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Les "si" de la gauche péquiste

Anonyme, Jeudi, Novembre 17, 2005 - 10:55

Jean-François Lessard

analyse sur la victoire d'André Boisclair

Les « si » de la gauche péquiste

Les péquistes viennent d'élire un nouveau chef en la personne d'André Boisclair. Un chef qui, espérons-le, sera aussi rassembleur et de gauche qu'il a bien voulu le démontrer lors de sa victoire. Mais M. Boisclair nous a habitué aux doubles discours. Le 15 novembre au soir, il s'est porté à la défense des services publics mais quelques semaines auparavant, il applaudissait encore le constat du manifeste Pour un Québec lucide qui veut très clairement diminuer la place de l'état pour faire plus de place au privé. Il est ardu de savoir si M. Boisclair est de droite ou de gauche pour la simple raison qu'il change son discours en fonction de l'auditoire qu'il a devant lui. Devant les visages déconfits des supporteurs de Pauline Marois - nettement plus à gauche que les siens - il a dû courtiser cette gauche, qui avait mis ses derniers espoirs dans la seule candidate en lice, afin d'éviter la probable fracture du parti.

Mais les vrais électeurs de gauche ne sont pas dupes et comme l'a noté le porte-parole de l’Union des forces progressistes (UFP), Amir Khadir, « le faible pourcentage de votes obtenu par des candidats [de la course à la chefferie] se situant plus clairement à gauche laisse planer un doute sur les orientations que prendra le PQ avec M. Boisclair ». Sans compter que, comme le disait Michel David dans Le Devoir du 16 novembre, son « ascension vertigineuse mettra à dure épreuve une modestie déjà bien fragile ». Et il pourrait très vite ne plus écouter personne d'autre que lui-même et mettre au rancard les « gauchistes » qui lui ont fait tant de mal durant la course. Ou pire encore : leur concéder des pouvoirs limités pour mieux les contrôler.

Il y a un an, plusieurs militants de gauche du PQ juraient qu'ils déchireraient bientôt leur carte de membre. Mais ils ont attendu le congrès de juin pour voir si… Puis ils ont attendu la course à la chefferie pour voir si… Puis voilà qu'ils semblent bien encore attendre pour voir si… Si M. Boisclair ne deviendra pas le messie que les péquistes attendent depuis 2000 ans pour réaliser un projet d'indépendance qui ne s'est pas renouvelé.

L'indépendance est le projet d'un peuple : pas celui d'un messie, ni celui d'un parti. Et vouloir baser le prochain référendum sur la frustration causée par le scandale des commandites et le vieillissement de la population relève du dépit. Une telle stratégie est vouée à l'échec. Ce qu'il faut, c'est inclure toute la population et l’inviter à construire un projet de pays emballant. Un projet avec une constitution écrite par le peuple, par le biais d'une Assemblée constituante élue. Et comme parti, l'UFP fera la promotion d'une constitution progressiste.

Si les indépendantistes ne sont pas qu'à gauche, les militants de gauche ne sont pas qu'au PQ. Ils sont également dans la marge de ceux qui ne vont plus voter et ils sont de plus en plus à l'UFP et à Option citoyenne (OC), deux partis qui fusionneront en janvier pour former le premier parti de masse de gauche du Québec.

Nous avons attendu tous les " si " et le PQ est resté campé à droite. Les électeurs de gauche qui croient à un Québec plus juste et plus égalitaire, où l'environnement et l'avenir de nos enfants seront de vraies priorités, devraient peut-être considérer l'UFP et OC comme la seule alternative de gauche au Québec. Spécialement pour les partielles du 12 décembre prochain dans Outremont et Verchères, qui, à défaut de pouvoir changer le gouvernement en place, pourraient envoyer un message clair à ceux qui croient que les services publics doivent céder la place au privé. Nous savons désormais que ceux-ci se retrouvent à la tête de tous les partis actuellement représentés à Québec. Ne les laissons pas croire que tout le monde est d’accord avec eux.

