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Haïti: sauver les meubles… du capital, et laisser crever les prolétaires!

Anonyme, Samedi, Janvier 30, 2010 - 14:02

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Haïti: sauver les meubles…
du capital, et laisser crever les prolétaires!


Des barrages de cadavres. Voilà ce
que les prolétaires de Port-au-Prince ont dressé en travers
des rues huit jours après le tremblement de terre. «Ils
protestent contre le manque criant de secours d’urgence»,
nous
dit-on. Au-delà de cette évidence à laquelle les medias
préfèrent s’en tenir, comment ne pas voir que ces prolétaires
survivants en sursis renvoient à la face de cette société,
de sa classe dominante mais également de tous ses braves citoyens:
ce
sont vos morts, ils sont morts de l’entassement dans lequel nous vivions,
si peu a été entrepris pour sauver les survivants des premiers
jours et depuis lors vous nous laisser crever dans ce charnier géant.

En effet, ce n’est pas aux prolétaires d’Haïti qu’il faut expliquer
que les Etats aujourd’hui mobilisés sur l’île se foutent bien
de leur sort. Ainsi que nous le dénonçons régulièrement
avec force dans notre presse, militaires et humanitaires sont plus que
jamais les deux faces d’un même programme étatique visant
à casser sur le terrain toute solidarité de classe, toute
action directe pour la survie. Déjà en temps «normal»,
dans une région qui a son histoire riche en soulèvements,
les prolétaires sont bien placés pour se rendre compte dans
quel camp travaille le secteur humanitaire (indépendamment des bonnes
intentions
individuelles) et a fortiori les Nations Unies: le camp
du maintien de la paix, de la paix sociale, du maintien de l’ordre, ou
encore du fameux «développement», c’est-à-dire
le développement du profit et de l’exploitation, par la destruction
de toute pratique autonome de survie et de lutte de notre classe. Dans
les faits, toutes ces préoccupations fondamentalement capitalistes
d’encadrement, de domestication, de mise au pas civilisatrice sont inséparables
de la répression brutale des luttes par les armes et la torture.
Il ne se trouvera pas beaucoup de prolétaires pour pleurer les morts
de la «Minustah», la mission de l’ONU en Haïti!

Face au désastre que provoque
un tel tremblement de terre au sein d’une telle concentration purement
capitaliste de misère (soulignons-le), et tandis que la bourgeoisie
pleure des larmes de crocodile sur ce qu’elle aime nommer une «crise
humanitaire», le rôle de ses agents de «bienfaisance»
ne fait que se confirmer. Un porte-avions américain mouille au large
d’Haïti, avions civils et militaires défilent en une ronde
incessante sur la seule piste opérationnelle de l’aéroport
(très rapidement contrôlée par l’US Army),… mais ce
n’est pas pour sauver des prolos de Haïti que cette débauche
de moyens est mobilisée. Il y a bel et bien secours d’urgence… mais
pour le capital: rétablir l’Etat, défendre la propriété
privée, assurer l’approvisionnement et la logistique des forces
de l’ordre (journalistes inclus) et des institutions stratégiques
(ONU, ambassades,…), sauver ses propres ressortissants (y compris des décombres
des hôtels de luxe), et surtout redéployer une présence
militaire internationale durable, dans le but essentiel de ne pas laisser
s’organiser les prolétaires révoltés par leur situation,
fruit de la haine bourgeoise internationale, historique et présente,
à leur égard. Quand la bouffe et l’eau arriveront aux portes
des quartiers populaires dévastés (et au bout de dix jours
ce n’est toujours pas le cas!), la distribution parcimonieuse sera comme
toujours subordonnée à la docilité et à la
soumission de ses bénéficiaires.

Tandis que l’on extrait quelques survivants
des ruines devant les caméras et que l’on tente de nous convaincre
que «toutes les couches sociales» sont indistinctement touchées,
les télés du monde entier diffusent en boucle les images
de prolos armés de machettes «faisant la loi dans la rue».
Dans leur entreprise commune de division de notre classe, medias internationaux
et presse gauchiste sont à nouveau en puante connivence pour nous
resservir leurs clichés racistes selon lesquels les hordes de démunis
négroïdes, face au délitement de l’Etat, retournent
avidement à leur effrayant état de nature, celui de la guerre
cannibale de tous contre tous. On nous les décrit tantôt mus
par «le désespoir», tantôt par «la cupidité»,
organisés en bandes qui sèment la terreur pour «s’approprier»
les vivres et dont les rangs se grossissent certainement des 6000 prisonniers
qui sont parvenus à s’évader à la faveur du séisme.
Révulsés par cette déferlante vague de bestialité,
nous voilà conviés à applaudir le déploiement
salvateur des dites forces de «sécurisation» tout en
versant notre obole culpabilisée aux numéros de compte affichés
à l’écran des shows télévisés de la
«solidarité».

Derrière ce lieu commun journalistique
de la «multiplication de scènes de pillage» se cache
(mal) un paroxysme de cynisme capitaliste, un fleuron notable dans les
progrès accomplis en matière d’inhumanité par la dernière
–et la plus «civilisée»- des sociétés
de classe: tandis que «tout est désorganisé»
et que l’Etat s’est soi-disant évaporé dans le séisme,
flics et soldats patrouillent en armes au milieu des gravats et des monceaux
de cadavres en décomposition pour empêcher (à balles
réelles) les prolétaires affamés et assoiffés
de fouiller les décombres de magasins à la recherche de ce
qui leur permettrait, à eux et leurs enfants, de ne pas crever comme
des chiens! Voilà ce qu’est la prosaïque réalité
de la lutte contre les infâmes bandes de pillards! Voilà qui
rappellent furieusement –oui, furieusement!- la situation à la Nouvelle-Orléans
après le passage de l’ouragan Katrina en été 2005.

Et comme pour la Louisiane, lorsque la
bourgeoisie et ses commentateurs évoquent avec une émotion
et un empressement obscènes les perspectives de «reconstruction»,
on ne peut douter que les investissements à consentir, animés
du plus pur désintéressement, ne manqueront pas de suivre
avec zèle les plans de nettoyage social déjà sortis
des tiroirs des Q.G. de la gendarmerie mondiale.

Alors les prolétaires renvoient
la politesse aux crapules larmoyantes du monde entier: venez déblayer
vous-mêmes ces barrages de cadavres dressés contre l’hypocrisie
meurtrière de votre société, c’est bien celle-ci et
pas «l’injustice de la Providence» ou «la nature»
qui les a produits!

Janvier 2010

Références de
quelques articles de notre organe central en français:


[ EDIT (Mic à titre de validation au CMAQ)
* Erreur: la contribution a été validée avec les balises html, meta, body, etc. J'ai corrigé.
* Ajout des rubriques: Politique (il est question de classe sociale) | Globalisation.
* Le titre dans le corps était de taille excessive: il était de base en H1 (titre majeur) et en plus agrandi à +4. Les balises H1, H2, H3, par définition, ne doivent pas se combiner à des balises font size +x.]



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