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La vieille Chine de Mao Tse-Toung

Anonyme, Jeudi, Novembre 2, 2006 - 10:07

Steve Tremblay

Le texte ci-dessous fut publié dans Battaglia Communista (Italie) en mai 1959,
Nous le devons à Présence Marxiste (France) de l’avoir tiré des archives.

Déjà en 1959, un militant de la gauche communiste voyait les ravages que faisait le maoïsme sur la classe ouvrière chinoise. Comme le dit si bien le texte de l’auteur Munis :
« Les Moscou et Pékin d’aujourd’hui se doivent l’une à l’autre la vie. Si la révolution prolétarienne de 1926-27 [En Chine] avait triomphé, le renouveau qui s’ensuivait pour le prolétariat mondial aurait étouffé dans l’œuf la contre-révolution russe, et l’histoire des trente dernières années [80 ans en 2006 ] aurait suivi un cours ascendant, diamétralement opposé à l’actuel. À son tour, le parti de Mao Tsé-Toung n’aurait pas aujourd’hui droit de haute et basse justice sur 500 millions d’hommes sans le triomphe de la tendance contre-révolutionnaire en Russie. [en 1921]»

Des communistes internationalistes, Montréal.

LA VIEILLE CHINE DE MAO TSE-TOUNG

Le gouvernement régnant sur la Chine depuis dix ans est né de la défaite du prolétariat et poursuit des fins contre-révolutionnaires, dont il est l’expression condensée et systématique. Cette affirmation préliminaire est indispensable pour aborder le thème, « la Chine d’aujourd’hui », sans que l’on me prenne pour l’un de ces fabricants de sirop progressiste si nombreux de par le monde actuel.

La propagande nous met sous les yeux les soi-disant réalisations du nouveau gouvernement, fait miroiter les chiffres de production doublée ou décuplée, des projets gigantesques, nous offre des perspectives d’une ascension rapide vers le communisme, des photos d’hommes toujours souriants au travail, littérature malsaine grossièrement enrobée de marxisme, élucubrations de mandarins sycophantes versifiées par Mao Tsé-Toung. Laissons dire; ce n’est que de la propagande.

Souvenons-nous, quant à nous, que tout régime politique, si réactionnaire et cynique soit-il, a besoin de se donner une justification morale, un masque philosophique présentable au vulgaire. Dans ce domaine, les régimes staliniens sont passés maîtres. Élaborer leur propagande et l’enfoncer dans le crâne du public mondial constitue une de leurs principales activités et un des plus coûteux chapitres de leurs budgets. Qu’au lieu de vérité et de qualité ils nous servent quantité de mensonges, est moins pour eux affaire de volonté qu’absolue nécessité. Ils font leur travail de la seule façon qu’ils puissent. L’étonnant est que leurs dires soient pris pour argent comptant parmi pour ceux qui se tiennent pour révolutionnaires, y compris des anti-staliniens. Aux yeux de la majorité de ceux-ci la Chine jouit d’un préjugé de tolérance plus grand que n’importe quelle autre des succursales de la Russie. Ceux mêmes qui nient l’existence d’une révolution socialiste en Chine accordent au nouveau gouvernement un caractère progressiste, issu, sinon de l’imagination, du moins de la propagande dudit stalinisme.

À la faveur de la prostration du prolétariat mondial, la propagande dégrade les esprits et donne à sa camelote une couleur d’authenticité. Mais son empire n’est pas plus absolu qu’éternel. Les Mao Tsé-Toung de tout acabit, ne réussiront pas à se donner plus que la satisfaction passagère des marchands de vent et des réactionnaires traditionnels : celle que leur consent l’abaissement temporaire de la conscience mondiale. Le premier sursaut révolutionnaire balaiera de la scène leurs paroles, leur œuvre et leurs personnes mêmes, résultats de la plus impudente supercherie qu’ait enregistrée l’histoire.

Il est impossible de bien comprendre la nature de quelque régime que ce soit sans le situer dans le cadre historique correspondant sur le plan national et international. Plus encore lorsqu’il s’agit du nouveau gouvernement stalinien chinois, dont les premiers germes, presque totalement inconnus même pour des « initiés » de l’avant-garde idéologique, doivent être dégagés de la profonde nuit qui a enveloppé le corps-à-corps de la révolution et de la contre-révolution en Russie, trente ans auparavant, et des relations étroites de cette dernière avec Tchang Kaï-Chek.

