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«Changer la communication»

vieuxcmaq, Miércoles, Febrero 6, 2002 - 12:00

ANNE DHOQUOIS (publié par le collectif du Cmaq)

Très marginaux l’an dernier, les débats sur la société de l’information, la démocratisation des médias, les mouvements sociaux sur le Net... ont trouvé leur place au sein de l’édition 2002 du FSM. En théorie...

Car certains séminaires consacrés à ces différentes thématiques ont été annulés à la dernière minute. Cela donnerait-il raison à ceux qui pensent que la problématique des systèmes d’information alternatifs n’est en rien une priorité en regard de l’ampleur de la tâche (annulation de la dette, instauration de la taxe Tobin, etc.)?
Les quelques représentants de sites Internet ou d’associations travaillant à l’appropriation des NTIC (Nouvelles techniques d’information et de communication) par la société civile ne partagent évidemment pas ce point de vue. «Le contrôle citoyen de la communication constitue un réel enjeu dans la lutte contre le libéralisme et un réel contre-pouvoir. Il va de pair avec celui du droit à l’initiative économique alternative», affirme Joëlle Palmiéri, déléguée générale de l’Association pour la promotion de l’économie sociale et solidaire (APRESS)1. Car face au marché de la communication et aux stratégies de concentration et de monopole des multinationales, quel modèle économique proposer? Toujours selon Joëlle Palmiéri, il s’agit «d’identifier les véritables richesses et contrer le libéralisme sur son terrain, l’économie». «Face à un monde «financiarisé», je me place sur le terrain indivisible de la démocratie en termes politiques, économiques et sociaux. Il faut reconnaître en nous nos savoir-faire et les valoriser autrement que financièrement.» A noter que cette réflexion fait écho aux travaux de Patrick Viveret, sociologue chargé par le Secrétariat français à l’économie solidaire, d’écrire un rapport sur les nouveaux indicateurs de richesse. Un séminaire lui a du reste été consacré.
«Société de l’information, enjeu idéologique!» C’est ce que l’on peut retenir des interventions des différents participants au séminaire sur «L’appropriation et le contrôle par la société civile des NTIC». Devant la concentration des médias, ces derniers affirment le droit à la communication; face à la «marchandisation» de l’information, ils opposent le partage social, culturel ou éducatif.
«La notion de propriété intellectuelle ne joue pas en faveur des citoyens. Or, la société de l’information est un bien commun mondial», explique Sean O’Siochru, du CRIS. En point de mire de cette organisation, le Sommet mondial sur la société de l’information en 2003 (lire ci-contre). Le CRIS mene campagne afin que la société civile s’implique dans sa préparation et prenne une place de choix dans les débats... Pari loin d’être gagné en regard du précédent que constitue la «Dot Force». En juillet 2000, le G8 conviait des représentants de la société civile de chaque pays à créer un groupe d’experts chargés de préparer des propositions pour réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Plusieurs mois plus tard, le plan d’action du groupe «Dot Force» était ratifié par le G8 mais sans engranger de mesures concrètes... C’est en tout cas l’écho qu’en ont donné la plupart des participants.
A quelques exceptions près. Anvracha Vittachi, de l’ONG «One World» et représentante de la Grande-Bretagne dans le groupe, témoigne: «Grâce à la Dot Force, un pays comme l’Inde s’est un peu réveillé. Nous suivons le démarrage d’un projet de réseaux ouverts de connaissance; les premières réunions auront lieu prochainement.»
Anvracha Vittachi n’est pas la seule à exprimer son attente d’actions concrètes et de propositions. Ainsi Pierre Johnson, appartenant au collectif «Agora», dont l’objectif est de mettre à disposition durant le FSM des outils et des méthodes pour faciliter la coopération et le montage de projets (forums et listes de discussions multilingues et interculturels, espaces web partagés, bases de données, etc.), rappelle: «Nous devons construire un monde, pas créer un événement. Et ce nouveau monde passe par de nouveaux modes de communication.»
Des actions menées ici et là dans le monde, tel que «Global CN», rassemblement international de groupes qui travaillent sur la démocratisation des NTIC, ou la multiplication des débats à Porto Alegre sur ce thème montrent qu’une frange de la société civile a pris conscience de l’enjeu.

* Place Publique (www.place-publique.fr)
Article publié dans le cadre de FSM-Direct
1 www.mediasol.org

www.lecourrier.ch


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