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Le nationalisme primaire débarque au Saguenay

Anonyme, Mardi, Avril 13, 2010 - 13:01

Etienne David-Bellemare

Chicoutimi, le 13 avril 2010

Le réseau de résistance du québécois (RRQ), de passage au Saguenay la semaine dernière, intimide le diffuseur web www.lbr.ca suite à la parution d’un article critique (voir plus bas). Qui plus est, Patrick Bourgeois, porte-parole du RRQ, écrit fièrement sur le forum du RRQ : « Parce que ce texte était profondément diffamatoire, et parce que nos avocats s’apprêtaient à embarquer dans le dossier, l’éditeur du site a compris qu’il était mieux de le retirer. Alors, fin du dossier. P.B »

De plus, voici une citation qui m’était adressée sur le forum du RRQ, que j’ai également reçue par courriel à la suite de la parution de l’article :

« P.S. Il y a un solde chez Jean Coutu cette semaine sur la vaseline : à l'achat d'un gros pot ont t'en mets tout le tour du trou de cul GRATIS! Ça change d'être à sec.

Guy Caron »

Article publié sur le site www.lbr.ca le 12 avril 2010 :

Le nationalisme primaire débarque au Saguenay

Vendredi soir dernier, un porte-parole du réseau de résistance du québécois (RRQ), Patrick Bourgeois, est venu déverser son nationalisme ethnique sur une douzaine de personnes rassemblées pour assister à la projection de son documentaire intitulé « Peuples en lutte ».

Connaissant un peu les positions défendues par le RRQ, j’y suis allé dans l’optique de débattre des problématiques liées à un certain nationalisme primaire : xénophobie, discours rétrograde sur l’immigration, exacerbation des passions identitaires, asservissement des questions sociales à la lutte pour la « libération nationale ». Et force est d’admettre que nous avons été bien servis.

En effet, dès le début de sa présentation, M. Bourgeois nous sert un avertissement : il y a de moins en moins de francophones au Québec et c’est pour cette raison que l’indépendance est plus nécessaire que jamais. Ce qu’il faut lire entre les lignes, c’est qu’il y a de plus en plus d’immigrants et d’immigrantes allophones qui, semble-t-il, menaceraient la survie de notre langue et de notre culture. La ligne est mince entre une telle rhétorique nationaliste et du racisme pure et simple. Il faut aussi souligner qu’après la conférence, lors d’une discussion avec un membre du RRQ à propos de la lutte à mener contre le budget provincial 2010, celui-ci m’a envoyé : « ok il faut se battre contre ça mais pendant ce temps là il y a 40 000 immigrants qui rentrent chaque année et moi je veux préserver ma race! ».

Et ça continue. Après avoir utilisé des expressions comme « plan de nègre » et « identité nationale », M. Bourgeois nous explique que les déboires du système de santé québécois reposent sur le financement injuste dont bénéficient les hôpitaux anglais de Montréal. On ne peut plus faux. Le système de santé québécois est charcuté depuis les trente dernières années et ce peu importe le Parti politique au pouvoir, qu’il soit nationaliste ou fédéraliste. Encore une fois, ce nationaliste primaire se trompe de cible. Il oblitère complètement la question de la redistribution de la richesse au Québec et de la privatisation progressive de notre réseau de santé public par des politiques néolibérales, en y opposant une lutte « français versus anglais ».

Un peu plus tard, utilisant la notion de « liberté » à outrance dans un style plutôt romantique, M. Bourgeois est déterminé à nous motiver afin que nous nous engagions dans la lutte contre « l’impérialisme et le colonialisme canadien ». Néanmoins, pas un mot sur le « Québec inc. », ces entreprises bien québécoises (Bombardier, Québécor, SNC-Lavalin) qui se sont enrichies à travers les largesses de l’État Québécois et qui exploitent à souhait les travailleurs et travailleuses du tiers-monde. Et c’est sans parler du récent congédiement des employés du journal Le Réveil au Saguenay, propriété de Québécor et de son PDG Pierre-Karl Péladeau, un bon québécois-blanc-francophone. C’est ce qu’on appelle la logique du deux poids deux mesures. Ou mieux encore, du nationalisme interclassiste.

