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MOBILISATIONS POUR L’ÉDUCATION CHEZ LES ÉTUDIANTS

Anonyme, Mardi, Octobre 7, 2003 - 17:11

Prunelle Gilet

L’année dernière, déjà, la lutte contre la hausse des frais de scolarité -frais afférents qui contournent le décret ministériel de 1994 visant à geler cette hausse- avait fait un certain bruit, à l’université Laval du moins.
La lutte reprend sur d’autres bases cette année, dans un contexte politique où elle résonne très différemment – beaucoup plus urgemment-: celui de l’arrivée d’un nouveau gouvernement, libéral…et son intention de faire accélèrer le mouvement de la « réingénérie de l’État ».

MOBILISATIONS POUR L’ÉDUCATION CHEZ LES ÉTUDIANTS

Grondements de l’automne

Les mobilisations étudiantes pour un accès plus large à l’éducation, pour une scolarité collégiale et universitaire gratuite, ou pour un gel des frais de scolarité, priorités différentes pour associations différentes; prennent à mes yeux d’Européenne une ampleur particulière en ce début de session.

Une continuité...

L’année dernière, déjà, la lutte contre la hausse des frais de scolarité -frais afférents qui contournent le décret ministériel de 1994 visant à geler cette hausse- avait fait un certain bruit, à l’université Laval du moins. En septembre 2002, le comité Mob Septembre 2002 organisait une manifestation à l’université Laval lors de la visite dans ses murs de recteurs d’universités du monde entier et de représentants de la Banque Mondiale, pour leur exprimer le refus des étudiants de voir leur système scolaire se privatiser sans pouvoir rien y faire. Parallèlement, la Fédération Etudiante Universitaire du Québec (FEUQ), organe le plus massif de représentation des étudiants d’université à l’échelle nationale - son homologue cégépienne étant la Fédération Etudiante Collégiale du Québec (FECQ) -, organisait une campagne de refus du paiement des frais de scolarité, faisait des tables de discussion et distribuait des tracts.
Quels ont été les fruits de ces manifestations publiques de la contestation étudiante? Je ne le sais pas, mais à l’approche d’élections risquant de redéfinir la politique gouvernementale à l’égard de l’éducation, il est certain que l’enjeu a été moindre.

« Réingénérie » : un climat d’urgence

La lutte reprend en effet sur d’autres bases cette année, dans un contexte politique où elle résonne très différemment – beaucoup plus urgemment-: celui de l’arrivée d’un nouveau gouvernement, libéral…et son intention de faire accélèrer le mouvement de la « réingénérie de l’État ».

Comme Libéral rime avec libéralisme, réingénérie rime avec ingénieur... C’est le mouvement d’ « allègement » de la structure de l’État, qui existe dans la plupart des pays occidentaux, que l’on désigne par là : c’est lui qui préside à la copie de l’organisation privée « managériale » par la Fonction Publique , à la perte de crédibilité de la notion de service public, et à la privatisation de nombreux secteurs anciennement publics ou à une réduction considérable de leur budgets.

La lutte étudiante prend donc une envergure différente, car elle ne cherche plus à dénoncer la privatisation déjà commencée du système post-secondaire, mais bien à empêcher son extension et sa généralisation à tous les collèges et universités du Québec.

Engagements électoraux libéraux

Pourtant, le premier ministre Jean Charest s’est engagé lors de sa campagne électorale à maintenir durant la totalité de son mandat un gel réel des frais de scolarité. Il a également promis de réinvestir dans l’Éducation, à valeur de 240 millions de dollars dans l’université (chiffre de La Voix Étudiante du Québec, journal de la FEUQ).

Les associations étudiantes, peu crédules quant à cette promesse, expriment au gouvernement depuis dès avant l’automne des demandes de leur fournir des preuves de la validité de cet engagement.

Commission parlementaire à venir…

Une commission parlementaire sur le financement de l’université devait en effet avoir lieu cet automne, or elle a été repoussée à cet hiver, probablement au mois de janvier. Dès son annonce, la FEUQ et la FECQ ont demandé au gouvernement de légiférer les frais de scolarité, et de réinvestir dans les cégeps et les universités : avant le début des consultations relatives à cette commission, les associations veulent « une loi sur l’accessibilité aux études », ou loi-cadre. Dans l’absence de réponse du gouvernement, ces deux associations ont lancé un ultimatum à Jean Charest : après le 15 septembre, s’il n’avait pas donné de réponse claire à leur demande, elles promettaient une campagne générale, dans toutes les régions du Québec, de demande de dépôt au plus vite de cette loi. Il a cependant refusé leur demande.

Divergences étudiantes : divisions superficielles ou buts irréductibles?

Mais, très récemment, la FECQ, après avoir l’année dernière négocié avec le ministère de l’Éducation un accord réglementant la hausse de certains frais de scolarité, mais pas tous, s’est dissocié de cette campagne. Elle préfère pour l’instant ne pas douter des allégations du gouvernement, qui n’a pas encore réellement démenti l’application de sa promesse électorale.

Pourtant aujourd’hui, dans un document de travail qui a été rendu public, rédigé par le Secrétariat à la réingénérie, faisant liste des obstacles que celle-ci peut rencontrer, on peut lire que l’éducation en est un, et que le gel des frais de scolarité n’est planifié que pour un an. Document, dont bien sûr, le gouvernement, par la voix du ministre de l’éducation Pierre Reid, nie la portée et la réalité d’application.