Jean-François Lessard
Candidat de l'UFP dans Verchères

site web électoral du candidat de l'UFP dans verchères, J-F Lessard
www.votonslessard.org
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22893.jpg0 octets


Sujet: 
Ouais, bon...
Auteur-e: 
patc
Date: 
Jeu, 2005-11-17 12:12

Je désire rappeler au camarade Lessard, ou aux petits amis qui lui servent de pimps, que le CMAQ n'est pas une fenêtre pour la promotion des petits politiciens, aussi gôgauches qu'ils soient. L'UFP a toujours été toléré au CMAQ, comme le Parti Vert et même parfois le NPD (!), mais dans la seule mesure ou les articles soumis sont des critiques articulées du système dans une perspective de justice globale, et non pas seulement des feuilles de vigne pour cacher un discours prosélyte et électoraliste.

Vous pouvez être sûrs que qund l'UFP ou Option Citoyenne vont commencer à roucouler et faire les yeux doux aux voteurs et voteuses,(et le bal est lancé, suffit d'entendre Mme. David s'ajuster la langue de bois dans la yeule à Radio-Canne pour s'en convaincre...) le climat sympathique qui a toujours accueilli les ufpistes ici risque de changer radicalement. Avis aux intéresséEs...

À l'heure ou le camarade Khadir n'hésite plus à parler ouvertement "d'alliances stratégiques", je ne sais par quelle gymnastique de l'imagination ces gens s'arrogent le droit de chier publiquement sur la tête du PQ.

Et vous qui clignotez frénétiquement à gauche (sic) depuis toujours, aux portes du pouvoir, quelle direction prendrez-vous?


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Sujet: 
euh...
Auteur-e: 
Bouddheur
Date: 
Jeu, 2005-11-17 13:03

Simonak, suis-je un des pimps dont tu parles subtilement, moine PatC? Pourtant, ce texte a été validé, non? J'imagine que ça dépend de ce sur quoi on focusse son attention, et des procès d'intention partisans qu'on fait.

Côté prosélytisme et/ou chier sur la tête d'adversaires, as-tu pensé au PCR(CO) et aux anti-spécistes, entre autres? Penses-tu que vous êtes vous-mêmes toujours dénués de toute langue de bois "radicale"? J'en ai lu des conneries radicales chauvines et prosélytes ici, moine PatCm, et même des horreurs qui puaient la haine. Ce qui veut pas dire que j'ai jamais écrit de conneries ici moi itou, pis je sais que certains qui m'aiment pas bin bin ici (allo Franko, Ronny, Brouttheur, Smith, Katherine, Mahkno, etc.) y trouvent peut-être un beau prétexte pour prêter mes opinions personnelles à toute l'UFP-OC, alors que je ne m'exprime qu'en mon nom propre, sans directives aucunes ni comptes à rendre à personne.

Être en faveur de la justice sociale et de l'analyse sérieuse et poussée, ça exclut automatiquement croire aux élections et alliances tactiques hypothétiques? Pis quand tu dis : "À l'heure ou le camarade Khadir n'hésite plus à parler ouvertement "d'alliances stratégiques", je ne sais par quelle gymnastique de l'imagination ces gens s'arrogent le droit de chier publiquement sur la tête du PQ" , sache que ça dépendait pas mal de l'issue de la course à la chefferie. Or, je crois que la donne a considérablement changé vlà deux jours, et la chose est maintenant pas mal moins probable. Hon! non mais cé-tu assez plate, hein?... ;-) Aussi, dit vite comme ça, "alliances" a l'air louche je sais, pis je compterai pas trop sur ta gang pour mettre en contexte. Partir de ses préjugés ou de son p'tit prêt-à-penser militant, pis chercher la bébitte pour les documenter et s'y conforter, qui a jamais fait ça?...

Neunon, pour avoir l'insigne honneur de publier sur le très sélect et célébrissime CMAQ, faut absolument être des Vra de Vra zincorruptibles (selon vos standards et votre perception de ce qu'est la corruptibilité), c'est ça chummy? Même si les communications moins radicales ou plus électorales sont néanmoins boudées ou censurées par plein de médias mainstream? Les décennies de marginalité de la gauche québécoise, à mon avis et celui d'autres, c'est en bonne partie en raison de son attitude intransigeante voire sectaire, pour pas parler de pensée magique en vase clos affinitaire. Et qui n'essaie jamais de vendre sa salade et de prêcher pour sa paroisse, hein?!? Moi je rigole souvent en vous voyant souvent vous ostiner vous-mêmes entre "révolutionnaires" à la mords-moi-le-noeud et radicaux, souvent sur des maudites virgules!

