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Des révolutionnaires afghans s'expriment

Eric Smith, Dimanche, Octobre 28, 2007 - 20:05

Le Drapeau rouge-express

Des manifestations ont eu lieu dans plus de 23 villes à travers le pays, de Vancouver à Halifax, à l'occasion de la journée d'action pan-canadienne contre la guerre qui s'est déroulée hier le 27 octobre. Bien qu'il s'agisse là d'un nombre apparemment impressionnant, la participation aux différentes manifestations est demeurée plutôt faible. Chose certaine, elle s'avérera bien insuffisante si on veut infléchir la position du gouvernement Harper et amener le Canada à retirer ses troupes d'Afghanistan.

À Montréal, environ 500 personnes ont répondu à l'appel du collectif Échec à la guerre et ont marché dans les rues du centre-ville, sous une pluie torrentielle. On est évidemment bien loin des grandes manifestations qui ont eu lieu à l'hiver et au printemps 2003, quand les États-Unis ont déclenché leur guerre d'agression contre l'Irak. Pourtant, l'opposition à la guerre en Afghanistan et à la participation du Canada dans l'occupation militaire de ce pays demeure largement majoritaire dans l'opinion publique canadienne. Mais les gens savent très bien, au fond, que des manifestations de ce genre, pour nécessaires qu'elles soient, ne risquent pas d'ébranler le cours militariste adopté par la bourgeoisie canadienne et son État.

Cela, d'autant plus que le gouvernement Harper a clairement réaffirmé, dans son récent discours du Trône -- adopté avec la complicité de "l'opposition" libérale (qui n'a plus d'opposition que le nom) -- son intention de prolonger la mission canadienne au moins jusqu'en 2011, sinon encore plus loin, si l'on se fie aux propos tenus cette semaine par le chef d'état-major de l'armée canadienne, Rick Hillier.

Depuis le début de l'été, le gouvernement et l'armée se sont livrés à une intense campagne de propagande pour justifier l'occupation militaire. Ils ont notamment réussi à rallier bon nombre de ces fameux "reporters conscrits" ("embedded journalists"), dont la sacro-sainte "objectivité" en a pris pour son rhume et qui se sont contentés, pour la plupart, de régurgiter ce que les "spin doctors" de l'armée leur ont permis de voir ou d'entendre durant leur séjour en Afghanistan.

Le 19 octobre, le quotidien La Presse est même allé jusqu'à publier un "sondage" réalisé par la firme canadienne Environics, selon lequel une majorité d'Afghanes et d'Afghans souhaiteraient la poursuite de l'occupation militaire. Qu'une enquête de la sorte, réalisée sous les conditions d'une occupation militaire, se voit conférer la moindre crédibilité dépasse tout entendement: peut-on imaginer une seule seconde qu'un paysan afghan vivant dans la province occupée de Kandahar, chez qui un "sondeur" étranger débarque sans avertissement afin de lui demander s'il souhaite le départ des troupes étrangères, alors même que le fait de s'opposer à l'occupation constitue un motif d'arrestation et de torture par les sbires du régime Karzaï, puisse répondre autre chose que ce que les occupants souhaitent entendre? Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'une telle "enquête" ne se caractérise aucunement par une démarche scientifique.

Bizarrement, le même quotidien a omis de rapporter le fait qu'une manifestation réunissant plus d'un millier de personnes (d'après Al-Jazeera) a eu lieu le 26 septembre dernier dans les rues du village de Senjaray, situé dans le district de Zhari, à l'ouest de Kandahar, pour dénoncer la présence des troupes étrangères, suite à un raid de l'OTAN lors duquel un mollah et son frère ont été tués. Selon les témoins, plusieurs manifestants en ont profité pour scander le slogan "Mort au Canada!", devenu soudainement aussi populaire que "Mort aux États-Unis".

Le gouvernement canadien, l'armée et les médias aux ordres aiment présenter l'opposition à l'occupation comme étant uniquement le fait des réactionnaires talibans. Mais la vérité est tout autre: des secteurs de plus en plus larges de la population afghane rejettent l'occupation et les mensonges que les grandes puissances étrangères profèrent afin de la justifier.

