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Procès de Saddam: le camouflage des crimes états-uniens

Eric Smith, Samedi, Novembre 11, 2006 - 19:03

A World to Win News Service

(A World to Win News Service) Nul doute que Saddam Hussein a commis d'horribles crimes contre les peuples d'Irak et d'ailleurs. Mais son procès, qui vient de se terminer, n'aura été qu'une parodie de justice.

Comme l'ancien ministre de la Justice Ramsey Clark l'a souligné avant le début du procès, les États-Unis n'avaient aucun droit de traduire Saddam en justice, car l'occupation de l'Irak est illégale en soi. Mais cela n'a pas empêché l'impérialisme US de faire à sa tête. Ce n'est que plusieurs jours après le début des procédures que le parlement irakien a adopté une loi pour proclamer, rétroactivement, le caractère "national et irakien" du procès; mais cette manœuvre n'a trompé personne. Tout au long des procédures, l'ambassade américaine n'a cessé de donner des instructions à l'intention des juges, et c'est elle qui a assumé tous les frais du procès; en outre, celui-ci s'est déroulé dans la soi-disant "zone verte" -- une forteresse états-unienne interdite aux Irakiennes et Irakiens.

L'impatience des États-Unis, qui souhaitaient avec beaucoup d'ardeur voir Saddam traduit devant un tribunal "irakien", s'explique surtout par leur opposition de principe à l'existence du Tribunal pénal international. L'administration Bush admet en effet ouvertement qu'elle craint qu'un tribunal international apte à juger des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité puisse inculper des gens comme Henry Kissinger (le survivant le plus notoire parmi ceux qui ont dirigé la guerre au Vietnam) ou des responsables de l'armée américaine, voire le président lui-même.

Tout de suite après qu'on eût annoncé que Saddam avait été condamné à la pendaison, George Bush y est allé d'une autre de ses déclarations mensongères en disant que le procès représentait "un jalon dans les efforts du peuple irakien pour remplacer le règne d'un tyran par l'autorité de la loi". La réalité, c'est que c'est tout le contraire qui s'est produit:

- Pas moins de trois avocats chargés d'assurer la défense de Saddam ont été kidnappés au cours de l'instance, avant d'être carrément assassinés. Un quatrième a survécu de justesse à une tentative de meurtre. Bien que membre en bonne et due forme de l'équipe de défense de Saddam, l'avocat Ramsey Clark s'est vu refuser le droit de séjour en Irak pour la majeure partie du procès. Il s'est fait carrément bouter hors du tribunal par les gardes de sécurité après qu'il eut présenté une requête dans laquelle il avait osé qualifier le procès de "simulacre de justice".

- Les États-Unis ont littéralement "magasiné" le juge de leur choix: le premier juge ayant été appointé à titre de président du tribunal a d'abord démissionné, après avoir constaté qu'il n'avait aucun mot à dire sur ce qui se passait à l'intérieur de sa propre salle d'audience. Jugé trop "mou" par les Américains parce qu'il a autorisé Saddam à s'adresser à lui, son successeur s'est ensuite vu reprocher d'avoir déjà été membre du parti Baas (le parti de Saddam), et il fut prestement écarté de l'affaire. (Si tant est que cette accusation est exacte, son appartenance au parti Baas était certainement déjà connue bien avant qu'il soit nommé juge du procès; ce n'est donc pas la vraie raison pour laquelle il a été démis.) Quant au troisième et dernier juge, dont les États-Unis se sont enfin satisfaits, il s'est avéré que des membres de sa propre famille avaient été personnellement victimes de Saddam, précisément dans l'un des massacres dont il était accusé! Étrangement, cela fut considéré comme un facteur ajoutant à sa compétence, alors que les règles universelles du droit bourgeois auraient dû au contraire emporter sa récusation immédiate.

Le résultat net de toutes ces manœuvres, c'est que Saddam fut tenu au silence durant la majeure partie du procès, et que les témoins ou avocats souhaitant plaider en son nom pouvaient s'attendre à recevoir une balle dans la tête, à tout moment!

- Enfin, le verdict a été rendu au moment où Bush en avait le plus besoin, deux jours avant la tenue des élections au Congrès et au Sénat américains. Des responsables irakiens se sont plaints, sous le couvert de l'anonymat et auprès de plusieurs sources, du fait que les États-Unis leur ont carrément donné l'ordre de prononcer le verdict et la sentence à ce moment précis.

Le journaliste britannique Robert Fisk a correctement fait ressortir les objectifs politiques ayant motivé la décision qui a été prise, au départ, quant à savoir de quels crimes Saddam allait être accusé. Parmi toutes les charges potentielles qu'on pouvait porter contre lui, Saddam fut accusé des meurtres de 148 villageois commis en 1982 dans le village chiite de Doujaïl, qu'il avait ordonnés en représailles suite à une tentative d'assassinat dont il avait été la cible lors d'une visite à cet endroit. Même si ce crime est certes d'une extrême gravité, Saddam n'en a pas moins commis beaucoup d'autres encore bien pires. Saddam doit en principe subir un autre procès dont les procédures ont été entamées, en rapport avec les événements qui se sont produits durant l'opération Anfal, suite à laquelle pas moins de 180 000 Kurdes ont perdu la vie. On se rappellera notamment de l'incident tristement célèbre du village d'Halabja en 1988, quand des milliers de Kurdes ont été éliminéEs par une attaque au gaz toxique.

Les États-Unis ont tout fait pour jeter de l'ombre sur ce deuxième procès, et ils souhaitent maintenant que la pendaison de Saddam intervienne le plus tôt possible, avant son arrivée à terme. Ce sont en effet les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne qui ont fourni les produits chimiques, l'anthrax et les autres agents biologiques ayant permis au régime de Saddam de commettre cet horrible massacre. À l'époque, les États-Unis avaient utilisé leur droit de veto pour bloquer une résolution du Conseil de sécurité condamnant Saddam; l'administration américaine avait même laissé entendre -- tout en sachant pertinemment que cela était faux -- que c'est l'Iran qui était derrière le massacre d'Halabja.

Le procès de Saddam fut tout sauf une procédure légale et conforme à la primauté du droit; ce fut pour l'essentiel une sorte de règlement de compte entre bandits en brouille. C'est bien la force brute des armes qui y a prévalu, et certainement pas "le droit et la justice". Après la mort de centaines de milliers d'Irakiennes et d'Irakiens résultant de l'invasion qu'ils ont commise et de l'occupation qu'ils poursuivent; après le massacre de la population civile à Fallouja et les révélations sur ce qui s'est produit à la prison d'Abu Ghraib, l'idée même que les États-Unis puissent donner quelque leçon que ce soit en matière de justice ne peut être qu'une sinistre blague. "L'Opération Libération de l'Irak" a remplacé la tyrannie de Saddam par une tyrannie encore plus grande et brutale: celle de la domination directe de l'impérialisme US.

Par-dessus tout, le procès de Saddam aura été une opération de camouflage, visant à dissimuler le fait que pendant une bonne partie de sa carrière politique, Saddam Hussein aura été le tueur à gages de l'impérialisme US.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 119, le 12 novembre 2006.

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