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Transporter un livre: un crime?

Anonyme, Mardi, Décembre 7, 2004 - 19:41

A World to Win News Service

 
(Le 29 novembre 2004 -- A World to Win News Service) Les autorités canadiennes détiennent actuellement un ancien prisonnier politique iranien, Mahmoud Namini, pour la simple raison qu'il transportait avec lui un bouquin pourtant disponible dans plusieurs librairies en Europe. Citoyen néerlandais, Mahmoud est emprisonné depuis maintenant plus d'un mois sans qu'aucune accusation formelle n'ait encore été portée contre lui, et rien n'indique qu'il sera libéré de sitôt.

Comme l'explique une des pétitions qui circulent actuellement dans le but d'exiger sa libération, "M. Namini a été intercepté à Toronto le 27 octobre 2004 après son arrivée à l'aéroport Pearson, en grande partie dû aux soupçons qu'a fait naître un livre qu'il avait en sa possession, intitulé Parandeh ye No Parvaz (ou 'L'oiseau qui s'apprête à prendre son envol'). Ce bouquin raconte l'histoire d'une insurrection ayant eu lieu en 1982 contre le régime de la République islamique d'Iran. Mahmoud a passé cinq ans dans les horribles prisons iraniennes. Il est désormais détenu au Canada pour avoir eu dans ses bagages un livre portant sur la lutte du peuple iranien contre le régime dictatorial de ce pays."

Ce livre, qui est évidemment interdit en Iran, a récemment été publié en Europe en langue farsi. On y trouve une longue entrevue avec un des camarades ayant participé au soulèvement historique d'Amol, ainsi que d'autres textes portant sur le même événement. Cette insurrection avait été organisée par le groupe Sarbedaran, une organisation mise sur pied et dirigée par l'Union des communistes d'Iran (UCI). L'UCI fut un membre fondateur du Mouvement révolutionnaire internationaliste (le MRI). Elle a cessé d'exister en mai 2001 lorsque le nouveau Parti communiste d'Iran (MLM) a été formé.

Rappelons qu'en 1979, le peuple iranien avait réussi à renverser le régime monarchiste du shah, alors soutenu par les États-Unis. En moins de deux ans, l'ayatollah Khomeini et sa clique réactionnaire de mollahs -- appuyés à leur tour par les USA -- avaient toutefois réussi à consolider leur pouvoir en s'en prenant violemment aux acquis de la révolution. Les communistes avaient décidé de répliquer au nouveau régime en déclenchant une insurrection armée. De nombreuses personnes avaient alors rejoint Sarbedaran avec enthousiasme, dans le but de libérer la ville d'Amol, située dans le nord du pays, des mains des Pasdaran (les soi- disant "Gardiens de la révolution") et autres agents de la République islamique. Bien que les forces de Sarbedaran aient été finalement contraintes de retraiter, ce soulèvement, ainsi que les autres activités alors menées par Sarbedaran, ont marqué l'ouverture d'un nouveau chapitre dans l'histoire du mouvement communiste iranien. Le soulèvement d'Amol avait été la première tentative sérieuse, de la part des communistes iraniennes et iraniens, de s'emparer du pouvoir politique par les armes.

Ce livre présente un bilan de cette expérience. On y analyse la pensée idéologique et politique des communistes de l'époque, ainsi que la compréhension qu'ils avaient des questions militaires. Il inclut également la liste des camarades qui ont été assassinéEs par le régime islamique criminel. Il est donc évident que ce bouquin n'a rien à voir avec les groupes religieux fondamentalistes que les puissances occidentales disent aujourd'hui vouloir réprimer.

Voici quelques extraits du texte qu'on y trouve en introduction: "En juin 1981, la contre- révolution a décidé qu'il était temps de mettre fin au mouvement révolutionnaire. Mais notre génération n'était pas disposée à les laisser ruiner aussi facilement, les acquis que le peuple avait obtenus... Une importante bataille armée a donc été lancée le 25 janvier 1982 à Amol, qui a rapidement suscité beaucoup d'enthousiasme. La ville d'Amol fut le témoin d'une intense activité militaire. Les nouvelles du courage et des actions héroïques de Sarbedaran se sont vite répandues un peu partout au pays. En fin de compte, le régime a toutefois réussi à concentrer des forces bien plus nombreuses et à vaincre le soulèvement.

