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Nouvelles tentatives de déstabilisation sur le pouvoir d'Hugo Chavez.

sonia, Jeudi, Décembre 12, 2002 - 01:34

Alain Devalpo

Les ressorts populaires d'un gouvernement sous pression

La population des quartiers pauvres de Caracas s'organise pour faire vivre et défendre les acquis de la démocratie participative.

Les ressorts populaires d'un gouvernement sous pression

Le président vénézuélien Hugo Chavez est soumis à nouveau à forte pression. Il est confronté depuis lundi, pour la quatrième fois en un an, à une grève générale lancée par le patronat, certains syndicats et plusieurs partis d'opposition, qui souhaitent l'évincer du pouvoir. Ce mouvement s'inscrit, de toute évidence, dans la même logique que celui qui avait été déclenché en avril dernier et avait conduit à un éphémère coup d'Etat contre le président Chavez. Le gouvernement se veut cependant rassurant, indiquant que ces débrayages à des fins " politiques et déstabilisatrices " sont peu suivis jusqu'ici. L'opposition aurait cependant réussi à recueillir 1,5 million de signatures en faveur d'un référendum sur le maintien ou non du chef de l'Etat au pouvoir. Invoquant la Constitution, les autorités ont fait savoir qu'une telle consultation ne pourrait être organisée avant août 2003, soit à la moitié du mandat présidentiel. Le patronat et les partis d'opposition vénézuéliens, qui sont depuis le départ soutenus quasi ouvertement par l'administration américaine, réclamaient que la consultation ait lieu dès février.

Quartier Manicomio, une cité populaire dans l'Ouest de Caracas. En dépit de ces pressions, le soutien au président reste immense. " Quoiqu'il arrive, le Venezuela d'après Chavez ne ressemblera pas à celui d'avant ", affirme Oscar, membre de la maison de la culture Simon Rodriguez. Avec d'autres, ils ont investi un ancien commissariat inoccupé pour le transformer en centre culturel autour duquel s'est tissé un réseau d'entraide sociale. Une dynamique de plus en plus fréquente dans les quartiers populaires du pays. La réunion de ce soir est consacrée à la nouvelle loi des Conseils locaux de planification publique destinés à " intégrer les communautés et les habitants à la politique générale de l'Etat, à la décentralisation des compétences et des ressources ".

" Populisme ? Le populisme est synonyme de pain et de cirque, répond Felipe Perez, ministre de la Planification et du Développement du gouvernement actuel. Nous n'offrons pas d'argent, nous réorganisons la société pour que chacun puisse accéder à l'éducation, à la santé, à la sécurité sociale, aux terres, au logement, aux crédits, afin que le peuple soit acteur du progrès. Pour les gens, c'est un processus d'appropriation politique, culturelle et intellectuelle. Une société qui a un capital humain se projette dans le futur. " Effectivement, le visiteur reste sidéré devant tous ces gens de la rue qui citent à tout bout de champs la nouvelle constitution de 1999.

Maximilien Arvelaez a rencontré Hugo Chavez en 2001, à Paris, lors d'un colloque à la Sorbonne intitulé " La transformation du Venezuela : une utopie possible ". Le courant est passé, aujourd'hui il est conseiller au cabinet de la présidence : " Chavez a fait en quatre ans ce que la gauche vénézuélienne n'avait pas fait en quarante-quatre ans, c'est-à-dire faire participer le peuple. D'une démocratie restreinte, nous sommes en train de passer à une démocratie participative. Une véritable citoyenneté voit le jour. "

Cet enthousiasme n'est pas partagé par Mercedes Pulido de Brice?o, professeur d'université et directrice de la revue SIC. Si elle reconnaît qu'une importante partie de la population est devenue visible avec Chavez, c'est pour ensuite lâcher une pluie de critiques : " Son projet est diffus. La relation directe de l'Etat au peuple et la destruction des organisations intermédiaires sont une menace pour la cohésion nationale. L'absence de structures efficaces de gestion est compensée par le charisme du message, etc.. " Non pas que le gouvernement soit au-dessus de toute critique ; le président en personne reconnaît avoir fait des erreurs et assure vouloir les réparer. Mais la gestion du gouvernement Chavez n'est pas aussi catastrophique que le clame une opposition faite d'alliances contre-nature qui a pour unique programme : chasser Chavez.

Si les propos de Mercedes restent modérés et si elle souhaite un changement selon un processus démocratique, d'autres secteurs de l'opposition sont beaucoup plus radicaux et rêvent de coups de force. Il est aujourd'hui prouvé que le coup d'Etat du 11 avril a été organisé par quelques généraux et privilégiés bénéficiant des largesses des gouvernements passés qui ont su manipuler le mécontentement d'une partie de la population et détourner la foule de son objectif initial. Ce sont ces mêmes conspirateurs, pas inquiétés à l'époque par la justice, qui tentent actuellement de créer un climat insurrectionnel en bénéficiant d'une complicité ouverte de la plupart des médias.

Leur haine est d'autant plus aiguë que chaque jour qui passe est une défaite car les événements du " 11 A ", comme les appellent prudemment les journaux, ont été un signal d'alarme et de nombreux Vénézuéliens se mobilisent pour défendre leur démocratie. Lucia est directrice d'école, elle appartient à la classe moyenne. Contrairement aux idées reçues qui voudraient que seuls les secteurs populaires soutiennent le gouvernement, elle explique sa présence au milieu d'une manifestation: " Je n'ai pas voté Chavez. Mais le jour du coup d'Etat, quand j'ai vu ces gorilles revenir au pouvoir, j'ai pris conscience de ce qu'on allait perdre. Je suis démocrate et Chavez a été élu. " " On reproche au président Chavez de porter atteinte à la liberté d'expression, de mettre en danger la propriété privée, etc. Moi, j'ai vu de la persécution, des personnes arrêtées pour leur opinion politique entre le 12 et le 13 avril ", conclu Maximilien.

Partisans ou adversaires du président Hugo Chavez, tous en conviennent, le pays traverse une polarisation politique aux conséquences désastreuses dans tous les domaines. Comment en sortir ? Même si on ne peut l'écarter, l'hypothèse d'un nouveau coup d'Etat semble peu probable. Du côté de l'Organisation des Etats américains et même des Etats-Unis, on affirme souhaiter une sortie de crise pacifique.

Quoi qu'il en soit, dans les quartiers populaires, les dirigeants communautaires s'organisent pour que cette démocratie participative ne soit pas une simple théorie. La violence des propos de l'opposition contraste avec l'attitude pacifique d'Oscar et de ses compagnons : " Le mouvement se fortifie et si Chavez doit quitter la présidence, le peuple a désormais les idées très claires sur ce qu'il veut. Notre mission est de construire un pays et non de le détruire. " Puis il balaie les rumeurs selon lesquelles les quartiers populaires s'armeraient : " Notre unique force est la Constitution nationale ".

Alain Devalpo
Caracas (Venezuela), correspondance particulière.



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