncé cette manipulation et d'autres aussi l'avaient dénoncée.

Sur Gênes, j'avais fait une analyse aprofondie qui devrait vous intéresser (ainsi que les lecteurs du CMAQ).

Elle est ici :

http://mai68.org/journal/N57/5aout2001.htm

ou http://kalachnikov.org/journal/N57/5aout2001.htm

ou http://vlr.chez.com/journal/N57/5aout2001.htm

Sur gênes et les Black Bloc en général, voici quelques textes indispensables en lien en bas de cette page :

http://mai68.org/pages-speciales/genes/genes.htm

ou http://kalachnikov.org/pages-speciales/genes/genes.htm

ou http://vlr.chez.com/pages-speciales/genes/genes.htm

Amicalement,
do
http://mai68.org/spip

Au fait, mon site mai68.org est-il toujours censuré par sympatico.ca ?


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Sujet: 
Re: Vive la violence révolutionnaire !
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Ven, 2010-07-23 16:03

Allo,

Amicalement, je crois qu'il ne faut pas idéaliser ni figer dans le béton la question du black block. Je préfère valoriser la diversité des tactiques, l'innovation et, surtout, les véritables changements vers une révolution (changements positifs de nos systèmes).

Je demande simplement que les protagonistes gardent à l'esprit que le geste de révolte n'est pas une révolution, c'est plutôt un geste de résistance et d'éclat (légitime).

Quand vous parlez de succès, soyons francs : il s'agit d'un succès en termes de frapper l'imaginaire, de ne pas passer inaperçu, de perturber le «business as usual» et de faire parler les médias pour attirer l'attention des gens.

Il faut faire la nuance toutefois que ce n'est pas un succès révolutionnaire, car il ne construit aucune instance ni espace de vie. La révolution exige l'instauration de nouveaux modes de fonctionnement où les gens peuvent combler leurs besoins et aspirations. Si nous n'offrons pas des alternatives viables, dans lesquelles gens peuvent embarquer ou croire, il n'y aucune révolution.

Nous savons tou-tes que le G20 n'est qu'un moment dans nos vies, où l'appareil gouvernemental et policier a montré son vrai visage lorsque confronté un tant soit peu (si peu pourtant). Ce moment est passé. Chacun-e, dans nos milieux, nous construisons et apprenons à créer une société plus démocratique, libre et juste (donc non capitaliste).

Michaël Lessard [me contacter]

Ps: En ce qui concerne la peur, je ne dois pas, en m'exprimant mal, donner l'opportunité à des protofascistes de me faire perdre du temps en cour. Je suis responsable de ce que j'écris sur Internet. Si j'écris quelque chose « d'illégal » selon une personne, je dois m'assurer de pouvoir l'assumer et le défendre en cour s'il le faut. Autrement dit, ce n'est pas de la peur, mais le fait de choisir les positions que j'assume vraiment. Or, le vandalisme politique ou les gestes d'éclat ne m'excitent pas et n'ont pas réellement une valeur révolutionnaire à mes yeux; même si je reconnais le courage et les motivations sincères des protagonistes black block.


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Sujet: 
Salut, Vous avez oublié de
Auteur-e: 
do
Date: 
Ven, 2010-07-23 18:40

Salut,

Vous avez oublié de me dire si mai68.org est toujours censuré par sympatico.ca.

Quand je parle de succès, je veux dire aussi qu'à Gênes, il s'en est fallu de très peu que l'émeute généralisée ne réussisse à franchir la barrière. Et, dans ce cas, nul ne sait ce qu'il se serait passé. La seule chose que je sais, c'est que l'ennemi a eu très peur ! Comme quoi, l'aspect militaire est très important. Rappelez-vous bien que la révolution française fut une émeute qui a réussi.

Je suis sûr qu'on ne peut pas construire quelque chose de nouveau tant qu'on n'aura pas tout détruit de l'actuel structure antisociale qui nous emprisonne.

Je ne crois pas, par exemple, aux communautés. Ce serait renouveler l'expérience malheureuse du communisme dans un seul pays.

Je crois beaucoup plus aux expériences de grèves générales totales qui durent longtemps, avec AG de réflexions journalières. Car alors, les esprits se libèrent progressivement de leur conditionnement et peuvent commencer à réfléchir collectivement.

Je crois démontrer correctement dans le texte suivant qu'il faut commencer par tout détruire avant d'avoir seulement la possiblité d'imaginer du neuf :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1082

Bien à vous,
do
http://mai68.org/spip


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Sujet: 
La résistance
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Sam, 2010-07-24 21:54

Rebonjour,

Oui, par une connexion sympatico.ca, le site est censuré.

Il y a une différence entre un peuple qui sait ce qu'il ne veut pas (avec, espérons-le, une vague idée de ce qui est désiré) et donc mène des émeutes contre des dirigeants versus les émeutes d'une minorité qui n'est pas vraiment appuyée par le peuple.

Parfois, nos gestes de résistance peuvent nous maintenir dans l'impuissance.

La position de réaction, de lutte contre un pouvoir, peut nous faire oublier d'être des gens unis, debout, qui doivent construire ce monde meilleur. Autant les ONG, les groupes communautaires et les syndicats, traités de réformistes, et les mouvements anticapitalistes qui s'estiment plus révolutionnaires, sont un peu tous dans le même bateau : nos actions ne nous libèrent peu, on demeure dans la résistance à un système ploutocratique géré par des règles dites démocratiques.

