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Colombie: répression continue contre les paysans

Anonyme, Jeudi, Juin 19, 2003 - 10:59

Communiqué sur la situation des afro-colombiens.

Une québécoise se trouve actuellement en Colombie où elle travaille avec une organisation locale, la Commission Justice et Paix.

Voici un communiqué envoyé récemment qui dénonce la répression paramilitaire contre les afro-colombiens. La situation en Colombie continue d'être extrêmement grave...

JIGUAMIANDÓ ET LES COMMUNAUTÉS DE CURBARADÓ :
DES MEMBRES DU CONSEIL COMMUNAUTAIRE DISPARAISSENT

À la suite de l'attaque armée secrète, une heure après l'incursion armée, alors que la population civile avait quitté le village, des combats se sont produits entre les civils armés, qui agissent en accord avec la stratégie politique et militaire étatique, et les membres de la stratégie de guerre des guérillas.

Au cours des derniers jours une commission formée par la Defensoría del Pueblo (organisme de défense de la population ; financé par le gouvernement), des observateurs internationaux du Canada et d'autres pays, et par notre Commission Justice et Paix, sont arrivés au village de Nueva Esperanza, lieu de séjour provisoire de familles appartenant au Conseil communautaire de Jiguamiandó et des 9 communautés de Curbaradó.

Le 6 juin dernier, cette population a fait l'objet d'une attaque paramilitaire dans laquelle, en plus du pillage de biens, des menaces aux habitants, 4 paysans sont disparus et la totalité de la communauté s’est vu dans l’obligation de se déplacer. Une heure plus tard, le lieu s'est transformé en scène de combats avec les FARC-EP (Forces armées révolutionnaires de la Colombie).

L’endroit qui, depuis 2001, s’appelle Nueva Esperanza, est situé dans le Territoire collectif, et il a été constitué comme tel à la suite d'offensives militaires ouvertes et clandestines de la Brigade XVII de l’armée colombienne. Nueva Esperanza, est le village le plus proche d'une plantation illégale de Palme Africaine, qui contrevient à la loi 70 des Communautés afro-colombiennes.

Pendant les derniers quinze jours les habitants ont fait l'objet de nouvelles agressions et de dommages irréparables par des groupes armées de type paramilitaire qui, depuis 1996, se sont consolidés dans les villages de Mutatá, Belén de Bajirá, Chigorodó, Riosucio, Carmen del Darién et Bellavista (depuis 2002). Cette présence ne peut se faire qu’avec l’accord de la Brigade XVII de l’armée colombienne, sous le prétexte de la confrontation militaire avec les FARC-EP.

Les faits des derniers jours sont les suivants :

Jeudi 5 juin : on croit que dans l'après-midi, des témoins on vu un rassemblement d’environ 200 « civils » armés (des paramilitaires), à 100 mètres de Nueva Esperanza. À cet endroit ils ont installé des abris, des cuisines provisoires, ils ont laissé des emballages de produits alimentaires, des briquets, des lames de rasoir, etc. On croit qu’ils ont passé la nuit à cet endroit.

Vendredi 6 juin : à 5h30, un membre en uniforme du groupe paramilitaire a été aperçu par des paysans. Il portait un casque appartenant à la communauté. Il y avait aussi trois « civils » armés vêtus de vêtements de camouflage. Ils se sont cachés lorsqu’ils ont vu les paysans sur l’autre rive. Les paysans du Conseil communautaire ont immédiatement informé les autres membres de la communauté de la présence paramilitaire. Alors les femmes, les enfants, les adultes se sont enfuis dans la jungle, par mesure de protection.

Vers les 6:00 heures, deux afro-colombiens qui venaient du village Pueblo Nuevo, et se dirigeaient, à bord d’un bateau, vers La Grande, ont été arrêtés au port de Nueva Esperanza au moment où plus de 150 hommes en vêtement de camouflage, avec des carabines et des mitraillettes, essayaient de traverser la rivière Jiguamiandó pour encercler le village de Nueva Esperanza.

Un des afro-colombiens, CRISTÓBAL BLANDON BORJA, a été arrêté par les civils armés, tandis que l'autre afro-colombien a réussi à s'enfuir, laissant ses biens personnels. Les paramilitaires ont pris leurs papiers d'identité et ceux de leurs femmes. Ces papiers avaient été émis par le gouvernement national avec la collaboration d’instances internationales spécialement pour les Zones Humanitaires. Leur obtention a été financée par la Coopération internationale européenne.

Les paramilitaires se sont introduits dans les maisons, ils les ont pillées emportant des biens communautaires et familiaux. Ils ont pris l'argent des ventes de récoltes familiales, totalisant 202 mille pesos (65$US), 120 mille pesos du fonds communautaire (42$US), des savons de bain et désodorisants, des gâteaux, des bombonnes d’essence, des radios AM/FM. Dans le magasin communautaire, ils ont pris deux douzaines de paquets de cigarettes, une caisse de bougies, une caisse d'huile, 40 batteries, 2 caisses de malte, 10 caisses de gâteaux, 10 petites caisses de condiments.

