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Avoir le courage de réclamer clairement la démission d'Aristide au nom de la démocratie et des droits humains

Nicole Nepton, Mardi, Février 17, 2004 - 11:12

Myriam Merlet, ENFOFANM

La Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes s'inquiète de l'escalade continue de la violation des droits humains en Haïti et de la persistance d'un discours à l'intérieur de la communauté des Caraïbes qui distrait l'attention des problèmes fondamentaux à la base de la situation politique actuelle en Haïti.

La Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP) est de plus en plus inquiète à la fois à cause de l'escalade continue de la violation des droits humains en Haïti et de la persistance d'un discours à l'intérieur de la communauté des Caraïbes qui distrait l'attention des problèmes fondamentaux à la base de la situation politique actuelle en Haïti.

La CONAP, ainsi que d'autres organisations de la société civile d'Haïti, ont posé très clairement que M. Jean Bertrand Aristide et le régime Lavalas constituent un état voyou qui fonctionne systématiquement hors des paramètres des principes de la loi et des droits humains internationaux. Il en résulte que la CONAP et d'autres secteurs de la société civile haïtienne, cherchant à rétablir la primauté de la loi et le respect des principes fondamentaux de démocratie, ont dénoncé de manière non-équivoque le régime actuel et refusé de participer à un quelconque processus de négociations qui aurait pour but de maintenir M. Aristide en place.

Notre position est claire et notre revendication sans ambiguïté : M. Aristide doit démissionner. Sa présence continue à la barre de l'État est le premier obstacle à la réduction de la violence qui caractérise en ce moment la vie en Haïti et à l'établissement d'un fondement solide du processus démocratique.

Malgré la gravité de la situation et la violation systématique des droits humains et des libertés par des agents de l'État et des casseurs para-militaires armés, la CONAP constate que les porte-parole de la communauté caraïbéenne continuent à placer le débat sur le niveau perçu de popularité relative de M. Aristide. Une déclaration récente du Premier ministre Mitchell des Bahamas est un nouveau témoignage de cette tendance.

La CONAP voudrait profiter de cette opportunité pour rappeler à la communauté caraïbéenne que la crise politique en Haïti ne peut pas et ne devrait pas être assimilée à un test de popularité. Le faire revient à banaliser la nature de la lutte actuelle en Haïti et surtout suggère que pour le CARICOM, ou au moins pour certains de ses porte-parole, la question des principes démocratiques a peu ou pas d'importance. La popularité ou non de M. Aristide n'est pas la question fondamentale. La question est de savoir si le régime Aristide a respecté les droits et les libertés accordés par la Constitution haïtienne et les principes des droits humains internationaux. Placer le débat au niveau de la popularité plutôt qu'au niveau des principes constitue un flagrant manque de respect envers le peuple haïtien et ses aspirations démocratiques.

Il est cependant intéressant de noter que M. Aristide, qui a bâti sa "légitimité" sur la base de sa prétendue "popularité", a aussi éprouvé le besoin d'empêcher et de réprimer les manifestations d'opposition par tous les moyens à sa disposition. Cela pourrait fortement suggérer qu'il est moins que certain de sa "popularité" et qu'il craint qu'en autorisant ses concitoyens à exercer librement leurs droits politiques, l'illusion qui lui est si chère pourrait être contestée.

La seconde orientation qu'on peut observer dans le discours est la tendance à assimiler à un coup d'État la revendication de démission de M. Aristide avancée par l'opposition. De cette manière, le CARICOM a adopté et essayé de légitimer l'argument fallacieux mis en avant par M. Aristide. La CONAP veut profiter de cette opportunité pour rappeler au CARICOM et à la communauté internationale qu'une démission n'est pas un coup d'État. Une exigence de démission est compatible avec les principes démocratiques et est en fait au coeur de la notion de responsabilité. C'est en fait le signe que l'électorat est à la fois informé et impliqué. Assimiler cette revendication légitime et démocratique à un coup d'État revient à suggérer que l'électorat ne devrait pas prendre en compte la responsabilité de personnalités officielles et que les Haïtiens méritent une démocratie au rabais.

M. Louis Joinet, l'expert indépendant pour Haïti désigné par les Nations Unies, a réitéré récemment sa position sur la situation actuelle. Il a dénoncé clairement la nature systématique des violations des droits humains et la complicité entre l'État et les groupes de casseurs armés connus sous le nom de chimères. Enfin, il a fait la distinction entre les insurgés armés et l'opposition composée d'organisations de la société civile qui luttent pour l'exercice de ses droits par la méthode de la non-violence. Selon Joinet, ainsi que selon d'autres organisations nationales et internationales contrôlant les droits humains à Haïti, les insurgés d'aujourd'hui sont les casseurs qu'Aristide a armé hier. Il a conclu en disant que la seule solution pour la crise politique actuelle est la démission d'Aristide.

La couverture de la presse internationale a aussi présenté un tableau dur et dérangeant de la situation actuelle. Très récemment, un court documentaire présenté par CNN a rendu douloureusement évidente la contradiction entre, d'une part, le discours officiel de M. Aristide et ses réalisations parmi lesquelles il compte "l'établissement de la paix" en Haïti et, d'autre part, la réalité au jour le jour des violations des droits humains en Haïti.

À un moment où la clarté est de la plus grande importance et où la vie des gens est en jeu, la CONAP appelle de nouveau ses frères et soeurs des Caraïbes pour qu'ils rappellent à leurs gouvernements que la position du CARICOM doit reposer sur le respect des principes démocratiques parce que ce sont précisément ces principes qui sont menacés aujourd'hui en Haïti.

Ils ne devraient pas légitimer la démagogie au nom d'une solidarité erronnée entre chefs d'État. Il est important de se souvenir que M. Aristide est arrivé au pouvoir à la suite d'un processus électoral frauduleux - contrairement aux chefs de gouvernement des autres nations caraïbéennes. Et même s'il avait accédé à la présidence par des élections légitimes, en tant que personnalité élue, il devrait être tenu responsable de ses actions.

Nous voudrions vous inviter à réclamer de vos chefs de gouvernement qu'ils fassent respecter en Haïti les mêmes règles de démocratie et de droits humains qu'eux aussi sont obligés de respecter dans leur propre pays.

Mr. Joinet a déclaré courageusement et à juste titre qu'Haïti se rapprochait rapidement d'un état de crise humanitaire d'une proportion énorme. La CONAP voudrait spécifier que la réponse la plus urgente et la plus appropriée à la crise humanitaire menaçante est de rejoindre le peuple haïtien quand il réclame la démission immédiate de Jean-Bertrand Aristide.

La réponse ne consiste pas à mettre en place des facilités pour recueillir des boat people ou des hôpitaux de campagne pour soigner les blessés. La réponse consiste à avoir le courage de réclamer clairement la démission de M. Aristide au nom de principes démocratiques et de droits humains fondamentaux.

Le CARICOM a un rôle à jouer. Nous vous le demandons, travaillez avec nous pour assurer que le CARICOM prenne ses responsabilités et démontre que nous sommes de fait membre d'une communauté caraïbéenne engagée pour la démocratie et les droits humains.

La Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (CONAP) défend la promotion des droits des femmes, à l'intérieur du combat plus large de défense des droits humains et des principes démocratiques en Haïti, et reconnaît l'importance de la solidarité caraïbéenne dans ce processus.

12 février 2004

Pour contacter ENFOFANM :
enfo...@yahoo.fr ou enfo...@compa.net

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