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Les tambours de guerre commencent à raisonner de plus en plus ...

PCQ, Mardi, Juillet 15, 2008 - 21:14

André Parizeau

Par André Parizeau,
Chef du PCQ

Le PCQ tient à joindre sa voix à tous ceux et celles qui, à travers le monde, se préoccupent de plus en plus de l'accentuation des tensions internationales. En Irak et en Afghanistan, cela va de mal en pire, mais cela ne semble pas déranger plus qu'il le faut les décideurs, bien assis dans leurs sièges, à Washington. Que non ! C'est comme si, dans les faits, cette situation les encourageait encore plus à aller de l'avant avec leurs mêmes politiques de guerre.

Il nous apparaît important de dénoncer l'attitude particulièrement agressive, depuis quelques temps, des États-Unis dans bons nombre de dossiers. Une telle attitude a bien sûr de quoi inquiéter - personne de sensée ne voudrait que les foyers de guerre, déjà et toujours beaucoup trop nombreux à travers la planète, ne s'étendent encore plus --, mais cela nous sert également d'avertissement quant à l'importance pour tous les peuples de la planète à rester vigilants et à être également encore plus solidaires face à autant de dangers.

Alors même où nous nous rapprochons de plus en plus des prochaines élections présidentielles, aux États-Unis, on aurait pu s'attendre à ce que les dirigeants de la Maison Blanche, à Washington, se fasse un peu plus discrets et moins revanchards. Tout au contraire. Ils agissent exactement comme s'ils voulaient mettre toute la table pour le prochain président, quelqu'il soit, et s'assurer en même temps que la politique étrangère des États-Unis puisse continuer à suivre la ligne que suivait jusqu'ici George W. Bush, et ce, même si ce dernier ne sera bientôt plus là.

Le pire dans tout cela, c'est que cela semble de surcroît marcher, au moins et jusqu'à une certaine mesure. Il n'y a pas si longtemps encore, le candidat démocrate, Barack Obama, n'hésitait pas à dénoncer haut et forts la politique de Bush; en lieu et place des menaces et du chantage, il appelait plutôt à se concentrer sur le terrain diplomatique et à faire oeuvre de plus d'ouvertures. Il tient encore, et dans une large mesure, ce discours. Mais on assiste en même temps, à de plus en plus de références de sa part à un discours carrément emprunté à celui des républicains. Cela l'amène même à carrément contredire, sur certains points plus pointus, ce qu'il pouvait encore dire, il y a quelques mois à peine.

Le fait que l'économie américaine traverse de plus en plus de difficultés aurait également pu contribuer à refroidir les ardeurs des décideurs, au sein du gouvernement des États-Unis. Mais cela ne semble, une fois encore, pas être le cas. De toute évidence, la marge de manœuvre de ce gouvernement commence en même temps à se rétrécir...

La belle unanimité de façade qui semble se dégager du récent sommet du G8 au Japon a d'autre part de plus en plus de mal à cacher la relative inutilité de ce regroupement de pays puisqu'ils sont carrément incapable de proposer quoique ce soit qui puisse réellement contribuer à améliorer les choses sur le plan international.

Un discours contre toute logique et visant l'Iran ...

Contre toute logique, et en dépit du fait que bon nombre d'experts prédisent qu'une éventuelle nouvelle guerre des États-Unis contre l'Iran pourrait déboucher sur une véritable catastrophe pour l'économie mondiale, sans parler des conséquences directes et immédiates que cela auraient au départ sur les populations de la région, Bush et ses principaux conseillers continuent toujours à dire qu'aucune solution ne devrait être écartée pour mâter ce pays, y compris le fait de déclencher une nouvelle guerre contre ce pays. Cela amène bien évidemment l'Iran, en contre partie, à accentuer sa militarisation, incluant le déploiement de son propre système de missiles.

La principale conseillère du président Bush en matière de sécurité, madame Rice, vient d'autre part de signer une entente, hautement controversée, avec le gouvernement tchèque (en Europe) à propos du déploiement, sur le territoire de ce dernier, de stations radars américaines ainsi que de rampes de lancement de missiles américains. Selon le gouvernement américain, tout cela viserait d'abord et avant tout l'Iran, mais la Russie se voit comme étant la vraie cible et monte bien évidemment le ton, conséquemment. Au sein de la république tchèque, la population demeure, pour sa part, très largement contre ces fameuses stations.

À l'autre bout de la planète ...

