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Le drame de ces milliers de travailleurs qui demeurent toujours désorganisés...

PCQ, Jeudi, Février 7, 2008 - 20:44

Ernest La Guerre

Malgré un taux de syndicalisation au Québec qui demeure plus élevé que n'importe où ailleurs en Amérique du Nord, des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses n'ont toujours pas accès au droit pourtant fondamental de pouvoir se regrouper avec leurs frères et soeurs pour mieux affronter leurs patrons.

En fait, et malgré de nombreuses avancées au fil des années, le droit à la syndicalisation demeure toujours très difficile à obtenir dans de nombreux secteurs de notre économie. À preuve ce texte fourni par un travailleur oeuvrant dans le domaine de la restauration et qui désire rester dans l'anonymat, à cause du trop grand risque de représailles; il a conséquemment choisi de signer ce texte par un pseudonyme.

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Au Québec, il existe des milliers de travailleurs désorganisées, sans défense syndicale ou politique. Alors que le gros des travailleurs syndiquées se situe dans la grande industrie, les PME en général et les commerces à grande surface, il n'y a à peu près aucune syndicalisation dans les très petites, le secteur de la restauration rapide et les petits commerces en général.

Traditionnellement, les syndicats ont évité ces secteurs à cause des difficultés énormes qu'ils représentent. En effet, les lois qui régissent la syndicalisation au Québec empêchent un syndicat d'organiser en masse des travailleurs par secteur d'industrie. Par exemple, un syndicat ne pourrait décider d'organiser les travailleurs de la restauration rapide. Il ne peut qu'organiser les travailleurs d'un restaurant donné, avec un propriétaire identifié spécifiquement, en fonction d'une volonté de syndicalisation homologuée à au moins 50% plus un des travailleurs impliqués dans ce restaurant.

Voyons les conditions de lutte de ces travailleurs. Comme me disait récemment Jacques, (nom fictif), un travailleur sous le coup d'un congédiement sauvage et injuste: "Quand il faut que tu te battes pour tes droits, c'est le pot de terre contre le pot de fer''. En effet, beaucoup de travailleurs de ce secteur, surtout parmi les plus âgés, n'ont pas beaucoup d'instruction, ont appris à ce battre les poings fermés et les dents serrées et ne connaissent pas leurs droits. De continué Jacques: "Quand t'en a assez de te faire chier, tu fini par sauter une coche et tu y en descends un sur la gueule, mais à la fin, toi, t'as perdu ta job pis lui, il a encore son restaurant. (Une pause) Et il faut que tu fasses attention aussi parce que lui, il est chum avec tous les autres comme lui qui font chier leurs travailleurs. Si tu veux te retrouver une autre job, t'es aussi bien de te tenir tranquille. (Autre pause) Combien de fois j'ai défendu mes droits avec mes poings et à la fin, c'est toujours moi qui perd. Alors tu vois, il y en a beaucoup qui baissent la tête pis ils finissent par endurer sans rien faire. Il faut qu'ils fassent vivre leurs familles tu vois, un moment donné, t'as plus le choix''.

Il faut souligner que cet état de chose fait en sorte qu'il y a un grand roulement de personnel dans ce secteur. D'une semaine à l'autre, une serveuse sera partie et remplacée par une autre, un ou deux livreurs seront engagés et un autre sera parti. EN général, ceux qui sont au même emploi depuis plus de deux ans, en sont venus à une "entente" avec le patron qui les privilégie sur le plan économique. Soit qu'ils ont obtenu une augmentation significative de salaire, soit qu'une partie de leur salaire est non déclaré à l'impôt ou tout autres avantages spécifiques comme le choix des horaires et la préférence de choix. Ces "ententes" se passent dans le bureau, à l'insu des autres travailleurs et trop souvent à leur détriment. Et les années passent. Lest travailleurs âgés de ce secteur, ceux qui ont passé la cinquantaine et qui sont sur le bord de prendre une maigre retraite ont très peur de perdre leur emploi. Ils sont prêts à tout pour le conserver. Étant donné que leurs collègues de travail sont souvent beaucoup plus jeunes qu'eux, et qu'ils n'ont souvent pas les mêmes objectifs de vie (les condition de vie dans la restauration rapide n'incitent pas les jeunes travailleurs à y voir un avenir), ils se retrouvent souvent isolés et finissent par endurer sans faire trop de vague. Leurs conditions de vie deviennent ainsi quasi insupportables.