Le prolétariat chinois -si l’on ne parle pas du prolétariat russe- est la première victime du développement propre de la contre-révolution stalinienne russe, tout à la fois sournoise et féroce. En 1926, un soulèvement révolutionnaire du prolétariat et des paysans avait complètement disloqué le vieux régime chinois (1). Partout, dans les villes, usines, villages, s’étaient constitués des soviets représentatifs du nouveau pouvoir révolutionnaire, tandis que l’ancien pouvoir capitaliste du parti Kuo-Min-Tang gisait désarticulé, sans autre validité que celle imposée localement par l’occupation territoriale de ses forces armées et policières. Celles-ci étaient très insuffisantes pour assurer le pouvoir capitaliste sur l’ensemble du territoire et, d’autre part, ouvriers et paysans armés spontanément ou organisés en milices, représentaient un potentiel militaire aussi puissant que celui du capitalisme et infiniment supérieur du point de vue numérique et moral. De surcroît, l’état des partis était exceptionnellement propice à la révolution prolétarienne, propice comme il n’a jamais été depuis dans aucun pays. De fait, il n’existait que deux partis : celui du capitalisme, le Kuo-Min-Tang, et le parti communiste. Le premier était un parti d’origine démocratico-bourgeoise, qui servit bientôt de couverture aux intérêts et à la pensée capitalistes. De son côté, le parti communiste ne rencontra autour de lui aucune autre organisation ni même fraction, qui lui disputât l’adhésion confiante des opprimés. L’action et les réalisations de ceux-ci, leurs défaites et leurs triomphes, tout le cours des évènements, en somme, dépendaient entièrement de lui. Il ne pouvait faire ce qu’il fit depuis dans bien des pays, rejeter la responsabilité de la défaite en accusant de mauvaise volonté ou de trahison d’autres partis. Il n’y en avait point. En conséquence défaite et trahison retombent pleinement et uniquement sur lui. Voyons maintenant ce qui s’est passé et pourquoi.

Au moment précis où le pouvoir révolutionnaire des soviets atteint son expansion maxima, où il n’y a plus qu’à les coordonner en un pouvoir unique annulant celui du capitalisme, Moscou décide et impose au Parti Communiste : dissolution des soviets, subordination des milices révolutionnaires et des patrouilles ouvrières en général au gouvernement établi, « dissolution» du Parti Communiste au sein du Kuo Min-Tang*. Les masses, ainsi que des noyaux de révolutionnaires à l’intérieur du Parti Communiste, résistent à l’exécution de ces directives. Cependant, l’appareil bureaucratique parvient à s’imposer, et la révolution est jugulée. Tandis que les généraux désarment ouvriers et paysans, tandis que les bourgeois récupèrent « leurs » propriétés, et que les bonzes de la religion bouddhiste entonnent de nouveau leurs litanies, Mao Tsé-Toung, Chou En-Lai, tous les principaux dirigeants de la Chine actuelle, fraternisent avec eux. Tchang Kaï-Chek et Staline échangent des photographies mutuellement dédicacées. Peu après, le Kuo Min-Tang assassinait en masse les ouvriers révolutionnaires. En résumé : la révolution chinoise fut intentionnellement écrasée par le Parti Communiste, agissant sur les ordres de Moscou, et en étroite collaboration avec Tchang Kaï-Chek.

Du point de vue formel, phylogénique peut-on dire, la politique suivie alors par le stalinisme en Chine était réformiste. Mais la terminologie et les événements de référence traditionnels ne sont d’aucune valeur dans le cas du stalinisme. Ils ne servent qu’à dissimuler son idiosyncrasie, quand ce n’est pas à faire son jeu. Si l’on ne veut point faillir dangereusement au substrat économique et politique de la Russie, sa métropole universelle.