Je dis pas que toutes les positions et communications des partis électoraux sont toujours géniales, pertinentes ou correctes, loin de là, mais je trouve ton commentaire discutable, et que t'es à la fois juge et partie. Sérieusement, des fois en en lisant certainEs ici, je me dis «Libertaires? mon cul!!»

Je pense des fois que votre propre grille d'analyse est à géométrie variable ou subjective, pis c'est bin normal. Cependant, seulement à voir l'évolution du contenu et l'évolution des commentaires sur le CMAQ, à voir les motifs de rejet d'articles dans le donjon, je mettrais ma main au feu que le lectorat et la composition de l'équipe du CMAQ sont devenus avec le temps de plus en plus monolothiques et radicaux idéologiquement. Me gourre-je?

Dans un autre ordre d'idées, côté rigueur éditoriale, comment se fait-il, par exemple, que le récent texte méprisant, chauvin et quasi-raciste de Chuckman à propos de la commission Gomery et des québécois francophones ait été publié ici, hein?...

Cordialement,
bouddheur ;O(


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Sujet: 
La preuve ultime
Auteur-e: 
JPBouchard
Date: 
Jeu, 2005-11-17 16:47

Le vote U.F.P à la prochaine élection ne sortira pas de Montréal et ne dépassera pas au mieux les 5 ou 6% de suffrages à l'échelle du Québec.

En outre, je dirais que l'idéologie féministe plus ou moins apparentée comme exclusive de Madame David déplaît à la moitié de la population. La coloration idéologique de l'U.F.P-OC faite de socialisme, de féminisme et d'écologie assaisonné de souveraineté n'est guère convaincante jusqu'à maintenant. La première impression dégagée par O.C est celle d'un parti féministe un peu sectaire incompatible avec la totalité de la population et qui va se greffer à une U.F.P très montréalaise qui a manqué de porte paroles à l'élection de 2003.

La question fondamentale, y a t'il un mouvement de fond pour un parti de gauche au Québec dans un contexte où la preuve de la nullité du PQ n'est pas encore ultimement faite? La question nationale est première devant la question sociale. La mondialisation renforcé par l'existence d'un gouvernement fédéral centralisateur captif de la finance de Toronto entrave le Québec. Voilà une réalité fondamentale qui empêche toute politique sérieuse de réorientation social démocrate au Québec.

Après L.Bouchard et Landry, nous verrons Boisclair à l'oeuvre comme P.M plausible. Le retour des conditions gagnantes pour l'indépendance et une néo-obsession de la dette démontreront alors que le PQ est fini et qu'il implosera à la fin de son premier (?) mandat 2007-2011. On peut évidemment présumer actuellement que Boisclair ne fera rien de bon, ce qui n'interdit pas justement une faillite rapide possible de celui ci comme chef de l'opposition et son remplacement par Duceppe.

La crédibilité du PQ est faible depuis plusieurs années. Depuis Parizeau, seule la gérance provinciale semble de mise. Au plus tard, dans cinq ans, nous serons fixés. Eh oui! Si le PQ est éclaté, toute la place sera faite à un nouveau parti à ce moment.

Sans mouvement de fond ou par absence de personnalité, un nouveau parti peut végéter (ex: N.P.D) 10, 15, 45, 70 ans comme tiers-parti.


