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Mises à pied à la Goodyear: le capitalisme fait des ravages

Eric Smith, Samedi, Janvier 6, 2007 - 20:26

Arsenal-express

La nouvelle est tombée crûment jeudi matin quand la direction de la Goodyear Tire & Rubber a annoncé qu'elle cessait la production de pneus à son usine de Salaberry-de-Valleyfield, en Montérégie. D'ici juillet 2007, la compagnie prévoit en effet transformer cette usine en un centre de fabrication de caoutchouc qui n'emploiera plus que 200 travailleurs et travailleuses parmi le millier, ou presque, qui s'y trouvent actuellement.

Cette annonce désastreuse vient accabler une région déjà durement touchée par les vagues de "restructuration" qui accompagnent systématiquement le développement de l'économie capitaliste mondiale. Pas plus tard que le 27 septembre, c'était au tour de la compagnie de vêtements et de textiles Gildan de causer près de 200 mises à pied en annonçant la fermeture de son usine de Valleyfield. Comme toujours, ce sont les travailleurs et travailleuses qui sont les victimes d'un système inhumain à la logique implacable, que certains n'hésitent pourtant pas à considérer comme la meilleure chose que le "bon dieu" ait jamais inventée.

Goodyear est le troisième plus important fabricant de pneus au monde, derrière Michelin et Bridgestone. Elle opère une centaine d'établissements dans plus de 29 pays à travers le monde et emploie quelque 80 000 personnes. Son dernier exercice financier affiche des profits se chiffrant à plus de 228 millions de dollars. Dans son communiqué, Goodyear explique que la décision de fermer l'usine de Valleyfield "s'inscrit dans la stratégie globale de la compagnie de réduire les coûts élevés de sa production manufacturière".

Cela dit, personne à Valleyfield n'est vraiment surpris de cette décision. Il y a quelques années, une parade de politiciens dont l'ancien premier ministre péquiste Bernard Landry avait défilé dans la région pour annoncer un "méga plan de relance" pour la Goodyear, à condition que les travailleurs et travailleuses acceptent de signer un contrat à long terme qui comportait d'importantes concessions et qui était supposé "garantir leurs jobs". Ce plan machiavélique avait reçu l'appui du syndicat de la production et celui des employés techniques et de bureau, tous deux affiliés à la FTQ. On voit bien, maintenant, ce que tout ce beau plan a donné...

Au cours des dernières semaines, certains -- les plus naïfs, sans doute -- ont voulu croire à une possible relance de la production; pendant que les 14 000 travailleurs et travailleuses des usines de la Goodyear en Ontario et aux États-Unis étaient en grève, une partie de la production de la multinationale fut en effet transférée à Valleyfield où on a même procédé à quelques embauches, dont une quinzaine de travailleurs mis à pied chez Gildan. (Bien qu'il soit demeuré affilié à la FTQ, le syndicat de la production de Valleyfield a quitté il y a déjà plusieurs années les United Steelworkers, qui ont déclenché la récente grève il y a trois mois.)

Sauf que là, maintenant que la grève est terminée, Goodyear n'hésite pas à sacrifier ceux et celles auprès de qui elle est allée chercher de l'aide alors qu'elle se battait pour imposer des reculs ailleurs en Amérique du Nord (notamment, une baisse des salaires de 20$ à 13$ l'heure pour les nouveaux employés). Comme l'a dit une travailleuse de Valleyfield avec dépit: "On a accepté de faire les scabs en pensant que ça nous donnerait quelque chose mais là, on n'est pas plus avancés!"

Au lendemain de l'annonce faite par la direction de la Goodyear, le président de la FTQ Henri Massé a lancé un appel à la "mobilisation générale pour relancer l'usine". Notez bien que Massé n'a pas parlé de mobilisation pour s'opposer à la décision de la Goodyear ou empêcher la compagnie de procéder à sa transformation: il ne parle en effet que de la "relancer" et encore là, il ne le fait qu'en termes très vagues. Selon La Presse (06/01/2007), le chef syndical a d'ailleurs "reconnu qu'il n'avait pas actuellement d'atout dans sa manche concernant la relance, mais il entend faire pression sur les deux ordres de gouvernement et envisage aussi la participation du Fonds de solidarité de la FTQ" (big deal!).

Henri Massé, qui s'y connaît en la matière, a aussi déclaré que "quand on ne fait rien, on n'a rien". Il aurait pu également ajouter que quand on se contente d'adopter le même ton faussement indigné et toujours aussi peu crédible tout en donnant un bon coup de poing sur la table, on n'obtient généralement rien de plus.

La "mobilisation générale" dont il parle, semble concerner à peu près tout le monde sauf les travailleurs et travailleuses de la Goodyear eux-mêmes. La FTQ annonce qu'elle mettra sur pied un comité de survie, qui se confondra sans doute avec le comité de relance déjà mis en place par la ville de Valleyfield (n'en jetez plus, la cour est pleine!). L'ensemble des élites et des "décideurs" -- bref, tous ces "mange-merde" qui s'inquiètent surtout de l'impact qu'auront ces mises à pied sur leur propre activité commerciale -- vont se mobiliser en lieu et place des premières et premiers concernéEs.

Pour l'instant, ceux-ci et celles-ci semblent plutôt désemparéEs. Il faut dire qu'après toutes ces années où on leur a dit -- à commencer par leur propre syndicat -- que leurs intérêts se confondent avec ceux de la Goodyear, cette réaction est compréhensible. Leurs dirigeants syndicaux, qui incluent même un ancien marxiste-léniniste (Daniel Mallette, le président de la section locale 919), devraient pourtant être conscients de cette chose élémentaire: à savoir que seule la solidarité des travailleurs et travailleuses -- une solidarité basée sur la défense de leurs propres intérêts, et d'eux seuls -- peut venir à bout des grosses compagnies! Tout comme ils devraient savoir aussi que quand on se pense plus fins que les boss et qu'on met le doigt dans l'engrenage des concessions et de la "gestion participative", cela, la plupart du temps, correspond au début de la fin pour les travailleurs et travailleuses.

Comme l'ont souligné les militantes et militants communistes de Valleyfield qui ont participé au Congrès révolutionnaire canadien: "Face à la crise du capitalisme, les syndicats apparaissent de plus en plus désarmés! Nous sommes venus ici pour dire que nous appuyons la formation du Parti communiste révolutionnaire, parce que nous reconnaissons que la classe ouvrière a besoin de cet outil pour rassembler ses forces et mener une lutte efficace contre ce système qui nous opprime et opprime nos frères et nos sœurs de classe ici et partout dans le monde. Il est grand temps qu'on unisse les forces en colère contre le capitalisme et qu'on se mette enfin sur le sentier de la révolution!"

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Article paru dans Arsenal-express, nº 125, le 7 janvier 2007.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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