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Clotilde Reiss: une mata-hari, échappée du goulag iranien

Anonyme, Vendredi, Août 14, 2009 - 03:25

himalove

« Un homme capable de faire un métier aussi infâme que celui d’espion mettra plus de zèle à transmettre des renseignements susceptibles de le mettre en valeur que de renseignements exacts »
- Addison, poète anglais du XVIIIe siècle.

Mademoiselle Clotilde REISS ne connaîtra pas les conditions de détention d’une vulgaire espionne ; elle sera transférée à l’ambassade de France et assignée à résidence.

Même si le président SARKOZY et le ministre KOUCHNER nous la présentent comme une agnelle prise dans la tourmente, condamnée injustement pour complot, il y a là matière à réflexion…

Une diplomate française, battue et retenue, récemment, par les gardes-frontières israéliens, n’a pas eu droit à pareille attention de la part de la présidence et du Quai d’Orsay.

Et l’on connaît nombre de ressortissants français, prisonniers de longue date, à l’étranger, dans des conditions épouvantables, qui reçoivent à peine la visite d’un secrétaire d’ambassade et un colis pour noël.

L’affaire Clotilde REISS est-elle une « opération de communication » ?

Faut-il, à la suite de la journaliste américano-iranienne, Roxana S., que la France ait son propre martyre, photogénique ?

Cette histoire ressemble un brin à celle de l’esclandre organisé et préparé par les diplomates européens lors du discours du président Ahmenadijad à la conférence de l’ONU, à Durban. Ridicule.

 

UNE BÉCASSINE OU CARLA BRUNI EN MISSION

La jeune bourgeoise, issue des beaux quartiers, n’a rien de commun avec la France métissée pour qui l’Hexagone se divise en trois parties : ceux qui ont été en prison, ceux qui sont en prison et ceux qui attendent leur tour.

Fille d’ingénieur du CEA, Clotilde REISS est à 24 ans, licenciée en histoire, diplômée de Science-po, lectrice à l’université d’Ispahan, depuis deux ans.

L’avenir est à elle, et plus encore, aux siens…

La jeune REIS a le profil des « héritières de la haute bourgeoisie » que se disputent les directeurs de ressource humaine.

Protégée socialement en France, elle le sera forcément en poste à l’étranger.

L’existence d’une lectrice à l’université d’Ispahan n’a rien de la vie d’un sous-officier féminin, lavant elle-même ses culottes, dans un camp retranché en Afghanistan.

Clotilde promène son bonheur, avec insolence et, peut-être, parfois, avec ennui, au milieu de privilégiés pour qui la Révolution est de porter le dernier foulard à la mode, glissant légèrement sur le cheveu.

-« Si quelqu’un souhaite connaître la vraie vie, il vaut mieux éviter la fréquentation des universités, des ghettos pour riches et des ambassades » pourrait-elle confesser à une amie, journaliste à « Paris Match ».

Briefée lors des nombreux cocktails, organisés dans de confortables bungalows, Clotilde est préparée soigneusement par son entourage pour éviter tout incident diplomatique qui puisse mettre en péril leur communauté.

Clotilde qui n’aime pas le voile en privée le portera, dans l’espace public ; mais n’aura pas de relation sentimentale avec un pasdaram.

Les seules incartades permises sont, peut-être, les aventures sexuelles avec des étudiants qui rêvent de faire du shopping sur les Champs-Élysées…

Dans les cas de tremblement de terre, nombreux en Iran, d’insurrection et de guerre, les consignes délivrées aux résidents et expatriés par l’ambassade sont claires et précises : il faut gagner au plus vite les lieux sécurisés et gagnaient en groupe les frontières, ports et aéroports.

Pour ce genre de personne, née une cuillère de caviar gris à la bouche, il faut le faire exprès pour échouer en prison et sentir la merde. Ou bien des circonstances exceptionnelles.