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Sujet: 
Vive les tiers partis sans véritables leaders!
Auteur-e: 
Demo123
Date: 
Jeu, 2005-11-17 18:16

En tout cas, si les tiers partis peuvent nuire autant que possible aux péquistes et à leur vision complètement tordue et décadente de la démocratie, ce sera au moins ça de fait! On ne mérite pas de gagner quand on tient un discours comme ça. Il faut vraiment avoir une fleur de lys à la place du cerveau pour penser que la démocratie et la question sociale deviendront plus prioritaire que maintenant une fois l'indépendance réalisée. L'histoire prouve bien que ça continue tout le temps ces niaiseries là. Par ailleurs, ce n'est pas le PQ ou le PLQ qu'il faut remplacer, c'est le système qui les a porté au pouvoir. Boisclair a dit qu'il instaurerait des éléments de proportionnelle dans un Québec indépendant et pas avant. À lire les péquistes de gauche et à voir leur niveau de réflexion sur la question, on est pas prêt d'un grand changement. C'est donc un élément parmi tant d'autres sur lequel le PQ a perdu toute crédibilité. Comme si la souveraineté allait réaliser le peuple et non le contraire.

Les débats sont donc lançés: Qui, d'entre le Bloc Pot et le Parti Vert du Québec est le mieux positionné pour réaliser la souveraineté du peuple?

Vive les tiers partis sans véritables leaders! Pour le boycott des partis d'alternance et la fragmentation de leurs votes.


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Sujet: 
Kamikase
Auteur-e: 
JPBouchard
Date: 
Jeu, 2005-11-17 18:31

La politique de la terre brûlée, la politique de brûler sa propre terre!

Quelle brillante rhétorique suicidaire.

Et puis, le peuple ne se réalise pas, il existe en soi mal outillé. C'est différent.

Désolé, la division électorale des forces progressistes est une totale sottise.


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Sujet: 
La division du vote en Italie.
Auteur-e: 
Demo123
Date: 
Jeu, 2005-11-17 22:19

Ce qui se passe en Italie est aussi spectaculaire qu'inattendu: Le parti d'opposition a décidé de mettre au banc ses réactionnaires du centre gauche afin d'organiser une représensation proportionnelle dans la proportionnelle, cela dans le but d'intégrer tous les partis marginalisés dans une vaste coalition, et de maximiser ses chances de l'emporter. Les primaires serviront en fait à bâtir les listes de manière à assurer une place équitable à tous les partis avant les élections de 2006, ainsi qu'à déterminer le candidat pour le poste de premier ministre. Seul problème toutefois: comme dans la dernière course à la chefferie du PQ, aucun moyen d'identifier les électeurs "intrus" de la droite. N'empêche que le processus, même si ce n'est pas le Pérou, est un pas dans la bonne direction. Le PQ ne devrait-il pas en tirer des leçons?

À noter que les mêmes arguments évoqués aujourd'hui par les péquistes par rapport à la proportionnelle polluaient les journaux il y a 6 mois. Comme quoi la division du vote peut être une bonne façon de ramener certaines personnes à la raison.

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Le Monde
Débats, mercredi 9 novembre 2005, p. 30
DEBATS

[b]Et la gauche italienne inventa les primaires[/b]
Quatre millions d'électeurs se sont présentés, le 16 octobre, dans des bureaux de vote improvisés pour choisir celui qui dirigera l'opposition de gauche aux législatives de 2006. Naissance inédite d'une légitimité politique

ILVO DIAMANTI

En Italie, le résultat des primaires du 16 octobre, organisées par l'Union, la coalition des partis de centre gauche, a surpris tout le monde : observateurs, analystes, électeurs, leaders du centre gauche. Plus de 4 millions de votants et 75 % de voix en faveur de Romano Prodi, personne ne s'attendait à une participation aussi importante ni à un consensus aussi large autour de l'ancien président de la Commission européenne.

L'exercice était inédit en Europe. Rien à voir non plus avec le modèle américain, où la compétition est réellement ouverte, où il n'y a pas de vainqueur assuré, où l'on s'adresse aux électeurs d'un parti et non à ceux d'une coalition, où plusieurs consultations sont nécessaires. En outre, voter à ces primaires - pour désigner le futur candidat au poste de premier ministre à l'issue des élections législatives du 9 avril 2006 - n'était pas une entreprise facile pour les Italiens. Tout d'abord, il fallait réussir à comprendre où se trouvaient les bureaux de vote.