Un autre phénomène se présente dans ce contexte de travail. Une entreprise de restauration rapide est une petite usine de transformation des aliments en tant que matière première, en produits finis, les mets à consommer sur place ou à emporter. Les téléphonistes prennent la commande du client et la passe aux cuisiniers qui entreprennent de transformer les aliments crus en un mets pour le client, puis repassent ce produit fini aux serveuses ou aux livreurs qui vont le remettre au client. Ce processus, dans un contexte de frustrations dues aux conditions de travail n'est pas sans heurts. Les cuisiniers subissent beaucoup de pression et transmettent cette pression au reste de l'équipe. La serveuse ou le livreur en contact direct avec le client, qui compte pour une partie de son salaire en pourboire, doit encaisser toute cette pression. Le patron lui, ça fait son affaire parce que la cohésion entre les travailleurs devient extrêmement difficile. Il y a souvent solidarité entre les livreurs ou entre les serveuses ou entre les cuisiniers mais rarement entre tous les travailleurs d'un même restaurant.

Mais lorsque la coupe déborde et que l'ensemble des travailleurs en a assez de ses conditions de vie, il y a de grandes chances qu'une action se produise pour tenter de s'organiser collectivement. Le patron d'une entreprise comme celle-là réagira parfois très violemment à une demande d'accréditation syndicale. Les pressions exercées sur les leaders seront en particulier très âpres. Dans le processus de syndicalisation il s'y trouve de nombreux délais légaux et organisationnels qui donnent aux patrons la possibilité de tenter de se débarrasser du syndicat par l'agression systémique et systématique sur l'ensemble de ses travailleurs. Il tentera d'étouffer la lutte des travailleurs. Ces agressions peuvent être d'ordre psychologique, économique ou physique. Les travailleurs les plus faibles flancheront devant ces agressions répétées et les plus forts se retrouveront ainsi isolés.

Les outils essentiels pour conserver sa combativité dans ces circonstances sont une connaissance suffisante de ses droits enchâssés dans les différentes Chartres et l'appui indéfectible de la direction syndicale centrale qui a institué la demande en accréditation. Il ne faut pas hésiter d'en appeler aux lois contre l'agression et de faire action en justice, ce sont des acquis légaux que les travailleurs doivent utiliser quand c'est nécessaire.

Il serait bon aussi que les travailleurs lisent sur la lutte des classes et s'intéressent à la philosophie marxiste qui apporte un éclairage nouveau et essentiel sur leurs luttes. Il faut lire au minimum l'Idéologie allemande de Karl Marx et le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels. Les lire et les comprendre. Pour ceux qui veulent en savoir plus encore, Les luttes de classe en France de Karl Marx, le 18 Brumaire de Louis Bonaparte de K. Marx, La situation de la classe laborieuse en Angleterre, de Friedrich Engels, l'Anti-Dühring de F. Engels et Socialisme utopique et socialisme scientifique de F. Engels. Tous ces écrits offrent une multitude de principes basés sur une théorie éprouvée de la lutte. Du reste, nous les travailleurs, ne vivons pas comme les capitalistes et nos références sont bien différentes des leurs. Quelles que soient nos origines, nous avons tous ceci en commun que nous devons, pour vivre, vendre notre force de travail à un capitaliste qui s'en sert pour engranger des profits. Nous ne pouvons donc pas nous identifier à eux comme ils ne peuvent s'identifier à nous. Nos intérêts sont inconciliables. Ils ne peuvent être réconciliés.

La seule possibilité d'entente, à l'heure actuelle, est devant une table de négociation des conditions de travail et de traitement. Rien ne peut remplacer cette nécessité de base.

PCQ
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