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La diaspora camerounaise répond à Suzanne Kala Lobè

Anonyme, Mardi, Juillet 21, 2009 - 20:38

La question du réalisme en philosophie politique fait partie de ces questions décisives dans les discussions actuelles, particulièrement dans les polémiques qui opposent les matérialistes (ceux qui penchent du côté de Paul Biya) à leurs adversaires (l’opposition progressiste). Il y a eu récemment un certain nombre d’articles et d’ouvrages qui reprennent à nouveaux frais cette vieille affaire. Notamment, Suzanne Kala Lobè, journaliste, dans une philippique parue le 21 juillet 2009, dans le journal La Nouvelle Expression, reprise par Cameroon-info.net, trouve infondée et dépassée, la démarche de la diaspora camerounaise, dans son appel à manifester contre l’arrivée de Paul Biya en France du 21 au 24 Juillet 2009.

Qu’est-ce que c’est que la diaspora ?

Le concept de Diaspora n'est cependant pas né dans le monde juif. Grecs et Phéniciens, dans l'Antiquité, ont donné l'exemple de peuples tournés vers la mer qui ont établi des comptoirs lointains, dont les habitants ont su garder, pendant de nombreuses générations, un lien avec la patrie de leurs ancêtres.

Quand on aborde la question du réalisme en politique, et surtout la question de l’alternance, on peut difficilement éviter de penser à la vieille querelle philosophique et politique des « conservateurs éclairés » et des « réalistes progressistes », querelle contemporaine dont l’importance ne saurait être sous-estimée dans la genèse de la conception moderne de la rationalité en politique : l’esprit politique critique et le progressisme modernes sont les enfants légitimes du pragmatisme, de Kant ou Engels, contrairement à ce que peut penser Madame Kala Lobè. C’est donc à cette démarche que s’appliquent les opposants de l’étranger. Etre Politicien est avant tout, savoir se moudre dans le dialectisme. Si la pensée et l’action ne sont pas soumises à la contradiction, la démarche épistémologique du progrès est battue en brèche.

Les positionnements

Nous rencontrons deux difficultés dans le sophisme épistolaire, dans lequel nous voulons déplacer les problèmes des camerounais. Des querelles du réalisme politique à celles des réalisations politiques. La première de ces difficultés est idéologique. On retrouve les mêmes termes, mais dans des usages radicalement différents entre : la démarche de la diaspora camerounaise qui exprime son mal vivre et une certaine élite camerounaise qui conforte ses positions, son positionnement. Elles expriment leurs visions divergentes des problèmes camerounais. D’une part, la diaspora veut mettre à nu les problèmes camerounais. D’autre part, les puristes, trouvent inapproprié le fait de traiter les problèmes camerounais hors du pays. De l’extérieur ou de l’intérieur, un seul problème subsiste. L’inertie. L’alternance.

Le réalisme ou la lucidité politique, selon Kala Lobè, caractérise le refus d’admettre l’existence d’entités opposées publiquement, politiquement, et la reconnaissance de l’existence des seuls individus du RDPC, comme ayant une mission rationnelle et divine de conduire les destinées des camerounais. C’est anti progressiste, car la liberté de conscience, est un des fondements de la démocratie et de la Constitution camerounaise.

• Le réalisme politique et analytique selon Madame Kala Lobè est un conventionnalisme qui considère que les symboles d’une démarche politique ne désignent ni des idées générales, ni des concepts généraux exprimant la connaissance du réel (précarité, paupérisation, asservissement), mais seulement des conventions permettant de décrire commodément des expériences festives et hédonistes (des millions de francs CFA mis à la disposition des cadres du parti pour venir accueillir Paul Biya à Orly ce 21 juillet 2009) avec l’argent des camerounais.

