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Cannabis, descente policière et prévention

Anonyme, Jeudi, Novembre 11, 2004 - 14:05

Maurice Hotte, travailleur social spécialisé en prévention des toxicomanies

Cet article traite des interventions policières auprès des jeunes consommateurs de marijuana dans les écoles secondaires du Québec; de l’impact de ces interventions répressives et de l’abus de pouvoir des policiers auprès des élèves. Il aborde également les pratiques préventives présentement en vigueur dans les écoles et met en évidence la mentalité guerrière des directions d’écoles pour se débarrasser des jeunes pris en flagrant délits.

Quelques mois après la rentrée, il est de mise que les services policiers en collaboration avec les directions d’écoles d’effectuer des descentes souvent très spectaculaire pour arrêter quelques petits revendeurs et de petits consommateurs de cannabis.

Ces interventions répressives (qu’on appelle en milieu scolaire de la prévention !) visent d’abord à effrayer les élèves, à rassurer les parents et montrer que les directions d’écoles sont sans compassion pour les usagers de drogues illicites. Suite à ces arrestations, les directions vont même souvent jusqu’à prétendre que leur école sera maintenant une école propre et une école modèle de tolérance zéro.

Au Québec en ce moment près de 40 % des jeunes des écoles secondaires consomment du cannabis alors qu’au début des années 90, c’était environ 10 % qui en faisaient usage; soit une augmentation quadruplée c’est-à-dire de plus de 300 % d’augmentation en 10 ans ! Ce qui signifie que, sur une école de 1000 élèves, 400 de ces élèves consomment du cannabis.

Malgré cela, à écouter les directions école tout semble fonctionner sur des roulettes et ils vont même jusqu’à prétendre que les programmes de prévention qu’ils présentent aux élèves sont efficaces!

Ces descentes policières ont comme objectif d’arrêter quelques petits revendeurs et des petits usagers qui sont des élèves des écoles concernées. Les écoles secondaires ont toutes des politiques très sévères en matière de drogue et où il est indiqué clairement les mesures de contrôle et d’expulsion des élèves pris à consommer ou à vendre des drogues. Ainsi donc, les élèves pris à vendre sont immédiatement expulsés des écoles et les autres élèves qui sont pris avec du cannabis pour possession simple sont quant à eux : Changer d’école avec comme obligation de suivre un traitement avec tout ce que cela implique : ouverture de dossier dans un centre de traitement pour toxicomane (et cela même s’il n’est pas toxicomane) , note au dossier de l’élève qui le suivra pendant son cheminement scolaire, participation à un groupe-atelier ou les jeunes consommateurs sont marginalisés et traités comme des criminels par le milieu scolaire.

Les directions d’école aiment bien ce type d’intervention qui leur permet de montrer aux parents et aux autres élèves que les indésirables seront traités sévèrement et sans pitié, comme s’ils étaient des gangsters de la pire espèce.

En ce moment malgré les programmes de prévention de nature répressive présentés dans les écoles, les jeunes font le choix de consommer du cannabis car ils trouvent ça cool ! Et, effectivement, la consommation de cannabis sans abus, tout comme l’alcool, est quelque chose de cool, d’agréable et de relaxant. Il s’agit simplement de demander à quiconque qui a déjà fumé du pot pour comprendre qu’il faut cesser de dire que c’est répréhensible de fumer du pot mais, plutôt de responsabiliser les jeunes comme on fait avec l’alcool. Il faut éduquer les jeunes et de les aider a développé leur confiance en soi et les responsabiliser au lieu de les sermonner comme les pires malfaiteurs.

De plus, il n’est pas rare en milieu scolaire qu’un policier fouille un jeune tel un criminel (parce que le policier a des doutes raisonnables de croire que le jeune est en possession de drogues illicites), sans mandat et viole ainsi la charte des doits et libertés. Avec leur pouvoir discrétionnaire et arbitraire, les policiers utilisent des stratagèmes factieux pour faire parler les jeunes. En effet, si le jeune dénonce où il s’est procuré de la drogue, qui est le vendeur, etc., il pourra bénéficier de la clémence de monsieur le policier mais devient tout de même un marginal de l’école qui sera épié de tous ces gestes, pourra avoir des représailles car la délation n’est pas plus toléré à l’école que dans les gangs criminels. Tous ces contrôles sociaux portent atteinte aux droits et libertés des personnes et détériorent le tissu social communautaire en encourageant la délation plutôt que la concertation. Parlant de concertation, n’est pas invités qui veulent à siéger aux tables de concertation en toxicomanie dans les écoles. Ceux (les organismes) qui n’ont pas d’approche répressive ou de contrôle et qui n’adhèrent pas à la philosophie paternalisme du directeur d’école sont carrément exclus de ces tables de concertation.

