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Plus de 600 personnes ont fait mentir le SPVM

Eric Smith, Lundi, Octobre 13, 2008 - 15:30

Le Drapeau rouge-express

Malgré les rumeurs répandues par les spécialistes en désinformation du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), ce sont finalement plus de 600 personnes qui ont participé à la manifestation qui avait été convoquée le samedi 11 octobre à Montréal-Nord pour exiger la justice pour le jeune Fredy Villanueva, 18 ans, qui a été abattu le 9 août dernier par un agent du SPVM.

Dans les jours ayant précédé la manifestation, le porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière, avait prétendu d'une part que la tenue de la manifestation n'était qu'une «rumeur» et qu'il était probable qu'elle n'ait même pas lieu; d'autre part, que la mobilisation «ne levait pas» et que les gens du quartier n'y participeraient certainement pas; et enfin que si jamais elle avait lieu, elle pourrait virer en «émeute» en raison de la participation appréhendée «des agitateurs du "cobe"» (Lafrenière faisait là référence au Collectif opposé à la brutalité policière, le COBP, dont il n'ose même pas prononcer le nom au complet ni l'acronyme correctement, de peur de reconnaître implicitement la possibilité qu'il existe une chose telle que la brutalité policière à Montréal: pour lui, les 43 personnes qui sont mortes aux mains d'agents du SPVM depuis 21 ans n'ont tout simplement jamais existé).

Depuis l'assassinat de Fredy Villanueva et la spectaculaire émeute qui a éclaté le lendemain de ce tragique événement, la police et les autorités municipales essaient par tous les moyens d'étouffer la colère des gens qui en ont soupé du harcèlement policier, de la criminalisation des jeunes et en particulier du profilage racial auquel se livrent systématiquement les flics du SPVM. Elles ont tenté, sans succès, d'attribuer l'émeute aux «gangs de rue», avant que tout le monde soit contraint d'admettre qu'elle fut l'expression d'une colère réelle de citoyennes et citoyens du quartier. Elles ont ensuite fait couler des informations totalement impertinentes, eu égard à l'événement du 9 août, sur le «passé criminel» du frère de la victime et les activités de certains de ses amis, comme si cela pouvait justifier le meurtre d'un jeune homme désarmé qui a eu le malheur de faire partie d'un groupe ciblé, alors qu'il ne faisait que jouer aux dés dans un parc. Elles ont manifesté plus de compassion pour les flics impliqués dans l'incident, à qui elles ont notamment permis de se préparer avec leurs avocats pendant au moins deux bonnes semaines avant de devoir se soumettre à l'enquête bidon menée par la Sûreté du Québec sur cette affaire, que pour la famille et les proches de Villanueva. Elles ont tenté de minimiser l'étendue de la colère exprimée par la population du quartier, en faisant la promotion de «groupes communautaires» qui leur sont favorables - des groupes qu'elles financent et contrôlent et dont le membership se réduit pour l'essentiel à leurs salariés.

La manifestation de samedi visait donc, plus de deux mois après la mort de Fredy, à exiger la tenue d'une enquête publique et indépendante sur les circonstances de cet assassinat; car plus personne ne croit, à raison, aux «enquêtes» menées par des policiers sur les incidents violents impliquant d'autres policiers. Il s'agit là d'une revendication élémentaire, que les incantations puériles du jovialiste qui occupe actuellement la mairie de Montréal ne peuvent écarter (Gérald Tremblay répète tel un mantra que l'enquête menée par la SQ est une enquête «indépendante», comme s'il s'agissait de lui accoler ce qualificatif pour en changer la nature!).

De manière plus générale - et sans doute s'agit-il là d'une exigence encore plus fondamentale - les manifestantes et manifestants exigeaient aussi la fin du profilage racial, des abus et de l'impunité policière qui polluent la vie de milliers de gens, non seulement à Montréal-Nord mais aussi dans tous les quartiers et toutes les villes au Canada où il y a des pauvres, des jeunes que l'on qualifie de «marginaux» et des membres de différentes communautés. Enfin, la manifestation visait à promouvoir «la reconnaissance du principe selon lequel tant qu'il y aura des inégalités socio-économiques, il y aura de l'insécurité sociale»: ainsi, des émeutes comme celle du 11 août éclateront toujours, «tant qu'on ne fournira pas à toute la population des conditions de vie dignes des possibilités humaines», comme l'expliquait le communiqué publié par les organisateurs et organisatrices de la manifestation.