Vient enfin (après une heure et demie de discours) la projection d’un documentaire très amateur à propos du référendum symbolique sur l’indépendance de la Catalogne (région au nord de l’Espagne) qui s’est tenu en décembre 2009. Je reste sur ma faim et j’attends la période de question et de discussion. Elle ne viendra jamais. M. Bourgeois doit partir très vite et n’osera même pas engager le débat. Le messie a terminé sa mission et doit quitter pour Baie-Comeau…

En conclusion, il apparaît important de souligner le cul-de-sac dans lequel nous plonge cette logique purement nationaliste. En premier lieu, la charge d’intolérance qui supporte cette idéologie nous mène tout droit à une fermeture d’esprit devant la question de l’immigration. Qui plus est, le RRQ nous propose de nous réfugier dans une étroitesse d’analyse qui suppose que nous devrions faire l’indépendance et régler les questions sociales ensuite. Rien de plus absurde. En effet, face au budget 2010 du ministre Bachand qui s’attaque de plein fouet aux conditions de vie de l’ensemble des travailleurs et travailleuses et des plus démunis (peu importe la langue ou l’origine ethnique), il faudrait plutôt organiser une riposte sociale autonome. Les mouvements sociaux ont déjà trop souffert de la mainmise des nationalistes sur l’agenda politique québécois.


:: Vous pouvez lire la réplique du RRQ ci-dessous »»

[ EDIT (Mic à titre de validation au CMAQ)
* ajout des rubriques: Immigration | Politique | Racisme | Résistance & activisme
- Rappel: Le CMAQ ne se prononce pas ici: nous donnons simplement la liberté de parole à tou.tes sur les thèmes appropriés. ]



Sujet: 
Est-ce diffamatoire au sens ethique ?
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Jeu, 2010-04-15 22:27

Je pose la question ouvertement, à tou-tes: est-ce diffamatoire selon vous ?

Si (je n'en sais rien) les citations / extraits sont véridiques, ce ne serait pas diffamatoire selon mon interprétation du droit.

L'expression personnelle ici, qui est d'ailleurs un débat de société, sur des enjeux sociaux, n'est pas proscrite parce M. Patrick Bourgeois n'aime pas le contenu.

Je me demande donc : est-ce que les citations sont fausses et est-ce que ce témoignage est une conception erronée des propos.

Qu'en pensez-vous ?

Le collectif CMAQ va juger selon des critères médiatiques et démocratiques (droit des gens d'aborder des enjeux même si ça choque les gens concernés ou les gens mal compris), mais cela inclut aussi de retirer ce texte s'il est faux ou diffamatoire au sens légal du terme.

J'invite M. Bourgeois à répondre à la question par ailleurs.
EDIT: voir la réplique ci-dessous.

Michaël Lessard [me contacter]
de l'équipe de validation du CMAQ


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Sujet: 
La réplique du RRQ
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Jeu, 2010-04-15 23:08

Le CMAQ a, après quelques réflexions et après avoir remis cette lettre d'opinion en modération (invisible), accepté à l'unanimité de la publier. Il faut voir que nous voulons encourager les gens à cesser d'invoquer la diffamation et les menaces judiciaires. M. Patrick Bourgeois, par des échanges courriel, a accepté ce principe pourvu que leur réplique soit publiée. C'est exactement dans la philosophie du CMAQ alors vous pouvez lire leur réplique ici.

:: Réplique du RRQ à cette lettre, qui fut envoyée au Collectif CMAQ.
- Je vous la partage par transparence et par principe démocratique en tant que membre de l'équipe de validation du CMAQ.


La noble quête de l’indépendance du Québec

Contrairement à ce qu’affirme M. Étienne David-Bellemare dans Le Quotidien du 14 avril 2010 ( www.cyberpresse.ca/le-quotidien/opinions/carrefour-du-lecteur/201004/14/... ), Patrick Bourgeois et les autres dirigeants du Réseau de résistance du Québécois ne sont certainement ni xénophobes, ni racistes. Sinon, que ferait justement M. Bourgeois à venir parler aux Saguenéens des peuples en lutte de la terre, comme les Catalans, les Basques ou les Écossais? Pourquoi le journal Le Québécois se serait-il intéressé au sort des Palestiniens? Pourquoi aurais-je écrit des articles dans ce journal sur le drame des Rwandais? Pourquoi Patrick Bourgeois aurait-il pourfendu les radios poubelles de Québec pour avoir vomi des insultes sur les Haïtiens?

Patrick Bourgeois n’a condamné ni l’immigration, ni les immigrants. C’est M. David-Bellemare qui lui prête cette intention. L’anglicisation du Québec est causée par l’emprise fédérale sur le Québec, et non par l’immigration comme telle. Une partie des immigrants se greffe à la colonie anglo-canadienne du Québec parce que le Québec est obligé d’entretenir des institutions anglaises séparées, au lieu d’avoir une langue nationale partagée par tous les citoyens, dans un esprit fraternel et républicain, sans égard aux origines ethniques ou raciales. Nous nous attristons de voir des immigrants choisir l’anglais plutôt que le français, mais nous comprenons que c’est le bilinguisme assimilateur que nous impose Ottawa qui en est la cause. Un Québec souverain aurait une véritable langue nationale, à l’instar de beaucoup d’autres pays, y compris le Canada anglais et les États-Unis.

