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France : Accoyer, Sarkozy, Hollande, Europe, lobbying, cumuls...

De ço qui calt, Dimanche, Novembre 4, 2007 - 07:01

De ço qui calt ?

Le « tranversal » Nicolas Sarkozy, l’UMP Bernard Accoyer, François Hollande et la majorité de la direction du Parti Socialiste français... sont d’accord pour empêcher la tenue d’un référendum sur le projet de Traité européen dit « simplifié » adopté à Lisbonne. Un montage à la présentation officielle très opaque, qui devrait être signé officiellement le 13 décembre et ratifié par la suite. Cette fois-ci, les politiques ne cherchent pas à se répandre en explications auprès des électeurs. Bien au contraire, leur objectif est de créer un fait accompli le plus rapidement possible. Ce comportement n’est pas un fait isolé. Il reflète, plus globalement, l’éloignement croissant, par rapport aux citoyens, de ceux qui en théorie sont censés être leurs représentants. Mais la « classe politique » est au service du capitalisme, et la « grande » Europe est un objectif stratégique des capitalistes.

A la question posée par le quotidien des milieux d’affaires Les Echos : « D'ici là [février 2008, date prévue de ratification du Traité « simplifié » européen] , la polémique qui renaît, notamment au PS, sur la nécessité d'en passer à nouveau par un référendum sera calmée ? » , le « socialiste gouvernemental » Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire d’Etat aux affaires européennes, a répondu : « Les choses vont dans le bon sens [à savoir, contre le référendum et en faveur du Traité] , au sein du Parti socialiste. C'est le cas de François Hollande comme de Pierre Moscovici, de Jack Lang, de Bertrand Delanoë, de Ségolène Royal ou d'Elisabeth Guigou. Cela fait beaucoup de responsables socialistes... » Un consensus à peu près parfait, dont les implications réelles sont soigneusement dissimulées. Qui parle de l'Europe militaire, de l'alliance programmée entre la « grande Europe » et l'Etat US pour la domination de la planète ? Qui évoque les conséquences économiques, sociales, politiques, humaines... de cette stratégie ?

Quant à la colère prévisible des citoyens, dont Les Echos reconnaît qu'ils risquent d'éprouver le sentiment d'avoir été floués, Jouyet répond notamment : « La France se doit d'honorer ses engagements. L'enjeu européen est trop important pour jouer pour la seconde fois la "rue de la frousse" (...) ... je suis étonné que certains, notamment à gauche, considèrent que, sans référendum, il n'y a plus de démocratie. Depuis quand la démocratie représentative est-elle un déni de démocratie ? » Toute une conception des « engagements de la France », pris par les politiques contre la population et pour le compte du grand capital. Pourtant, un référendum aurait été si peu de chose, avec des médias bien sous contrôle et l’aide du « trilateral » Laurent Fabius et d’autres politiques qui avaient appelé à voter « non » en 2005 mais qui cette fois-ci ne mobilisent pas contre le nouveau Traité...

La position des dirigeants « socialistes » s'accorde avec celle exprimée le 29 octobre par Bernard Accoyer dans Soir 3. Le Président UMP de l'Assemblée Nationale française a été jusqu'à estimer que « la France a contribué à mettre l'Europe en panne » . Rien de moins. Des propos, à leur tour, en parfait accord avec ceux de Nicolas Sarkozy devant France Inter le 12 mars dernier : « Ceux qui disent qu'ils vont refaire un référendum... Je vous pose une question : si ce référendum, c'est encore non ? Avec le premier référendum échoué, on a mis l'Europe en panne. Si on a un deuxième référendum, on dit non, qu'est-ce qui se passe ? On détruit l'Europe ? (...) Je ne laisserai pas l'idée européenne partir comme ça » . C'est donc bien parce les Français pourraient ne pas voter « comme il faut » , qu'on ne veut pas d'un référendum. François Hollande a d'ailleurs déclaré : « Nous ne nous opposerons pas à ce traité parce qu'il permet, même s'il est très compliqué (...), de sortir l'Europe de l'impasse » . Quelle « Europe » ? Sous le capitalisme et l'impérialisme, il s'agit forcément de l'Europe du système en place, et les citoyens n'ont qu'à se taire. Telle est la véritable nature de la « démocratie » bourgeoise, et tant pis si ce sont les peuples qui en font les frais.