À l'autre bout de la planète, soit dans la péninsule coréenne, les choses semblent se détendre un peu, mais cela n'est certainement pas à cause des États-Unis (qui maintiennent toujours, pour leur part, des centaines de missiles là-bas). C'est plutôt à cause de la Corée du Nord qui vient juste d'annoncer qu'elle mettait finalement un terme à son programme nucléaire.

Les choses semblent également s'améliorer entre la Chine et Taiwan. De son côté, Bush ira finalement aux Jeux de Pékin, mais personne n'est vraiment dupe. Les tensions entre les États-Unis et la Chine demeurent toujours aussi tendues. Cela n'est du reste pas surprenant quand on sait que la Chine est d'ores et déjà la 3e plus importante puissance économique dans le monde et constitue dans les faits le seul pays qui, de part sa seule force, a véritablement les moyens de tenir tête aux États-Unis. La Chine pourrait même, à terme, déclasser les États-Unis sur le plan économique.

En Amérique Latine ...

En Amérique Latine, les choses ont aussi tendance à se corser. Depuis le début de juillet, les États-Unis ont commencé à déployer vers cette autre partie du monde une véritable armada de navires militaires. C'est très sérieux et c'est également la première fois, depuis plus de 50 ans, que les États-Unis agissent ainsi avec les pays d'Amérique Latine. Il s’agit d’une machine de guerre composée de 10 navires porte-avions, ainsi que de plusieurs sous-marins nucléaires, et tout cela nécessite près de de trois mille marins; le tout est dirigé à partir d'un porte-avion qui a comme nom (bien sûr) celui de George H.W. Bush.

Cette armada portera le nom de 4e flotte; la dernière fois que les États-Unis avait mis en place une telle force de frappe destinée vers l'Amérique Latine, c'était durant la 2e guerre mondiale et cela visait essentiellement à combattre la présence de sous-marins allemands dans cette partie du monde ...

Les États-Unis prétendent que les objectifs et mandats de cette flotte seront "la coopération, l’amitié en réponse aux catastrophes naturelles, les missions de paix, les actions contre le trafic de drogues et le terrorisme". La belle affaire ! Dans les faits, tous ces navires et cette nouvelle présence des États-Unis proche des eaux territoriales des différents pays d'Amérique Latine visent surtout à rappeler aux différents pays de ce continent (et dont un nombre grandissants sont maintenant rendus à gauche sur l'échiquier politique) que ce sont toujours eux les "boss".

Les États-Unis ont sept (7) flottes, de par le monde. La première flotte est constituée de la Garde Côtière américaine ; la seconde flotte surveille la côte Est des USA et coordonne avec l’OTAN la sécurité du Sud de l’Europe ; la troisième flotte a le contrôle de la côte occidentale de l’Amérique du Nord ; la cinquième, la sixième et la septième flotte opèrent dans des scènes de guerre, aujourd’hui déployées dans les mers du Moyen-Orient, la Méditerranée et le Sud de l’Asie.

Le président de la Bolivie, Evo Morales, a été très clair par rapport à ce tout dernier développement sur la scène internationale : "Les États-Unis vont continuer de chercher l’agression en réactivant leur IVième flotte d’intervention". Le président vénézuélien Hugo Chavez considère pour sa part que "la restauration de la IVième flotte cherche à intimider les gouvernements progressistes de la région". Même son de cloche du côté de Cuba. Le gouvernement du Brésil, par l’intermédiaire du commandant de la Marine du Brésil, Julio de Moura Neto, affirme quant à lui que « son pays n’acceptera jamais une intervention éventuelle de la IVième flotte de la Marine des États-Unis dans des eaux brésiliennes". Comme on le voit, là encore, les choses commencent aussi à se corser là-bas.

Il ne faudrait pas se surprendre si ...

Il ne faudrait pas se surprendre de voir ainsi les États-Unis être particulièrement actifs du côté de l'Amérique Latine. Pendant longtemps, cette région du monde était comme "leur" arrière cour et une chasse gardée. La plupart des gouvernements en Amérique Latine étaient en même temps des dictatures militaires. Les choses ont bien changé aujourd'hui et un vent de gauche souffle de plus en plus sur cette partie du monde ... et les États-Unis sont évidemment les grands perdants d'une telle situation. De là à vouloir mettre un terme à tout cela, il n'y aurait qu'un pas...

Cela fait déjà un certain temps que tout cela se prépare. On ne serait se surprendre également de voir, dans de telles circonstances, le Venezuela tenter de se rapprocher d'avec l'Iran et de la Chine; on propose en même temps l'établissement de nouveaux fronts communs. Cuba fait aussi la même chose avec la Chine. Question justement de faire face à ces nouvelles menaces. Au delà des différences d'opinions qui peuvent toujours exister entre tous ces pays, le besoin de faire alliance s'impose.