Un autre groupe de civils armés est arrivé à la maison de JOSÉ FRANCISCO, habillé de jeans, qui expliquait à une personne plus âgée comment réagir devant les civils armés. Ils se sont adressés à José Francisco, en lui lançant des invectives, et en disant : « Quel est le putain de crapaud qui vous a informés de notre arrivée ? Comment s’appelle le crapaud qui nous a vus ? Pourquoi avez-vous peur si vous êtes une population civile ? Quand vous habituerez-vous à nous voir ? » Une des femmes leur a répondu : « Nous fuyons à cause de tout ce que vous faites aux paysans ». Alors, ils s’en s’ont pris à un adulte de 65 ans. Ils les ont conduits vers la maison située devant de l'école communautaire.

Les « civils » armés, après avoir encerclé le village, se sont dispersés. D'autres ont arrêté le jeune DEIVIS JIMENEZ DIAZ, 18 ans, formé par Médecins du Monde- France. Ce dernier, après avoir réussi à s'enfuir dans la jungle, est revenu pour reprendre ses papiers d’identité. Il était vêtu d’une veste rouge vif, et d’une chemise bleue et il a été transféré dans la même maison où étaient retenu CRISTÓBAL et JOSÉ .

Un autre groupe essayait entre-temps de sortir de Nueva Esperanza, mais il était retardé par un grand nombre d’adultes et d’enfants. LISANDRO MARTINEZ, 36 ans, 1.77 m, vêtu d’un jeans et d’une chemise à carreaux a été arrêté avec sa conjointe, ses 4 jeunes enfants, sa belle-mère, et un voisin qui accompagnait ses enfants.

Ce groupe, membre du Conseil communautaire a été entouré par les civils armés, qui les ont intimidés et leurs ont crié « Pourquoi courez-vous? ». Une des femmes, a répondu : « Nous avons peur parce lorsque vous arrivez ce n'est pas bon ». Un des civils armés leur dit : « Que c’est beau de voir tomber les arbres... nous venons pour un voyage de ceux-ci ». Ils les ont conduits à la maison devant l'école du village. Ils avaient alors un groupe de 20 personnes : 5 femmes, 2 adolescents, 2 hommes et 11 enfants.

Les civils armés de la stratégie militaire clandestine leur ont dit : « Vous êtes une bande de crapauds, le mieux serait de vous tuer, bande de putains. » Les femmes ont réclamé le respect de la vie en tant que population civile. « Toi, la putain ferme ta bouche ». De nouveau une femme a réclamé le respect de la vie. « Ce ne sont pas 20 personnes qui vont nous empêcher d’accomplir ce que nous avons à faire : péché ou pas ».

Les paysans leur ont dit à propos de la présence de la guérilla : « Nous sommes une population civile, la guérilla n’est pas ici et vous le savez ». En se lançant entre eux des boîtes de malte qu’ils avaient prises dans une des maisons, les civils armés affirmaient : « ceci est pour la guérilla », et tandis qu'ils la buvaient, ils répétaient : « les tuer c’est ça le mieux ». « Où sont les autres membres de la Communauté, où est l’informateur ? Il n’ y a que de vieilles femmes et des enfants. Où sont les jeunes femmes ? ». À LISANDRO qui se trouve au milieu du groupe, ils demandent qui est le propriétaire des moteurs livrés par le Gouvernement National grâce aux dons de la Communauté internationale. Ils l’intimident et lui demande quels sont les noms des membres de la Communauté, "Donnez-nous leurs noms dites-nous où ils se trouvent" (...)"Pourquoi s’enfuient-ils et pourquoi vouliez-vous partir?".

Les civils armés ayant commis des arrestations étaient habillés avec des gilets portant la marque dans le dos avec les sigles AUC. Un se nommait "H20", un autre "el perro" et un autre "R15".

Un des civils armés a retiré du groupe JOSÉ et DEIVIS. Ils ont demandé à JOSÉ son âge et son emploi, lui ont examiné les mains et le dos., Ils ont remonté la chemise de DEIVIS, et ont conclu : "vous n’avez pas l’air de paysans".

Tout en retenant les 20 personnes du Conseil Communautaire, les civils armés braquaient leur artillerie lourde vers le flanc de la montagne.

Un des civils armés a ordonné de conduire CRISTÓBAL, LISANDRO, JOSE, DEIVIS en direction du quai et aux autres de se disperser dans le village. Quatre civils armés les ont amené. Les autres se sont dispersés par le village et avec femmes et enfants en ont profité pour s'enfuir

Vers les 6:55 heures, tandis que s'enfuyaient les 16 membres du Conseil Communautaire, ils ont entendu des tirs vers la montagne

Selon les paysans près du village, on a entendu des explosions et des tirs jusqu'à midi.

Quelques paysans sont parvenus à observer à distance, une heure après avoir laissé le village, des guérillas descendre du flanc de la montagne.

Samedi 7 juin : à 7:00 heures quelques paysans ont commencé à retourner au village. Les toits de leurs maisons avaient été détruits par des obus, les platanes renversés, les vêtements endommagés, des trous de quelque 50 centimètres de diamètre sur la rue produits par des explosions, un moteur communautaire livré par le Réseau de Solidarité Sociale perforé, les réservoirs d'eau perforés, des traces de balles dans le sol.