Déplacement des problèmes

La deuxième difficulté tient au déplacement des problèmes des camerounais et donc des positions philosophiques et épistémologiques. Jusqu’au début des années 1990, on n’avait pas beaucoup de problème, car le parti unique était ancré dans les mœurs : le parti-Etat était réputé donner une représentation théorique rigoureuse de la réalité. Sans doute devait-on admettre aujourd’hui, avec la levée de boucliers des gardes-chiourmes du RDPC, que certaines questions sur le progrès, l’égalité de tous devant la loi, la gouvernance, n’avaient pas lieu d’être débattues en public, soit provisoirement soit durablement. Le débat étant abject…
Et ci-gît, la question de savoir : le pouvoir de Paul Biya est-il infini ou seulement de dimensions indéfinies ? A-t-il un commencement ou est-il incréé et éternel ? A ces questions, seuls les métaphysiciens du RDPC ont des réponses. Dans le procès inquisitoire de Kala Lobè contre la diaspora, il ressort dans sa diatribe très éclectique, des sentences métaphysiques : tout camerounais qui conteste Paul Biya à l’étranger est hérétique. Évidemment, en reprochant notre faiblesse d’analyse, elle verse elle-même dans un débat dialectique où les certitudes n’existent pas. A l’époque médiévale, les théories scientifiques faisaient régulièrement la preuve de leur caractère irrémédiablement historique, et Newton avait corrigé Galilée jusqu’à ce qu’Einstein, donnant une interprétation audacieuse des équations de Lorentz, corrige à son tour Newton. Il n’y a que Biya et ses affidés qui sont incorrigibles, parbleu !

Les chimères

Mais il faut bien admettre que le réel existe et qu’il est connaissable au Cameroun, même si on le réfute. Pauvreté. Corruption. Oligarchie. Ce point de vue commun sur la politique de Paul Biya, recèle cependant de nombreux préjugés. La diaspora camerounaise est la cible de ces préjugés. C’est sur son dos qu’on va mettre la déconfiture, de tous les programmes socio économiques et culturels du Cameroun. Si les étrangers refusent d’investir au Cameroun, c’est à cause des saboteurs de la diaspora !

• Il y a une dimension surréaliste dans cette conception de la politique de Paul Biya :

o d’une part, le développement est en quelque sorte naturellement orienté vers son camp. Il est inhérent à cette vision nombriliste que ses communicateurs se font du Cameroun.

o et, d’autre part, potentiellement, ou du moins comme horizon infini, il y a une entité politique, le peuple, qui lui est en inadéquation avec le progrès que Paul Biya lui donne tous les jours.

• La figure de la ligne ascendante de progrès des camerounais, a atteint son paroxysme, au point où on peut la remplacer par celle d’une spirale de la Tour Eiffel.

Pour éliminer l’aspect « irresponsable » de la diaspora, on peut invoquer une sorte de théorie darwinienne de l’évolution analytique des questions de développement, celle que Popper, par exemple, a popularisée, à en croire Kala Lobè, avec sa théorie du développement figuratif. Les théories scientifiques, comme les certitudes journalistes ou politiques naissent et meurent en fonction de leur adaptation au réel, c’est peut-être ce qu’elle oublie. Une théorie fragile comme celle de Biya ne résiste pas aux faits, voilà la démonstration faite par les défenseurs du régime en place. Suzanne Kala Lobè ancienne Marxiste, reconvertie au Maurrassisme. Issa Tchiroma actuel ministre de la communication, barde d’une certaine opposition, reconverti à l’anti nihilisme. Voilà les ingrédients qu’il fallait à la sauce de Paul Biya.
Qu’à cela ne tienne, l’opposition patriotique, réunie autour du CODE, a fait essuyer un camouflet à Paul Biya à son arrivée en France. Malgré le chant de certaines sirènes, la mobilisation continue et la voix des camerounais se fera entendre, plus haut, plus loin et plus fort.
Madame, Kala Lobè, en parlant de diaspora, puisque vous êtes prête à débattre : Les descendants des Grecs fondateurs de Marseille étaient-ils d'abord gaulois, ou d'abord grecs ?

Aimé Mathurin Moussy


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