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La lutte pour la terre au Pernambuco(Brésil), le combat des Xucurù

Colin P, Jeudi, Mars 17, 2005 - 11:09

Colin P

On est à l’ère des gros qui mangent les petits. Selon des organismes comme l’O.M.C., la Banque Mondiale, le F.M.I. et toutes les personnes qui en profitent, c’est la loi de la nature, un processus tout à fait normal.

Les peuples indigènes de l’État brésilien du Pernambuco connaissent, eux aussi, les lois de la nature. Non pas celles d’ordre économique, mais celles d’ordre écologique. Ils sont les gardiens de l’environnement, de leur culture, de leurs traditions, de l’agriculture familiale d’autosuffisance. Depuis une dizaine d’années, ils servent une bonne leçon à tous ceux qui les oppriment depuis 400 ans. Aujourd’hui, ils luttent non plus seulement contre le colonisateur européen, mais aussi contre le colonisateur agro-industriel néo-libéral.

Québec-Brésil même combat

Au Québec comme au Brésil, il est difficle pour le commun des mortels de se procurer une terre pour faire de l’agriculture paysanne et familiale. Le prix des terres ainsi que certaines réglementations mettent des bâtons dans les roues de plusieurs jeunes familles ayant des projets d’agriculture paysanne et non agro-industrielle. Malheureusement d’ailleurs, c’est la réalité de nombreux milieux ruraux de ce monde. Comme dans tous les autres secteurs économiques, on est à l’ère des gros qui mangent les petits. Selon des organismes comme l’O.M.C., la Banque Mondiale, le F.M.I., c’est la loi de la nature, un processus tout à fait normal.

Les peuples indigènes de l’État brésilien du Pernambuco connaissent, eux aussi, les lois de la nature. Non pas celles d’ordre économique, mais celles d’ordre écologique. Ils sont les gardiens de l’environnement, de leur culture, de leurs traditions, de l’agriculture familiale d’autosuffisance. Depuis une dizaine d’années, ils servent une bonne leçon à tous ceux qui les oppriment depuis 400 ans. Aujourd’hui, ils luttent non plus seulement contre le colonisateur européen, mais aussi contre le colonisateur agro-industriel néo-libéral.

Dans l’État du Pernambuco au Nord-Est du Brésil, habitent 10 ethnies autochtones différentes regroupant environ 30 000 individus. Les peuples Xucurù, Kapinawá, Truká, Tuxá, Pankararu, Pipipâ, Fulni-ô, Pankari, Atikum et Kambiwâ occupent tous des régions différentes de cet état. Ce sont tous des peuples de l’intérieur, vivant loin des côtes. Leurs terres sont en majorité sèches, sablonneuses et pauvres. Faire croître un quelconque aliment requiert une connaissance profonde des lieux. Les paysans plus chanceux ont de l’eau, les autres trimment dur, plantent davantage pour compenser les pertes dues à la sécheresse. Le paysage est composé de cactus, d’arbustes secs et d’arbres fruitiers. On y fait surtout pousser des fèves, du riz, du blé, du maïs et un peu de fruits et légumes, base de leur alimentation quotidienne. L’élevage de bovidés et de chèvres représente l’apport en viande. En général dans ces communautés indigènes, chaque famille possède une terre de taille suffisante pour se nourrir et vendre l’excédent au marché. Bref, les gens ne sont pas riches mais ne manquent pas de nourriture.

Jusqu’aux dernières années, toutes ces tribus indigènes étaient locataires de leurs terres ancestrales. Les grands propriétaires fonciers, fazendeiros comme on les appelle au Brésil, engageaient les indigènes comme ouvriers pour des salaires de crève-faim. Les fazendeiros s’enrichissaient sur leurs dos. Les écoles, les cliniques, la culture, tout était contrôlé par ces fazendeiros, l’assimilation faisait son chemin.

Depuis une dizaine d’années ces dix ethnies autochtones se rassemblent pour donner plus de poids à leurs revendications. De l’intérieur même des communautés, des voix se sont élevées. On a commencé à parler d’occupations, de reprises de terres ancestrales. Un chef Xucuru charismatique du nom de Xicaõ eut une grande importance dans cette période tumultueuse. Il encouragea les différentes ethnies à agir par elles-mêmes pour reprendre leurs terres au lieu d’attendre l´intervention du gouvernement qui avançait à pas de tortue. De toute façon, ici au Brésil, plus personne ne compte sur l`aide de l`État. Donc, les autochtones ont commencé à occuper les fazendas, grandes propriétés, et à expulser les fazendeiros et leur famille. De grands territoires ont été ainsi repris par les indigènes.

Bien sûr, ces occupations ou « reprises » ont amené leur lot de violences pour ne pas dire de meurtres. Ce sont surtout des indigènes qui en furent les victimes. Un point tournant fut l´assassinat du chef Xicaô, tué en plein jour le 20 mai 1998 à Pesqueira, ville du Pernambuco hostile aux indigènes. Après un long délai, on accusa un homme pour ce meurtre. Or on prouva que ce meurtre fut commandé par quelques fazendeiros frustrés par les reprises de terres ancestrales par les indigènes. Mais cet assassinat eut un effet boule de neige, poussant les différentes communautés autochtones à intensifier la reprise des terres. Dans plusieurs localités, la tension reste palpable entre les indigènes et les-non indigènes.

Plusieurs projets intéressants laissent croire que la persévérance et le courage des communautés portent fruit. Petit à petit, le gouvernement officialise ces reprises de terre en donnant des documents de propriété aux indigènes. Ce processus est très long et compliqué, car on doit du même coup indemniser les fazendeiros qui « perdirent » leurs terres. Sur une autre note, à Xucuru, la municipalité du défunt chef Xicao, un projet novateur d’agriculture biologique et de distribution est en développement. Aussi, dans toutes ces communautés indigènes, des professeurs autochtones offrent maintenant une éducation différenciée. De plus, ces communautés font renaître tous les volets de leur culture : ils fabriquent leur artisananat, chantent leurs chants traditionnels, dansent leurs rituels, arborents leurs vêtements typiques et réapprennent partiellement leur langue. Bref, ils vivent leur culture avec fierté, ils se réapproprient leur identité de nouveau. Une identité basée sur l’agriculture, la lutte pour la terre, le respect de la nature et l’auto-suffisance.

Au Québec, plusieurs individus et groupes, comme l’Union Paysanne, luttent pour ces mêmes principes. Quand on réalise à quel point une situation peut devenir inhumaine on comprend alors qu’on doit chérir nos droits et nos terres. Pour les paysans québécois, autant que pour les paysans autochtones du Pernambuco, les objectifs sont les mêmes : occuper et lutter pour la terre, pratiquer une agriculture paysanne et locale afin de répondre aux besoins de sa communauté, valoriser sa culture, son identité. Ce sont aux paysans du Québec, du Brésil, de la terre entière de rééquilibrer notre contact avec la terre, de valoriser de nouveau la loi de la nature.

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