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Après les présidentielles françaises, mine de rien, l’ « Europe militaire » (4)

De ço qui calt, Dimanche, Janvier 27, 2008 - 16:31

De ço qui calt ?

France: Nicolas Sarkozy continue à agir dans le plus grand silence, mais très vite, par rapport au Traité européen en cours de ratification. Les médias ne se bousculent pas pour commenter ces opérations législatives, pourtant de la plus grande importance. Encore moins, pour analyser en détail le contenu du nouveau Traité. Le Parlement « fait passer en séance » tout aussi rapidement, sans émettre aucune réelle critique, la loi constitutionnelle qui rendra définitive la signature apposée le 13 décembre par Sarkozy, Fillon et Kouchner. L’Assemblée Nationale a déjà approuvé cette loi, et le Sénat devrait le faire les 29 et 30 janvier. Pas question d’un référendum et, dans l’ensemble, tout débat sur les conséquences du Traité paraît proscrit. On en entendra suffisamment parler après la ratification... Notamment, en ce qui concerne l’Europe militaire et ses conséquences politiques, économiques et sociales.

Suite de mes articles des 25 mars (1), 8 avril (2) et 24 juin. Voir également les articles récents sur mon blog.

 

Le 16 janvier, l’actuel Ministre de la Défense Hervé Morin a déclaré à l’occasion des vœux du Nouveau Centre :

« Il y a presque soixante ans, en octobre 1950, René Pleven exposait l’idée d’une armée européenne unifiée (...). Même s’il ne s’agit plus de construire une armée européenne comme on l’entendait à l’époque, cette volonté, cette imagination et cette foi, nous les avons. Vouloir construire l’Europe de la défense, ce n’est même pas une conviction personnelle, c’est une affirmation tirée du seul pragmatisme : il s’agit de prendre en compte les intérêts de notre continent, et notamment l’enjeu de la stabilité régionale au voisinage d’une UE qui compte plus de 450 millions d’habitants et dont le PIB pèse le quart de la production mondiale. Quand on a créé des intérêts communs, on a besoin de les défendre en commun. Et nous avons aussi à défendre une communauté de valeurs, un modèle de société, un patrimoine immatériel.

Construire l’Europe de la défense, c’est s’identifier, c’est prendre conscience de l’existence de l’Europe et de ce que nous sommes nous-mêmes en tant qu’Européens.

Comment peut-on affirmer un destin commun et ne pas construire l’appareil qui assume sa protection, c’est-à-dire l’Europe de la défense ? Et ce n’est pas le construire contre l’OTAN mais en complémentarité avec l’OTAN.

(...)

On a défini l’Europe comme un espace de paix défini par le droit. C’est une conception que nous pouvons porter en dehors de nos frontières, en Afrique notamment. C’est tout le sens de la mise sur pied d’EUFOR Tchad, qui se déploiera dans quelques semaines.

L’Europe est une "école de paix et de stabilité", avait dit un chef d’Etat européen. Voilà ce que nous devons construire. Voilà un moyen - l’Europe de la Défense - de faire progresser la conscience et l’identité européenne. »

(fin de citation)

Un langage qui ressemble étrangement aux discours brandis depuis un siècle par la « classe politique » des Etats-Unis pour justifier la politique d’hégémonisme militaire de cette puissance, mais aussi un contrôle politique « interne » de la population. Ce que Morin appelle la « conception d'un espace de paix » atlantiste « que nous pouvons porter en dehors de nos frontières, en Afrique notamment », ressemble comme deux gouttes d'eau à la Pax americana qui a été le pilier de la domination capitaliste et impérialiste dans le monde au cours des décennies récentes. Représentant les mêmes intérêts, la superpuissance Européenne aidera la superpuissance US en difficulté à poursuivre cette entreprise.