La révolution chinoise coïncide avec la période décisive de l’intronisation de la bureaucratie en Russie. La lutte de l’Opposition de gauche contre celle-ci, défendait en même temps, et les bases essentielles de la Révolution d’octobre, et la continuation extérieure d’une politique de révolution mondiale. L’un des plus importants ouvrages de Léon Trotzky, L’Internationale Communiste après Lénine, mit en évidence, à un degré encore supérieur à ce que proposait Trotzky lui-même, ce qu’avait de funeste pour le prolétariat international la politique que Moscou était en train d’imposer en Chine. Le conflit au sein du Parti et du gouvernement russes s’engrenait, avec la même signification et la même âpreté, sur la lutte, au sein du Parti Communiste Chinois, entre les partisans de l’alliance avec Tchang Kaï-Chek et la bourgeoisie, et les partisans du pouvoir des soviets et de la révolution prolétarienne.

Le gouvernement russe et l’Internationale Communiste étaient alors beaucoup plus corrompus que ne le croyaient les révolutionnaires. En conséquence, il n’y eut de lutte idéologique loyale, validée par la participation et le vote des militants, mais une décision dictatoriale de Moscou. La corruption des hommes par les situations, l’argent ou la vanité, la falsification des nouvelles et des faits, la vile calomnie répandue contre les révolutionnaires, en même temps qu’on les empêchait d’exprimer leurs idées, furent les moyens employés; le recours suprême fut la destitution, par l’ukase de Moscou, de membres de la direction et de comités entiers qui avaient été élus démocratiquement, alors qu’était désignée du doigt une nouvelle direction, tout comme le pape désigne ses évêques. Ainsi accédèrent aux postes clefs du Parti Communiste Chinois les Mao Tsé-Toung, Chou En-Laï, etc., une fois destituée la direction révolutionnaire de Chen Du-Siu, dont certains des participants devaient plus tard mourir assassinés par leurs successeurs vénaux.

Qui ne sait depuis Darwin, depuis Linné même, que chaque espèce demeure définitivement marquée par ses caractères morphologiques originaires, par sa mutation génétique dirait-on aujourd’hui? Cette loi biologique est également valable en sociologie mais avec une transcendance qui lui est propre, puisqu’elle concerne des sociétés entières où intervient la volonté des individus représentée dans le cas des mutations régressives, comme celle qui nous occupe, par une coercition idéologique et physique qui ressortit à l’écrasement millénaire de l’homme. Tous les partis communistes subissent le remplacement dictatorial de leurs directions élues par d’autres, formées de fonctionnaires dociles mais princièrement rémunérés. Aucune cependant, n’est aussi étroitement liée à la naissance et à la consolidation de la contre-révolution stalinienne en Russie que celle qui règne en despote actuellement à Pékin.

Les Moscou et Pékin d’aujourd’hui se doivent l’une à l’autre la vie. Si la révolution prolétarienne de 1926-27 avait triomphé, le renouveau qui s’ensuivait pour le prolétariat mondial aurait étouffé dans l’œuf la contre-révolution russe, et l’histoire des trente dernières années aurait suivi un cours ascendant, diamétralement opposé à l’actuel. À son tour, le parti de Mao Tsé-Toung n’aurait pas aujourd’hui droit de haute et basse justice sur 500 millions d’hommes sans le triomphe de la tendance contre-révolutionnaire en Russie. La mutation réactionnaire russe et la mutation réactionnaire chinoise se produisirent simultanément et se soutinrent mutuellement. Quiconque n’en tient pas compte en parlant de la Chine actuelle se laisse aller, qu’il le veuille ou non, vers une zone d’intérêts opposés à ceux du prolétariat : on le fait marcher. Il suffit de se souvenir que les meilleurs propagandistes de la « nouvelle » Chine sont des représentants de la bourgeoisie occidentale descendants directs, -lorsqu’ils n’en sont pas eux-mêmes- de ceux qui se jetèrent comme une meute sur les bolchéviks en 1917.