Par ailleurs, d’autres associations étudiantes, comme l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ) exigent d’autres démarches gouvernementales pour légitimer un discours prometteur quant à l’investissement en éducation. François Baillargeon explique dans le journal (numéro2 de l’automne, volume 3) de l’ASSÉ, l’Ultimatum, que le cas de la FECQ est un contre-exemple, car l’accord en question , rapporté plus haut, n’a fait que continuer à faire augmenter les frais dans les cégeps. Toute tentative d’encadrement des frais ne peut ainsi que rentrer et adhérer au cadre d’un système déjà existant, dans lequel les études ne sont pas complètement accessibles, car pas complètement gratuites. Seules des études collégiales et universitaires gratuites réduiraient les inégalités d’accès à l’éducation, et pour cela un réinvestissement important de l’Etat dans l’éducation est seul possible.

Ainsi, l’ASSÉ n’envisage pas non plus une expression étudiante lors de la future commission parlementaire comme un outil de contestation efficace, (car les revendications étudiantes sont et seront déjà connues par le gouvernement, à ce moment, notamment par la manifestation : l’ASSÉ) mais appelle depuis le 16 août à la grève générale illimitée -c’est à dire durant au moins une semaine et impliquant au moins une quinzaine d’institutions post-secondaires-, pour un droit à l’éducation gratuite à tous les niveaux.

En résumé, une grosse mobilisation se prépare, dans les universités et dans les cégeps, mais elle doit être -à mon avis- relayée par tous, car elle concerne l’éducation, élément fondamental et fondateur de nos –futures- sociétés. Il s’agit ici de prouver que l’humain n’a pas besoin de n’agir que pour ses intérêts pour agir, et que le service public ne peut disparaître sans entraîner avec lui les rêves d’égalité et de justice.

DONC : prochaine manifestation le 9 octobre, rassemblements dans différents points du Québec.

Sources :
L’Ultimatum, automne 2003, volume 3, numéro 2 :

« Pour la gratuité à tous les niveaux! » , François Baillargeon

« La lutte pour le droit à l’éducation : d’hier à aujourd’hui », Benoît Marsan

« Sous-financement et privatisation :encore à nous d’encaisser les coupures », Héloïse Moisan-Lapointe

et www.asse-solidarite.qc.ca

L’aut’journal, septembre 2003, numéro 222

« Le mouvement étudiant », Vincent Larouche
ou www.lautjournal.info

La voix étudiante du Québec
et www.geldesfrais.com

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Sujet: 
La réingénérie de l'État
Auteur-e: 
Louise-Anne Maher
Date: 
Mer, 2003-10-08 08:56

Le mouvement étudiant a toujours été une grande force de changement social et les exigences des étudiants et étudiantes sont plus que légitimes,Il est en effet inacceptable que les frais de scolarité soient aussi élevés.
Cependant, la réingénérie (!!!) de l'État, les politiques néolibérales de Jean Charest et co. sont, je crois ce qu'il faut combattre ensemble. Ce gouvernement qui gouverne`à coup de massue, attaque les droits de l'ensemble des citoyens et citoyennes et nous aurons un impact sur sa légitimité si nous nous regroupons pour remettre en cause globalement ses politiques qui vont contre le bien commun.
Il ne nous est plus permis de rester diviser chacun avec nos revendications propres. Il faut dire massivement à ce gouvernement que nous ne reconnaissons pas son pouvoir puisqu'il agit contre les intérêts de la population.


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Sujet: 
Qu'elle est l'étendue de la mobilisation?
Auteur-e: 
Miss Tick
Date: 
Mer, 2003-10-08 20:46

Bon article Prudence, c'est bien de voir que même si tu n'es pas née ici, tu es au courant de la situation, bien mieux que nombre d'entre nous qui nagent dans ce système d'éducation depuis l'enfance. En fait, je déplore que nombre de mes collègues universitaires, surtout dans le domaine des sciences, ne sont pas du tout au courant des réalités entourant le système d'éducation dans lequels ils évoluent. Pourtant ils continuent de se plaindre des factures élevés, que ce soit des frais de scolarité comme des livres scientifiques très pointus qui coutent une fortune (je pense à mon livre de design en anglais sans image avec une centaine de page qui m'a coûté 120$ et qui n'était pas disponible de façon usagé).

Ma question c'est pourquoi ces étudiants absorbent chaque facture en rondissant le dos, en chialant tout bas mais sans jamais se révolter? Ma question est peut-être futile puisque j'en connais la réponse. Ils sont blasé de la révolte, ils sont profondément convaincus que les manifestations, pacifiques ou violentes, ne changeront rien, et qu'ils sont bien mieux de se grouiller à finir leur étude et d'en sortir au plus vite.

Rare sont les gens informés qui n'avouent pas qu'il y ait des manques flagrants dans nos écoles, et que le rapprochement entre le privé et les universités ne fera que tuer la recherche fondamentale. Pourtant si une majorité de gens restent toujours dans l'ignorance de leur propre situation, comment espérer que ceux-ci, quand il seront "grand" :), et qu'ils auront le vrai pouvoir de changer les choses, voudront les changer dans un intérêt collectif, voudront changer les choses qu'ils ont tant détesté par le passé.

Le problème c'est que la mobilisation est surtout faite chez des gens déjà sensibilisé, et que les moyens de pression qui se ressemblent d'une fois à l'autre ne redonne pas confiance à ceux qui sont blasé des choses qui ne bougent pas. Pourtant bien de ces gens n'attendent que de se faire informer, bien qu'ils exigent une information beaucoup plus rationnelle que celle véhiculée dans les tracs habituels. De plus, nos futurs scientifiques, ingénieurs, spécialiste de la santé sont des gens créatifs qui dans l'avenir seront des inventeurs, pourquoi ne pas discuter avec eux des moyens alternatifs dont nous pourrions user.

Bien sûr mon fanatisme pour le collectivisme y est pour quelque chose, mais je continue de croire que c'est tous ensemble qu'on doit bâtir le monde de demain, et ça commence dans nos écoles

Marie-Eve


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