C'est là que réside le véritable problème de fond, et pas dans la prétendue « question » de savoir si le nouveau Traité que l'on impose aux populations des Etats membres de l'Union Européenne est un « bon » ou un « mauvais » traité. Ce type de faux débat escamote la question centrale de la nature capitaliste et impérialiste de l'Union Européenne en tant que méga-puissance, quelles que soient les apparences des textes adoptés. Même avec un traité annonçant monts et merveilles, le caractère de classe d’un super-Etat européen doté de moyens d’oppression sans précédent au service du grand capital financier serait resté la seule donnée réelle. Mais de surcroît, il s'avère, comme il fallait s'y attendre, que le nouveau Traité est pour l'essentiel le même que celui qui avait été rejeté en 2005, avec une présentation différente beaucoup plus opaque sur laquelle les médias évitent le débat. Il ne faut pas réveiller le peuple, s'il existe le « danger » qu'il ne se laisse pas embobiner. Pas seulement en France, mais aussi dans d’autres pays européens comme la Grande Bretagne où la « méthode Sarkozy » est appliquée au même moment par le « travailliste » Gordon Brown.

La une de href="http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/sarkozy_president/dossier.asp?ida=464782" TARGET=new>l'Express du 24 janvier est consacrée à Carla Bruni. Celle du Point du même jour, aux Francs-Maçons. Celle du Nouvel Observateur, aux href="http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p20080124/dossier/a365143-les_sarkophobes.html" TARGET=new>« sarkophobes ». La Tribune semble considérer que le Traité européen dit « simplifié » n’est plus un sujet de débat. Marianne du 26 janvier évoque la « débâcle du capitalisme financier », suite à laquelle « l’Europe et l’Asie paieront pour l’Amérique » ; comme s’il n’y avait pas d’oligarchie financière dans le continent européen, et comme si cette oligarchie européenne n’était pas un « usager historique » de la puissance militaire de l’Etat US… Le 27 janvier, le Journal du Dimanche et le Parisien ont tout simplement ignoré la question du Traité. Enfin, l’Humanité du 25 janvier fait état d’un appel des « partisans d’un référendum ». Malheureusement, cet appel ressemble étrangement au coup de la manif de consolation post mortem que l’on a déjà vu en juillet dernier à l’occasion de l’avalanche de mesures antisociales du gouvernement Fillon votées alors par le Parlement sans aucun réel examen. Se rassembler le 2 février et manifester le 4 février pour « mettre en garde » contre un « déni de démocratie », alors que l’Assemblée Nationale et le Sénat auront déjà entériné en première lecture la loi constitutionnelle opérant la ratification du Traité et que les carottes seront bien cuites, paraît pour le moins très tardif. A nouveau, il semble surtout s’agir de promener un peu les militants mécontents afin qu’ils ne rendent pas leurs cartes et qu’ils participent malgré tout à la campagne pour les élections municipales.

Au même moment, le site du « think tank » Confrontations Europe se montre beaucoup plus bavard et « dynamique » en la matière. Dans des cercles « transversaux » comme celui-ci, on s’exprime beaucoup plus clairement. Philippe Herzog s’en donne à cœur joie avec un éditorial intitulé : « Un nouvel acte unique – Pour une mutation du modèle économique et social européen » qui commence par la « petite phrase » fort parlante : « Après le Traité de Lisbonne… ». Le site de Confrontations Europe est plein d’annonces de réunions et séminaires aux titres croustillants qui incorporent souvent l’expression « intérêt européen ». On remarquera, notamment, le « dialogue » entre Confrontations Europe et le MEDEF, avec une réunion intitulée : « C’est l’Europe que je préfère. De la préférence communautaire à l’intérêt européen ». Ou encore ce colloque : « La renaissance du nucléaire, un enjeu pour la Communauté européenne » dont l’esprit paraît proche de celui du rapport de l’ancien directeur de la CIA (sous Bill Clinton) John Deutch à la réunion annuelle de la Commission Trilatérale à Bruxelles en mars 2007. Or, Deutch considère l’énergie nucléaire incontournable pour faire face aux problèmes écologiques dans un contexte de développement économique à l’échelle planétaire. Il en arrive ainsi à présenter les notions d’énergie et de « sécurité » (lire, contrôle de la planète) comme indétachables. Compte tenu des difficultés rencontrées actuellement par la superpuissance US, une telle analyse conduit forcément les « éminences grises » de l’impérialisme à réclamer la mise en place accélérée de l’Europe militaire. Qui en parle devant la grande majorité des Français, qui les prévient des conséquences du Traité dit « simplifie » dans ce domaine ?