Depuis cette nuit seulement 8 familles sont retournées au village, les 30 autres sont terrassés par la crainte, l'angoisse et la possibilité de tout perdre pour toujours.

Depuis Vendredi 6 juin, 6:55, les 4 membres du Conseil Communautaire sont disparus entre les mains des civils armés de la stratégie militaire sous couvert ; ils ont été emmenés en direction de Pavarandó et Belén de Bajirá.

Vendredi 13 juin, 11:50 heures on a connu une version selon laquelle DEIVIS et LISANDRO ont été transférés vers Urabá Antioqueno el Choco, et CRISTÓBAL et JOSÉ vers Pavarandó où se trouve une présence institutionnelle la Fuerza Publica et les bases paramilitaires. Les témoignages parlent d’eux-mêmes. Le Droit à la Vie et au Territoire dans cette région de conflit continue à être nié.

Les buts de la persécution lors du déroulement des stratégies armées sous couvert, et ce avec une plus grande clarté, est d’obtenir le contrôle de la population, son extermination, son expulsion en utilisant comme toile de fond une lutte contre le FARC-EP, en dissimulant l'intention de fond d’imposer aux habitants l'ensemencement de Palme Africaine, permettant de cette manière l'expansion du projet agro-industriel.

Les disparitions forcées, les meurtres sélectifs, le blocus économique, les menaces, les intimidations, les bombardements aléatoires, les dénonciations, les ambiances négatives pour fermer le pas à l'aide humanitaire, le retard dans la réponse institutionnelle gouvernementale et étatique à la proposition de Zones Humanitaires, à la présence permanente de la Defensoría del Pueblo, l'appui tacite et dans certains cas, j'explicite, des administrations locales aux projets agro-industriels, forment une négation intégrale des Droits des Communautés afro-colombiennes du Jiguamiandó et des 9 Communautés de Curbaradó.

Les propositions de la population civile afro-colombienne qui au milieu de la confrontation armée entre l'État et la Guérilla du FARC EP dans cette région, affirme intégralement ses droits basés sur le Droit International des Droits Humains, du Droit Humanitaire, des Droits du Peuple et la loi 70 de Communautés afro-colombiennes est une initiative de reconstruction de l'État Social de Droit, est une alternative aux causes de la guerre.

La proposition de la population civile basée sur le principe de distinction et d'immunité du Droit International contraste et conteste une compréhension de la Sécurité "Démocratique". Les afro-colombiens en affirmant leurs droits à la Vie et au Territoire en reprenant les recommandations que la Communauté Internationale en matière de Droits Humains a posé durant les dernières 15 années, de manière, réitérée aux gouvernements successifs en matière de respect à la vie et à l'intégrité personnelle, le paramilitarisme, l'impunité.

La proposition de la population civile, basée sur le principe de l'autonomie de la société civile propre des États de Droit, qui différencie le guerrier dont il fait la justice, au caractère institutionnel public du citoyen, est une proposition de reconstruction de l'État depuis la participation avec équité, depuis l'affirmation du droit à l'existence, à la survie sans l'imposition à des monocultures et à des modes de production agro-industrielle ni à la participation formelle de la prise de décisions pour l'exclusion, soutenue dans l'utilisation de la force.

Nouvelles victimes, nouvelles destructions des tentatives de vie dans la confrontation militaire. Nouveaux silences. Nouvelles absences. Nouvelles douleurs. Recommencer à nouveau, renaître. Croire dans l'espoir qu'un certain jour la justice sera possible, que les responsables de tant de destructions seront connus, seront punis, seront dévoilés et seront punis. C'est le droit à la vérité, à la justice, à la réparation intégrale, encore nié, mais encore non enterré.

Nous demandons aux organismes humanitaires internationaux de droits humains, d’initier un suivi face aux activités étatiques responsables des mécanismes d'activation dans des cas de disparitions forcées.

Il faut demander au Gouvernement colombien de répondre aux Mesures Provisoires Résolues par la Commission Interaméricaine de Droits Humains en mars 2003, pour les Conseils Communautaires de Jiguamiandó et des communautés de Curbaradó.

Il faut demander au Ministère public Général de la nation, de nous dire pourquoi il n'y a pas de recherches sur les déplacements forcés, quels sont les agents étatiques liés par ACTION ou par OMISSION, quelles activités de recherche ont été initiées face aux bases militaires à Pavarandó, Mutatá et Belén de Bajirá, Carmen del Darién, Riosucio, qui opèrent à côté d'installations militaires ou policières ou du pouvoir civil.

Il faut demander au Ministère de l'Environnement que des mesures administratives soient prises afin d’éviter la propagation de l'ensemencement de Palme Africaine qui contrevient aux droits des afro-colombiens le Jiguamiandó et de Curbaradó.

Bogotá, D.C. junio 13 del 2003
COMISION INTERECLESIAL DE JUSTICIA Y PAZ



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