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Travailler à la sueur de son front

Anonyme, Mercredi, Juin 23, 2004 - 14:29

Stéfany Ranger

 
Le monde de la mode est synonyme de glamour et de prestige. Mais lorsque nous quittons l’univers des designers et des mannequins pour s’intéresser à celui des ouvriers qui reproduisent lesdits vêtements, nous nous rendons compte que leur situation n’est pas des plus rose. En effet, ces derniers doivent souvent endurer de longues et dures journées de labeur, pour un salaire minime, dans ce que l’on appelle des « sweatshops » (ateliers de misère).

 
Plongé dans l’ère de la mondialisation et de l’effondrement des barrières commerciales, les conditions de travail décentes acquises par les mouvements syndicaux au début du XXième siècle s’avèrent désormais reléguées aux oubliettes partout dans le monde. En effet, en agissant dorénavant comme des consommateurs avertis, les entreprises telles que Walt Mart, Nike ou La Baie, recherchent des endroits où concevoir leurs produits à moindre coût au détriment des conditions de travail et salariales de leurs employés. Ceux-ci s’avèrent généralement des femmes, parfois même des enfants.

Ces lieux, nommés « sweatshops » ou ateliers de la misère, se retrouvent principalement dans les pays pauvres du sud. Syndicats inexistants, les entreprises ne se font donc pas prier pour fermer leur usine dans un pays industrialisé pour en ouvrir une dans ces régions démunies. Par exemple, au mois d’avril dernier, une pétition a circulé au Centre Bell pour empêcher la fermeture de l’usine de Bauer/Nike de St-Jérôme, prévue en juillet prochain. En effet, l’entreprise désire dorénavant produire ses équipements de sports en Chine...

Mais le Canada n’est pas en reste. Les ateliers de misère canadiens, que l’on retrouve dans les grandes villes comme Vancouver, Toronto, Montréal et Winnipeg, regroupent « surtout des milliers de femmes immigrantes qui souvent ne maîtrisent pas la langue et ne connaissent pas leurs droits. Elles travaillent à la maison ou dans des endroits cachés, sans ventilation, dans des conditions atroces de 14 à 15 heures par jour, pour finalement recevoir moins que le salaire minimum (2$ à 3$ par heure) et aucun bénéfice. Ces personnes cousent pour des grandes marques de commerce ou des chaînes bien connues comme Wal-Mart, La Baie et bien d'autres », affirme Bertrand Bégin, coordonnateur de campagne du Congrès du Travail du Canada, organisation englobant la majorité des syndicats nationaux et internationaux au Canada, ce qui représente 2,5 millions de travailleuses et travailleurs syndiqués. L’exploitation des employés dans le secteur du textile explique donc les profits faramineux empochés par l’industrie du détail année après année.

Partenariat équitable entre le nord et le sud : Peri Dar

Néanmoins, sur le plan individuel, nous pouvons faire avancer les choses en s’assurant que les produits que nous achetons soient fabriqués dans des conditions de travail et salariales décentes. Autrement dit, lorsque nous encourageons le commerce équitable.

À Montréal, l’entreprise québécoise Peri Dar travaille dans cette optique. Oeuvrant aussi à Québec, Ottawa, Toronto, au Manitoba et en Colombie-Britannique, cette dernière aide des artisans (à 80% des femmes) d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie* à fabriquer de nombreux produits de textile en les payant décemment pour leur travail. Cette rémunération s’effectue à l’avance afin de permettre à ces derniers d’acheter les matériaux dont ils ont besoins pour fabriquer les produits sans se mettre dans l’embarras. Mais les prix des salaires et des produits ne sont pas fixés par Peri Dar. Ce sont les associations ou les coopératives regroupant les travailleurs, avec lesquelles Peri Dar traite directement, qui les mettent en place. Après avoir acheté les produits, Peri Dar les revend ensuite dans certains commerces canadiens au prix du marché. « En moyenne, et pour la plupart des produits, le prix en gros est le prix d’achat chez l’artisan multiplié par 2 et le prix en détail est ce même prix d’achat multiplié par 4, tel les normes du commerce équitable auxquelles nous adhérons avec la Fair Trade Federation », affirme Nicole McGrath, porte-parole de l’organisme. Ceci signifie que la marge de profit de l’organisation est moindre que celle des commerces conventionnels.

Dans l’engrenage du commerce équitable, les profits réalisés servent à payer les frais d’opérations du commerce. Pour Peri Dar, il s’agit des frais du site Internet, de télécommunication, de cartes de crédit pour les marchants, de frais bancaires, de transport et de dédouanage, d’éducation de la population et de présentations publiques, de promotion et de coordination d’événements, d’impressions et de publicité. Plus tard, il faudra compter les salaires des employés, mais pour le moment il n’y en a aucun. Bref, Peri Dar diffuse et préserve de cette manière la culture de ces artisans. Ces derniers acquièrent donc leur indépendance économique, ce qui augmente leur qualité de vie et leur estime de soi.