L’information sur ces questions a peu circulé, mais les politiques savent très bien que le « nouveau » Traité prévoit d’ajouter au Traité sur l’Union Européenne une Section complète intitulée « Dispositions concernant la politique de sécurité et de défense commune » qui commence ainsi : « La politique de sécurité et de défense commune fait partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité commune. Elle assure à l'Union une capacité opérationnelle s'appuyant sur des moyens civils et militaires. L'Union peut y avoir recours dans des missions en dehors de l'Union afin d'assurer le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale conformément aux principes de la charte des Nations unies. L'exécution de ces tâches repose sur les capacités fournies par les États membres » , suivi de : « La politique de sécurité et de défense commune inclut la définition progressive d'une politique de défense commune de l'Union. Elle conduira à une défense commune, dès lors que le Conseil européen, statuant à l'unanimité, en aura décidé ainsi. Il recommande, dans ce cas, aux États membres d'adopter une décision dans ce sens conformément à leurs règles constitutionnelles respectives », etc... Ce n’est qu’un échantillon d’une longue série de dispositions dont les citoyens n’ont pas été informés et sur lesquelles leur avis n’a jamais été demandé, si ce n’est lorsqu’ils ont rejeté le Traité Constitutionnel soumis à référendum en 2005.

En réalité, les médias et le monde politique se comportent comme si le « nouveau » Traité européen avait déjà été ratifié. On évoque, par exemple, la première « présidence stable du Conseil européen prévue par le traité de Lisbonne » à partir de janvier 2009. Mais en même temps, le message adressé à la population semble être : « le moins vous y penserez, le mieux vous vous porterez ». Ou encore : « de toute façon, ça va se faire et vous n’y pouvez rien ». Autrement dit, cette fois-ci « ça presse » et l’oligarchie y tient vraiment ; alors, fini les « bavardages »…

Au Sénat, le rapporteur Patrice Gelard recommande, au nom de la Commission des Lois, d'adopter le projet de loi constitutionnelle « sans modification, dans l'attente d'un renforcement des procédures d'intervention du Parlement à l'occasion de la réforme des institutions». Alors que, précisément, le « nouveau » Traité européen constituera un pas décisif vers la mise en place d'un Etat continental qui ne laissera guère de « moyens d'intervention » au Parlement français sur des questions stratégiques. On dirait que, de nos jours, on peut se permettre de tout écrire à condition d’aller « dans le bon sens ». En l’espèce c’est sans guère de risque, car sur le fond, le Nouveau Centre, la direction du Parti Socialiste ou encore le MODEM de François Bayrou, soutiennent le « nouveau » Traité. Et à l’approche des municipales, un secteur important de la « gauche de la gauche » et de la « gauche toute » se rapprochera du Parti Socialiste. Le système politique français est, somme toute, très bien verrouillé malgré les étiquettes, les apparences et les déclarations que l’on voit passer à certaines occasions.

Qui financera l’Europe militaire, qui en fournira les soldats ? Encore un débat étouffé. Mais l’atlantisme de la « politique de défense commune » européenne est étalé au grand jour, de même que le « rapprochement » Sarkozy - Bush et les rumeurs persistantes sur une éventuelle crise économique ou sur une crise de « surendettement » qui risquent de se solder par une spoliation générale des « petits citoyens » et par un appauvrissement général des populations.

Il y aura de toute évidence des leçons à tirer de ce manque de représentativité évident de la part du monde politique et de ceux qui gravitent autour d’un milieu manifestement très éloigné des citoyens. Mais dans l’immédiat, il est indispensable d’informer la population des dangers réels et de se mobiliser d’urgence pour empêcher l’adoption définitive du Traité européen dit « simplifié ».

 

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