Le 7 octobre dernier, à l'occasion du sixième anniversaire de l'invasion américaine, des camarades du Mouvement de la jeunesse révolutionnaire (Revolutionary Youth Movement of Afghanistan) ont diffusé un tract en Afghanistan, appelant au développement d'une véritable résistance nationale et populaire contre les occupants impérialistes et leurs pantins locaux. En voici quelques extraits, qui montrent que la résistance n'est pas que l'affaire des talibans.

Le Drapeau rouge-express

* * *

Consacrons tous nos efforts à préparer le terrain au déclenchement d'un mouvement de résistance nationale populaire et révolutionnaire!
Faisons de la résistance aux occupants et à leurs laquais une force décisive à l'échelle de tout le pays!

Cela fait maintenant six ans que les impérialistes, avec les États-Unis à leur tête, ont déclenché leur guerre d'agression contre l'Afghanistan. Les six dernières années ont été marquées par une succession d'actes criminels et la duperie. La croisade impérialiste des Bush et consorts, qui a débuté le 7 octobre 2001 sous le prétexte mensonger d'une "guerre contre la terreur", n'en est encore qu'à ses débuts: les occupants n'ont toujours pas atteint leurs objectifs stratégiques. La dynastie cruelle et détestée qu'ils essaient d'imposer a déjà généré une énorme terreur pour la population afghane.

Malgré les fausses promesses de paix, de sécurité et de progrès social qu'ils nous ont répétées à satiété, les impérialistes et ceux qui les soutiennent n'auront réussi qu'à étendre la corruption et à préparer le terrain à des opérations encore plus malveillantes dans toute la région du Moyen-Orient, jusqu'en Afghanistan et au Pakistan.

Les crimes et les actes terroristes commis par les occupants et leurs laquais ne sont toutefois pas restés totalement impunis. La résistance s'est raffermie et intensifiée. Il faut néanmoins admettre que cette résistance a eu recours à des armes politiques et idéologiques désuètes. Même si ces armes peuvent, à court terme, porter des coups aux envahisseurs, la lutte qu'elles inspirent n'est pas susceptible de mener à un résultat positif pour la population. La résistance contre l'agression impérialiste actuelle a besoin d'armes idéologiques et politiques historiquement supérieures à celles des envahisseurs et de leurs laquais.

Au point de vue social, la ligne idéologique et politique ancienne et désuète de la résistance souffre d'une limite inhérente et incurable. Elle est trop étroite. Dans le meilleur des cas, elle pourra éventuellement unir une section de la nation -- mais seulement cette section -- en fonction des intérêts spécifiques de la minorité de féodaux et de bourgeois compradores qui s'opposent à l'occupation actuelle. Ces bourgeois et ces féodaux demeurent toutefois liés par mille et un fils à l'impérialisme mondial et aux puissances étrangères réactionnaires.

Dans leurs rapports avec les occupants, les forces réactionnaires au sein de la résistance sont également limitées par une faiblesse historique: c'est qu'elles ont été entraînées par les occupants eux-mêmes. Elles sont d'ailleurs susceptibles de retourner dans les bras de leurs anciens maîtres, à n'importe quel moment.

En Afghanistan, nous faisons face à un autre problème. Le régime pantin est officiellement un État théocratique et religieux. Cela a même été institutionnalisé dans la constitution, qui dispose que c'est la charia (la loi islamique) qui est le fondement de l'ensemble des lois afghanes. On voit donc que la résistance islamiste partage bien des choses en commun, au niveau idéologique, avec le régime. Les efforts actuellement déployés par Hamid Karzaï pour attirer les talibans au sein du gouvernement, dans le cadre de négociations de paix, reposent sur le fait qu'ils partagent tous cette même base commune.

Le déclenchement et le développement d'une véritable résistance nationale populaire et révolutionnaire constituent le seul moyen de bâtir une lutte décisive et inflexible contre les occupants impérialistes et leurs valets. Sans un tel mouvement, il sera impossible d'étendre la lutte à l'échelle de tout le pays. Seule une telle résistance, d'une ampleur vraiment nationale, réussira à chasser les occupants, à renverser le régime pantin et à mener l'Afghanistan sur la voie d'une véritable libération des griffes de l'impérialisme et de l'ordre social injuste actuel.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 158, le 28 octobre 2007.
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