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Les pères ont-ils raison de se plaindre?

YvesBleuler, Lundi, Septembre 26, 2005 - 12:48

Yves Bleuler

Dans son édition du 26 septembre, "Le Devoir" publiait dans la section "Idées" une lettre de Renée Joyal et Evelyne Lapierre-Adamcyk. Les auteurs rapportaient les résultats d'une recherche récente sur le partage de la garde des enfants survenant lors d'une séparation ou d'un divorce.

Les pères ont-ils raison de se plaindre?

Dans son édition du 26 septembre, "Le Devoir" publiait dans la section "Idées" une lettre de Renée Joyal et Evelyne Lapierre-Adamcyk. Les auteurs rapportaient les résultats d'une recherche récente sur le partage de la garde des enfants survenant lors d'une séparation ou d'un divorce.

La première partie de la lettre est une reprise des conclusions de leur grande recherche de 2001 où elles avaient épluché 800 dossiers du tribunal de la famille. Assez curieusement, Joyal et Adamcyk maintiennent leur principale conclusion : Les tribunaux ne manifesterait pas de préjugé favorisant les mères (sic) puisque qu'ils accordent la garde au père dans une plus forte proportion que celle qui président dans les ententes à l'amiable entre parents. L'argument de ces chercheuses étonnait déjà en 2001. Peut-on conclure à l'absence de préjugé sexiste en comparant simplement des comportements sexistes d'un milieu à d'autres comportements sexistes survenant dans un autre milieu? En effet, les chiffres de Joyal et Adamcyk étaient éloquents et semblaient parler d'eux même. Que ce soit dans les "ententes à l'amiable" ou dans le jugement des tribunaux, la mère continue à obtenir la garde exclusive dans la majorité des cas. Que les préjugés sexistes des juges ne soient pas pires que ceux de la plupart des parents n'y changent rien.

Au crédit des auteurs, il faut cependant reconnaître qu'elles avaient très tôt posé quelques bonnes questions. Elles avaient admis qu'elles ne connaissaient pas les conditions qui présidaient à la construction "d'ententes à l'amiable". Elles observaient aussi que des indices laissaient croire que des facteurs étrangers à la bonne volonté des parents pouvaient infléchir les décisions de certains pères d'abandonner leur revendication de garde partagée.

Pour répondre à cette question, elles ont interviewé 20 avocats de la région de Montréal sur leurs perceptions. Les avocats admettaient que 8% des "ententes à l'amiable" étaient obtenues "à l'arraché" contre la volonté réelle de l'un des parents. La majorité (12) affirmait également très ouvertement que les pères avaient raison de se plaindre. Selon eux, certains pères auraient de la difficulté à prendre leur place ou à se faire entendre devant des juges encore porteur de préjugées favorables aux mères. Ces pères doivent également affronter des difficultés financières et sont parfois victimes de "fausses allégations". Ces avocats perçoivent ces cas comme relativement minoritaires. Les 8 autres avocats qui ne se sont pas joints à la majorité admettaient aussi ces possibilités, mais ils les minimisaient simplement un peu plus.

Les avocats interviewés défont également certains discours souvent entendus sur les pages de CMAQ. Selon eux, les pères qui revendiquent la garde partagée le font parce qu'ils désirent continuer à jouer un rôle important auprès des enfants. Cette motivation serait bien plus fréquente que les rares cas où des pères agiraient pour alléger leurs obligations alimentaires ou pour s'assurer d'un certain "contrôle" sur la mère.



Sujet: 
La lettre au Devoir
Auteur-e: 
YvesBleuler
Date: 
Jeu, 2005-10-06 13:54

http://www.ledevoir.com/2005/09/26/91184.html


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