Pour se réaliser dans le devenir en société humaine, le prolétariat doit acquérir le degré minimum de conscience que lui consent le déroulement de la lutte de classe mondiale. L’aspect négatif, énorme et menaçant qu’offre la contre-révolution stalinienne constitue une leçon beaucoup plus importante que celle des épisodes victorieux, trop brefs jusqu’à présent. Dans cette perspective, il est extrêmement important de rappeler aujourd’hui un document presque totalement ignoré dans le monde, intitulé Lettre de Changaï et signée, durant la période révolutionnaire des années 20, par un groupe de militants responsables de la première heure, au moment où s’appeler communiste et appartenir aux comités ne signifiait pas privilège matériel ou espoir de l’obtenir, mais danger et dévouement à la cause du prolétariat. La Lettre critique la politique pro-bourgeoise du parti chinois, déjà amputé de sa direction véritable, et croyant ingénument que les hommes de Moscou en seraient scandalisés, lance contre celui-ci ces deux accusations : 1) Les nouveaux comités ne choisissent que des fils de mandarins ou de bourgeois pour étudier dans leurs écoles, être envoyés dans les écoles russes et pour accéder aux fonctions dirigeantes, les ouvriers étant traités comme quantité négligeable; 2) La conception qu’a la nouvelle direction de sa tâche est exclusivement militaire, opposée à l’intervention directe et à l’acquisition d’une conscience politique de la part des exploités.

Accusations d’une portée bien supérieure à celle que lui attribuaient leurs auteurs : elles mettent en évidence les eaux stagnantes où s’abreuvait le parti « communiste » chinois, ainsi que sa composition sociale. En effet, ses cadres politiques proviennent dans leur quasi totalité des anciennes classes dirigeantes, en particulier des classiques mandarins abrutis et des « compradores » serviles surgis du contact avec le capitalisme occidental (2). Pendant bien des années, bureaucrates, généraux et écrivailleurs de cette piètre lignée, que le stalinisme appelait des théoriciens, étaient continuellement interchangés, comme par une osmose naturelle, entre les quartiers généraux respectifs de Mao Tsé-Toung et de Tchang Kaï-Chek. Celui-ci a dû réfléchir plus d’une fois aux possibilités de commander la Chine à partir d’un secrétariat du parti stalinien. Il lui aurait fallu y penser plus tôt. Ne lui propose-t-on pas, aujourd’hui même, un poste élevé au gouvernement de Pékin à la condition de rendre Formose? Qu’on imagine Lénine et Trotzky proposant à Kornilov, Denikine ou Wrangel d’entrer à leur gouvernement et l’on obtiendra par l’absurde, une idée claire du caractère réactionnaire des hommes de Pékin. D’autre part, à moins de l’oublier volontairement, ce n’est un secret pour personne que, depuis la dernière guerre, une fois la Russie devenue la deuxième puissance impérialiste, les généraux de Tchang Kaï-Chek sont passés avec armes et bagages à Mao Tsé-Toung, ou bien lui ont vendu les armes récemment reçues des Etats-Unis. Le gouvernement yankee, conseillé par ses ambassadeurs et observateurs, retira à Tchang Kaï-Chek le ravitaillement en armes, le condamnant très sciemment à la défaite. Washington s’attendait, à vrai dire, à trouver dans les nouveaux maîtres de la Chine des interlocuteurs complaisants et à être aussi influent à Pékin, pour le moins, que Moscou. Cela ne s’est pas encore produit mais se produira fatalement, à moins d’une défaite de Pékin au profit du prolétariat, ou d’une guerre prochaine. Il y a pour le croire, entre autres raisons de poids, celle-ci, qui est irrécusable : le parti dictateur chinois n’étant pas une association idéologique révolutionnaire, pas plus que le parti russe, la lutte pour l’usufruit de la plus-value amènera celui-là à contrebalancer la Russie par les Etats-Unis dès que la première occasion propice se présentera. Aussi longtemps que la société est régie par les minorités exploitantes forcément tyranniques, celles-ci fondent leur « indépendance » et leur « grandeur nationale » sur un jeu de bascule entre les principales puissances. Dans le monde actuel, soumis à d’écrasantes pressions économiques, politiques et militaires, la possibilité du double jeu a diminué pour les petites et moyennes puissances, mais l’importance de sa réalisation s’est accrue d’autant. L’alliance entre Moscou et les divers gouvernements satellites ne repose pas sur des idées, moins encore sur une homogénéité économique socialiste. Rien n’est plus révoltant à cet égard que de voir des hommes et des groupes qui se disent anti-staliniens se faire partiellement l’écho des falsifications officielles, qui sont une dérision pour le prolétariat. La réalité est tout autre : tout parti ou régime dépendant de Moscou peut parfaitement s’accommoder de la soumission à Washington, sans qu’il soit besoin de changer un iota à sa prétendue base économique socialiste. Non sans raison, le précédent créé par Tito a affolé le Kremlin et c’est en vain qu’il s’est efforcé, ces dernières années, d’apparaître comme un « chef de file » impérialiste aussi souple que Washington.