"Encore aujourd'hui, de nombreuses personnes cherchent à savoir ce qui s'est passé exactement, et pourquoi l'Union des communistes d'Iran avait décidé d'organiser ce soulèvement. Plusieurs se demandent comment l'insurrection a été préparée, et qu'est-ce qui en est advenu? Pourquoi ce soulèvement héroïque, qui a secoué tout le pays et a planté un germe d'espoir dans le cœur de la majorité opprimée, a finalement été défait? Dans ce livre, vous trouverez des réponses à toutes ces questions, telles que racontées par un des camarades qui y a participé."

En arrêtant Mahmoud, le gouvernement canadien s'en prend donc à l'idée même de vouloir lutter contre le régime autoritaire en Iran, et de tirer les leçons des luttes passées. Mais cette décision va plus loin que de simplement soutenir le régime autoritaire théocratique en Iran. Elle équivaut dans les faits à interdire un livre, purement et simplement! Le Comité pour la libération de Mahmoud considère donc cet incident comme une atteinte sérieuse à la liberté d'expression et aux droits démocratiques, de la part du gouvernement canadien.

Plusieurs pays occidentaux ont utilisé les attentats du 11 septembre 2001 comme prétexte pour adopter des lois qui restreignent les droits démocratiques et accordent à la police et aux autres organes de répression des pouvoirs de plus en plus étendus. La nomination par George W. Bush d'un partisan déclaré de la torture, Alberto Gonzales, comme attorney general, les nouveaux projets de loi en matière de crime et de sécurité présentés par le gouvernement de Tony Blair au Royaume-Uni, ainsi que les nouvelles mesures sécuritaires adoptées par les Pays-Bas, en sont seulement quelques exemples. En dépit de son opposition à la guerre en Irak, le gouvernement canadien s'avère très solidaire des États-Unis et n'a jamais cessé de coopérer avec les autorités de ce pays dans le cadre des activités anti-populaires qu'elles poursuivent un peu partout à travers le monde. Ainsi, le Canada est l'un des principaux fournisseurs des troupes d'occupation en Afghanistan. Avec trois autres pays d'expression anglaise (le Royaume- Uni, l'Australie et la Nouvelle Zélande), le Canada a notamment travaillé avec les USA à la mise en service du système de haute technologie appelé Echelon, destiné à l'espionnage international des communications.

L'arrestation de Mahmoud Namini fait également ressortir une autre caractéristique importante du gouvernement canadien. Comme l'indique le comité de défense, "les relations étroites qu'il entretient avec le régime de la République islamique constituent un autre facteur important dans cette affaire; et nul doute que ce sont ces mêmes rapports cordiaux qui expliquent les hésitations et le retard qu'ont montré les autorités canadiennes avant de protester contre l'assassinat brutal de Zahra Kazemi il y a un peu plus d'un an."

Zahra Kazemi est cette journaliste canado-iranienne arrêtée par les autorités en juillet 2003 alors qu'elle réalisait un reportage sur la situation des prisonnières et prisonniers en Iran. Après son arrestation, Mme Kazemi fut brutalement torturée, avant d'être assassinée. Ce n'est qu'après les protestations de nombreux progressistes canadienNEs et iranienNEs que le gouvernement canadien avait enfin accepté de loger une plainte contre le meurtre d'une de ses propres citoyennes. Devant les protestations de l'opinion publique mondiale, le régime iranien avait promis de faire enquête sur les agissements de ses hommes de main. En fin de compte, un tortionnaire de bas niveau fut arrêté et accusé d'homicide involontaire, pour ensuite être libéré, sans que l'affaire aille plus loin. Le gouvernement canadien a ensuite réagi à ce verdict par un silence consternant.

Le Comité pour la libération de Mahmoud tient à préciser que "le Canada est l'une des ressources et un havre financier des plus sûrs pour le clan Rafsanjani et les voleurs et big shots de tout acabit qui gravitent autour du régime de la République islamique". On dit d'Akbar Rafsanjani -- un des mollahs les plus influents au sein du régime iranien, qui a en outre occupé le poste de président de la République islamique pendant plus de huit ans -- qu'il est désormais un des capitalistes les plus riches de ce pays.