Ensuite, il fallait signer une déclaration de soutien au programme de l'Union et, enfin, verser 1 euro - même si, en moyenne, tout le monde a donné plus du double. L'issue de la compétition était pratiquement certaine puisque l'on connaissait, dès le départ, le nom du vainqueur. Les plus gros partis de la coalition - DS [Democratici di sinistra, gauche modérée issue de l'ancien Parti communiste], et la Marguerite [un regroupement de petites formations centristes] - avaient manifesté leur soutien à Romano Prodi, cet économiste anciennement démocrate-chrétien qui a été chef du gouvernement italien entre 1996 et 1998 puis président de la Commission européenne jusqu'en 2004. Les autres candidats étaient des responsables de partis plus petits de la coalition, dont l'objectif n'était pas de l'emporter, mais de se faire connaître et d'obtenir un pouvoir de négociation accru par rapport au reste de leurs alliés.

Ces primaires étaient donc une expérience hors normes, à l'image de la démocratie italienne aux yeux de nombre d'observateurs étrangers. Pour le centre gauche, et notamment pour Prodi, elles constituaient cependant un exercice périlleux. Si la participation s'était révélée modeste, si Prodi, vainqueur annoncé, n'avait pas reçu un soutien élargi, c'est la crédibilité même de l'Union - à laquelle tous les sondages accordent un net avantage sur la droite au pouvoir - et surtout la légitimité du futur candidat au poste de premier ministre qui auraient subi un coup assurément grave. D'autant plus que la majorité de centre droit emmenée par Silvio Berlusconi avait approuvé, quelques jours plus tôt, à la Chambre des députés, une loi électorale modifiant le mode de scrutin, principalement majoritaire, pour revenir à un système proportionnel.

Cette réforme décidée inopinément crée de sérieuses difficultés à l'Union. D'abord parce que le centre gauche a obtenu jusqu'à présent de meilleurs résultats grâce au système majoritaire, lorsque ses partis se présentent unis autour d'un candidat commun. Ensuite parce que ces primaires, censées « légitimer » un candidat par le biais du vote direct des électeurs, n'ont de sens que dans une perspective majoritaire.

D'où le scepticisme qui a accompagné ces primaires dont les défauts sautaient aux yeux : elles devaient entériner un choix déjà arrêté, elles étaient organisées sans trop de transparence par des partis désormais peu enracinés dans la société et elles s'inséraient dans un nouveau système électoral qui rendait particulièrement peu adaptée une telle méthode de sélection et de légitimation d'un dirigeant politique.

En outre, de nombreux leaders de l'Union les avaient acceptées par nécessité, plus que par conviction. Prodi, en effet, les avait « imposées » - avec le soutien de Piero Fassino, dirigeant DS - comme une condition sine qua non pour sa candidature. En effet, la Marguerite, le parti dont il avait été l'inspirateur, avait choisi a son grand dam de faire cavalier seul et d'aborder les élections de l'an prochain avec sa propre liste, contrairement à ce qui s'était passé aux élections européennes et, dans une certaine mesure, aux élections régionales de 2005, lorsque le parti avait présenté une liste commune avec les DS et les Socialistes démocrates, intitulée « Unis pour l'Olivier ».

Au terme de son mandat à la présidence de la Commission européenne, Romano Prodi avait préféré, lui, se présenter comme le leader de tout le centre gauche, renonçant à son lien privilégié avec la Marguerite. Un retour à des listes séparées l'aurait affaibli et aurait fait de lui le dirigeant sans parti d'une coalition de partis. Un tel retour en arrière aurait également affaibli son projet - élaboré par le sociologue Arturo Parisi, son conseiller le plus proche - de construire une entité politique unitaire qui rassemble les différentes composantes de la gauche réformiste.

Dans ce scénario unitaire, les primaires constituent, plus qu'un mécanisme de sélection de la classe dirigeante, une méthode d'organisation et de mobilisation politique qui offre une véritable alternative par rapport aux partis traditionnels. Une méthode, cependant, qui ressemble fort à celle utilisée pour construire un parti, en l'occurrence un nouvel avatar de l'Olivier, la coalition qui avait permis au centre gauche de remporter les élections de 1996.