Le refus de référendum permet de « sécuriser » une opération stratégique des milieux impérialistes, devenue très urgente devant les difficultés croissantes que rencontre la superpuissance US pour assurer, seule, la gendarmerie planétaire. La « grande Europe » apportera au dispositif de domination du monde un complément de moyens indispensable. Mais la politique du fait accompli, étalée au grand jour comme quelque chose de « naturel » , constitue également une manière de culpabiliser et sanctionner les Français : « Vous voulez qu’on vous consulte ? Alors, la prochaine fois ne votez pas n’importe quoi ! » , semblent dire les politiques à « leur » électorat.

Doit-on s'étonner si, dans un monde politique qui pense, agit et fonctionne de cette façon, il devient de plus en plus difficile, pour les « petits citoyens » , de joindre des parlementaires et d'obtenir leur soutien dans les problèmes de la vie réelle ? Drôles de « représentants du peuple » , que ceux qui craignent de lui demander son avis et ne s'en cachent même pas ! Au point que Valéry Giscard d'Estaing peut se permettre d'écrire dans Le Monde : « La différence [entre le Traité rejeté en 2005 et le nouveau Traité] porte davantage sur la méthode que sur le contenu. (...) ... le résultat est que les propositions institutionnelles du traité constitutionnel - les seules qui comptaient pour les conventionnels - se retrouvent intégralement dans le traité de Lisbonne, mais dans un ordre différent, et insérées dans les traités antérieurs » . Des propos qui ont, au moins, la vertu de la franchise : on veut faire avaler aux Français, sans les consulter, le même Traité qu'ils avaient rejeté. Mais avec une présentation différente et sans leur fournir la moindre explication digne de ce nom.

J'avais intitulé un article récent : « Au juste, avez-vous vu passer "mon" député ? » , pour exprimer le sentiment de détresse croissant de beaucoup de citoyens qui tentent en vain de s'adresser à « leurs représentants » . Mais les lobbistes des milieux industriels et financiers semblent s'en tirer beaucoup mieux. Tellement bien, qu’un article de Patrick Jarreau paru dans Le Monde le 2 novembre n’hésite pas à s'en prendre à la « démocratie mythique » et à soutenir ouvertement l'initiative de Bernard Accoyer dans le sens d'une « réglementation » du lobbying. Jarreau ne se borne pas à défendre cette officialisation des groupes de pression des riches et des patrons. Il « oublie » également d'évoquer et d'analyser le fonctionnement et le rôle d'entités comme le Siècle en France, Confrontations Europe à l'échelle continentale ou la Commission Trilatérale au niveau international. Ce sont pourtant des lieux de rencontre privilégiés du monde politique et des coupoles administratives avec les dirigeants de la grande finance et des multinationales. Que deviennent les citoyens devant la machine d'influence au service de l’argent qui, de plus en plus ouvertement, se met partout en place ?

