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Les Haïtiens évacués des médias québécois ?

Norm, Mercredi, Juillet 28, 2004 - 10:55

normand landry

 
Ouverts et tolérants, les pures laines ? Ce n’est pas si certain. Si les Québécois se plaisent à voir leur société comme étant pluraliste et fraternelle, il n’en demeure pas moins que des difficultés considérables attendent les nouveaux arrivants… et leurs enfants nés ici. La communauté haïtienne du Québec, riche et diversifiée, fait largement les frais des obstacles imposés par une représentation médiatique souvent peu favorable. Quelle place attend les Haïtiens et les Noirs du Québec dans nos médias ? Témoignage de Stéphanie Casimir, une militante dynamique qui veut mettre de la couleur dans tout ça.

 
Haïtienne d’origine, Stéphanie Casimir est arrivée au Québec en 1975, à l’âge de cinq ans. Les enfants du coin se sont chargés de lui rappeler qu’elle était différente; elle a bien connu les « chocolat » et « maudite négresse » de ses collègues de classe. Malgré tout, elle affirme sans hésitation qu’elle « a toujours eu de très très bon rapport avec les Québécois. »

Stéphanie a tout fait dans le milieu de la communication. Elle est notamment passée par la télévision ethnique du Québec, CIBL, CISM, Radio centre-ville et CPAM, où elle est toujours active. Son implication dans la communauté haïtienne l’a conduite à la Ligue des Noirs du Québec, où elle a occupé les fonctions de secrétaire du conseil d’administration. Elle s’est d’ailleurs donnée tellement à fond dans ses activités diverses qu’elle s’est retrouvée en crise de surmenage… à vingt et un ans !

D’entrée de jeu, elle soutient que du racisme au Québec, il y en a, études à l’appui. « C’est une réalité, ça fait parti de la vie. Regarde le domaine de l’emploi (…) Les Noirs qui ont une scolarité plus élevée, même un diplôme universitaire, ont moins d’emplois qu’un Blanc, même s’il a un secondaire cinq. »

Stéphanie déplore le manque de volonté des grands médias québécois à s’ouvrir au multiculturalisme. Le problème est, selon elle, en partie structurel : « quand vient le temps de t’ouvrir les portes, qu’est-ce qui se passe ? Radio-Canada a des stages pour les membres des communautés ethniques. Mais une fois que tu as terminé ton stage, t’embauchent-ils ? »

Les médias acceptent donc les représentants des communautés culturelles… jusqu’à un certain point. Stéphanie explique le phénomène à travers ce que les Haïtiens appellent les « Noirs Oréos » (noir à l’extérieur, blanc à l’intérieur). Avoir un accent constitue un sérieux obstacle pour toute personne désireuse de percer dans le milieu : « faut quand même que l’on soit comme vous autres pour qu'on puisse avoir une tribune, pour qu’on nous voit. »

Oui, mais les Haïtiens ne tombent-ils pas dans le communautarisme ? Ne préfèrent-ils pas développer des médias à l’intérieur de leur propre milieu ?

Pour Stéphanie, ce serait prendre la cause pour la conséquence ; « Écoute, quand tu sens pas que t’as ta place dans les médias nationaux, qu’est-ce que tu fais ? T’es obligé de trouver ta place quelque part. Et si le grand public ne s’intéresse pas à la question, on peut pas accuser ces gens-là de vivre en vase clos. Apprenez à nous découvrir, à apprécier ce que l’on fait. »

Sur la représentation des Noirs dans les médias québécois, la militante regrette l’emphase mise sur les problèmes, et notamment de gangs de rue (un phénomène largement surévalué chez la communauté haïtienne, selon elle), une « vision unilatérale » mettant « l’accent sur les problèmes.»

Une représentation défavorable qui nuit selon elle à l’ensemble de la communauté ; « quand on ne montre que des choses négatives, pour le Québécois moyen cela dit : voilà ce qu’ils sont ces gens-là. »

Stéphanie déplore que les Haïtiens et les Noirs du Québec doivent toujours se battre contre une image qui les dépeint comme étant « inférieurs, moins capables et des gens à problèmes. Les gens, affirme-t-elle, ont encore peur de nous. »

Heureusement, certains individus de renommée viennent contrebalancer les effets pervers des médias. Des modèles positifs comme les Michaëlle Jean, Bruni Surin, Dany Laferrière et Luck Mervil, pour ne citer que ceux-là, jouent un grand rôle pour la communauté noire du Québec : « ça nous donne de l’espoir, ça nous donne une tribune. »

Entre le discours et l’action, entre les belles paroles et la réalité, il y aurait donc deux mondes ? «On aura beau nous dire le Québec au Québécois de toute souche et de toute origine, mais on ne sent pas que c’est la réalité. »

Pour la communicatrice toutefois, rien n’est complètement noir ou blanc : « C’est pas juste la faute du Québécois. L’Haïtien, je trouve, a un problème d’ouverture. Le travail des Québécois doit se faire des deux côtés. »

Lorsqu’on lui demande quels impacts aurait l’intégration formelle des Haïtiens et des Noirs en général dans le paysage médiatique québécois, Stéphanie répond que ces derniers se sentiraient « considérés, appréciés, respectés, accueillis, compris. De faire ça, explique-t-elle, ce serait nous dire voilà on ouvre la porte, on vous accueille et vous faites partie de la société. On n’a pas à quêter notre place ! » Elle ajoute, convaincue, qu’un plus grand pluralisme culturel dans les médias ne serait pas que bénéfique à la communauté haïtienne installée ici ; c’est toute la collectivité québécoise qui bénéficierait de la désintégration des préjugés et des stéréotypes.

Les Montréalais de toutes origines peuvent découvrir la riche communauté haïtienne au Centre d’histoire de Montréal, qui tient jusqu’au cinq septembre l’exposition tèt ansanm, tous ensemble. Présences haïtiennes d'ici.



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