Étiqueter un jeune de criminel ou de toxicomane en les pointant du doigt ou encore en les expulsant carrément de l’école peut avoir des effets psychologiques marginalisant à court et à long terme et cela surtout pour les jeunes qui n’ont rien à voir avec un profil de criminel. En effet, un élève pris à fumer du pot peut avoir des conséquences irréversibles (décrochage scolaire, dépression, démotivation, rébellion, pensés suicidaires, ce qui peut favoriser justement une future toxicomanie). Ces conséquences, les directions d’école s’en foutent carrément. Ils souhaitent même que ces indésirables décrochent de l’école.

Comme, monsieur et madame, tout le monde, la grande majorité de consommateurs de cannabis (jeunes et adultes) sont aussi des gens respectables, honnêtes et intelligents. Les traiter comme des bandits est une atteinte mesquine à leur dignité.

Actuellement, les programmes et ateliers de prévention qui est offerte à l’intérieur des écoles un peu partout au Québec, sont habituellement présentés par les policiers éducateurs ou encore par des intervenants scolaire. Que ce soit par des enseignants ou autres éducateurs, la très grande majorité n’a pas des formations spécifiques en toxicomanies. Ces intervenants tentent de leur mieux d’éduquer les jeunes selon les valeurs préconisées par les directions d’écoles et ne sont jamais objectifs quant aux informations transmises aux élèves. Ainsi la majorité des soit disant spécialistes en prévention des toxicomanies ont, par le fait même, aucune crédibilité face aux jeunes…car ils moralisent la consommation de cannabis ! Relativement aux policiers éducateurs en milieu scolaire, ces personnes ont des formations spécifiques quant à l’application de la loi et ne sont aucunement formées en prévention/éducation. Les policiers sont là pour appliquer la loi et non pas pour promouvoir la santé et le bien-être.

Évidemment le cannabis est une drogue qui peut causer la dépendance au même titre que l’alcool et la nicotine et il serait préférable que les gens s’abstiennent de consommer ces produits. Mais la réalité est tout autre et il est effectivement répréhensible de fumer du pot à l’école comme il est répréhensible de boire de l’alcool pendant les heures de travail.

Il faut comprendre qu’en 2004 dans une société qui évolue où 50 % des adultes canadiens (donc des parents) sont en faveur de la légalisation pur et simple du cannabis. Que depuis près de 20 ans que les écoles font de la prévention sans pour autant faire peur aux jeunes. Alors que le gouvernement fédéral s’apprête à décriminaliser la possession simple de cannabis, qui permettra de ne plus considérer les utilisateurs comme des criminels. Le milieu scolaire devra donc s’ajuster à cette réalité. Le cannabis ne fait plus peur ou du moins pas mal moins qu’il y a 10 ans la décriminalisation donnera le message suivant : La consommation de cannabis n’est pas si mauvaise que l’on le croyait! Que de plus en plus de jeunes et d’adultes consomment du cannabis sans abus pour le plaisir et la détente.

Devant cette hausse spectaculaire et des nombreux rapports sur l’absence de l’efficacité des politiques et des mesures préventives actuelles, il y a lieu de se questionner sur les véritables orientations que les gouvernements prioriseront dans l’avenir. Il est à souhaiter que le ministère de l’éducation et le ministère de la santé et des services sociaux se penchent finalement sur cette question fondamentale et d’en faire un véritable enjeu. Un enjeu qui tient compte des nouvelles réalités sociales et de la promotion de la santé. Cet enjeu doit également s’assurer de la participation des ressources spécialisées en prévention/éducation qui eux, ont une approche de promotion de la santé.

Il est impératif que les décideurs comprennent qu’avec une augmentation extraordinaire en 10 ans du pourcentage des jeunes de 12-13 ans qui s’initient au cannabis, qu’il est temps de faire de la véritable prévention/éducation un enjeu majeur! Que depuis cinq (5) ans aucun argent nouveau n'a été consenti aux organismes spécialisés dans la prévention des toxicomanies. Toutefois, des centaines de millions de dollars sont offerts aux services policiers pour continuer cette répression stérile que souvent les corps policiers jugent eux-mêmes inutile.

Il est clair que la consommation des drogues n’est pas un problème criminel comme le pensent encore trop de personnes, mais bien un problème de société et de politique actuelle. La prévention des drogues se doit d’être objective; les jeunes comme beaucoup d’adultes aiment fumer du pot, alors partons avec ce principe!

Éduquons correctement et respectueusement les jeunes et la population comme on fait avec l’alcool et le tabac…ça c’est de la promotion de la santé.



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