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Conflit en Colombie

PML, Jeudi, Avril 10, 2003 - 18:17

Tania Hallé

J’aimerais commenter la perception habituelle selon laquelle en Colombie,
la population civile est au milieu du conflit armé, au milieu de la
guerre, au milieu du feu croisé des acteurs armés.

D'abord, je crois qu'il faut dire que la population civile n'est pas "au
milieu" de la guerre, une guerre dans laquelle il y a deux acteurs armés.

UNE GUERRE DE L'ÉTAT CONTRE SON PEUPLE

J’aimerais commenter la perception habituelle selon laquelle en Colombie,
la population civile est au milieu du conflit armé, au milieu de la
guerre, au milieu du feu croisé des acteurs armés.

D'abord, je crois qu'il faut dire que la population civile n'est pas "au
milieu" de la guerre, une guerre dans laquelle il y a deux acteurs armés:

1. l'État avec ses militaires et leur stratégie

2. la révolte paramilitaire et la guérilla.

Ensuite, la vérité est que lorsqu’une personne est sur le terrain, et
vivant avec les Communautés, la réalité lui démontre qu'il y a deux
niveaux dans cette guerre :

Une guerre entre deux acteurs armés (déjà mentionnée)

Une guerre de l'État contre la population civile campagnarde.

Ce que je veux clarifier ici, c’est que ce qui affecte réellement la
population civile campagnarde de la Colombie est ce second niveau de la
guerre, à un degré beaucoup plus vaste que ce que peut lui faire subir le
premier niveau de la guerre entre les acteurs armés.

Autrement dit, ce dont souffrent réellement les gens des Communautés
campagnardes, ce n’est pas d’ être "au milieu de la guerre" comme ils le
disent souvent, mais plutôt, ils souffrent parce qu'ils sont dans le plan
de la stratégie militaire et paramilitaire de l'état qui répond aux
intérêts économiques néo-libéraux de la bourgeoisie nationale et
internationale.

Le département du Choco, avec sa forêt tropicale, reconnu comme étant au
deuxième rang du monde avec le plus grand niveau de bio-diversité, après
la forêt amazonienne, et le premier dans le monde par sa concentration de
bio-diversité par mètre carré, devient une région stratégique, pour le
contrôle des ressources naturelles et énergétiques.

Dans le territoire collectif des Communautés du bassin du Jiguamiandó, on
retrouve, outre une grande quantité de bois et d'eau pure, du platine, de
l’or, de l’uranium, du cuivre et du pétrole. De plus la terre a une
richesse naturelle telle, que les semences qui sont ensemencées
adéquatement dans ces climats, n'ont besoin d'aucun produit chimique pour
donner des fruits. On peut ensemencer une quantité impressionnante de
différents produits à la fois.

En outre, divers méga-projets en rapport avec le corridor économique de
l'ALCA (ZLÉA), sont prévus pour la région du Choco, comme le canal
transocéanien Atrato Truandó, qui changerait le cours vital et immense de
la rivière Atrato, qui traverse tout le département du Choco, tout comme
le canal transocéanien terrestre et comme le méga-projet agro-industriel
de la palme africaine qui affectent directement les Communautés de
Jiguamiandó, en plus de l'exploitation des mines, du pétrole et de la
bio-diversité des plantes pour les compagnies pharmaceutiques.

Il est très probable que la palme africaine, et son contrôle, une affaire
de sécurité nationale pour les Etats-Unis se transforme en une ressource
stratégique de ce nouveau siècle. De la palme africaine non seulement on
extrait de l’huile pour cuisiner, des produits de beauté (cosmétiques),
savon, huile pour lubrifiants de pièces de machines lourdes, ainsi que du
combustible pour les moteurs. Au Guatemala, ils ont inventé déjà un
moteur qui fonctionne avec un combustible qui provient du palmier.

Dans le cas où nous nous retrouvons actuellement avec le pétrole qui est
rendu toujours plus faible au niveau mondial, la palme africaine se
transforme en une ressource énergétique stratégique. Mais le palmier est
une culture qui met un terme rapidement à la richesse des terres et des
sols. Après une culture du palmier, la terre ne donne plus rien. Là où on
ensemence ce palmier déjà on ne peut plus rien cultiver , rien ne pousse
plus, parce qu'il retire de la terre tous les nutriments naturels qui
permettent aux plantes de croître et de produire.

Revenons au sujet de la guerre, la guerre prévue de l'État colombien
contre la population civile campagnarde, avec une volonté de contrôle des
territoires où on trouve les ressources naturelles stratégiques, où
vivent des quantités de Communautés campagnardes qui se transforment en
"une pierre dans la chaussure" pour l'état misant sur la mise en oeuvre
de leurs plans économiques étatiques.

Par la suite, le gouvernement d'Uribe Vélez, ne prétend pas seulement
mettre un terme à la guérilla mais aussi mettre un terme aux Communautés
qui ne veulent pas être mises au service des intérêts du gouvernement. Le
discours militaire et paramilitaire est articulé sur l'affirmation que la
guérilla est le poisson et que la population est l'eau dans laquelle se
déplace le poisson et que pour mettre un terme au poisson il faut mettre
un terme à l'eau. Mais comme l'État doit veiller à son image au niveau
international, il doit changer sa stratégie pour remplir ce plan de
tuerie sans être accusé d’être une dictature civile.

Actuellement la rumeur court que l'État colombien, pour convaincre le
monde entier qu'il n’est pas la source des actions paramilitaires, entre
en "négociation" avec eux, pour faire croire que les paramilitaires sont
des acteurs illégaux qu'il ne contrôle pas et qui essaie de les
démobiliser. La vérité est que la stratégie paramilitaire est une
stratégie de l'État et que les supposées négociations vont conduire à la
légalisation du para militarisme.

De plus, le gouvernement d'Uribe veut obliger la population, à s'insérer
dans le conflit pour combattre la guérilla à travers le recrutement de
soldats campagnards, le réseau d'un million d'informateurs, et le DAS
rural. Il veut aussi obliger les paysans à travailler à ses projets
économiques de la mort, en travaillant dans les propriétés illégalement
envahies de palme africaine mais qui sont surveillées par les
paramilitaires.

Toutes les Communautés s'opposent à se transformer en main d’œuvre bon
marché pour les entreprises étrangères, s'opposent à vendre leur dignité
pour travailler dans ce que sont les méga-projets qu'imposent l'état, au
service des multinationales. Ils n'acceptent pas de se laisser acheter
pour entrer dans les filets de la stratégie étatique paramilitaire ni de
se transformer en informateurs ou soldats campagnards. Ils affirment leur
droit à la vie et à leur territoire, leur droit à une vie digne, leur
droit à l’autodétermination.

Les Communautés défendent leur liberté de décider du futur de leurs fils
et filles. Toutes ces Communautés ne veulent pas être des complices des
politiques de la mort de leur état, et être transformées en objectif
militaire, ni devenir la "subversion". Ils sont la cible dans la guerre
de l'État colombien contre la population civile campagnarde, qui refuse
de s'agenouiller face aux intérêts économiques des riches du pays et de
ses plans de destruction de la vie et de la dignité de leurs Communautés.

Tania est présentement en Colombie.
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