Néanmoins, l’accusation essentielle et la plus clairvoyante de la Lettre de Changaï est celle concernant l’abandon de la lutte des classes et sa supplantation par la lutte militaire. Elle surpasse de loin la portée que lui attribuaient ses auteurs (3). Ceux-ci croyant encore qu’il s’agissait d’une déformation particulière au Parti Communiste chinois, protestaient devant le Comité Exécutif de l’Internationale alors qu’elle était déjà devenue un bras tentaculaire du gouvernement russe, et que ce gouvernement, entièrement prisonniers des intérêts réactionnaires qui subsistaient dans la société russe, mettait en mouvement, sans ambages, sa lutte de classe contre la prolétariat. La situation politique et économique en Russie avait été retournée.

Les intérêts réactionnaires, politiquement exposés par la bureaucratie stalinienne, incompatibles avec ceux du prolétariat russe, aussi bien qu’avec la révolution mondiale, ne pouvaient s’accrocher qu’à des méthodes militaires, face aux menaces extérieures, et à des méthodes policières face au péril intérieur : les masses. La « méthode » était inventée depuis les Pharaons.

(1). Pour mesurer l’ampleur et la profondeur de l’assaut révolutionnaire, il suffit de lire le roman Les Conquérants, de Malraux futur transfuge.
(2). Ce fait a été signalé ces dernières années par des personnes qui ignoraient la Lettre de Changaï, tels que George E. Taylor et Etiemble.
(3). La majorité des signataires sont devenus les victimes de Mao Tsé-Toung, mais il n’est pas exclu que certains ne soient aujourd’hui des potentats du nouveau gouvernement, grâce à la corruption et à l’avilissement des hommes, qui sont le procédé fondamental du stalinisme. La valeur politique du document serait ainsi doublement notifié.



Sujet: 
Le bordigo-trostkysme et la Chine
Auteur-e: 
Richard
Date: 
Ven, 2006-11-03 12:21