Le recul du français au Québec ne fait aucun doute, et vouloir que le Québec soit français est une attitude de peuple normal ( http://gallery.me.com/bernarddesgagne/100106/Langue-20d-usage-20au-20foy... ). Pourquoi serait-il raciste ou xénophobe pour le peuple québécois de vouloir vivre dans sa langue alors que le même comportement, à Toronto ou à Vancouver, ne le serait pas? Au Canada anglais, 99,5 % des substitutions linguistiques favorisent l’anglais. Les Canadiens anglais sont-ils racistes pour autant? ( http://gallery.me.com/bernarddesgagne/100106/Bilan-20des-20substitutions... ) La concurrence linguistique au Québec, situation typique d’un peuple colonisé, nuit à la démocratie et à la solidarité. Une partie de la population du Québec refuse de parler la langue nationale et impose à la majorité la minorisation au sein d’une fédération à laquelle le Québec n’a jamais adhéré librement. 

M. David-Bellemare se plaint que «le système de santé québécois est charcuté depuis les trente dernières années et ce peu importe le parti politique au pouvoir». Or, on peut faire un lien très clair entre l’anglais au Québec et la dégradation prévisible des soins de santé. L’apartheid linguistique de la clique anglo-canadienne gravitant autour de l’Université McGill coutera très cher aux contribuables québécois. Pour doter cette clique de son propre centre hospitalier universitaire, il faudra débourser plusieurs milliards de dollars. Où est la justice sociale dans tout cela? Est-il normal que Montréal ait deux centres hospitaliers universitaires, dont un qui fonctionnera en anglais pour cause de refus de solidarité sociale, tandis que les autres grandes villes nord-américaines en ont un seul? Y a-t-il un grand centre hospitalier universitaire français à Toronto? Est-il acceptable que des milliards de dollars soient dépensés simplement pour permettre à une fausse minorité de vivre dans sa bulle linguistique, tandis qu’ailleurs au Québec, les services de santé font cruellement défaut? Il devrait y avoir  un seul centre hospitalier universitaire à Montréal ( http://unseulmegachu.org/argumentaire.html ).

Contrairement à ce que laisse entendre M. David-Bellemare, la libération nationale des Québécois va bel et bien dans le sens du refus des politiques néolibérales. Elle s’oppose au rouleau compresseur culturel et au bellicisme qui accompagnent ces politiques. Ainsi, Ottawa dépense chaque année près de six-milliards de dollars pour le matériel militaire servant à envoyer de jeunes Québécois se faire tuer en Afghanistan, dans une guerre d’occupation qui fait beaucoup souffrir la population afghane. Et ce n’est qu’une partie du budget annuel de 18 milliards de dollars du ministère de la Défense nationale. Les Québécois paient plus de 4 milliards de dollars sur cette somme. En sont-ils heureux? Doivent-ils s’intéresser uniquement aux questions comme la santé et l’éducation, qui relèvent en théorie de l’État québécois, mais se résigner devant les décisions prises à Ottawa, où ils sont condamnés à être de plus en plus minoritaires? Pourtant, dépenser de l’argent pour tuer des gens implique nécessairement qu’on en a moins pour instruire la jeunesse et guérir les malades. Comme l’explique Jacques Parizeau dans son livre La souveraineté du Québec — Hier, aujourd’hui et demain (2009), le fédéralisme canadien est un frein au développement social et économique du Québec.

Sans être une baguette magique, l’indépendance du Québec serait incontestablement l’outil le plus puissant de progrès social que les Québécois pourraient se donner. Militer pour l’indépendance du Québec à la façon du Réseau de résistance du Québécois n’a rien du nationalisme primaire et tout de la noble quête.

Bernard Desgagné
Membre du bureau politique
Réseau de résistance du Québécois


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Sujet: 
La couenne mince
Auteur-e: 
patc
Date: 
Ven, 2010-04-16 12:22

Salut,
c'est moi qui ai validé le texte.

En le relisant je n'y vois rien qui justifie qu'on le censure, et pour tout dire je le trouve assez sympathique. Par contre, à constater la réaction épidermique des gars du RRQ, y compris la menace de poursuite, je n'ai aucune difficulté à croire que le texte de David-Bellemare touche un point sensible.

