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Appel de religieuses palestiniennes

Nicole Nepton, Dimanche, Février 22, 2004 - 15:57

Sr Marie Dominique Croyal

Établie tout près du mur d'Abou Dis à Jérusalem, une communauté de religieuses, qui gère une maison de retraite pour Palestinien-nes, lance un appel au secours.

Home Notre Dame des Douleurs
BP 19257
91192 Jérusalem
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Je vous informe de ce qui se passe dans notre quartier et autour de notre maison: le nouveau mur de séparation d'une hauteur de 9 mètres est en cours de construction depuis le 11 janvier 2004. Il remplace un mur qui était beaucoup moins haut, d'une hauteur qui permettait encore de le franchir alors qu'il n'y avait déjà plus de passage autorisé pour ceux qui se rendaient de Béthanie et d'Abou Dis à Jérusalem.

Ce premier mur dit de sécurité a été placé en août 2002. Ce mur a désorganisé et affecté profondément la vie de la population et la nôtre aussi. Il sépare ainsi Jérusalem de la Cisjordanie, longeant aussi notre route et passant en face de notre portail d'entrée. Ce mur, ce sont des milliers de personnes qui l'ont déjà franchi: des enfants, des collégiens, des mamans avec leur bébé, des personnes âgées. Les chutes ont été nombreuses et parfois mortelles. Il y a deux mois, nous avons appelé l'ambulance pour un homme de 65 ans environ qui est tombé à la renverse sur la tête et qui a perdu connaissance.

L'ambulance est venue après plus d'une demi-heure et au retour, au niveau du carrefour de Béthanie, l'armée a fouillé l'ambulance et fait descendre la femme de ce blessé, retardant encore les soins. Ce qui se passe au pied de ce mur est devenu intolérable! Des centaines de personnes ont traversé chaque jour et pendant des mois notre propriété en passant par-dessus les clôtures pour échapper aux contrôles militaires, car beaucoup travaillent à Jérusalem alors qu'ils n'ont pas de permis.

Les gens autour de nous vivent dans la peur, peur de se faire arrêter, peur de recevoir des gaz lacrymogènes, peur d'être maltraités comme cela arrive fréquemment. La tension est permanente pour toute la population dont les conditions de vie sont de plus en plus difficiles. C'est un combat de chaque jour pour tous ces gens qui subissent humiliations et violences. Nous nous sentons vraiment seuls et démunis face à l'inertie générale.

Nous nous faisons le porte-parole de tous ceux qui sont sans voix et qui, chaque jour depuis deux ans, entreprennent un véritable parcours du combattant pour se rendre sur leur lieu de travail, au collège, etc., sans parler de tous les malades qui meurent faute de soins. Pour accomplir notre mission, nous rencontrons aussi beaucoup de difficultés quand il nous faut hospitaliser des personnes âgées qui sont de Cisjordanie, car les ambulances palestiniennes n'ont pas le droit de circuler en Israël et nous devons trouver les moyens nous permettant de les acheminer de l'autre côté du mur en évitant les barrages afin que les familles puissent les conduire à l'hôpital.

C'est le même problème pour les gens qui meurent et pour les familles qui doivent se "débrouiller" pour faire transporter le corps de l'autre côté. La vie est très compliquée depuis deux ans et elle va le devenir plus encore aujourd'hui avec la construction de ce nouveau mur.

Les personnes âgées qui sont autonomes ne peuvent plus aller faire leurs courses depuis déjà de nombreux mois car toutes les boutiques se trouvent de l'autre côté du mur. Combien de fois n'ont-elles pas appelé les commerçants en se plaçant au pied du mur pour passer leur commande à travers une fente entre deux blocs de béton! Les personnes âgées originaires de Cisjordanie sont très isolées, car beaucoup de familles ne peuvent plus venir les visiter. Depuis la construction de ce mur, nous devons redoubler de vigilance pour assurer la sécurité de nos personnes âgées.

Autre désagrément, nous avons été obligés de changer de fournisseurs. Cela représente un coût supplémentaire car la vie est plus chère à Jérusalem. Aujourd'hui, nous ne savons vraiment pas ce qui va se passer si la construction de ce mur arrive à son terme car, dans notre maison, la plupart de nos personnes âgées sont originaires de la Cisjordanie et la majorité de notre personnel aussi.

Sur nos 18 employés, trois seulement ont la carte de Jérusalem. Pendant ces deux années, eux aussi ont été obligés de franchir le mur et de changer souvent de trajet pour échapper aux contrôles car, même avec un laissez-passer, les militaires ne les laissaient pas toujours entrer dans notre maison.

Ce mur de 9 mètres nous obligera :
- à prendre du personnel de Jérusalem et donc à licencier la majorité de notre personnel en fonction aujourd'hui;
-à renoncer à accueillir les personnes âgées habitant aussi en Cisjordanie, c'est-à-dire les plus pauvres.

Nous sommes inquiètes. Ce sont aussi des milliers de personnes qui aujourd'hui vivent dans l'angoisse alors que le mur se construit sans résistance et sans protestation sur le lieu même de la construction. Nous n'avons pas été prévenus et la maison est plus que jamais isolée à cause de l'état de la route. Il nous faut chaque jour aller récupérer le personnel à différents endroits car le quartier est devenu une zone militaire.

L'approvisionnement est devenu très compliqué et nous passons notre temps à gérer les imprévus. Nous espérons ne pas avoir à hospitaliser de personnes âgées tant l'accès à la maison est difficile à cause de la boue. Il y a eu cette semaine beaucoup de journalistes et de photographes dans ce quartier qui est devenu une terre de désolation et d'humiliation.

Nous espérons tous que les interviews organisées par différents journaux, chaînes de radio et de TV ici et là alerteront l'opinion publique et réveilleront aussi la conscience des politiques.

Nous espérons que vous pourrez être, à votre tour, notre porte-parole pour que ce mur de la honte soit détruit.

Nous comptons sur votre action afin que le dialogue reprenne entre les responsables des deux peuples, et d'avance nous vous remercions de bien vouloir diffuser ces informations.

Jérusalem, le 15 janvier 2004

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