Alors que les multinationales apaisent leur conscience en affirmant aider les pays sous-développés lorsqu’ils y installent leur usine, n’oublions pas que ceci s’effectue dans le non-respect des droits de l’homme. À l’ère de la mondialisation, il est temps que l’entraide entre les peuples soit de mise, car l’exploitation n’est pas synonyme de développement des pays du sud, mais bien de l’appauvrissement de leur population.

Stéfany Ranger

*Bangladesh, Bolivie, Guatemala, l’Inde, Kirghizistan, Népal, Maroc, Pakistan, Pérou, Tanzanie, Thaïlande, l’Ouganda et Viêt-Nam

Site Internet de Peri Dar inc.
www.peridar.ca
Documents inclusTaille
17356.jpg0 octets


Sujet: 
Label d'identification sur les produits
Auteur-e: 
Sylvestre
Date: 
Jeu, 2004-06-24 15:33

Bonjour. En tant que consommatrice qui souhaite s'impliquer dans une répartition plus équitable des richesses, j'aimerais bien qu'il existe un organisme indépendant qui se charge de:

1-vérifier les conditions de travail des employés des fabricants de produits vendus au Canada
2-permettre au public de savoir si le produit a été fabriqué au Canada. De nombreuse étiquettes indiquent le nom du fournisseur(distributeur), mais pas l'origine du produit. La chose se complique quand les pièces sont fabriquées dans différents pays. Il arrive que des entreprises s'échangent des "services" de distribution!
3- obliger la Loi à apposer des étiquettes sur les produits indiquant l'origine du produit et/ou de ses pièces(pas l'origine de la marque!).
4-Au moyen d'une revue spécialisée, se charger de la sensibilisation populaire à grande échelle au sujet des conditions de travail qu'offrent les entreprises canadienne et étrangères à leurs employés.Faire une liste des entreprises qui font faire leurs produits à l'extérieur du pays...
5- instituer un coucours de la " l'entreprise éthique" de l'année, et publier les informations qui en découlent à grande échelle
6-idem pour les entreprises qui respectent l'environnement
Ca urge!


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Sujet: 
Re: Label d'identification sur les produits
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Jeu, 2004-06-24 21:59

En 2003, il y a eu une consultation-forum publique assez sérieuse sur le sujet, avec la participation d'un réseau pancanadien pour l'identification de l'usine (les usines) où un vêtement a été produit (l'idée étant que le consommateur-trice peut alors s'informer sur les conditions de travail d'une usine particulière). Il pourrait, par exemple, exister un site Internet qui indique les conditions des usines identifiées. Mais je ne connais pas encore ce que cette consultation-forum publique va recommander aux gouvernement canadien.

Bref, le(s) pays d'origine d'un produit n'est vraiment pas une information suffisante, sans compter que ça peut mener à une mauvaise discrimination.
Il faudrait donc une organisation internationale sérieuse et indépendante pour vérifier les conditions de travail des usines, combinée à une identification de celles-ci sur les pruduits (pas juste les vêtements).

Nous sommes encore loin de ça: l'Organisation internationale du Travail n'étant pas assez appuyée par les pays riches (et l'ONU étant faible en général).

Ça va venir !

Michaël Lessard

Citoyen du monde, militant pour les droits humains

Siriel-Média: média citoyen pour s'informer et dénoncer les 'politiques de destruction massive'.


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Sujet: 
Quelles solutions ?
Auteur-e: 
Alain Thomas
Date: 
Jeu, 2004-06-24 22:14

Si j'ai bien compris on s'assure de bien rétribuer les artisans et ensuite on applique les lois du marché ? Est-ce que ces lois ne gonflent pas énormément le coût pour le consommateur ? Nous cherchons tous le beau/bon/pas cher et je crois que c'est légitime.

J'ai été visiter le lien Péridar.ca, mais je vois que les prix des items, mis à part quelques un, ne sont pas à la portée de tous les budgets. Est-ce que cela ne constituerait pas un risque de voir seulement les mieux nantis qui pourraient se payer ces items ?

Peut-être est-ce que je ne saisis pas tout je serais alors bien content que vous m'informiez sur ce genre de commerce que je trouve intéressant .

Alain Thomas


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Dossier G20
  Nous vous offrons plusieurs reportages indépendants et témoignages...

Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
Liste des activités lors de ce
« contre-sommet » à Toronto

Vous pouvez aussi visiter ces médias alternatifs anglophones...

Centre des médias Alternatifs Toronto
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http://toronto.mediacoop.ca


Toronto Community Mobilization
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