En fait, je n'y perçois pas non plus "d'accusation de racisme". Je ne crois pas que la phrase

"La ligne est mince entre une telle rhétorique nationaliste et du racisme pure (...)" puisse justifier ou soutenir une action en justice!

Toujours est-il qu'en démocratie, les opinions s'entrechoquent et le débat public est garant de la santé collective.

En ce qui me concerne, le nationalisme est par définition identitaire, avec tout ce que ça implique de dérives possibles, et il est donc normal que certaines sensibilités politiques, dont les militants antiracistes et internationalistes, soient heurtées par un discours étroit qui appartient à une autre époque.

On l'a publié, la réplique, moi je suis d'avis que nous republiions le texte.

Pat


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Sujet: 
   Après re-relecture
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Mar, 2010-04-20 16:59

   Après re-relecture quelques jour plus tard, je souhaite affirmer que j'estime que ce texte est pertinent et aucunement diffamatoire, même si je peux comprendre que des gens se sentent insultés. Sauf qu'être insulté, ce n'est pas le « test » juridique pour évaluer si un message est diffamatoire.

Les questions sociales et politiques posées sont bonnes et l'auteur craint que ce discours Anglos versus Français mène à un aveuglement très diviseur limitant la capacité des Québécois-es de s'attaquer aux vrais problèmes; dont le budget 2010 incroyablement néolibéral, dénué de tout courage moral et câlissement inacceptable. Nous sommes nombreux et nombreuses, dans les nouvelles générations, à bien voir que diviser la politique en souveraineté/fédéralisme est bien utile pour cacher les vraies questions sociales, écologiques, etc. Les craintes de xénophobie ici sont sincères et n'ont clairement aucune intention diffamatoire.

Cela ne m'empêche pas d'appuyer certaines actions du RRQ quand je les trouve justes. Lors du «400e de Québec», le RRQ est le seul mouvement ayant dénoncé la mascarade commerciale ridicule où les couleurs du Québec étaient occultées. Au-delà du nationalisme farouche, je suis pour le respect des peuples et là c'était ridicule, même si ledit peuple semble avoir accepté sans problème. Pour s'être levé contre ce 400e pathétique du Québec, le RRQ a mon respect.

Plus récemment, j'ai participé à la manif du RRQ contre le poste de Lieutenant-gouverneur du Québec (l'équivalent provincial de la Gouverneure générale du Canada). Poste non seulement à bannir pour des raisons démocratiques de base, mais qui nous coûte 775 000$ !

Michaël Lessard [me contacter]
de l'équipe de validation du CMAQ

Calendrier de la démocratie en action, Québec Chaudière-Appalaches
www.reseauforum.org

Siriel-Média www.siriel.info


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Sujet: 
réponse à la réplique de M. Desgagné
Auteur-e: 
amdt
Date: 
Ven, 2010-04-23 17:16

Les points soulevés dans l’article de M. David-Bellemare me paraissent très intéressants. Ces propos sont d’autant plus pertinents qu’au Saguenay, les idées s’apparentant au nationalisme ethnique sont assez répandues. De plus, une très forte majorité d’individus adhèrent au grand récit historique - qui forge leur appartenance identitaire - articulé autour de l’oppression nationale des Québécois blancs francophones. Au Québec, les grands récits identitaires demeurent ancrés dans des représentations où ni la race ni le racisme ne semblent exister, […] [un] métarécit d’une société blanche, homogène, de métissage récent, où la présence d’autres groupes culturels est un phénomène récent, alors que la dimension autochtone est abordée comme un élément marginal de l’histoire (Maillé, 2002 : 1). Par conséquent, les oppressions dont sont victimes les minorités québécoises se voient secondarisées, voire complètement évacuées.

Aux premiers abords, nous serions tentés de croire que le racisme n’existe pas au Saguenay. Cette région est généralement perçue par ses habitant-e-s comme un lieu fort accueillant pour les personnes issues de l’immigration ou pour celles d’origines ethniques différentes de la très large majorité blanche et francophone. Or, j’ai constaté depuis quelques temps des symboles racistes dans certains parcs, abribus et rues du Saguenay (des croix gammées, des signes 88, des graffitis white power, etc.). Ces manifestations ont affecté le sentiment de sécurité de certaines familles qui fréquentent ces lieux publics. D’ailleurs, j’ai personnellement été témoin d’une agression à caractère raciste il y a quelques mois. Force est de constater que le racisme et la xénophobie sont des phénomènes observables au Saguenay.