Les différents gouvernements de gauche, en Amérique Latine, multiplient en même temps leurs démarche de manière à mieux faire avancer les différentes formes de coopération qui pouvaient exister jusqu'à présent entre eux. À chaque fois, on notera évidemment que les États-Unis ne font pas partie des parties invitées.

On dénote également une très grande fébrilité sur le plan diplomatique; les visites entre gouvernements "amis" se succèdent. Il y a aussi, à l'occasion des rencontres entre gouvernements "adversaires", comme ce fut le cas encore tout récemment entre le Venezuela et la Colombie. Sans doute, chacun veut aussi tester jusqu'où l'autre serait prêt à aller.

Loin de se simplifier, la situation a plutôt tendance à devenir plus complexe et, en même temps, tout aussi imprévisible. Car personne ne peut prédire avec certitude ce qui pourrait encore arriver à l'avenir. Il y a tellement de facteurs pouvant entrer en ligne.

Dans un tel contexte ...

C'est finalement aussi dans ce contexte qu'il faut analyser, selon moi, les plus récents appels du président Hugo Chavez, ainsi que de même Fidel Castro, à l'intention des FARC en Colombie et visant à ce que ceux-ci s'adaptent à leur tour à la nouvelle situation.

Le maintien d'une situation de guerre civile en Colombie profite non seulement, et ce de manière tout à fait objectifve à l'actuel gouvernement d'extrême droite d'Uribe (comme en font foi les sondages dans ce pays), mais également aux États-Unis. Ceux-ci se servent en effet régulièrement de cette situation de guerre civile en Colombie comme argument pour dire, là encore, qu'aucune solution ne saurait être écartée pour maintenir les intérêts de la "liberté et de la démocratie dans le monde" (entendre véritablement la défense de "leurs" intérêts dans le monde).

Il faut en même temps noter, qu'à travers le monde, il y a de fait de moins en moins de guérillas communistes encore actives et que la tendance est plutôt vers la recherche et la mise en place de larges coalitions au sein desquelles les communistes oeuvrent et qui privilégient en même temps (au moins pour le moment) la voie électorale. Dans un nombre croissant de pays, les communistes participent d'ailleurs à des coalitions qui détiennent déjà le pouvoir. C'est notamment le cas au Venezuela, au Brésil, en Inde, en Afrique du Sud, ainsi et tout récemment, à Chypre (en Europe).

À travers le monde, les communistes et tous les révolutionnaires, digne de ce nom, cherchent à développer les meilleures stratégies possibles pour faire face à un monde en continuels changements. Cela n'est pas toujours facile à faire ... et à suivre, mais c'est en même temps, et de manière évidente, la seule véritable avenue que nous avons si nous voulons véritablement continuer à progresser. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'erreurs à l'occasion; sans doute, il y en aura; mais cela ne doit pas pour autant devenir une excuse pour simplement ne plus rien faire.

Tout récemment, les anciens maoïstes du Népal abandonnaient eux-mêmes le recours aux armes pour se joindre à d'autres forces communistes et de gauche pour donner le coup final au régime monarchiste en place dans ce pays. Tout n'est pas encore réglé et sous contrôle dans ce pays. Loin de là, mais -- et cela doit être noté -- ce changement de stratégie fait aujourd'hui en sorte que ces anciens guérilleros forment aujourd'hui le plus important mouvement politique dans le pays et se retrouvent -- tout au moins pour le moment -- avec une influence politique décuplée.

L'importance d'être internationalistes

Comme le suggérait, encore récemment, notre camarade Guy Roy, au nom de la section du PCQ pour la Capitale nationale, il importe plus que jamais que les forces de gauche, ici même, chez nous, fasse elles-mêmes front commun pour dénoncer cette soudaine remontée d'agressivité au niveau de l'impérialisme états-unien. D'où l'importance aussi de Québec solidaire.

Il faut continuer à s'opposer aux politiques d'aplat-ventrisme de nos gouvernements face aux États-Unis; cela n'a juste pas d'allures. L'idée d'un rapprochement avec les pays d'Amérique Latine (en lieu et place des politiques d'intégration avec les États-Unis), telle que proposée par le PCQ, devrait également faire partie des choses que l'ensemble de la gauche devrait revendiquer.

Parti Communiste du Québec (PCQ)
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