L'arrestation de Mahmoud doit être également mise en lien avec l'atmosphère raciste et anti- immigréEs officiellement favorisée dans les pays occidentaux, qui cible particulièrement ceux et celles qui proviennent du Moyen-Orient.

La déclaration du Comité pour la libération de Mahmoud se termine par cet appel: "Ce geste des autorités canadiennes est tout simplement alarmant! Cela démontre une fois de plus la volonté des grandes puissances de dire aux populations du monde qu'elles devraient cesser de penser, d'écrire et de protester. Les grandes puissances cherchent à écraser les luttes des peuples, en les stigmatisant avec l'étiquette "terroriste". Cela, nous ne pouvons l'accepter... Nous invitons tous et toutes les progressistes du Canada à s'unir avec les immigréEs et les progressistes du monde entier et à dire NON! à cet outrage, avant qu'il soit trop tard!"

Pour plus d'information, et pour envoyer un message de protestation aux autorités canadiennes, contactez le Comité pour la libération de Mahmoud à: mailto:freemah2004@yahoo.com

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Sujet: 
et ?
Auteur-e: 
ronny
Date: 
Mer, 2004-12-08 17:18

j'avais fait un commentaire la première fois que ce texte est paru sur le CMAQ, mais malHeureusement je n'ai eu aucune réponse.

alors, je repose ma question: est-ce que quelqu'un peut me dire en vertu de quelle loi peut-on détenir un type pour avoir eu un livre politique dans les mains ?

ron


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Sujet: 
Une tentative de réponse bien tardive
Auteur-e: 
Eric Smith
Date: 
Lun, 2005-01-03 17:38

Désolé de te répondre si tardivement, je viens tout juste de voir ton commentaire, presque par hasard.

Ce que j'ai pu en comprendre, après échange avec son Comité de défense, c'est que Mahmoud Namini s'est effectivement retrouvé en détention préventive, sans accusation précise. Celui-ci n'a pas de statut au Canada: il possède la citoyenneté néerlandaise (il a acquis le statut de réfugié politique au Pays-Bas) et est venu au Canada (à Toronto, plus précisément) comme visiteur, où il a vécu quelques mois.

C'est après un voyage au Pays-Bas qu'en tentant de revenir ici, on l'a intercepté avec ce fameux livre. Après un premier interrogatoire, on l'a laissé entrer sur promesse de se présenter de nouveaux aux autorités de l'immigration le lendemain (ce qu'il a fait); c'est là qu'on a décidé de le garder en détention, le temps de faire traduire en anglais le livre qu'il avait en sa possession (qui était en farsi).

Il n'a été libéré que cinq semaines plus tard, soit 24 heures après que l'affaire ait été enfin rendue publique par ses proches et le Comité de défense qu'ils ont créé: une ligne de piquetage avait en effet été tenue la veille devant les bureaux d'Immigration Canada à Toronto, où une vingtaine de personnes ont brandi des exemplaires du dit livre (que j'aimerais bien lire, soit dit en passant, puisque le gouvernement canadien a eu la gentillesse de le traduire...).

Il semble qu'on ait considéré la possibilité qu'un certificat de sécurité soit émis à son encontre, pour finalement abandonner cette idée au terme de l'enquête.

Enfin, comme il souhaite s'établir au Canada (sa fiancée vit à Toronto), les autorités lui ont affirmé, en le libérant, que le fait qu'il ait "menti" à son arrivée au Canada jouera contre lui. En effet, à la question de routine, qu'on lui a posée, à savoir s'il possédait un dossier criminel, il a répondu "non" car pour lui, les cinq ans qu'il a passées en prison comme détenu politique en Iran n'ont pas donné lieu à l'ouverture d'un dossier criminel. D'ailleurs, les autorités des Pays-Bas ont reconnu qu'il s'agissait bel et bien d'un prisonnier politique qui méritait le droit d'asile à ce titre.

Sauf qu'Immigration Canada lui a fait savoir que son "mensonge" a été noté à son dossier et jouera contre lui dans le cadre de l'étude de sa demande de résidence.

Voilà! Désolé encore une fois de ne pas t'avoir répondu plus tôt.


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