Encore ce mythe de la méchante bureaucratie stalinienne qui a imposé au parti communiste chinois l'adhésion au Kouomintang. Faisant trop de concessions à la bourgeoisie chinoise et ne développant pas l'indépendance du prolétariat, cela aurait amené le PCC à ne pas mener à fond la lutte pour la construction du socialisme. Et l'auteur du texte affirmé, remplaçant le matérialisme dialectique par la spéculation idéaliste, "Si la révolution prolétarienne de 1926-27 [En Chine] avait triomphé, le renouveau qui s’ensuivait pour le prolétariat mondial aurait étouffé dans l’œuf la contre-révolution russe, et l’histoire des trente dernières années [80 ans en 2006 ] aurait suivi un cours ascendant, diamétralement opposé à l’actuel."
De un, est-ce exact de dire que la révolution était si avancée dans la Chine de 1926-1927. Il faut rappeler que le prolétariat chinois était une force très embryonnaire dans ce pays. La paysannerie y était la force principale. L'implantation des communistes dans la paysannerie était très faible. À qui la faute? À une partie de la direction du PCC d'alors, nommément Tchen Tou Sieou, qui méprisait la paysannerie et la caractérisait comme étant une classe de petits propriétaires alors que la grande majorité des paysans ne possédaient presque rien. Ce Tchen Tou Sieou deviendra trotskyste par la suite. Le mouvement de 1926-1927 n'a jamais touché la grande partie de la Chine contrairement à ce que laisse entendre le texte. C'est le manque d'implantation dans la paysannerie qui a causé la défaite du mouvement et non pas la visée de développer le mouvement démocratique anti-féodal et anti-impérialiste. De toute manière, pour Trotzky, les tâches révolutionnaires pour la Chine ne consistait qu'à obtenir l'"autonomie douanière", (ce qu'obtiendra Tchang Kai Chek en 1930) et, pour Tchen Teou Sieou, une vulgaire modernisation et industrialisation à l'occidental de la Chine. De beaux grands objectifs révolutionnaires!!!
C'est parce que Mao aura, suite à cette échec, tiré des leçons de ce mouvement que les choses avanceront par la suite. Il aura fait une analyse matérialiste de la situation et non pas émis des propos spéculatifs sans lien avec la réalité concrète de l'époque.
De deux, comment était-il possible que le Komintern exerce une telle direction étouffante sur le PCC dans les années 20? À ma connaissance, les cellulaires et internet n'existaient pas à l'époque. Le réseau téléphonique entre Shangai et Moscou n'était pas développé. Il y avait un membre du Komintern en Chine mais ses conseils ne faisaient pas office de directives. Le komintern, par voie de courrier, pouvait envoyer des suggestions. Par contre, entre Moscou et Shangai, l'expédition d'une lettre pouvait prendre de 6 à 8 mois. Les insuffisances du mouvement ne peuvent pas être imputés principalement au Komintern ou à Staline. Les erreurs principales viennent de la direction politique du PCC en Chine.
Cependant, il est vrai que dans le Komintern de l'époque, la conception insurrectionaliste était dominante. Ça avait réussi pour la Russie. Pourquoi ne pas l'appliquer ailleurs? Ce fut un échec dans tous les pays. C'est en rompant avec cette vision que le PCC a fait triomphé la révolution en Chine et non pas en s'y infermant comme le voudrait les trotskytes et une certaine ultra-gauche.
De trois, était-ce si erronée de participer au Kouomintang? Lors du IIe congrès de l'IC, Lénine, lui-même, encourageait les communistes à "conclure des ententes temporaires, voire des alliances avec la démocratie bourgeoise des colonies et des pays arriérés mais non fusionner avec elle..." Oui le PCC rejoint le Kouomintang au début des années 20. Ce n'est pas de l'entrisme comme les Trotskystes font. Le Kouomintang se présente comme une vaste coalition. Les trots qui font de l'entrisme disent qu'ils le font pour consolider leur organsiation en se rapprochant de la gauche des partis socio-démocrates. Dans les faits, les groupes trots voient leur membership fondre comme neige au soleil dans ces partis. Comment peuvent-ils parler de maintien de l'indépendance de classe surtout qu'ils rejoignent des partis bourgeois dans des pays où seules les tâches de la révolution socialiste se posent? Par contre, pour la Chine, où les tâches de la révolution démocratique restaient à faire et où le Kouomintang, avant le coup fourré de TchangKaiChek en 1926, jouait encore un rôle intéressant, il ne fallait pas rejoindre cette organisation. Tout pour ne pas faire la révolution et beugler des niaiseries.
De 1922 à 1927, le membership du PCC crut de 300 à près de 70 000 membres. Les syndicats contrôlés par le PCC atteignirent 3 millions de membres. Le PCC avait des membres à tous les échelons du KMT. 90% des organisations de base et intermédiaires du KMT étaient contrôlés par des communistes et le Kouomintang de gauche. Pourtant, le PCC conservait son autonomie organisationnelle. À cette époque, le KMT ressemblait à une coquille vide contrôlée par le PCC et le Koumintang de gauche. La droite du KMT est numériquement faible. Par contre, en 1926, lors de la grande offensive armée contre les seigneurs de guerre du nord de la CHine, même s'il y eut une victoire militaire indéniable du KMT et des communistes sur les réàctionnaires, cela ouvrit une nouvelle situation politique où, si le PCC en avait eu la force politique, il fallait revoir la politique d'alliance. Après la défaites des seigneurs de guerre, une grande partie de ceux-ci rejoignirent le KMT et s'allièrent avec Tchang Kai Chek qui trouvait que les communistes en menaient trop larges. La droite du KMT s'était donc considérablement renforcée
Était-il possible de rompre avec le KMT? Pouvait-on réussir à entrainer les forces du Kouomintang de gauche dans cette rupture? Devait-on rompre avec
ce Kouomintang de gauche? Curieusement, les membres du PCC qui défendaient la rupture avec le KMT le faisaient pour ne pas confronter le KMT de droite. Cela revenait à dire qu'il fallait laisser les forces de gauche dans le KMT sous la houlette de Tchang Kai Chek. Cela n'avait rien à voir avec l'idée de consolider et renforcer l'autonomie du PCC. Est-ce que les éléments authentiquement révolutionnaires du PCC pouvaient rompre avec le KMT dans cette situation? Aujourd'hui, on pourrait dire que cela aurait mieux valu. En même temps, le gros problème dans le PCC était la direction du Parti qui refusait d'implanter le parti à la campagne. Avoir sorti du KMT sans encore être vraiment implanté dans les campagnes n'aurait pas donné grand chose.