Devant cette réalité sociale, il me semble qu’il en va de notre responsabilité individuelle et collective d’être vigilant-e quant aux moindres comportements et discours qui peuvent participer à la reproduction de rapports de domination, d’exclusion et d’exploitation liés à la race ou à l’ethnicité, et cela, particulièrement lorsque nous militons pour une société égalitaire. C’est dans cette perspective que les enjeux soulevés par M. David-Bellemare sont tout à fait appropriés.

En ce qui concerne la réplique émise par M. Desgagné, je dois dire que je ne suis pas convaincue par l’argumentaire qu’il articule. Un des aspects qui me semble poser particulièrement problème ne se situe pas dans ce qu’il affirme, mais précisément dans ce qu’il élude, volontairement ou non. D’abord, M. Desgagné soutient que le problème le plus crucial que rencontre le « peuple québécois » est l’anglicisation du Québec, un phénomène qui s’actualiserait à travers l’emprise d’Ottawa sur nos institutions et différents lieux de pouvoir économique, politique, social et culturel. Et la solution la plus efficace pour résoudre ce problème passerait par l’indépendance du Québec afin « …d’avoir une langue nationale partagée par tous les citoyens, dans un esprit fraternel et républicain, sans égard aux origines ethniques ou raciales ».

Il est tout à fait légitime, voire primordial, de se préoccuper du respect de l’utilisation de la langue publique dans nos institutions. Pour s’en assurer le gouvernement du Québec a adopté une charte de la langue française qui défend et fait la promotion de la langue de la majorité francophone. Cela dit, il m’apparaît évident qu’on ne peut faire fi de l’origine ethnique des membres de la société québécoise (même dans le cas où le Québec serait un pays) et des rapports que cette réalité sociale impose. L’ethnicité, qui est à la fois une construction sociale (politique et idéologique) et un fait social dynamique, est le produit de rapports sociaux de domination entre majoritaires et minoritaires (Juteau, 1999).

Dans la réplique de M. Desgagné, la société québécoise est divisée en différents groupes définis par leur langue d’usage et origine ethnique. Il nous parle du « peuple québécois » - ici je comprends la majorité blanche et francophone -, les immigrants – un melting pot de personnes faisant partie de groupes ethniques minoritaires qui choisissent de parler soit le français ou l’anglais - et la colonie anglo-canadienne du Québec. Dans un Québec souverain, les membres de ces groupes minoritaires, qui se laissent ici comprendre comme étant homogènes et essentialisés, pourraient acquérir une légitimité politique à travers la citoyenneté, c’est-à-dire la distribution équitable de droits sociaux et politiques, en autant que soient évacuées les spécificités raciales et ethniques. En fait, c’est comme si on voulait que ces minorités s’assimilent au «nous Québécois », c’est-à-dire au groupe ethnique dominant (économiquement, politiquement et socialement). Or, malgré cette citoyenneté formelle, bien des inégalités demeurent – et demeureraient même dans un Québec souverain - entre les citoyennes et citoyens blancs francophones issus du groupe majoritaire et les citoyennes et citoyens des groupes ethniques minoritaires. En ce sens, je crois qu’il faut reconnaître et prendre en considération les différences ethniques et culturelles, être ouverts et tolérants, et travailler à établir des rapports égalitaires, notamment en démasquant les rapports de domination qui se dissimulent dans certains discours nationalistes basés sur une ethnicité essentialisée.

Or, ces nationalistes nostalgiques défenseurs d’une culture et d’une identité québécoise pérennisée semblent souvent oublier qu’en tant que blancs francophones majoritaires ils jouissent d’une position dominante dans la société québécoise. Ainsi, les discours de Bourgeois et Desgagné me donnent l’impression d’hommes blancs de la majorité historique qui cherchent à maintenir leurs privilèges. En somme, je dirais que les propos de M. Desgagné ne sont pas suffisamment explicites et rigoureusement soutenus pour répondre de manière éclairante et convaincante à la critique de M. David-Bellemare.

Enfin, j’ai été étonnée de constater que le Bulletin régional avait retiré l’article de M. David-Bellemare suite à des menaces de poursuites judicaires émises par certains membres de la direction du RRQ. De même, j’ai été désagréablement surprise par les commentaires désobligeants qu’ont émis certains membres du RRQ sur le forum de leur organisation à l’égard de M. David-Bellemare. S’il est incontestable que la question nationale et identitaire est un enjeu fort sensible, il me semble que critiquer ouvertement une organisation et ouvrir un débat demeure un acte tout à fait légitime et même fécond. Une telle riposte des dirigeants du RRQ ne peut que me laisser croire en leur faible potentiel analytique/théorique et en leur incapacité critique et autocritique.


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