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L'argent du vent

viaub, Mercredi, Juillet 19, 2006 - 12:24

Bernard Viau

Un projet d’énergie renouvelable, l'éolien suscite de l’inquiétude. La finance passe avant l'environnement et utilise une stratégie digne du traité japonais sur l’art de la guerre.

Le BAPE tenait le 19 juin au soir la dernière des audiences publiques sur le projet d’éoliennes à Rivière-du-Loup. Il est curieux qu’un projet d’énergie renouvelable suscite autant d’inquiétude tant chez la population que chez les élus municipaux touchés par le projet. Sky Power avait récemment payé une publicité radiophonique qui disant : « notre projet favorise le mieux-être et le développement durable pour les générations futures ». Démagogie flagrante mais effort de marketing excellent. Le projet de Sky Power Corp. est avant tout une affaire de gros sous et un abri fiscal. Sky Power Wind Energy Fund Limited Partnership offrait, en décembre 2005, 80% de déductions d’impôts dans le cadre d’un programme fédéral d’énergie renouvelable, les FEREEC. Le prospectus explique très bien le projet : 77 millions pour la première phase serviront à construire 26 éoliennes avant le 31 décembre 2006, 108 autres seront construites en 2007 avec un emprunt de 250 millions. La compagnie recevra un bonus du gouvernement grâce au programme EPEE, 1 sous par kW heure produit. La compagnie recevra aussi des crédits de réduction d’émissions, des CRE qu’elle transfèrera à Hydro-Québec. Tous les contrats pour la construction iront à Hatch Acres une firme de l’Ontario. General Electric des États-Unis fournira les éoliennes et deux ans d’entretien. Hydro-Québec s’engage à acheter l’électricité produite à 5.7 sous le kW pour une durée de 21 ans. Les actionnaires majoritaires sont des financiers, des avocats, des comptables et un ancien ministre des finances. Le mécontentement des populations sur le projet est donc compréhensible, le projet ne parle que de finance, très peu d’environnement. Les retombées économiques locales sont très faibles car les principaux contrats sont déjà octroyés et les soumissions acceptées. L’économie locale ne fournira que le gravier, le sable et les beignes.

Notre critique la plus importante touche cependant la localisation des éoliennes. La compagnie a déjà dû déplacer près de 90 de ses éoliennes sous la pression publique. L’impact visuel a été négligé presque totalement. Contrairement à certains projets d’Europe et des États-Unis, les éoliennes ne sont pas regroupées mais dispersées sur tout le territoire de la MRC de Rivière-du-Loup. La raison de cette localisation n’est pas fortuite, on peut faire une analogie avec le jeu de Go ou celui des échecs, Sky Power occupe les positions clés du territoire pour mieux le contrôler. Excellente stratégie digne du fameux traité de l’ancien Japon sur l’art de la guerre. Dans le rapport de la compagnie, on peut lire que le meilleur potentiel de vent se situe à Cacouna sur le bord du fleuve et près de Saint-Paul, loin dans les terres. Pourquoi donc la compagnie ne regroupe-t-elle pas ses éoliennes à Saint-Paul et en arrière de Saint-Épiphane, loin des regards, sur des terres à sapin où les matériaux meubles de construction seront plus proches et les bonnes terres agricoles épargnées à Cacouna et Saint-Arsène ?

Les améliorations à apporter au projet, outre une relocalisation et un regroupement des éoliennes seraient de prévoir une compensation aux municipalités pour la détérioration des routes prévisible, de signer des ententes généreuses et respectueuses avec les agriculteurs comme avec les municipalités concernées et de compenser les résidents pour les interférences prévues dans les télécommunications. Pour aller dans le sens du message publicitaire de « favoriser le mieux-être et le développement durable pour les générations futures », plusieurs propositions serait également possibles : concrétiser une collaboration avec un Cégep pour former des techniciens de l’éolien, donner les crédits de réduction d’émission non à Hydro-Québec mais aux organismes locaux en environnement et, pourquoi pas, donner des options d’achat sur le titre de Terrawinds Resources aux municipalités et aux organismes à buts non lucratifs de la région. Sky Power aurait ainsi l’occasion d’être vraiment un partenaire socialement responsable.

Pour ce qui est du projet d’éoliennes à Rivière-du-Loup, je donne donc une note de 55% avec droit de reprise dans quelques semaines. Qu’en dira le BAPE et le gouvernement ?



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