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Un autre cas de brutalité policière

Eric Smith, Samedi, Octobre 8, 2005 - 21:04

Arsenal-express

Jeudi le 29 septembre dernier, des flics de la Sûreté du Québec ont abattu un homme de 62 ans, Gilles Lamy, alors que ce dernier était retranché dans sa résidence dans la petite municipalité de Yamachiche, située à l'ouest de Trois-Rivières. La victime, dont on dit qu'elle souffrait de diabète et possiblement de certains problèmes de santé mentale, s'y était barricadée 25 heures plus tôt, après avoir ouvert le feu sur une maison voisine.

L'escouade tactique de la SQ était alors rapidement intervenue pour évacuer les résidences environnantes et établir un périmètre de sécurité. Pendant tout le temps que le siège a duré, la police dit avoir tenté, en vain, d'entrer en contact avec celui qu'elle considérait comme un "suspect". Même le célèbre reporter Claude Poirier, appelé en renfort, n'a pas réussi à convaincre l'homme de discuter avec la police.

Ainsi donc, après une longue journée pendant laquelle rien de notable ne s'est passé, les voisins et curieux ont vu approcher une ambulance, peu après 20 h. Une vingtaine de minutes plus tard, l'ambulance repartait, escortée par une voiture banalisée, sans sirène ni gyrophare d'allumé, emportant avec elle le corps de Gilles Lamy, dont le décès a par la suite été constaté au Centre hospitalier régional de Trois-Rivières.

Comme le veut la politique ministérielle lorsqu'il y a mort d'homme suite à une intervention policière, c'est un corps de police différent -- dans ce cas-ci, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) -- qui a été appelé à mener l'enquête sur cet assassinat. Le lendemain, le porte-parole du SPVM et grand spécialiste de la langue de bois policière, Robert Mansueto, confirmait ce que tout le monde savait déjà: "On est en mesure de dire qu'une balle a été tirée de la part d'un policier. Au moins une balle a touché le suspect, malheureusement." [Comment ça, "malheureusement"? Est-ce que ce n'est pas là au contraire l'objectif normal d'un flic, lorsqu'il tire, que d'atteindre sa cible? Et celui qui mérite de se faire traiter de "suspect" dans cette affaire, ne serait-ce pas plutôt celui qui a tiré, et non sa victime?]

Quelques jours plus tard, les enquêteurs du SPVM revenaient à la charge, après avoir reconstitué la scène du crime et rencontré les témoins (tous policiers, évidemment), en expliquant que les flics s'étaient sentis menacés par Gilles Lamy alors qu'ils s'apprêtaient à intervenir pour le déloger, parce que celui-ci aurait pointé son arme sur eux -- bien qu'il n'ait jamais fait feu dans leur direction.

De toute évidence, l'assaut porté contre la victime avait été longuement prémédité par la SQ. Celle-ci avait eu toute la journée pour planifier son intervention. Elle savait très bien qu'elle avait affaire à un homme armé, certes, mais solitaire, et qui ne menaçait plus personne puisque les résidences voisines avaient été évacuées.

D'ailleurs, les badauds qui étaient présents tout autour ont été stupéfaits d'apprendre que leur voisin avait été abattu. L'atmosphère autour du siège était en effet plutôt détendue: les badauds s'affairaient même à offrir du café aux policiers lorsque l'escouade tactique est passée à l'action.

Une voisine évacuée de sa résidence a raconté ce qui s'est passé en ces termes au Journal de Trois-Rivières: "Un policier m'a dit tout à l'heure que je pourrais rentrer chez moi vers 21 h, lorsque je lui ai demandé si j'avais encore à me trouver un endroit pour dormir. Il m'a répondu de ne pas me louer de chambre d'hôtel. Je croyais que la situation était sur le point de se régler, mais pas de cette façon..."

Plusieurs étaient carrément outrés par le dénouement de cette affaire. Un autre voisin n'a pas hésité à condamner ouvertement l'action des flics: "Plusieurs fois, on entend parler qu'ils capturent des animaux et ils utilisent des fléchettes. Avec des hommes, ils utilisent des armes à feu. J'ai été choqué quand j'ai entendu ça!"

À chaque année, des gens meurent aux mains de la police, que ce soit lors d'interventions de ce genre ou pire encore, une fois qu'ils sont en état d'arrestation.

Les jeunes, les pauvres, les membres des minorités visibles et les marginales et marginaux de toutes sortes sont particulièrement vulnérables lorsqu'ils et elles tombent aux mains des flics. Il y a plus d'un cas où des autochtones ont été littéralement conduits à la mort par des flics à Winnipeg, comme celui de ce pauvre sans-abri, que deux patrouilleurs ont ramassé il y a quelques années avant de le reconduire à l'extérieur de la ville où ils l'ont carrément abandonné dans un fossé, au bord de la route, en plein hiver et après lui avoir retiré son manteau: l'homme est évidemment mort de froid, tout simplement, quelques heures plus tard.

Cette fois-ci, c'est un homme sans histoire, relativement âgé et malade, qui a succombé aux tirs des policiers (car contrairement à la première déclaration faite par Mansueto, ce ne sont pas une, mais bien plusieurs balles qui ont atteint la victime, en pleine poitrine). Le nom de Gilles Lamy vient donc s'ajouter à la longue liste des Jean-Pierre Lizotte, Michel Morin, Richard Barnabé, Anthony Griffin, Rohan Wilson, Joe David et autres, qui ont tous péri après avoir été victimes d'une intervention policière musclée au cours des dernières années, et qui avaient tous comme caractéristiques d'être pauvres et/ou de faire partie de minorités opprimées.

Malgré tous les protocoles qui ont été mis en place et que les flics sont tenus de suivre, ce que les médias nous présentent comme des "bavures" ne cesse de se multiplier. Le problème n'est pas dû au fait qu'il y a de "bons" et de mauvais" flics, mais il tient à la nature même de l'institution qu'ils représentent: un système de police, lui-même partie intégrante d'un appareil d'État qui n'existe que comme résultat de la division de la société en classes.

Cet État, que le révolutionnaire allemand Engels qualifiait de "force issue de la société, mais se plaçant au-dessus d'elle et lui devenant de plus en plus étrangère", il appartient désormais au prolétariat de le détruire, pour donner naissance à une société enfin libérée de toute contrainte indue.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 67, le 9 octobre 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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