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D'Oaxaca à Québec: Nous sommes en crise et vivons la répression, mais...

Michael Lessard..., Dimanche, Novembre 5, 2006 - 10:37

Michaël Lessard, Article indépendant et bénévole.

Un article indépendant sur la conférence à Québec donnée par des représentant-es du peuple d'Oaxaca (Mexique)
(- Michaël Lessard, 4 novembre 2006)

« Nous sommes en crise et vivons la répression,
mais le peuple demande simplement ses droits
et ne peut accepter de laisser tomber sa dignité. »
- Trad. libre des conclusions d'une enseignante d'Oaxaca

À Oaxaca, un état du Mexique, les enseignant-es étaient en grève pour réclamer l’amélioration des salaires et des infrastructures des écoles rurales. Elles/ils occupaient pacifiquement la place historique du Zocalo depuis le 15 mai. Le 14 juin 2006, le gouverneur d'Oaxaca choisit de réprimer ce mouvement, une répression qui s’est soldée par la mort de 11 personnes, dont une femme enceinte et deux enfants, la destruction des emplacements de la radio communautaire Radio Planton, principal émetteur de cette lutte syndicale. La population étant outrée et solidaire contre la répression, plus de 360 organisations sociales se sont unies sous le nom de APPO: Assemblée Populaire des Peuples d'Oaxaca.

L'APPO exige la destitution du gouverneur Ulizes Ruis, qui représente le système corrompu du Parti Révolutionnaire Institutionnel (parti qui est resté plus de 70 ans au pouvoir au Mexique), la libération des prisonnier-ières politiques, l’action massive civile et pacifique et l’assemblée populaire comme suprême instance de décision. Le gouvernement, à travers les médias, nie que les communautés indigènes, les enseignant-es et les groupes sociaux sont unis à Oaxaca. Pour tenter d'écraser cette lutte populaire, l'État a envoyé une unité spéciale de l'armée dite Police fédérale de prévention (PFP).

Pour témoigner, des représentant-es de l'APPO et du Conseil indigène populaire d’Oaxaca - 'Ricardo Flores Magón' (CIPO-RFM) font une tournée du Québec et de l'Ontario. Cette tournée a offert une conférence à Québec, le 4 novembre au soir, avec un représentant du CIPO-RFM et une représentante des enseignant-es d'Oaxaca. Au Québec, la tournée est principalement accueilli par Ici la Otra (groupe de Montréal adhérant à l'EZLN) et des collectifs membres de la NÉFAC (réseau anarchiste québécois).

Le pouvoir fait usage d'une répression grave et croissante
Pour tenter d'écraser les organisations indigènes, le gouvernement les accuse d'être des rebelles armés (guérilleros). Or le CIPO-RFM est résolument pacifiste, au point où ses communautés-membres ont comme principe d'éviter la répression de ses délinquants. Ici, le mensonge du gouvernement saute aux yeux.

Le porte-parole du CIPO-RFM rapporte que les gens reçoivent des menaces de mort de la part des militaires dits policiers. Il a d'ailleurs fait l'éloge de Bradley Will assassiné le 27 octobre dernier alors qu'il faisait un reportage solidaire et bénévole, associé au réseau Indymedia. Il a salué les gestes de solidarité posés par Bradley, cinéaste new-yorkais et reporteur indépendant. Trois autres personnes furent assassinées avec Bradley ce jour-là. Pour faire preuve de plus de subtilité, le gouverneur aurait donné l'ordre aux hôpitaux de ne pas soigner les personnes blessées durant la crise actuelle : si cela s'avère démontrable, il s'agit d'un crime extrêmement grave auquel devra répondre le gouverneur. Le conférencier estime que la détention d'enfants est une autre méthode employée pour intimider le peuple qui appuie les demandes de l'APPO. Il affirme que les communautés indigènes refusent catégoriquement de plier face à toutes ces tactiques de répression.

Le pouvoir aurait peur des organisations populaires indigènes, ces dernières étant désormais indépendantes d'un gouvernement qui n'offre pas les services nécessaires ou primaires telle la santé. Le conférencier fait l'hypothèse que la présence de ressources minières et de pétrole dans la région explique peut-être aussi pourquoi l'État souhaite contrôler par la force les communautés indigènes.

Avant la répression flagrante, il y avait un environnement violent...
Le peuple indigène subissait déjà une violence plus « subtile ». Le porte-parole du CIPO-RFM rapporte que des entreprises font travailler des gens avec des produits toxiques sans même les informer des dangers. Sa communauté estime que leur environnement est menacé par ces entrepreneurs irresponsables, ce qui revient à menacer l'héritage des prochaines générations. Comble de la violence économique des possédants, les peuples ont l'interdiction d'utiliser certaines plantes à l'exclusion de la forme commerciale, car des entreprises ont mis des brevets sur l'usage de certaines plantes et des savoirs herboristes.

Des communautés indigènes choisissent une vraie démocratie et les droits humains
Selon le représentant du CIPO-RFM, la naissance d'une telle organisation indigène fut influencée par le souvenir que leurs ancêtres ont été esclaves de conquérants étrangers (ex.: les conquistadors), par les héros de la Révolution mexicaine et par la nécessité de combler les besoins de base de la communauté. Vu l'indifférence du gouvernement et le manque sévère de services publics pour les communautés indigènes, ces dernières devaient s'organiser sur leurs propres bases, créant ainsi toute une nouvelle culture organisationnelle. Les 26 communautés membres du CIPO-RFM, représentant environ 2000 personnes, appliquent des principes démocratiques libertaires sous la forme d'assemblées populaires — avec comme organisateur-trices uniquement des bénévoles mandataires au lieu de chefs — et un respect important des droits et libertés de chacun et chacune.

Ricardo Flores Magón (1873-1922), un autochtone qui inspire le CIPO-RFM, avait amorcé des études en droit, qu'il interrompit pour dénoncer la dictature par le biais de son journal à tendance anarchiste Regeneración. Magón était un ami de Emiliano Zapata qui fut un des principaux acteurs de la Révolution mexicaine contre le général Porfirio Díaz qui s'était emparé du pouvoir en 1876. Le conférencier a expliqué que Magón était attristé par le manque de solidarité des gens de la ville et, qu'avec son journal, il aurait cherché à encourager l'entraide populaire.

Pour en savoir plus sur Assemblée Populaire des Peuples d'Oaxaca (APPO)
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