Enfin, quand Patrick Jarreau estime que « la société est diverse, les intérêts y sont contradictoires. La tâche d'un député ou d'un sénateur n'est pas de les ignorer mais, au contraire, de les entendre » , il « oublie » un autre « détail » : la disproportion croissante des moyens entre les citoyens et les lobbies. D’autant plus que, dans l'état actuel du statut des députés, les seules interdictions de cumul d'activités professionnelles concernent « les fonctions de membre du Gouvernement, du Conseil constitutionnel ou du Conseil économique et social, de magistrat et de membre du Conseil supérieur de la magistrature » et « de manière plus générale, l'exercice de fonctions publiques non électives » , ainsi que « des fonctions de direction dans des entreprises nationales ou des établissements publics nationaux » et « dans certaines sociétés ou entreprises privées bénéficiant d'avantages accordés par l'État ou les collectivités publiques en vertu d'une réglementation propre, celles ayant exclusivement un objet financier ou faisant publiquement appel à l'épargne, les sociétés travaillant principalement pour le compte ou sous le contrôle de l'État ou d'une personne publique et les sociétés exerçant certaines activités immobilières à but lucratif » . De nombreuses activités dans le secteur privé échappent de toute évidence à ces interdictions. Mais dans ce cas, que devient l'apparence d'impartialité et d’indépendance des députés, à une époque où les banques privées et les multinationales sont devenues plus puissantes que l'Etat lui-même ?

L'existence de cumuls avec le secteur privé, de la part de députés, n'est pas une simple spéculation théorique. Le salarié Sarkozy a pu, tout simplement, faire passer un texte de loi augmentant de 140% son propre traitement. Lequel reste « malgré tout » inférieur à celui de Dominique Strauss-Kahn, pour ne pas parler des revenus des PDGs, a fortiori des bénéfices des super-riches. Rien d’étonnant donc, du moment que la loi le permet, à ce que des parlementaires plus ou moins influents n'hésitent pas à travailler pour le secteur privé simultanément avec l’exercice de leur mandat. Tel est le vrai visage de la « démocratie » formelle dans l’actuel système économique et social.

Par exemple, d'après Capital (septembre 2007), le président du groupe UMP de l'Assemblée Nationale et ancien ministre délégué Jean-François Copé « vient de rejoindre en tant que collaborateur l'un des plus importants cabinets d'avocats d'affaires français : Gide Loyrette et Nouel » . On apprend par cet article que Copé « y travaillera à temps partiel, le vendredi et le samedi, et devrait mettre son important carnet d'adresses au service de certains dossiers clés de ce cabinet international, qui est notamment le conseil... de l'Etat dans le projet de fusion entre GDF et Suez » . Une situation qui n’a rien d’exceptionnel dans l’actuelle « classe politique » française.

Déjà dans son numéro du 19 au 25 mars 2005, dans un article intitulé : « Sarkozy a-t-il touché des dividendes sur les expulsions ? » à propos des activités dans le droit immobilier de la société d’avocats d’Arnaud Claude et Nicolas Sarkozy, l’hebdomadaire Marianne écrivait : « L’initiative de Sarkozy et de Claude ne restera évidemment pas longtemps un cas unique. L’avocature est, en effet, devenue [notamment depuis 2001, sous Lionel Jospin] accessible aux anciens magistrats, aux professeurs de droit, et à quelques hommes politiques. A gauche, Ségolène Royal, Christian Pierret ou Hubert Védrine ont ainsi récemment prêté serment. Ces allers-retours entre le gouvernement et les prétoires peuvent-ils poser de réels problèmes ? Le PDG d’un groupe ne sera-t-il pas d’autant plus enclin à choisir un cabinet qu’il pourra supposer que l’un de ses avocats deviendra (ou redeviendra) ministre un jour ou l’autre ? » Mais le problème de fond ne concerne pas uniquement les « ministrables ». Il s’agit bien des intérêts de classe des parlementaires et des dirigeants politiques du système en tant que groupe social. Des intérêts qui s’éloignent à vitesse astronomique de ceux de leurs électeurs, voire même de ceux des adhérents « de base » de leurs partis.

En somme, la grande majorité des citoyens se trouve de plus en plus ouvertement confrontée à une véritable dictature de l’oligarchie, à peine déguisée en « démocratie » formelle. Le monde politique occulte difficilement, derrière quelques mises en scène que les médias amplifient, son rôle réel de courroie de transmission du bon vouloir des lobbies du capitalisme. Le record d’abstentions aux dernières élections législatives françaises correspond, très certainement, à un malaise profond et largement justifié.

 

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