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La bataille pour libérer Mumia Abu-Jamal n'est pas encore terminée

Anonyme, Dimanche, Avril 6, 2008 - 09:29

Le Drapeau rouge-express

Le jeudi 27 mars, plusieurs se sont réjouis lorsque certaines dépêches ont laissé entendre qu'une cour d'appel américaine venait «d'annuler la sentence à mort» du militant révolutionnaire Mumia Abu-Jamal, condamné en 1982 après avoir été faussement accusé du meurtre d'un policier. En réalité, ce que la Cour d'appel de l'État de Pennsylvanie a fait, c'est simplement de confirmer la décision rendue en 2001 par un juge fédéral, qui avait commué la sentence de mort prononcée contre Mumia en une sentence d'emprisonnement à vie, tout en maintenant le verdict de meurtre prononcé contre lui. La bataille est donc loin d'être terminée pour libérer cet ex-membre du Black Panther Party, qui restera en prison pour le reste de ses jours pour un crime qu'il n'a pas commis, à moins que la mobilisation populaire soit assez forte pour gagner sa libération. L'article qui suit, paru dans l'édition de cette semaine de l'hebdomadaire Revolution (http://revcom.us) du RCP,USA, rappelle les grandes lignes du coup monté contre Mumia Abu-Jamal.

- Le Drapeau rouge-express

Philadelphie, le 27 mars 2008 -- Un banc de trois juges de la Cour d'appel fédérale du 3e circuit vient tout juste de rendre sa décision dans l'affaire du prisonnier politique Mumia Abu-Jamal. Dans une décision partagée, le tribunal a décidé de maintenir le verdict de culpabilité originalement prononcé contre Mumia, tout en confirmant la décision prise par un tribunal inférieur il y a quelques années de commuer la sentence de mort qui lui avait été infligée, en raison d'erreurs commises dans les directives que le juge du procès avait transmises au jury.

Cette décision a pour conséquence que le coup monté réalisé il y a près de 27 ans contre ce militant et journaliste révolutionnaire continuera de produire ses effets. Condamné par un système judiciaire notoirement raciste au terme d'un procès qui s'est avéré une parodie de justice, Mumia Abu-Jamal est isolé dans le couloir de la mort depuis... 1982.

La décision que la Cour d'appel vient de rendre constitue un développement préoccupant et dangereux pour Mumia. Non seulement son pourvoi a-t-il été rejeté, mais l'État de Pennsylvanie pourrait désormais, techniquement, le traduire de nouveau devant le tribunal et reprendre la phase de détermination de la peine afin de «réparer les erreurs» commises par le juge de première instance. Si les autorités décidaient de se prévaloir de cette opportunité, rien n'empêcherait qu'une nouvelle sentence de mort soit prononcée à l'encontre de Mumia.

Le 9 décembre 1981, juste avant l'aube, Mumia Abu-Jamal, qui gagnait alors sa vie comme chauffeur de taxi, s'est retrouvé dans le centre-ville de Philadelphie. Par pur hasard, il a vu un policier s'en prendre à son propre frère, William Cook, et le battre à coups de lampe de poche. Mumia s'est immédiatement porté à son secours. Il y eut alors une brève confrontation. Lorsqu'il a retrouvé ses esprits, Mumia était couché sur le trottoir et baignait dans son sang. Le policier gisait un peu plus loin, après avoir été atteint par quelques balles. Même si plusieurs personnes étaient présentes sur la scène du crime, les policiers dépêchés en renfort ont tout de suite ciblé Mumia, dont la figure leur était connue en raison de ses activités politiques. Mumia fut accusé de meurtre.

Lors de son procès (qui a eu lieu en 1982), on l'a empêché d'assurer sa propre défense; Mumia fut en outre exclu du tribunal pendant plus de la moitié de l'audience. La poursuite a fait valoir que Mumia avait «avoué» avoir tué le policier, mais bizarrement, ce n'est que plusieurs mois après l'incident que la police s'est souvenu de ce «léger détail»... Des témoins ont été amenés à livrer de faux témoignages. Des éléments de preuve fondamentaux qui auraient pu disculper l'accusé ont été soustraits à l'attention du jury. Une employée de la Cour a même rapporté avoir entendu le juge affirmer, en faisant référence à la poursuite: «I'm going to help them fry the n****r». Mumia fut finalement trouvé coupable et condamné à mort.