Ce qui est sûr, c'est que quand un trotskyste dit quelque chose, il faut toujours s'en méfier et faire une étude matérialiste de la situation. Je suggère de lire le très bon livre de Kostas Mavrakis, Du Troskysme, où on en apprend beaucoup sur les mensonges des disciples du bandit politique qui, selon une certaine version, a reçu un coup de pic à glace dans la tête à cause d'un histoire de cul où était impliqué son secrétaire et une femme sur laquelle Trotsky avait des visées.

Disons aussi que le bordigo-trotskysme, c'est aussi du trotskysme!


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Sujet: 
Sans oublier
Auteur-e: 
léniniste-trotskyste
Date: 
Sam, 2006-11-11 23:07

Il ne faut pas oublier la politique étrangère contre-révolutionnaire de Mao dans les années 70, l'alliance avec l'impérialisme américain pour combattre l'URSS, le soutien au Shah d'Iran, à Mobutu au Zaïre, à Pinochet au Chili et au mouvement de droite UNITA en Angola. Sans appuyer l'appui au Pakistan contre la lutte de libération nationale du Bengladesh en 1971-1972 et le soutien au gouvernement sri-lankais lors de l'insurrection tamoule en 1971. Tout un communiste révolutionnaire ce Mao! Ce sont toutes des choses que nos maos locaux refusent de parler, alors qu'ils préfèrent rester enfermé dans leur langue de bois néo-stalinienne.

L'histoire sur la mort de Trotsky est vraiment amusante. On pourrait parler de la pédophilie de Mao, telle que racontée par son médecin personnel dans son livre sur La vie privée du Président Mao. Mais bien sûr nos maos locaux vont continuer à défendre la "sainteté" de leur gourou!


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Sujet: 
Ragots maoïstes
Auteur-e: 
Steve Tremblay
Date: 
Sam, 2006-11-04 09:35

D'une façon ou d'une autre, tout ce qui demeurait révolutionnaire internationaliste en Chine, fut appelé désormais « trotskisme » (Mao Tsé-tung poursuivra comme « agents trotskistes de l'impérialisme japonais » les quelques internationalistes qui s'opposaient à sa politique contre-révolutionnaire). Et Richard continue les mêmes mensonges en assimilant la gauche communiste au trotskisme.

Je ne l’avait pas encore entendu celle-là sur l’assassinat de Trotki.
J’aimerais savoir comment les maoïstes justifient l’assassinat en 1945 par les balles des staliniens du camp des démocraties antifascistes des militants de la gauche communiste italienne Fausto Atti et Mario Acqaviva.

Après l’insurrection ouvrière de Shanghai, le Parti communiste de Chine fut littéralement anéanti, après que près de 25 000 de ses militants aient été assassinés des mains du Kuomintang et les autres emprisonnés ou persécutés. Sans doute, des rescapés du parti communiste, ainsi que quelques détachements du Kuomintang, purent se réfugier à la campagne. Mais, à ce déplacement géographique, correspondait un déplacement politique toujours plus profond : dans les années suivantes, le parti adopta une idéologie bourgeoise, sa base sociale - dirigée par la petite-bourgeoisie et la bourgeoise devint à prédominante paysanne et il participa aux campagnes de guerres impérialistes. Au prix du maintien de son nombre, le parti communiste de Chine cessa d'être un parti de la classe ouvrière et se convertit en organisation de la bourgeoisie.
Tant les livres historique pro-occidentaux ou pro-maoïste mentionne à peine l’insurrection ouvrière de Shanghai ou bien elle est totalement occultée. C'est sur la base de cette occultation qu'il a été possible de maintenir le mythe selon, lequel ce qui était en jeu dans les années 1920, c'était une « révolution bourgeoise ».

Pour en savoir plus aller au site suivant :
http://fr.internationalism.org/rinte81/chine.htm

Chine 1928-1949 : maillon de la guerre impérialiste


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