La guerre larvée que livrent les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et Israël, à l’Iran, au sujet de son nucléaire, semble la toile de fond de cette étrange affaire.

Car ce qui retient l’attention de l’observateur chez la lectrice d’université d’Ispahan, ce sont les références au monde de l’atome : Clotilde est fille du sérail et s’intéresse à l’histoire du nucléaire autant qu’à la poésie persane.

Il faut dire que l’Iran, pris d’une curieuse envie de transparence a ouvert, depuis 2005, leurs centrales radio-actives aux touristes et visiteurs.

Nombreux sont les étudiants, ayant reçu des bourses de l’état français ou d’entreprises privées, pour éplucher la genèse et le développement du nucléaire iranien.

(Je doute que le jeune journaliste Mohamed Abdel AZIM, qui publia, en 2006, aux éditions l’Harmattan, « Israël et la Bombe atomique ; la face cachée de la politique américaine », ait reçu les mêmes soutiens.)

Cependant ce qui intéresse nos puissances occidentales ; ce n’est pas la Glasnost iranienne, mais le renversement d’un président élu, par une bourgeoisie pro-occidentale qui crie à se déchirer la plèvre « À mort le dictateur ! », « Vive les Etats-Unis ! »

Clotilde REISS, stagiaire du CEA, participe aux manifestations anti-Ahmenadijad, prend des photos de la répression, envoie des courriels, écrit une note pour un service culturel de l’ambassade et offre toutes les raisons - pour une police, à cran, voyant des espions étrangers partout - de l’arrêter.

Il est douteux que cette universitaire qui parle farsi, vivant, dans ce pays, depuis deux ans, ne sache pas que son attitude peut entraîner des ennuis pour elle et ses amis.

Sa désinvolture vient-elle du fait qu’elle se sait « protégée » ?

Clotilde REISS a-t-elle recherché sciemment l’arrestation ?

Ses liens avec la bourgeoisie locale, sa jeunesse et sa fragilité en font, pour les occidentaux, l’élue idéale pour une campagne de presse diffamatoire contre la république islamique d’Ahmenadijad.

Cependant la justice iranienne, se souvenant du cas très médiatisé de Roxane, n’est pas tombée dans le piège.

On a dû mal à croire que le tribunal islamique où Clotilde confesse ses péchés véniels soit dressé, pour elle, à l’ombre d’une potence.

Le tribunal que nous renvoient les écrans géants ressemble à une salle de cinéma où sont assis côte à côte policiers et prévenus, devant des juges et procureurs, pour la plupart jeunes, habillés de manière décontractée.

On est ici à des années lumières d’une Cour d’assises, avec ses juges habillés en noir et son procureur en rouge, distribuant des siècles de prison à une humanité, toujours la même : les pauvres.

L’ambiance est plutôt à l’admonestation qu’au règlement de compte sanglant.

On ne juge pas les bourgeois qui font vivre grassement les mollahs.

L’absence évidente d’avocats souligne qu’il ne s’agit pas d’un tribunal.

N’était le journaliste qui commente dramatiquement et parle de peine capitale, un enfant ne verrait dans cette propagande qu’une réunion politique ou une distribution des prix.

Difficile de faire passer cette mise en scène pour un procès de Moscou ou de Pékin où les inculpés contrits, assommés de coups attendraient, les mains attachées dans le dos, la balle dans la nuque.

L’impression « d’une plaisanterie » est confirmée par la libération après versement de caution d’une employée franco-iranienne, travaillant à l’ambassade de France à Téhéran.

La clémence des juges persans témoigne de la confiance du pouvoir à circonvenir toute tentative de déstabilisation du régime.

 

Les autorités semblent s’amuser de l’occasion qu’elle donne à une jeune Bécassine, de devenir dans l’imaginaire des lecteurs du « Figaro », une Mata-Hari, échappée du goulag iranien.

 

HIMALOVE

himalove@yahoo.com


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