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Appuyer le commando tchétchène ou appuyer l'armée russe, c'est appuyer la sale guerre dans le Caucase

Anonyme, Domingo, Octubre 27, 2002 - 07:09

Un internationaliste

Réponse au texte "Contre l'oppression généralisée, parfois il ne reste plus que le terrorisme comme arme du pauvre..."

Comment peut-on apporter un soutien, même critique, au commando tchétchène ? La lutte contre le capitalisme et la guerre implique l'internationalisme et le refus de tous les nationalismes.

Appuyer le commando tchétchène ou appuyer l’armée russe, c’est appuyer la sale guerre dans le Caucase. Réponse au texte « Contre l’oppression généralisée, parfois il ne reste plus que le terrorisme comme arme du pauvre… »

Je suis scandalisé par le texte publié par « calvaire01 » sur i-média le 26 octobre, texte qui apporte un soutien au commando tchétchène. Ce texte, malheureusement, reprend à son compte bien des aberrations fréquentes dans le mouvement qui se prétend révolutionnaire. Tout d’abord, il convient de contredire le passage qui indique « si nous pouvons dire que ces derniers (Al-Quaïda et cie) incarnent la forme ultimement radicale des différents pouvoirs de l’Islam, anti-impérialistes mais fortement autoritaires, nous ne pouvons pas dire que c’est le cas également du commando tchétchène ». Désolé, mais ce commando provient de la branche pro-talibane du nationalisme tchétchène. Cela dit, l’idéologie dont se servent les nationalistes n’est finalement qu’un habillage ; il y a eut, dans l’histoire récente, bien des « fronts de libération nationale » qui se camouflaient derrière un verbiage « socialiste », proclamant la nécessité de « libérer la nation » par un « socialisme original » (socialismes tellement originaux que, lorsqu’ils étaient instaurés, n’ont jamais rien eut à voire avec ce qui est le principe de base du socialisme, à savoir l’abolition de l’exploitation capitaliste).

Au delà du fait que le concept même « d’indépendance nationale », d’indépendance réelle et non formelle, est complètement dépassé au stade actuel du capitalisme mondialisé, il convient de rappeler, comme le soulignait déjà Rosa Luxemburg, que l’impérialisme ce n’est pas quelques Etats « très méchants », mais une tendance générale du capitalisme. En ce sens, tous les mouvements nationalistes, quels qu’ils soient, ne sont finalement que l’expression des diverses fractions du capital, fractions qui dès lors qu’elles accèdent à leur objectif premier (le droit à la bourgeoisie nationale d’extorquer seule sa propre classe ouvrière) lorgnent déjà pour se développer au détriment de leurs voisins et concurrents. Ainsi, pour prendre des exemples récents, à peine indépendant l’Etat croate s’est précipité de guerroyer en Bosnie-Herzégovine, et depuis le Kosovo, à peine la tutelle serbe s’est-elle retirée, que les nationalistes de l’UCK se lançaient dans des actions militaires à l’encontre de la Macédoine. Dans les rapports entre « nation dominante » et « nation dominée », entre « colons » et « colonisés », entre « impérialistes » et « nationalistes », la question n’est finalement qu’une question du rapport de force, à un moment donné, entre deux armées également réactionnaires : les vaincus d’un moments ne sont pas mieux que les vainqueurs de l’heure.

D’ailleurs l’action du commando tchétchène à Moscou démontre bien à quel point les logiques des nationalistes sont semblables à celle de l’Etat officiellement reconnu. Au terrorisme des troupes fédérales en Tchétchénie répond le terrorisme des bandes armées tchétchènes. Dans les deux cas, les populations civiles sont les otages de ces guerres entre fractions dirigeantes. Que ce soit un bombardement réalisé sur une ville, un attentat ou une prise d’otages, ce sont toujours des civils, et en particulier des travailleurs, qui sont victimes. Les révolutionnaires ont d’ailleurs, eux, toujours refusé ce mode d’action, et lorsque la situation les a poussé à la lutte armée, cette lutte s’est toujours dirigé contre des têtes couronnés et autres responsables de la situation. Soutenir une prise d’otages, de civils, sous prétexte que l’armée russe provoque des atrocités en Tchétchènie, reviendrait, par exemple à soutenir le bombardement atomique d’Hiroshima sous prétexte des atrocités de l’impérialisme japonais en Asie. Ou l’attentat du 11 septembre à cause de la violence des bombardements américains sur Bagdad, Belgrade ou Kaboul.

« Les Tchétchènes vivent l’oppression du gouvernement russe tous les jours »… bien sur ! D’ailleurs rappelons qu’en Tchétchénie, tous les habitants de la région sont victimes de la guerre, quelque soit leur nationalité (tchétchènes, russes, juifs, géorgiens…). Et la population de toute la Fédération de Russie est victime, non seulement de cette guerre, mais du gouvernement Poutine.

A Moscou et ailleurs, depuis le début de la guerre, des groupes et des individus luttent contre la guerre en Tchétchénie. Cette guerre n’est malheureusement qu’un des aspects du chaos mondial qu’engendre le capitalisme. Le Caucase, en tant que région stratégique, est actuellement ensanglanté par une multitude de conflits impérialistes : Tchétchénie bien sûr, mais aussi Géorgie/Abkhazie, Arménie/Azerbaïdjan, etc. La lutte contre ces guerres sanglantes ne peut passer par un soutien à l’un ou l’autre des camps qui s’oppose, mais par la mise en pratique du principe « Prolétaires de tous les pays, unissez vous ! ». Et que nous soyons tchétchènes ou russes, palestiniens ou israéliens, américains ou irakiens, serbes ou kosovars, etc. c’est bien tous ensemble que nous devons nous battre pour espérer un jour en finir avec ce monde d’exploitation, de guerre et de barbarie. Et tout comme les exactions des troupes fédérales en Tchétchénie ne font que renforcer les bandes armées nationalistes, la prise d’otage à Moscou, comme les autres attentats terroristes, renforce le nationalisme en Russie.

Oui, nous devons dénoncer la guerre dans le Caucase comme ailleurs ! Pour cela, apportons tout notre soutien à ceux et celles qui luttent contre le militarisme et le nationalisme dans la fédération de Russie, apportons notre soutien à la campagne « solidarité contre la guerre » menée par le Centre Praxis de Moscou et le journal antifasciste « Tchelotchenost » (campagne qui vise non seulement à dénoncer la guerre mais aussi à apporter une aide humanitaire concrète aux victimes de cette guerre), affirmons notre solidarité avec les « Mères de Soldats » qui luttent pour que leurs fils ne soient plus envoyés se faire trucider à Grozny ou ailleurs, avec les ouvriers et ouvrières de Russie qui, par des grèves et des manifestations, tentent de résister à la dictature libérale de Poutine. Contre la guerre et la misère, contre le nationalisme et le militarisme, il y a de nombreux groupes, anarchistes, anti-militaristes, syndicalistes, pacifistes, etc. que nous pouvons soutenir en Russie. Voilà vers qui nous pouvons nous tourner, mais surtout, n’apportons pas de soutien, fut-il critique, aux bandes armées réactionnaires.

Le terrorisme est peut-être bel et bien « l’arme des pauvres », mais alors des Etats pauvres contre des Etats riches, ou simplement plus puissants. Internationalistes, nous ne nous plaçons pas sur l’échiquier des guerres entre Etats, avec leurs haines nationalistes et racistes, mais sur le terrain de la lutte des classes. Et l’internationalisme a toujours été et restera une arme essentielle pour les luttes ouvrières.

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