Ce qu'il nous faut ce sont des gestes d'émancipation, des espaces de libération.

Soyons honnêtes avec nous-mêmes :

i) Personne, de sensée ou moindrement connecté à la vie ou empathique, ne souhaite la guerre civile, l'horreur, où dans le chaos certains êtres humains commettent des atrocités (violence égoïste aucunement liée à la révolution) et où des enfants vivent dans la peur et la faim. Ainsi, souhaiter que tout soit détruit par des révoltes et émeutes, sans que les gens aient une vision de la société libertaire désirée, est une pensée irresponsable qui nie les horreurs de l'humanité.

ii) Nous devons nous émanciper ici et maintenant et penser comment agir pour créer et pour être le changement souhaité.

Si vous estimez la confrontation nécessaire, ne soyez pas inquiet, elle viendra tôt ou tard. Quand des instances populaires revendiqueront leurs droits démocratiques et quand bien des gens auront créé leurs espaces de vie solidaire, certain-es drogués du pouvoir vont tenter d'écraser la population, mais ce sera en vain. La violence n'est pas révolutionnaire, elle ne fait pas partie de la société souhaitée. Il y aura simplement, à certains moments, une résistance forte à leur violence dominatrice.

:D Pour le moment, nous sommes nombreux et nombreuses à penser, au jour le jour, comment concrètement y contribuer...

Michaël Lessard [me contacter]


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Sujet: 
J'ai répondu plus bas ;
Auteur-e: 
do
Date: 
Mar, 2010-07-27 11:22

J'ai répondu plus bas ; car, sinon, ça commence à devenir trop étroit !


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Sujet: 
Salut Michaël, Pour contrer
Auteur-e: 
do
Date: 
Mar, 2010-07-27 06:57

Salut Michaël,

Pour contrer la censure que sympatico.ca fait subir à mon site, avez-vous essayé de paramétrer le protocole TCP/IP de votre connection internet avec les DNS d’Opendns avec la méthode suivante :

http://kalachnikov.org/ag/1604.htm

ou : http://vlr.chez.com/ag/1604.htm

(et ainsi vous aurez aussi accès aux vidéos !)

Sinon, Quand vous dites :

« Il y a une différence entre un peuple qui sait ce qu'il ne veut pas (avec, espérons-le, une vague idée de ce qui est désiré) et donc mène des émeutes contre des dirigeants versus les émeutes d'une minorité qui n'est pas vraiment appuyée par le peuple. »

Je suis tout à fait d'accord.

À l'un des liens que je vous proposais, je disais :

« Je pense qu'un révolutionnaire (ou un groupe de révolutionnaires) actif [ndd : un(e) guérillero(a)] ne doit jamais se couper des masses. Il doit toujours être un pas en avant d'elles mais jamais plus. Faire les actions que bien des gens font peut se faire mais ne fait pas beaucoup plus avancer les choses. Par contre, il est des actions dont beaucoup de gens rêvent mais n'osent pas faire. Ce sont ces actions là qu'un révolutionnaire un tant soit peu sérieux doit faire pour montrer l'exemple, pour montrer que c'est possible, pour expliquer comment on les fait. »

« Par exemple, " La Corse a su préserver ses paysages et ses rivages de l'immobilier sans frein, et ce n'est pas une mince victoire lorsqu'on voit ce qui reste de la Côte d'Azur en France où des Iles Baléares. " Si un tel résultat a pu être obtenu, c'est parce que des volontaires ont su courir le risque d'aller poser des bombes qui ne tuèrent ni ne blessèrent jamais personne. Bombes qui détruisirent au fure et à mesure qu'ils se construisaient les complexes hôtelier ou touristiques qui n'étaient pas les bienvenus. Bien sûr de telles actions furent comprises et approuvées par une grande partie de la population corse. Elles étaient donc justifiées même si l'état français appelait ça du terrorisme ! (D'ailleurs, à ce sujet, les corses devraient peut-être un peu mieux les expliquer aux habitant de fRANCE métropolitaine). »

Autre exemple : « L'exécution de Carrero Blanco par l'ETA Basque, il y a environ 25 ans, était justifiée elle aussi. La preuve en est que toutes les villes d'Europe ont fêté ça par d'énormes manifs répétées dont le slogan était toujours le même : " Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeet hop ! Franco ! Plus haut que Carrero ! " Slogan qui n'est pas vraiment oublié puisqu'il est couramment repris, en changeant seulement les noms, quand un mouvement de contestation vient de faire " sauter " un ministre et aimerait bien que son supérieur " saute " aussi. »

« C'est seulement quand une grande partie de la population en arrive à faire elle-même ce que jusque là seuls les révolutionnaires osaient faire, et se met à rêver mieux, que les révolutionnaires doivent faire un pas de plus. »

« Et même les actions justifiées, quand elles sortent de l'ordinaire, il faut faire très attention à ce que les médias ne puissent pas les présenter de façon à ce qu'elles déplaisent à l'ensemble de la population. Si on n'est pas sûr de soi, je crois qu'il vaut mieux s'abstenir !

Une règle simple permet de déterminer si une action peut être accomplie : Il faut se poser la question : " Si on se fait coincer, malgré toutes les précautions qu'on va prendre, est-ce que nos amis pourront monter un fort mouvement de soutien en notre faveur ? " Si la réponse est oui, l'action peut être faite, sinon il vaut mieux renoncer ! »

Bien à vous,
do
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