Au milieu des années 1990, alors que l'ordre d'exécution venait d'être signé et n'attendait plus qu'à être appliqué, le cas de Mumia a fini par attirer l'attention de l'opinion publique. Un large mouvement s'est développé, non seulement aux États-Unis mais à l'échelle internationale, pour exiger sa libération. La cause de Mumia est devenue une ligne de démarcation et un cri de ralliement pour des milliers de personnes, incluant des artistes et intellectuelLEs renomméEs. Amnistie internationale, le Parlement européen et d'autres instances ont fait écho à l'exigence de la tenue d'une nouveau procès.

En décembre 2001, après avoir entendu l'affaire en appel, un juge de la Cour fédérale de district a commué la sentence de mort en sentence à perpétuité pour des raisons techniques, tout en maintenant le verdict de culpabilité prononcé contre Mumia. Jamais, dans toutes ces procédures, n'a-t-on laissé à Mumia la possibilité de prouver son innocence; de fait, non seulement est-il demeuré en prison, mais on l'a toujours gardé dans le fameux «couloir de la mort».

Le principal motif d'appel soulevé par l'avocat de Mumia concernait l'utilisation, par la poursuite, de ses privilèges de récusation pour écarter systématiquement les candidatEs noirEs lors de la formation du jury. Cette pratique, qui était notoirement courante à Philadelphie (le bureau du District Attorney avait même produit une vidéo pour enseigner cette façon de faire aux nouveaux procureurs...), fut éventuellement proscrite par la Cour suprême des États-Unis.

Dans la décision qu'elle vient de rendre, la Cour d'appel a précisément rejeté ce motif, sur la base que l'appelant avait fait défaut de soulever cet argument au moment du procès. La Cour a également invoqué de façon subsidiaire l'absence de données sur l'origine raciale du «pool» des candidates et candidats qui ont été appeléEs à constituer le jury, ce qui rendrait impossible d'établir qu'il y a eu ségrégation.

Le premier argument est particulièrement fallacieux quand on sait, d'une part, que Mumia fut représenté à son procès par un avocat qu'il n'avait aucunement choisi et qui s'est lui-même avoué incompétent; et d'autre part, que l'accusé a été exclu du tribunal durant la majeure partie du procès. Dans le cadre de la récente procédure d'appel, Mumia n'a pas été autorisé à soulever cette question de compétence de l'avocat qu'on lui avait appointé d'office. Il était ainsi piégé d'avance: on ne lui permet pas de contester l'exclusion raciste de membres de jury parce que son avocat a négligé de le faire lors du procès, tout en lui interdisant de soulever l'incompétence de son avocat; cela, alors que le fait même de cette négligence constitue une preuve de son incompétence!

Dans une dissidence inspirée, le juge Thomas L. Ambro affirme que «le fait d'exclure ne serait-ce qu'un seul candidat juré pour un motif racial constitue une violation du quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis [«Equal Protection Clause»]». Selon lui, la position adoptée par les juges majoritaires revient à établir des règles particulières applicables uniquement au cas de Mumia; en effet, la Cour d'appel n'a jamais hésité, par le passé, à annuler d'autorité de nombreuses décisions analogues pour motif de ségrégation raciale dans la formation du jury et ce, même si ce motif n'avait pas été invoqué directement en appel.

La décision de la Cour d'appel laisse deux options à l'État de Pennsylvanie: soit de former un nouveau jury qui reprendra la phase de détermination de la peine du procès initial (auquel cas Mumia pourrait à nouveau être condamné à mort), soit de commuer définitivement la sentence de mort qui lui a été imposée en sentence d'emprisonnement à perpétuité. L'avocat qui défend maintenant Mumia a déjà fait savoir qu'il en appellera de la décision du tribunal, dans le cadre d'une procédure spéciale au terme de laquelle la totalité des juges de la Cour d'appel fédérale du 3e circuit seront appelés à se prononcer sur la validité de la décision rendue par leurs trois collègues.

Depuis plus de 26 ans pendant lesquels on l'a maintenu en situation d'isolement carcéral et malgré les menaces d'exécution répétées qui ont plané sur lui, Mumia Abu-Jamal est toujours demeuré ferme dans ses convictions et sa détermination à obtenir justice. Les livres qu'il a publiés, les chroniques hebdomadaires qu'il continue à rédiger, les commentaires qu'il enregistre pour la radio continuent à inspirer des milliers de gens partout à travers le monde. Il est impératif que nous continuions à exiger la libération de ce prisonnier politique révolutionnaire.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 175, le 6 avril 2008.
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