Les dirigeants du SPVM et les autorités municipales avaient donc décidé de jouer la carte de la peur et de la division. Pendant toute la semaine précédant la manifestation, les flics ont visité les commerçants du quartier, pour les «informer» de la probabilité d'une émeute et les inciter à se protéger en conséquence: on imagine aisément le climat de terreur que cette opération a engendré... Jeudi matin, «l'information» était relayée par le torchon à Péladeau, Le Journal de Montréal, qui affichait à la une cette immense photo de deux manifestants masqués prise lors de la dernière manifestation du 15 mars organisée par le COBP, tout en précisant qu'il fallait «s'attendre à du grabuge» à la manifestation.

En entrevue, Ian Lafrenière du SPVM n'hésita pas à cibler le COBP, ainsi que la NEFAC (la Fédération des communistes libertaires du Nord-Est), dont plusieurs membres, selon lui, sont «connus comme des fauteurs de trouble». Il insista aussi pour dire qu'il s'agissait «d'éléments extérieurs» à Montréal-Nord, que personne ni aucun groupe de la communauté ne soutenait cette manif, même si parmi la liste des groupes qui l'appuyaient, on retrouvait entre autres le Centre de formation Jean-Paul Lemay, le Syndicat étudiant du cégep Marie-Victorin ainsi que le groupe Montréal-Nord Républik, formé par des artistes et citoyenNEs du quartier après la mort de Fredy.

Le succès de la manifestation de samedi, incluant la participation significative et le soutien témoigné par les résidantes et résidants du quartier, ont dévoilé les mensonges du désinformateur en chef du SPVM, dont les interventions procédaient de toute évidence de la vieille tactique de «diviser pour régner» - une tactique aussi vieille que le système pourrissant que cet individu-là défend. Pour Lafrenière et les autorités municipales, il y a en effet les «bons» et les «mauvais» citoyens: les premiers sont ceux qui collaborent avec la police et acceptent de tendre l'autre joue quand ils se font frapper, alors que ceux et celles qui osent se lever et exprimer leur colère ne peuvent être que des «bandits», des agitateurs ou des «membres de gang». Il y a les «bons» et les «mauvais» groupes communautaires: ceux que l'État ou l'administration municipale contrôlent et qui se contentent de répéter le discours de la police (en échange de grasses subventions) sont légitimes, tandis que ceux qui affichent leur indépendance n'ont pas droit de cité.

Parallèlement à cette chasse aux sorcières sur la place publique, il faut savoir que le SPVM a mis la main à la pâte pour décourager quiconque d'exercer son droit légitime de manifester - cela, en dépit des belles paroles des Lafrenière, Tremblay et Marcel Parent, qui disaient pourtant vouloir respecter ce droit démocratique.

C'est ainsi qu'une semaine avant la manifestation, les flics ont arrêté trois diffuseurs du collectif anarchiste Hors-d'œuvre et saisi les dépliants qu'ils distribuaient au parc Henri-Bourassa, là même où Fredy Villanueva a été abattu. Puis, durant la semaine, le SPVM est intervenu auprès de la direction du cégep Marie-Victorin pour l'inciter à interdire la tenue d'une réunion des organisateurs et organisatrices de la manifestation qui devait avoir lieu jeudi à cet endroit - un ordre auquel la direction aplat-ventriste du cégep s'est pliée de bonne grâce, allant même jusqu'à saisir elle aussi les tracts annonçant la manifestation qu'une étudiante distribuait à l'intérieur du cégep. Ainsi en est-il de la liberté d'expression et de la liberté de réunion pacifique, que la loi reconnaît et que ces tristes individus affirment vouloir «protéger»...

Il est tout à l'honneur des organisateurs et organisatrices de la manifestation de samedi d'avoir persévéré et d'avoir tenu bon, en dépit des manœuvres anti-démocratiques et de l'intimidation dont elles et ils ont été victimes.

La participation de plus de 600 personnes, le soutien massif affiché par les gens du quartier tout au long du trajet, ainsi que la détermination et l'enthousiasme exprimés par l'ensemble des participantes et participants témoignent avec éloquence du fait que le SPVM et l'administration municipale avaient tout faux, et que ce sont ceux et celles qui ont osé appeler à la tenue de la manifestation qui avaient raison. Car il est et il sera toujours juste de lutter contre la répression, de dénoncer la brutalité policière, et de se lever pour faire valoir nos droits et exprimer notre volonté de vivre dans une société où il n'y aurait plus d'exclusion, de discrimination ni d'oppression et où l'avenir de nos jeunes sera fait d'autre chose que des balles tirées par les chiens de garde d'un système raciste et injuste.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 194, le 12 octobre 2008.
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