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Quand « communautaire » ne rime plus avec « solidaire »

Anonyme, Lundi, Mai 11, 2009 - 20:49

C’est à l’occasion de la Journée internationale contre la brutalité policière que le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) invite à la manifestation annuelle du 15 mars tout intéressé à dénoncer brutalité et abus policiers. Le COBP, en plus d’organiser à Montréal cette manif, s’est doté comme mandat d’informer toutes personnes, plus particulièrement les populations marginalisées, à connaître et défendre leurs droits – que ce soit à travers des ateliers, des concerts ou leur fascicule Surprise?! on a des droits, distribué gratuitement, notamment dans plusieurs organismes communautaires du Québec. De plus, dans certains cas, le collectif accompagne en cour des victimes du système de répression policière pour leur offrir un soutient moral.

La répression, la judiciarisation, voire la surjudiciarisation, et le harcèlement policier envers les populations dites marginalisées ont été révélés dans toute leur ampleur de façon factuelle à Montréal via le travail effectué par les membres de l’Opération Droits devant (ODD)[1], chapeautée par le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). Cet état de fait a été divulgué par le RAPSIM de façon soutenue dans les médias et à travers les organismes communautaires, afin qu’il soit connu, dénoncé et éradiqué. Plus aucun intervenant communautaire ne devrait être sans savoir que cette violence policière, les populations marginalisées la vivent intensément au quotidien, dans bien des cas plusieurs fois par jour. Règle générale, la violence est d’autant plus difficile à supporter quand les ressources personnelles d’un individu sont limitées, sans compter la perte de pouvoir et de choix sur sa propre vie quand il est affligé de problématiques multiples.

Arrive le 15 mars. Toutes ces personnes marginalisées – qu’elles soient jeunes et moins jeunes de la rue, issues de minorités visibles, prostituées, punks, etc. – avec leur trop plein d’abus et de violence provenant entre autres de la police, se retrouvent avec des centaines de gens empathiques à leur souffrance. Commence alors le bal de provocation de la part de l’anti-émeute : habillée en paramilitaire avec pantalon camouflage (du moins cette année), cagoule noire, bouclier, veste pare-balle matraque de un mètre, carabine à projectiles et, bien sûr, sans aucune identification personnelle. Elle empêche les gens de se rallier à la manif, procède à des arrestations dites « préventives », se moque de manifestants aux visages familiers, etc. Il n’en faut pas plus pour que les personnes encaissant jour après jour les abus policiers se sentent étouffées au moment où elles ont enfin une tribune pour s’exprimer collectivement. C’est entourées de leurs semblables qu’un sentiment presque oublié de pouvoir ressurgit en elles. Et c’est à ce moment-là que la violence accumulée se retourne vers ceux et celles qui l’ont perpétrée : les policiers et policières. Pour ces personnes qui considèrent souvent qu’elles n’ont plus rien à perdre, les conséquences de leurs actes n’ont, à leur sens, qu’une portée infime sur leur vie.

Quel est le rapport entre les policiers, envers qui on en veut, et le vandalisme au cours de la manif? Pour le graffiti, il s’agit là d’un moyen d’expression publique propre aux marginaux. Quant aux commerces saccagés, ils représentent le système capitaliste qui engendre les injustices et que le système policier et de « justice » sont là afin de le protéger et de le maintenir. Restaurants McDonald’s, banques, hôtels de luxe, boutiques d’informatique, etc. sont tous des symboles forts du capitalisme. Le vandalisme de ces commerces est parallèlement aussi un acte symbolique. Certes, quand il y a de la casse, il arrive qu’il y ait également des dérapages résultant en des commerces familiaux ou des voitures individuelles qui y passent…

Pour que cette violence lors de la manifestation cesse, on doit arrêter ce qui la cause à la base : la répression policière et le mandat de la Ville qui la cautionne. Tous les organismes communautaires devraient intégrer cette notion et se montrer solidaires envers les populations marginalisées. Ces organismes, ils devraient être les premiers à comprendre cette réalité, eux qui se disent proches et à l’écoute d’elles. C’est pourquoi je fus bouleversé de lire dans le journal 24 heures les opinions de deux travailleurs et d’une directrice du communautaire fustigeant « ce groupe de cabochons [qui] vient défaire tout notre travail en donnant une mauvaise image de la population marginale du centre-ville. » Cette citation provient d’un intervenant d’un organisme travaillant, entre autres, auprès de la population toxicomane du Centre-Sud. Aurait-il perdu de vue que la plus importante entrave à son travail, est celui des policiers ? Citons : harcèlement et déplacement des populations, nuisance directe envers l’organisme en empêchant les gens d’y accéder, que ce soit en se stationnant trop près du site, les décourageant ainsi de s’approcher, en confisquant le matériel stérile distribué, en limitant l’accès au quartier en entier en émettant des quadrilatères, en les judiciarisant de sorte que des mandats d’emprisonnement soient émis contre elles, sans parler des sévices psychologiques perpétrés à longueur d’année, qu’en retour ces travailleurs doivent panser.

Il est paradoxal de lire que les organismes communautaires, à travers un deuxième intervenant, se disent outrés que les membres du COBP se dotent du droit « de parler au nom des marginaux », alors que lui-même prétend que ces marginaux « font partie de leurs clientèles respectives », en plus de parler au nom de d’autres organismes. Il rajoute plus loin que « [la manifestation violente] vient défaire tout le travail qu’on effectue avec les policiers. » Premièrement, il est intéressant de savoir que la plupart des membres du COBP proviennent de milieux marginaux et se considèrent eux-mêmes de la sorte. Deuxièmement, si ce « travail » avec les policiers, qui s’en veut un de dialogue pour amener tous les joueurs à mieux se comprendre, était si efficace et légitime aux yeux des dits marginaux, ces principaux concernés ne s’y lanceraient-ils pas par centaines? Il semble qu’ils optent plutôt pour une manifestation (sans nécessairement qu’il y ait l’option « casse », comme d’autres années), qui n’amène peut-être pas plus en résultats, mais qui permet véritablement de s’exprimer sur les injustices et ce, à leur manière.

C’est à se demander si les organismes ont un mandat d’émancipation sociale ou de normalisation sociale, quand on parle de « manifestation propre » ou lorsqu’on lit que « on est (sic) pas d’accord avec les moyens de dénonciation utilisés », comme le cite la directrice d’un autre organisme communautaire. Pourquoi ne pas en profiter pour rappeler la source de cette violence, telle qu’expliquée plus haut, plutôt que de juger et pointer du doigt les actes lors de la manif eux-mêmes et ceux qui les ont perpétrés? Il n’est pas étonnant que leurs « clientèles » ne s’impliquent pratiquement jamais dans leur « travail » s’inscrivant dans un cadre normalisant, alors qu’ils sont présents à chaque 15e jour du mois de mars et ce, en nombre toujours plus grandissant, malgré la mauvaise réputation de la manifestation et de ses participants, dénigrés par les mass médias… et maintenant par certains organismes prétendant être solidaires et communautaires.

NO JUSTICE, NO PEACE

É. R.

ancien travailleur de rue du centre-ville de Montréal



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