C'est pourquoi ces primaires déplaisaient fort à de nombreux représentants du centre gauche, peu enclins à mettre entre parenthèses leurs traditions idéologiques ou à revoir à la baisse leur importance politique et leur pouvoir de contrôle. Le conflit n'est pas nouveau, mais il s'est renforcé ces derniers mois avec la suppression de la liste unie de l'Olivier et la création de l'Unione dei partiti [Union des partis], qui devait désigner le futur candidat à la présidence du Conseil sans primaires. Une décision à laquelle Romano Prodi et ses partisans les plus fidèles ont réagi en envisageant - et en « menaçant » - de former un nouveau parti, auquel les sondages accordaient plus de 10 % des intentions de vote.

C'est pour réduire une telle fracture que ces primaires» ont été décidées, offrant ainsi à Prodi une légitimation personnelle directe. Cette expérience, inédite en Europe, a donc vu le jour, de manière controversée et quelque peu improvisée, dans un climat de scepticisme général.

D'où la surprise, lorsque, dans la matinée du 16 octobre, on a vu se former de longues files d'attente devant les bureaux de vote partout dans le pays. Finalement, les électeurs ont été plus de 4 millions. Un chiffre qui va bien au-delà du nombre des inscrits et des militants de partis - qui, au total, ne dépassent pas 1 million. Il existe plusieurs raisons pour expliquer une mobilisation aussi massive.

C'est, tout d'abord, un mouvement de protestation contre le gouvernement de Berlusconi, alimenté par les mauvais résultats de l'économie et une réaction contre la loi électorale fabriquée « sur mesure » pour favoriser le centre droit et considérée comme un geste d'arrogance inacceptable. C'est aussi un profond enracinement politique, qui caractérise encore certains partis, notamment les DS, confirmé par les chiffres de la participation, extrêmement élevés, dans les régions de la gauche traditionnelle (les « zones rouges » du centre de l'Italie).

Mais c'est aussi l'engagement, particulièrement actif, du monde associatif, comme les syndicats et le bénévolat social, catholique et de gauche. Ou encore le désir d'unité des électeurs du centre gauche et leur malaise face aux sempiternelles divisions et aux conflits répétés entre les dirigeants des partis.

Enfin, c'est la volonté de s'impliquer de la part de nombreux citoyens, contraints de jouer un rôle de figurants sur la scène démocratique en raison de la dérive oligarchique des partis, y compris ceux de gauche. En recueillant trois voix sur quatre, Romano Prodi sort donc renforcé de ces primaires italiennes.

Celles-ci ont accéléré le processus d'unité politique de la gauche et déstabilisé tous ceux - dont un certain nombre de dirigeants du centre gauche - qui ne s'attendaient pas à un résultat aussi concluant. On pourra difficilement en ignorer les deux principaux enseignements. D'abord un besoin de participation quasi « physiologique », surtout parmi les électeurs du centre gauche, à laquelle les partis sont restés sourds, préférant s'en remettre au marketing et à la communication. Par ailleurs, face à la crise des appartenances idéologiques et des formes d'organisations traditionnelles, il serait bon de penser à de nouvelles entités politiques, plus ouvertes et plus flexibles, capables de faire cohabiter différents courants de la gauche réformiste : socialistes, catholiques, laïques et écologistes.

Les primaires, au-delà des raisons spécifiques qui les ont fait naître, peuvent apporter d'importants sujets de réflexion, pour l'Italie, mais aussi pour l'ensemble de l'Europe. Expérience anormale, elles représentent un « laboratoire involontaire », mais significatif, pour expérimenter de nouvelles formes de participation et de représentation politique.

Note(s) :

Politologue

Ilvo Diamanti, professeur à l'université d'Urbino, est spécialiste des partis politiques italiens.

Traduit de l'italien par Régine Cavallaro. © Ilvo Diamanti

Catégorie : Éditorial et opinions
Sujet(s) uniforme(s) : Élections; Partis politiques
Taille : Long, 1078 mots

© 2005 SA Le Monde. Tous droits réservés.

Doc. : news·20051109·LM·0Q0911_1175263


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